vendredi, novembre 16, 2018

L’AMÉRIQUE LATINE EST-ELLE TOUJOURS L’«ARRIÈRE-COUR» DES ÉTATS-UNIS ?


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L’AMÉRIQUE LATINE EST-ELLE TOUJOURS
L’« ARRIÈRE-COUR » DES ÉTATS-UNIS ?
À la fin du printemps 2008, le prestigieux Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations [1]) publiait un rapport intitulé : « Les relations États-Unis-Amérique latine : nouvelle orientation pour une nouvelle réalité » [2]. Programmé pour influencer l’agenda de la politique étrangère de l’administration américaine suivante [celle de B. Obama], le rapport affirmait : « l’ère qui a vu les États-Unis exercer une influence dominante sur l’Amérique latine est révolue ». Au Sommet des Amériques d’avril 2009, le président Barack Obama semblait être sur la même longueur d’onde que les auteurs du rapport, promettant aux dirigeants latino-américains une « nouvelle ère » « de partenariat égalitaire » et de « respect mutuel ». Quatre ans plus tard, le second secrétaire d’État d’Obama, John Kerry, allait encore plus loin, en déclarant solennellement devant ses homologues de l’Organisation des États américains (Organization of American States, OAS – OEA en français [3]) que « l’ère de la doctrine Monroe était révolue ». Le discours [4] – qui annonçait la fin d’une politique vieille de près de 200 ans [5] largement perçue comme un chèque en blanc à l’intervention des États-Unis dans la région – avait été chaudement applaudie et avait sans doute aidé à pardonner partiellement à John Kerry d’avoir, quelques mois auparavant, fait référence à l’Amérique latine comme à l’ « arrière-cour » des États-Unis.
Par Alexander Main 
DESSIN OSMANI SIMANCA
Dans son approche de l’Amérique latine, l’administration du président Trump a tenu des propos d’un ton tout à fait différent de celui de l’administration Obama. Peu de temps après son installation à la Maison Blanche, le nouveau président annonçait qu’il allait revenir en arrière sur les politiques très largement applaudies de Barack Obama qui normalisaient les relations avec Cuba. Au lieu de confirmer l’abandon de la « doctrine Monroe », le premier secrétaire d’État du président Trump, Rex Tillerson, déclarait qu’« elle avait clairement été un succès ». De peur que quelqu’un puisse douter de sa parfaite maîtrise de l’histoire de la doctrine, il avait fièrement fait écho aux sentiments de ses auteurs initiaux, le président John Adams et le secrétaire d’État James Monroe, et il soulignait au passage – à propos du développement des relations de la région avec la Chine : «l’Amérique latine n’a pas besoin de nouvelles puissances impériales » et « notre région doit rester vigilante et se protéger des puissances lointaines » [6].


PLANISPHÈRE D’AGNESE BATTISTA (1543)
(BNF)
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