SANTIAGO (AFP) — Le Français Dominique Strauss-Kahn devait livrer jeudi à Santiago du Chili, devant des personnalités de la gauche latino-américaine, quelques unes des idées qu'il entend mettre en oeuvre à la tête du Fonds monétaire international (FMI) à la veille sans doute d'en assumer la direction.
Les administrateurs du Fonds doivent désigner vendredi le successeur de l'Espagnol Rodrigo Rato à la tête de cette organisation en crise et décriée, particulièrement sur le continent latino-américain.
Dominique Strauss-Kahn, 58 ans, ancien ministre français de l'Economie, est donné grand favori face au candidat de la Russie, l'ancien Premier ministre tchèque Josef Tosovsky.
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Photo Alex Ibañez
Les participants à ce forum, inauguré par Mme Bachelet, vont évoquer pendant deux jours les moyens d'atteindre un développement plus équitable et une meilleure cohésion sociale à l'heure où une grande partie du continent latino-américain a renoué avec la croissance et les excédents.
M. Strauss-Kahn devait consacrer jeudi en début d'après-midi une partie de son intervention à ces thèmes, a assuré le sénateur chilien Carlos Ominami, ami personnel de l'ancien ministre socialiste français. Mais surtout, a-t-il dit, il reviendra sur "ce qui a été le leitmotiv de sa candidature au FMI, la nécessité d'une réforme profonde dans les formes d'action du FMI et dans la définition de ses autorités suprèmes, étant donné que jamais il n'y a eu de directeur non européen à la tête du Fonds".
M. Strauss-Kahn a déjà promis à ce sujet une réforme du mode de décision pour renforcer le pouvoir des pays en développement, en adoptant pour "une poignée de décisions cruciales", un système de double majorité qui favoriserait les pays les plus pauvres.
Enfin, ce forum sera "une opportunité pour qu'il se prononce sur ce qui se passe dans l'économie internationale et ce qui se va se passer prochainement sur les marchés financiers", a encore indiqué ce sénateur chilien, chez qui M. Strauss-Kahn avait dîné au début du mois lors de sa visite à Santiago.
Cette visite avait eu lieu dans le cadre de sa tournée des capitales en vue de faire le plein de voix avant le vote des administrateurs vendredi.
M. Strauss-Kahn a eu l'occasion lors de cette tournée de mesurer l'ampleur du discrédit dont souffre le FMI en Amérique latine, particulièrement en Argentine où il est considéré comme l'incarnation du diable, ce que l'ancien ministre français avait lui-même reconnu.
"En Argentine, pour de nombreuses personnes, le FMI est le diable et il y a des raisons à cela", avait déclaré M. Strauss-Kahn le 6 septembre à une chaîne de télévision argentine. Il n'avait alors pas hésité à parler d'intervention "catastrophique" et de ses conséquences "désastreuses" au point de paraître s'exprimer comme un Argentin, selon la remarque du journaliste qui l'interrogeait. "Je prends cela comme un compliment", avait alors rétorqué M. Strauss-Kahn.
Il aura l'occasion d'écouter le ministre argentin de l'Economie Miguel Peirano évoquer l'expérience hétérodoxe de son pays, qui a coupé les ponts avec le FMI sans toutefois s'en retirer complètement, lors de la deuxième journée de ce forum à Santiago où M. Strauss-Kahn a prévu d'être présent, selon la fondation Chile 21.