dimanche, août 06, 2006

Victor Jara



Fondation Víctor Jara
pour la récupération de sa mémoire
La Fondation Victor Jara a été créée en 1993, 20 ans après sa disparition. Elle s’est donnée pour but de sensibiliser la mémoire collective au sujet du chanteur et dramaturge chilien, tué par les militaires le 15 septembre 1973, suite au coup d’état au Chili. Cette mémoire collective a été persécutée avec acharnement par la dictature, qui a essayé sans succès de l’effacer. Afin de permettre aux jeunes générations l’accès au riche héritage de l’œuvre de Víctor, la fondation lance une très vaste campagne de récupération au Chili et à travers le monde. Elle vise à sauver l’ensemble de son œuvre des longues années de censure officielle et de clandestinité au Chili, par le rassemblement d’objets, de photographies, d’écrits et d’enregistrements audiovisuels inédits de l’artiste. D’autre part, la campagne cherche à réunir des traces de son passage en tournée par divers pays du monde, sous forme d’affiches de concerts, de coupures de presse, photos ou toute autre forme de témoignage. Un appel est lancé aux communautés chiliennes et latino-américaines de l'importante diaspora, ainsi qu’aux chercheurs intéressés par l’œuvre de Víctor Jara. Les ambassades chiliennes se tiennent prêtes à accueillir les témoignages partout dans le monde.
Parmi ses activités, la Fondation a déjà publié trois livres autour de l’œuvre de l’artiste. Avec d’autres partenaires, elle a aussi œuvré pour la récupération du stade Chili, lieu du meurtre du chanteur, utilisé comme camp de concentration par les militaires en 1973. Destiné à être rasé par les autorités, ce stade est aujourd’hui préservé comme lieu de mémoire, et voué aux activités culturelles pour les chiliens.

La persévérance des familles est récompensée. Les procédures judiciaires contre les anciens bourreaux, dont Pinochet, se multiplient.

"Loi d'amnistie contournée. Tandis que l'intouchable Augusto Pinochet n'a jamais été aussi près d'affronter un procès dans son pays, les procédures judiciaires contre les anciens bourreaux se multiplient. La plus récente, qui date du 9 décembre, est symbolique. Trente et un ans après l'assassinat du chanteur populaire et engagé Victor Jara, lors des premiers jours de la dictature, la justice a mis en examen un ex-lieutenant-colonel de l'armée de terre : Mario Manríquez Bravo était responsable du Stade national, transformé en camp de détention et de torture pour des milliers d'opposants dans les semaines qui ont suivi le coup d'Etat du 11 septembre 1973. Victor Jara, membre du Parti communiste et partisan de l'Unité populaire de Salvador Allende, a péri parmi les premiers du camp, criblé de balles, après avoir eu les mains écrasées à coup de crosses de fusil.

Si cet assassinat tombe sous le coup de la loi d'amnistie mise en place par Pinochet en 1978 ­ elle protège les militaires de toute poursuite judiciaire pour des exactions commises entre le 11 septembre 1973 et le 10 mars 1978 (période correspondant à l'état de siège) ­, tous les espoirs sont pourtant permis. Le 18 novembre, dans une affaire semblable, la Cour suprême, la plus haute instance du pays, a refusé d'appliquer la loi d'amnistie. Elle a estimé que l'«état de siège» permettait d'appliquer les conventions de Genève, qui dépassent la juridiction nationale. Cette décision crée donc un précédent très favorable à la condamnation et à l'emprisonnement des quelque 250 militaires poursuivis aujourd'hui ."

Claire MARTIN Libération, mardi 21 décembre 2004