samedi, novembre 30, 2019

AU CHILI, LA BANDE SON DU PRINTEMPS SOCIAL


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DES MANIFESTANTS BRANDISSENT DES GUITARES ET CHANTENT
"LE DROIT DE VIVRE EN PAIX" ("EL DERECHO DE VIVIR EN PAZ")
DU MUSICIEN CHILIEN VÍCTOR JARA,
LE 25 OCTOBRE 2019 À SANTIAGO DU CHILI
 PHOTO AFP 
Santiago du Chili (AFP) - Au fil des manifestations qui rythment la vie du Chili depuis des semaines, une bande son de ce printemps social a pris forme, remettant au goût du jour des succès des années 70 et 80, au milieu de tubes actuels.
Une véritable "playlist" s'est constituée, résonnant dans la rue et sur les réseaux sociaux. On y retrouve aussi bien les plus grands succès de la résistance à la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) que les tubes de la chanteuse de rap Anita Tijoux ou les balades pop de Mon Laferte.
« NI POR LA RAZÓN, NI POR LA FUERZA », 
THÈME « EL BAILE DE LOS QUE SOBRAN »
S ‎
LOS PRISIONERO
 ALBUM ENREGISTRÉE CHEZ EMI, 
NUMÉRO DE CATALOGUE 852576-2, CHILI, 1996 
"El baile de los que sobran" (Le bal de ceux qui sont de trop ) de Los Prisioneros, groupe de rock chilien le plus populaire des dernières années de la dictature, ou "El derecho de vivir en paz" (Le droit de vivre en paix), de Victor Jara, chanteur assassiné trois jours après le coup d'Etat militaire de 1973, sont lancés à plein volume depuis les balcons du centre de Santiago pour soutenir les manifestants.

« ADIÓS GENERAL, ADIÓS CARNAVAL! », 
THÈME « ADIÓS GENERAL, ADIÓS CARNAVAL! »
 ALBUM ENREGISTRÉE ALERCE, 
NUMÉRO DE CATALOGUE CDAE 0338, CHILI, 1998 
"Adios general" (Au revoir général) du groupe Sol y lluvia, autre hymne des années 1980 contre la dictature, est chanté en choeur lors des défilés.

Le tube de Los Prisioneros a été composé en 1986, mais ses paroles sont reprises par la nouvelle génération comme si le morceau venait tout juste de sortir : "Ils ont vraiment donné aux autres ce qu'on appelle l'éducation/ Ils ont demandé des efforts, ils ont demandé du dévouement / Et pour quoi ? Pour finir par danser et donner des coups de pied dans les cailloux".

Le 25 octobre, lors d'une mobilisation historique qui a réuni plus d'un million de manifestants dans le centre de Santiago, le tube a été chanté par une partie de la foule alors que des dizaines de musiciens étaient venus protester avec leur guitare.

- "El pueblo unido" -

"C'est triste de voir qu'il est encore nécessaire de chanter cette chanson, les problèmes sont toujours les mêmes et aucune solution n'y a été apportée. Le gâteau (de la prospérité) peut être mieux réparti", a estimé récemment, dans un entretien à une télévision locale, le compositeur et leader du groupe, Jorge Gonzalez, 54 ans.

En guise d'hommage aux concerts de casseroles, forme de protestation traditionnelle au Chili depuis des décennies et qui ont repris de la vigueur depuis le début de la crise, la rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux, 42 ans, a lancé au début du mouvement un refrain résumant les revendications des manifestants.

"La Constitution, et les grands pardons (en référence à la justice peu sévère à l'égard des puissants)/Avec un poing et une cuillère devant le pouvoir/ Et pour l'Etat tout entier, concert de casseroles ! / Écoutez, voisin, plus d'énergie/ Et la barricade ?/ Donnez-lui de l'essence !", dit la chanson devenue virale sur les réseaux sociaux.

La rappeuse exprime ainsi sans détour son soutien aux manifestants et n'a pas manqué de critiquer la gestion de la crise par le gouvernement et les forces de l'ordre, accusées de multiples violations des droits de l'homme.

Même ton critique de la part de la chanteuse pop Mon Laferte, 37 ans, qui a fait sensation il y a quelques semaines aux Latin Grammy Awards aux Etats-Unis où elle est apparue devant les photographes seins nus, avec l'inscription "Au Chili, on torture, on viole, on tue".

Enfin, le Chili a bien sûr retrouvé son chant emblématique de la gauche, devenu un hymne en faveur de la liberté et contre l'oppression bien au-delà de ses frontières : "El pueblo unido jamas sera vencido" (Le peuple uni ne sera jamais vaincu).

