Bernardin se trouvait en difficulté dans l'océan Pacifique depuis le début du mois de janvier, en raison notamment d'une fuite sous la carène de son deux mâts qui embarquait quelque 1.000 litres d'eau/jour et d'un état de grande faiblesse physique.
Il s'était résolu à faire cette escale imprévue au Chili lors de la 3e et dernière étape de son tour du monde en solitaire, sur les traces de Joshua Slocum, entre la Nouvelle-Zélande et les Sables d'Olonne (Vendée).
Le bateau (réplique du Spray de Slocum, 1er navigateur a avoir bouclé une circumnavigation en solitaire entre 1893 et 1895) et son capitaine ont été accueillis à Talcahuano par la Marine chilienne à la demande de la Marine nationale française.
A l'annonce des difficultés rencontrées par le navigateur originaire de Saint-Briac (Ille-et-Vilaine), l'amiral Alain Oudot de Dainville, chef d'état-major de la Royale, avait adressé un message à son homologue Commandant en chef de la marine chilienne, Rodolfo Codina Diaz, lui demandant, dans la mesure du possible, de porter assistance à Spray.
"Les marins chiliens sont très francophiles et francophones. Nombre d'entre eux sont passés par notre base de Cherbourg. C'est la solidarité normale des gens de mer", fait observer mercredi matin à l'état-major à Paris, le capitaine de vaisseau Olivier Beauchesne.
"Je suis fourbu mais soulagé. La mer m'a dicté sa loi. Les conditions de navigation, depuis mon départ de Nouvelle-Zélande, début novembre, ont été très dures avec des vents contraires", a déclaré à l'AFP Guy Bernardin qui venait de mouiller à l'entrée de la rade de Talcahuano, siège de la principale base navale chilienne.
"Un petit bâtiment chilien est venu m'accueillir en pleine nuit. Ils vont revenir ce matin pour me guider dans leur darse. Ils vont mettre Spray à sec pour réparer. Moi, je vais prendre une bonne douche bien chaude..", a-t-il ajouté.
Mais le vétéran des océans (il a fait l'équivalent de 16 fois le tour de la planète en course ou en croisière) a un regret: ne pas avoir pu doubler le mythique cap Horn pour la 8e fois de sa vie. "Le destin a décidé que cette fois, ma route ne passait pas par là. J'ai dû m'incliner. Mais c'était peut-être un avertissement, tant va la cruche à l'eau...".
Bernardin a déjà évité le pire à deux reprises en 1989 et 1990, en course, au large du Horn où il avait été secouru (déjà) par la marine chilienne.
En dépit du retard occasionné par cette escale imprévue, Guy Bernardin entend bien entrer dans le port des Sables d'Olonne au mois de juin prochain.
"Je vais vraisemblablement passer par le canal de Panama après cette escale qui ne devrait pas excéder une quinzaine de jours", envisage-t-il.
Puis ce sera (en Mars), cap sur la Floride et route vers la France à travers l'Atantique, mais en passant par le triangle des Bermudes.
Le triangle des Bermudes ? Là où, il y aura un siècle en 2009, disparu à jamais Joshua Slocum et son mémorable Spray. Le grand navigateur canadien avait 65 ans. Bernardin en a 63...