mardi, mars 31, 2020

EN MARCHE FORCÉE

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COVID-19 EN FRANCE

CHILI: UNE LOTERIE ORGANISÉE POUR COUVRIR LES FRAIS MÉDICAUX

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 BOÎTE DU JEU FRANÇAIS LOTO LOTERIA 
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UNE LOTERIE ORGANISÉE POUR 
COUVRIR LES FRAIS MÉDICAUX   


RADIO FRANCE INTERNATIONALE
 

ÉMISSION «REPORTAGE INTERNATIONAL», 
 «Chili: une loterie organisée pour couvrir les frais médicaux »   
Par : Justine Fontaine,  
diffusion du mardi 31 mars 2020
Le système de santé chilien fonctionne actuellement à deux vitesses : un système public qui manque de moyens, où l'attente est très longue, et les soins les plus lourds pas toujours remboursés à 100 % ; et un système privé très cher, accessible à une minorité de Chiliens seulement. Alors pour payer une opération chirurgicale coûteuse, ou bien pour éviter une attente trop longue dans le public, de nombreux foyers chiliens s'endettent, ou doivent faire appel à la solidarité de leurs proches.


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lundi, mars 30, 2020

CHILI. L’ÎLE DE PÂQUES, S’INQUIÈTE DE SES PREMIERS CAS DE COVID-19

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ANKIT SINHA / EYEEM
À 3 700 km des côtes chiliennes, l’île de Pâques n’est pas épargnée par la pandémie et connaît de premiers cas. La situation est d’autant plus inquiétante que ses moyens de prise en charge des patients sont limités. Le maire, s’appuyant sur une coutume ancestrale, a émis un ordre de confinement appliqué à la lettre. 

vendredi, mars 27, 2020

CONSEILS AUX CONFINÉS, PAR DES MINEURS CHILIENS ET DES SURVIVANTS DES ANDES


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PHOTO DU FILM LES 33
Santiago (AFP) - "Mettez en place des routines" et "obéissez à ceux qui savent", conseillent aux confinés de l'épidémie de coronavirus des mineurs chiliens, restés 69 jours sous terre en 2010, et des survivants uruguayens de la tragédie aérienne des Andes en 1972.
Par L'Obs avec l'AFP
AFFICHE DU FILM LES 33
"Ne baissez pas les bras; le sens de l'humour est très important. Mettez de l'ordre chez vous. Mettez en place une routine pour ne pas vous ennuyer. Il y a beaucoup de choses à faire!", recommande dans un entretien à l'AFP Mario Sepulveda, un des 33 mineurs, célèbres pour leur sauvetage épique à 600 mètres sous terre, dans une vieille mine de cuivre du désert d'Atacama, le plus aride de la planète.

Le plus charismatique des mineurs, incarné à l'écran par Antonio Banderas dans le film "Les 33", appelle les personnes confinées chez elles à profiter de cette période pour "faire des choses".

"Soyons obéissants, c'est super important. Il ne s'agit pas d'un problème politique, mais d'un problème de santé", ajoute cet homme dont le sauvetage avait été suivi en direct par les télévisions du monde entier.

"Nous étions dans une situation assez critique et grave. Nous n'avions aucune issue; il n'y avait pas de manière de nous sortir de là", se souvient un de ses camarades, Luis Urzua. C'était le chef d'équipe ce 5 août 2010, lorsqu'un éboulement les a bloqués, lui et les autres travailleurs, au fond de la mine.

Il fut le dernier à être sauvé, le 13 octobre 2010.


"Nous avons fait preuve de beaucoup de camaraderie, nous avons beaucoup discuté. Nous avons découvert le travail et les tâches des autres camarades. Prier est une autre chose qui nous a beaucoup aidés", poursuit-il.

"Demander à Dieu non pas qu'il nous vienne en aide, mais qu'il aide les gens (à l'extérieur) pour qu'ils trouvent la force et la volonté d'essayer de nous trouver", raconte M. Urzua.