Enregistrée en 1970 par le groupe Quilapayun, elle résonne à nouveau en force dans les rues du pays.

FIN DE SAISON AU CHILI EN RAISON DES RÉVOLTES POPULAIRES

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LES DIRIGEANTS DE L'ANFP AINSI QUE LES PRÉSIDENTS DES CLUBS
DE1ÈRE ET 2ÈME DIVISIONS ONT DÉCIDÉ DE METTRE UN TERME À LA SAISON
PHOTO AGENCIA UNO
  
Moins de balles, plus de ballon rond !

Après plus d'un mois de suspension du championnat, le football au Chili ne reviendra pas cette saison. Dans la nuit de vendredi à samedi, les dirigeants de l'ANFP ainsi que les présidents des clubs de première et deuxième divisions ont décidé de mettre un terme à la saison en cours après 24 journées de championnat. Depuis le début du mois d'octobre, le Chili sombre dans une grave crise sociale qui a déjà causé la mort d'une vingtaine de personnes. Un climat tendu, qui ne permet pas la poursuite de la Primera División de Chile dans la plus grande sécurité.
PHOTO PHOTOSPORT
C'est avec 42 voix favorables à l'arrêt du championnat - sur 45 - que la décision a été prise. L'équipe de Universidad Católica remporte donc son deuxième championnat consécutif avec 53 points, dont sept d'avance sur son dauphin de Colo-Colo à six rencontres de la fin. La semaine dernière, une tentative de reprise de la saison avait été marquée par le refus de nombreux clubs de première division de jouer au football après que des supporters s'étaient introduits dans un stade pour manifester leur opposition à une reprise du ballon rond. Point final.
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« LE CHILI BRÛLE »

vendredi, novembre 29, 2019

« LE VIOLEUR C’EST TOI ! C’EST LA POLICE C’EST LA JUSTICE ! » : L'ACTION COUP DE POING DES MILITANTES FÉMINISTES AU TROCADÉRO


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« LE VIOLEUR C’EST TOI ! C’EST LA POLICE C’EST LA JUSTICE ! » :
L'ACTION COUP DE POING DES MILITANTES FÉMINISTES AU TROCADÉRO
« Le coupable ce n’est pas moi ni mes fringues ni l’endroit. Le violeur c’est toi! C’est la police c’est la justice ! ». Une centaine de militantes féministes ont réalisé une action coup de poing sur le parvis du Trocadéro à Paris vendredi 29 novembre. 
 « LE VIOLEUR C’EST TOI ! C’EST 
LA POLICE C’EST LA JUSTICE ! » 
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Une mobilisation en écho à celle qui a émergé au Chili pour dénoncer les violences faites aux femmes. Les militantes ont également entonné des paroles aux retentissement plus national. « Macron Philippe on en peut plus, le milliard on l’a pas eu », en référence au grenelle contre les violences conjugales pour lesquelles les militantes féministes réclamaient un budget d’un milliard d’euros.


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CHILI : 20 MILLIARDS DE DOLLARS INJECTÉS POUR FREINER LA CHUTE DU PESO


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PHOTO RODRIGO GARRIDO / REUTERS
La Banque centrale du Chili a annoncé l’injection de 20 milliards de dollars dans l’économie, avec notamment un programme de vente de devises jusqu’à la fin mai 2020, pour freiner la dégringolade du peso, qui a connu jeudi 28 novembre un nouveau record à la baisse.
Le Monde avec l'AFP
l’institution monétaire a annoncé dans un communiqué qu’elle avait « décidé d’intervenir sur le marché des changes pour un montant maximal de 20 milliards de dollars, à compter du lundi 2 décembre et jusqu’au 29 mai 2020 », avec une « vente de dollars (sur le marché des changes) pour un montant maximal de 10 milliards de dollars » et une « vente d’instruments de couverture (de risque) pour un montant maximal de 10 milliards de dollars ».

La Banque centrale avait déjà annoncé le 13 novembre l’injection de 4 milliards de dollars, ce qui n’a pas permis d’endiguer la chute de la monnaie locale dans un contexte persistant de grave crise sociale.

Crise sociale et chute du cours international du cuivre
Le peso a perdu 1,1 % jeudi, atteignant un plus bas historique pour le deuxième jour consécutif, un dollar s’échangeant à la clôture contre 828,36 pesos. Pendant la journée, le peso avait même plongé à 838 unités pour un dollar, en raison de l’inquiétude des marchés face à une crise sociale qui ne s’apaise pas, conjuguée à une chute du cours international du cuivre, dont le Chili est le premier producteur mondial. Mercredi, il avait déjà perdu 1,6 % de sa valeur face au dollar, s’échangeant à 812 pesos contre un billet vert, déjà un record à la baisse.


