samedi, novembre 29, 2014

LA JUSTICE CHILIENNE POURSUIT DES VICTIMES DE LA DICTATURE DE PINOCHET

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FRANCISCO PEÑA RIVEROS.
PHOTO LINO VENTURA
La récente demande d’extradition d’un ancien résistant à la dictature du général Augusto Pinochet révèle tout le paradoxe inhérent à la justice chilienne : une justice qui peine à juger les tortionnaires de la dictature, mais qui n’hésite pas cependant à se rendre complice de procès iniques, dont sont victimes les opposants à la dictature. 

MME LA JUGE CLAUDIA PAMELA 
SALGADO RUBILAR
Ces résistants ont subi, pour la plupart, de nombreuses violations des droits de l’homme. C’est le cas de Francisco Peña, qui fut victime de traitements cruels et inhumains, et qui fut condamné à la suite d’un simulacre de procès et grâce à des aveux obtenus sous la contrainte et la torture.

Francisco Peña Riveros fut un militant anti-dictatorial pendant les années noires qu'a vécues le Chili (1973-1990). Pendant ses études universitaires en pédagogie à L'université d'Antofagasta, il militait dans l'organisation des Jeunesses communistes, puis dans le Front Patriotique Manuel Rodriguez, mouvement de résistance armée à la dictature.

Il fut arrêté par la police politique de la dictature, accusé des multiples délits; puis condamné, au moyen de déclarations obtenues sous la torture, à une longue peine de prison, en absence de tout état de droit. 

Francisco a conquis sa liberté avec une cinquantaine de prisonniers politiques, lors d’une spectaculaire évasion de la prison de Santiago du Chili, le 29 janvier 1990, sous dictature.


Le 19 novembre dernier, la juge Claudia Pamela Salgado Rubilar a initié la procédure pour demander à la France l’extradition de Francisco Ismaël Peña Riveros, « pour sa responsabilité comme auteur des délits d'association illicite, de soustraction d’un mineur, de vols avec intimidation et violation de domicile. » 

La demande d’extradition est d’autant plus incompréhensible que Francisco fut reconnu comme victime de torture et d’enfermement pour raisons politiques par la commission officielle sur la prison politique et la torture en 2004, dite commission Valech. 

Après sa sortie du Chili, Francisco Peña et sa compagne ont obtenu le statut de réfugiés politiques en France, où ils résident depuis avec leurs deux enfants. Francisco a refait sa vie : après une reconversion professionnelle, il monte une entreprise dans le bâtiment dans laquelle il travaille aujourd’hui. Il fut informé de la demande d’extradition de la justice chilienne par sa famille restée au Chili. Francisco a reçu de nombreuses manifestations de solidarité et de soutien de ses proches, révoltés de cette nouvelle injustice qui l’afflige.
MC.