- "Un ennemi invisible" -


L'Uruguayen Carlos Paez, est un des 16 survivants de l'avion qui, le 13 octobre 1972, s'est écrasé dans les Andes, aux confins de l'Argentine et du Chili, avec 45 personnes à bord.

L'histoire des "survivants des Andes", qui ont passé 72 jours dans la neige et ont eu recours à l'anthropophagie pour rester en vie, a été racontée des milliers de fois, donnant lieu à des livres, documentaires et un long métrage.

"Il y a une grande différence entre ces deux quarantaines, pour les appeler ainsi. Celle que j'ai vécue, ce furent (plus de) 70 jours dans la cordillère des Andes mais sans aucune ressource: moins 25 degrés, pas de nourriture, avec neuf morts autour de nous, en altitude, sans radio, ni moyen de communication. Et j'avais 18 ans", confie à l'AFP cet ancien membre de l'équipe universitaire de rugby des Old Christians de Montevideo, qui se trouvait avec ses équipiers dans l'avion.

Comme une grande partie de l'humanité, il vit ces jours-ci une nouvelle forme d'isolement à cause de la pandémie en cours.

"La seule chose à faire c'est ne rien faire. On te dit de rester chez toi et de te laver les mains. Et tu as toutes les commodités: la télévision, internet et à manger. Il n'y a pas de quoi se plaindre", juge M. Paez, 66 ans.

Au total, 12 personnes sont mortes lors du crash ou des suites de leurs blessures et 17 autres au fil des jours.

"Dans la cordillère, nous nous battions contre un ennemi tangible, la montagne, la neige, le froid et à présent, nous nous battons contre un ennemi invisible, ce qui génère une certaine incertitude".

"Mais moi je me bats contre l'arrogance, j'essaye d'être humble et d'obéir. Le message est clair: reste chez toi et lave-toi les mains. C'est simple", fait valoir M. Paez, qui "essaye d'être obéissant, car j'ai envie de vivre".

Roberto Canessa, 67 ans, un autre de ces survivants, conseille de trouver "quelque chose à faire, un projet".

"C'est ce que j'ai fait dans les Andes. Je travaillais toute la journée pour ne pas penser et ne pas ressentir d'anxiété", dit-il.

Ce cardiologue participe actuellement à un projet en Uruguay qui vise à transformer des insufflateurs de réanimation manuels en respirateurs artificiels mécaniques pour répondre à une éventuelle pénurie de ces appareils en cas d'explosion du nombre de malades de Covid-19, dans ce petit pays de 3,5 millions d'habitants.

Jeudi soir, 238 cas étaient officiellement confirmés.

CHILI : LA RÉVOLUTION FÉMINISTE PASSE À L’OFFENSIVE

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LE 8 MARS 2020, À SANTIAGO DU CHILI, UNE FEMME JETTE UNE
PIERRE SUR LES POLICIERS LORS DE LA MANIFESTATION POUR
LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES.
 PHOTO JAVIER TORRES / AFP
Le 8 mars 2020, à Santiago, un million de Chiliennes marchaient pour défendre leurs droits. Dans ce pays où le divorce n’a été légalisé qu’en 2004, le mouvement féministe constitue l’une des principales forces d’opposition. Avant le référendum du 26 avril pour une nouvelle Constitution, le combat s’organise.
Par Alan Loquet
PHOTO MARTIN BERNETTI 
Monumentales. Le hashtag a mis tout le monde d’accord. Les premiers rayons du soleil n’ont pas tout à fait gravi la cordillère des Andes que quatre membres des Brigades féministes, vêtues de noir, escaladent la statue d’un illustre architecte chilien dans le centre de Santiago du Chili. La plus élancée atteint enfin le sommet de la sculpture et la baillonne d’un foulard violet, symbole de la lutte contre les violences de genre. Le reste de l’escouade s’applique à coller une banderole sur laquelle est inscrit le nom d’Eloísa Zurita, considérée comme la première féministe du nord du pays. Poètes, géographes, mais aussi victimes de féminicides ou femmes au foyer précarisées… : des dizaines de noms de femmes seront ainsi symboliquement apposés sur des monuments de la capitale pour réhabiliter ou honorer la mémoire de celles que l’histoire officielle n’a pas retenues.


jeudi, mars 26, 2020

POURQUOI L’EXÉCUTIF CHILIEN FAIT-IL LE CHOIX DE METTRE SA POPULATION EN DANGER FACE À LA PANDÉMIE ?

