mercredi, novembre 27, 2019

CHILI. DES ABUS DIGNES DE LA DICTATURE DE PINOCHET


 [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

L'ATTITUDE DE LA POLICE EST DÉNONCÉE PAR PLUSIEURS ONG.
PHOTO REUTERS/JOSE LUIS SAAVEDRA
Alors que les manifestations ne se tarissent pas, 442 plaintes ont été déposées pour recours excessif à la violence et usage de la torture.
SUR SON SMARTPHONE, CLAUDIO MUÑOZ
FAIT DÉFILER LES PREUVES DE TORTURE
PHOTO EL MOSTRADOR
Sur son smartphone, Claudio Muñoz fait défiler les preuves de torture. Un dos meurtri, marqué de stigmates, un œil injecté de sang. Au Chili, manifester peut valoir la mort, comme l’illustrent les nombreux témoignages et preuves recueillis par Human Rights Watch (HRW). « Quand je suis arrivé à la prison, ils m’ont forcé à me déshabiller et à m’accroupir. Ils m’ont aspergé d’eau froide. (…) J’ai été frappé excessivement par la police alors que je ne résistais pas, et, ensuite, dans le centre de détention. Sincèrement, il y a un moment où je n’étais plus sûr de sortir vivant », explique Claudio Muñoz.

Du 18 octobre, début des manifestations contre les inégalités économiques, au 21 novembre, l’Institut national des droits de l’homme (INDH) a déposé 442 plaintes pénales pour recours excessifs à la violence, passages à tabac et sévices sexuels.

Le gouvernement ne montre aucune volonté d’apaiser les tensions


Au total, 23 Chiliens ont trouvé la mort ; plus de 2 000 autres ont été blessés. « Environ 80 % des blessures (oculaires – NDLR) sont dues à des balles en caoutchouc tirées par la police antiémeute. (…) Mais, en les inspectant, on voit que ce sont des balles de 8 mm qui ressemblent à du caoutchouc. Les scanners montrent non seulement du caoutchouc, mais aussi du métal », assure le docteur Alvaro Rodriguez, dans son témoignage à HRW. Le gouvernement ne montre d’ailleurs aucune volonté d’apaiser les tensions. Lundi, l’exécutif annonçait ainsi le dépôt d’un projet de loi autorisant les militaires à protéger les infrastructures publiques sans recours à l’état d’urgence.

Malgré l’accord historique conclu par les partis en vue d’un référendum, en avril 2020, sur une nouvelle Constitution remplaçant celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), les manifestations ne se tarissent pas. « Toute l’attention est sur la Constitution, mais il y a des choses plus urgentes, les retraites, l’éducation… Combien de temps avant que la nouvelle Constitution puisse résoudre ces questions ? Il faut faire quelque chose maintenant ! » témoignait récemment un professeur à l’AFP. Au cœur du pays andin, laboratoire des politiques néolibérales, les syndicats réclament une augmentation du salaire minimum de 301 000 pesos (400 dollars) à au moins 500 000 pesos (625 dollars) et un minimum vieillesse équivalent. « Si le pouvoir veut donner un signal clair, alors ce que nous attendons, c’est un agenda social ambitieux », comprenant des réformes dans les domaines de la santé, l’éducation, le logement et les négociations collectives, estime Barbara Figueroa, présidente de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT).