mercredi, décembre 05, 2007

PATAGONIE: 360 DEGRÉS D'INFINI

On dit que la réalité dépasse la fiction. En marchant dans le parc chilien Torres del Paine, j’ai compris qu’elle dépassait parfois aussi les rêves.

Ça faisait neuf ans que j’étais passée par là, en pleine Patagonie, avec un ami qui n’avait rien d’un coureur des bois. Pas question, donc, de se taper des jours de marche pour le simple plaisir de la chose. Je m’étais jurée d’y retourner. Je me suis tenu promesse. Fin octobre, je m’envolais vers le Chili pour boucler la boucle, pour marcher la célèbre «W», une randonnée aussi mythique que populaire. Bon an, mal an, plus de 100 000 marcheurs viennent y battre la semelle, la majorité en haute saison, de décembre à mars. Cette fois, j’étais avec un ami qui bourlinguait déjà depuis huit mois quand je l’ai rejoint à l’autre bout des Amériques. La plupart des gens prennent trois ou quatre jours pour faire la «W», ce qui implique un itinéraire assez serré et d’exténuantes journées de marche. Nous en avions six. Certains n’y passent qu’une journée. C’est trop peu.

Nous partons le lundi matin de Puerto Natales, le village le plus près, à quelque 110 kilomètres. Deux heures plus tard, les célèbres silhouettes apparaissent discrètement à l’horizon. Un petit chapelet de montagnes avec, dedans, les grandes tours de roches et leur presque éternelle écharpe de nuages, comme si elles craignaient de prendre froid. On ne peut pas leur en vouloir, le printemps patagonien est plutôt frisquet en ce mois d’octobre. Environ 10 °C le jour, autour du point de congélation la nuit. Et du vent, en brises, en bises et en rafales. L’autobus nous dépose aux abords du lac Pehoe, que nous traverserons en catamaran. Magnifique traversée d’une demi-heure à ne plus savoir où poser les yeux, étourdis entre l’eau vert-de-gris et la dentelle de montagnes tout autour.