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« COVID-19 : L'EMPLOYEUR N'EST PAS TENU 
DE PAYER LA RÉMUNÉRATION RESPECTIVE »
DESSIN ALEN LAUZAN
Notre correspondant à Santiago nous explique la stratégie du gouvernement de Sebastian Piñera. Son option, exposer les populations les plus démunies à la contagiosité du virus.
« les travailleurs qui, en raison de ladite ordonnance ou du couvre-feu, ne sont pas entrés pour fournir des services, il y a lieu de conclure que, n'ayant pas été à la disposition de l'employeur, ce dernier n'est pas tenu de payer la rémunération respective, » Avis n° 1283/006 de la Direction nationale du travail du Chili

6Temps de Lecture 2 Min 30 s
CAPTURE D'ÉCRAN 
Le Chili a eu la chance de n’avoir eu son premier cas de coronavirus que le 3 mars. Le pays bénéficiait de l’expérience concrète de différents pays touchés préalablement et qui ont réagi de façons très différentes. À l’aune des décisions prises ailleurs, de l’analyse des moyens disponibles, on aurait pu penser que le gouvernement aurait choisi la voie la meilleure pour lutter contre le virus. Il n’en a rien été. Tout se passe comme si c’était au Chili que le coronavirus était apparu en premier.

Les stratégies victorieuses pour faire face à l’épidémie, finalement, se résumaient ainsi : le confinement complet et rigoureux ou la détection massive des contaminés par une pratique de dépistage de masse.

Le Chili n’a pas les moyens de multiplier les tests. Il restait la stratégie chinoise. Mais le gouvernement avance à reculons vers le confinement total. Le ministre de la Santé, Jaime Mañalich, déclarait le 14 mars que « la fermeture des classes était irresponsable ». Le 22 mars, il posait la question : et « si le virus mutait et devenait sympathique », pourquoi imposer un confinement à tout le pays ?

Izkia Siches, la présidente du Colegio Médico (Ordre des médecins), exige « le confinement immédiat de la capitale », à défaut du confinement total du pays qu’elle réclame.

Un choix économique qui ne favorise que les nantis
La particularité du Chili est que, jusqu’au 21 mars, 71% des contaminés étaient concentrés sur la capitale, Santiago, qui représente 38 % de la population chilienne. La province était relativement moins touchée : 62 % de la population et seulement 30 % des cas. Depuis le 20 mars, ces données évoluent rapidement. En quelques jours, la part des régions a augmenté et est passée de 28 % à 42 %. Autrement dit, le virus s’est diffusé et est largement sorti de son noyau géographique initial. Encore quelques jours et la répartition des cas recensés correspondra à la répartition de la population dans le pays.

Depuis le 15 mars, tout le monde réclame le confinement total. Rien n’y fait. Le gouvernement est sourd. Pour le moment, le référendum du 26 avril pour une nouvelle constitution a été reporté. L’opposition a suspendu toutes les manifestations. Certaines barrières sanitaires viennent d’être mises en place pour isoler des régions ou des villes. Le couvre-feu de 22 heures à 5 heures correspond à un confinement total de nuit dans tout le pays. Mais le métro de Santiago, en début de semaine, était bondé : les travailleurs n’ont pas les moyens de s’offrir des jours de chômage non payés. Le coronavirus ne met pas la question sociale dehors. Au contraire, il montre la réalité de l’inégalité face à la maladie.

Le gouvernement privilégie les stratégies économiques favorables à ses amis. Le confinement total obligerait à poser la question des ressources de millions de Chiliens privés d’emploi pendant cette période. Et donc celle de la redistribution des richesses. Les riches ne sont absolument pas d’accord et ce sont eux qui dirigent le pays.

mercredi, mars 25, 2020

EN MARCHE FORCÉE

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« L'ATTESTATION »

EN ARGENTINE, UNE COMMÉMORATION VIRTUELLE SOUS CONFINEMENT

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HOMMAGE DES ARGENTINS AUX VICTIMES DE
LA DICTATURE MILITAIRE, MARDI 24 MARS.
 PHOTO JUAN IGNACIO RONCORONI/EPA/MAXPPP
Les faits La traditionnelle marche en mémoire des disparus de la dictature militaire a été annulée à cause de l’épidémie de coronavirus. Les associations de défense des droits de l’homme appellent toutefois à un hommage en ligne avec le hashtag #PañuelosConMemoria.
6Temps de Lecture 2 min.
« NOUS SOMMES LES PETITES-FILLES
DES  "FOLLES DE LA PLACE" QUE TU
N'AS JAMAIS RÉUSSI À ARRÊTER » 
Avec ou sans coronavirus, l’Argentine s’est souvenue de la dictature militaire, mardi 24 mars. L’association « Abuelas Plaza de Mayo » - « Grands-Mères de la Place de Mai » en espagnol - a incité, en cette Journée nationale de la mémoire et pour la vérité, les Argentins à rendre hommage aux disparus de la dictature militaire de 1976 à 1983, tout en restant à la maison. L’Argentine est en effet confinée depuis le 20 mars à cause de la pandémie du coronavirus.

CORONAVIRUS: LE CHILI MET SANTIAGO EN QUARANTAINE

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« RESTEZ À LA MAISON »
DESSIN ALEN LAUZAN
SANTIAGO (Reuters) - Le Chili, où la barre du millier de cas de contamination au nouveau coronavirus a été franchie, a annoncé mercredi le placement en quarantaine d'une grande partie de Santiago, la capitale.
6Temps de Lecture 30 s
« RESTEZ À LA MAISON »
ILLUSTRATION MATHIEU PERSAN
Ce confinement entrera en vigueur jeudi soir et sera appliqué pendant une durée de sept jours, a annoncé le ministre de la Santé Jaime Mañalich.

Environ 1,3 million d'habitants de la capitale chilienne, principalement issus des quartiers cossus de l'est de la ville, où le virus est apparu début mars parmi des habitants ayant séjourné en Europe, seront concernés par cette quarantaine.

Mercredi, le Chili comptabilisait 1.142 cas de coronavirus, dont trois cas mortels.

mardi, mars 24, 2020

CORONAVIRUS. UN PUMA S’AVENTURE DANS LES RUES DÉSERTES DE SANTIAGO DU CHILI

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UN PUMA D’ENVIRON UN AN A ÉTÉ CAPTURÉ 
DANS LES RUES DE SANTIAGO DU CHILI.
 PHOTO  ANDRES PIÑA  / ATON CHILE /AFP
Un puma qui avait abandonné les montagnes entourant Santiago du Chili à la recherche de nourriture a été capturé, ce mardi, à l’aube dans les rues désertes de cette ville, où un couvre-feu nocturne est en vigueur depuis dimanche pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
Un puma qui avait abandonné les montagnes entourant Santiago du Chili à la recherche de nourriture a été capturé, ce mardi, à l’aube dans les rues désertes de cette ville, où un couvre-feu nocturne est en vigueur depuis dimanche pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

En bonne santé


LE PUMA À L’ASSAUT D’UN MUR DE
 SANTIAGO AVANT SA CAPTURE
PHOTO REUTERS
Ici, c’est l’habitat qu’ils ont eu à un moment donné et que nous leur avons, dans le fond, retiré, a expliqué lors d’une conférence de presse Marcelo Giagnoni, directeur régional du SAG, en référence à l’expansion de la capitale chilienne qui abrite désormais près de 7 millions d’habitants.

L’animal, âgé d’un an environ et pesant quelque 35 kg, a été transféré vers le zoo, où il sera soumis à de nouveau examens. Le puma est en bonne santé, a ajouté Marcelo Giagnoni.

Couvre-feu et frontières fermées


Le gouvernement a décrété un couvre-feu nocturne au Chili depuis dimanche en raison de la propagation du nouveau coronavirus dans ce pays qui recense mardi 922 cas officiellement déclarés dont deux morts. Le Chili a également fermé le 18 mars ses frontières terrestres, aériennes et maritimes.

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AU CHILI, LA PRÉSIDENTE DE L’ORDRE DES MÉDECINS, IZKIA SICHES, CRÈVE L’ÉCRAN

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FACE AUX ATERMOIEMENTS DES AUTORITÉS, IZKIA SICHES
RÉCLAME LA MISE EN QUARANTAINE DU PAYS.
PHOTO TWITTER
PORTRAIT - Devenue en quelques jours la voix la plus écoutée du Chili, cette médecin de 34 ans a réussi l’exploit de réunir l’ensemble des partis politiques pour alerter sur la crise sanitaire à venir. 
Par Alan Loquet
 IZKIA SICHES PHOTO TWITTER
on la croirait dotée du don d’ubiquité. Plateaux télé, studios de radio, mais aussi sur Twitter pour répondre aux questions d’internautes, sur le réseau social TikTok pour expliquer aux jeunes les gestes barrières à adopter, en direct sur Facebook pour décrire l’évolution de la pandémie aux supporters du club de football de Colo-Colo… Izkia Siches est partout.

Regard noir charbon, mains jointes et ton posé, la présidente de l’Ordre des médecins est devenue en quelques jours la voix la plus écoutée du Chili. La doctoresse de 34 ans a même réussi l’exploit de réunir l’ensemble des partis politiques pour alerter sur le «tsunami sanitaire à venir». Dans la foulée, elle a reçu les maires de la région de Santiago, les organisations patronales, syndicales et étudiantes. Une danse du ventre indispensable dans un pays où la parole publique est discréditée, avec un président - Sebastian Piñera (droite) - plafonnant à 6 % de soutien, selon les dernières enquêtes.

Dans un premier temps, la légitimité d’Izkia Siches s’est avérée essentielle pour faciliter l’acceptation des mesures prises par l’exécutif. En tête, le report du référendum portant sur un changement de Constitution, prévu initialement le 26 avril et reporté au 25 octobre. Une décision sensible dans un contexte de crise sociale sans précédent déclenchée par l’augmentation du prix du ticket de métro, en octobre dernier.


Interne à l’hôpital public


Depuis quelques jours, ce bref sentiment d’union nationale se délite devant les atermoiements du gouvernement. En réaction, la présidente de l’Ordre des médecins ne se contente plus du rôle de soupape de sécurité. «Izkia Siches pousse fort pour que soient prises au plus vite des mesures drastiques, dont la mise en quarantaine totale du pays, comme en Argentine, observe Matias Goyenechea, politologue et spécialiste des questions de santé publique. Elle fait face à la résistance de l’exécutif qui rechigne à donner accès aux données qui permettraient d’améliorer la gestion de crise. Pire, les autorités jouent la montre pour éviter à tout prix un ralentissement de l’activité économique, en préservant les intérêts d’une minorité au détriment de la protection de tous les Chiliens.»
En 2017, elle avait créé la surprise en devenant, à 31 ans, la première femme à prendre la tête de l’Ordre des médecins, une corporation réputée pour son conservatisme
Ce n’est pas la première fois que la médecin entend bousculer une institution. En 2017, elle avait créé la surprise en devenant, à 31 ans, la première femme à prendre la tête de l’Ordre des médecins, une corporation réputée pour son conservatisme. La native d’Arica, dans l’extrême nord du pays, s’était distinguée en se prononçant à titre personnel pour un accès total, libre et gratuit à l’avortement - partiellement dépénalisé il y a trois ans.

Depuis des années, elle promeut la défense du système public de santé, une gageure dans un pays où ce secteur est très largement privatisé. Interne dans un hôpital public d’un quartier populaire de Santiago, chargée des patients atteints du VIH, elle doit s’adapter chaque jour pour faire face aux carences du système, tout en prônant «une médecine plus humaine».


Destin gouvernemental


Réputée pour son franc-parler, elle n’hésite pas à critiquer vertement la répression des manifestations au plus fort de la crise sociale. «Ce ne sont pas des erreurs, mais plutôt des horreurs», tance alors la professionnelle de santé, en référence aux 460 cas de traumatismes oculaires provoqués par les tirs des carabiniers, selon les chiffres de l’Institut national des droits de l’homme, un organisme indépendant chilien.
Elle a été à la tête de plusieurs organisations à l’université et a participé au mouvement étudiant de 2011. Elle a toujours eu en elle ce leadership Matias Goyenechea, politologue et spécialiste des questions de santé publique
Izkia Siches se revendique de gauche - elle a milité chez les Jeunesses communistes - mais réfute toute appartenance à un parti. Elle n’hésite pas à remettre en cause le ministre de la Santé ou à cogner sur Daniel Jadue, le très populaire maire PC d’une commune de Santiago, qui préconisait d’importer un médicament cubain pour soigner le Covid-19. «Elle a été à la tête de plusieurs organisations à l’université et a participé au mouvement étudiant de 2011, détaille Matias Goyenechea. Elle a toujours eu en elle ce leadership.»


Certains vont jusqu’à lui prêter un destin gouvernemental. Une idée balayée d’un revers de la main par Patricio Meza, vice-président de l’Ordre des médecins. «Ma collègue agit dans l’intérêt général, pour le bien du pays», où l’on recense 922 cas confirmés de Covid-19 et deux décès, selon un dernier bilan. «Nous devons éviter de suivre la même trajectoire que l’Italie, l’Espagne ou la France. Pour cela, nous allons avoir besoin de son intelligence, de ses connaissances, de son caractère et de sa force de persuasion pour traverser au mieux cette grave crise sanitaire», conclut-il.
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DESSIN MARCO DE ANGELIS
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GIORGIO AGAMBEN : « L’ÉPIDÉMIE MONTRE CLAIREMENT QUE L’ÉTAT D’EXCEPTION EST DEVENU LA CONDITION NORMALE »

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 GIORGIO AGAMBEN, EN 2018.
PHOTO LEONARDO CENDAMO. LEEMAGE
Dans un entretien au « Monde », le philosophe italien critique la mise en place de mesures  sécuritaires hors norme supposant qu’il faut suspendre la vie pour la protéger.
Propos recueillis par Nicolas Truong
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 GIORGIO AGAMBEN, VENISE, MARS 2002
PHOTO ULF ANDERSEN - AFP
Philosophe italien de renommée internationale, Giorgio Agamben a notamment élaboré le concept d’«état d’exception» comme paradigme du gouvernement dans sa grande œuvre de philosophie politique Homo Sacer (Seuil, 1997-2005). Dans le sillage de Michel Foucault, mais aussi de Walter Benjamin ou d’Hannah Arendt, il a mené une série d’enquêtes généalogiques sur les notions de  « dispositif » et de « commandement », élaboré les concepts de « désœuvrement », de « forme de  vie » ou de « pouvoir destituant ». Intellectuel de référence de la mouvance des « ingouvernables »,  Giorgio Agamben a publié une tribune dans le journal Il Manifesto (« Coronavirus et état  d’exception », 26 février) qui a suscité des critiques parce que, s’appuyant sur les données sanitaires  italiennes d’alors, il s’attachait à la défense des libertés publiques en minimisant l’ampleur de  l’épidémie. Dans un entretien au Monde, il analyse « les conséquences éthiques et politiques  extrêmement graves » qui découlent des mesures sécuritaires mises en œuvre a fn de juguler la pandémie.
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