Selon la Banque centrale, en raison de la « faible indexation en dollars » de l’économie chilienne, les variations du peso n’ont pas d’effet immédiat sur les ménages et les entreprises et l’inflation va rester «modérée », en dessous des 3 %. L’institution a cependant justifié son intervention en expliquant qu’«un degré excessif de volatilité du taux de change entrave la formation des prix, les décisions de dépenses et de production des personnes et des entreprises », ce qui suscite « des inquiétudes sur les marchés ».

Depuis le 18 octobre, date de l’éclatement de la pire crise sociale de ces trois décennies au Chili, la monnaie a perdu environ 15 %. Si la baisse du cours du cuivre provoquée par la guerre commerciale à laquelle se livrent les Etats-Unis et la Chine a eu un impact sur la chute du peso, elle « est due à 90 % à la crise », explique à l’Agence France-Presse, l’économiste de l’université de Santiago, Francisco Castañeda.

La Banque centrale a également avancé au 5 décembre sa réunion de politique monétaire pour tenter de rassurer les marchés, qui espèrent un maintien du taux directeur à 1,75 %. Jeudi, l’IPSA, le principal indice de la bourse de Santiago, a également clôturé en baisse (− 2,23 %).

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CHILI: 20 MILLIARDS DE DOLLARS INJECTÉS
POUR FREINER LA CHUTE DU PESO 

BLESSÉS AUX YEUX, 200 CHILIENS RÉCLAMENT JUSTICE

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« DES CHILIENS RÉCLAMENT JUSTICE
 POUR LES BLESSÉS AUX YEUX »
 «BLESSÉS AUX YEUX, 200  CHILIENS RÉCLAMENT JUSTICE » 
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Des centaines de Chiliens ont manifesté contre les violences des forces de l'ordre à Santiago. 200 manifestants ont perdu un œil ou presque depuis le début de la contestation sociale le 18 octobre. 
Par euronews avec l'AFP et Reuters 
La semaine dernière, le gouvernement a suspendu l'utilisation de ces munitions controversées que sont les balles en caoutchouc et au plomb, mais les blessés réclament justice :
« J'étais sur la Plaza Italia, là où les gens se rassemblent tous les jours et des forces spéciales sont arrivées... J'ai vu l'un des hommes mettre son fusil sur l'épaule, me viser au visage, puis j'ai senti le sang couler, mon visage enfler, et je suis tombé au sol, j'ai perdu un œil. » Carlos Prueba, manifestant chilien
Le président chilien a condamné ces violences policières et promis qu'il n'y aurait pas d'impunité contre les auteurs. Mais il a aussi annoncé que le nombre de policiers dans les rues augmenterait et que de nouveaux pouvoirs seraient accordés aux forces armées pour protéger les infrastructures publiques.

L'armée du pays a été accusée par des groupes de défense des droits de l'homme d'utiliser une force excessive pour réprimer les manifestants violents.

COMMÉMORATION DE LA DISPARITION FORCÉE DE CARMEN BUENO ET JORGE MÜLLER

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JORGE MÜLLER ET CARMEN BUENO 
ILLUSTRATION AFFICHE COMMÉMORATIVE 
CONCEPCIÓN BALMES ET J. C. CASTILLO, 1984.
ARCHIVES DU MUSÉE DE LA MÉMOIRE 
ET DES DROITS DE L'HOMME, CHILI
1974 - 29 novembre - 2019
Commémoration de la disparition forcée de l’actrice Carmen et de son compagnon le cameraman Jorge le 29 novembre 1974.
JORGE MÜLLER ET CARMEN BUENO 
ILLUSTRATION AFFICHE COMMÉMORATIVE 
CONCEPCIÓN BALMES ET J. C. CASTILLO, 1984.
Il y a 44 ans, le 29 novembre 1974, à Santiago, Jorge Müller Silva, cinéaste de 27 ans, et sa fiancée Carmen Bueno Cifuentes, cinéaste et comédienne de 24 ans, tous deux militants du M.I.R. et travaillant à Chile Films, alors entreprise nationale de cinéma, sont arrêtés dans la rue.  Emmenés à la Villa Grimaldi —site clandestin de détention et de torture de la dictature—, ils furent transférés ensuite au camp de détention de Cuatro Alamos, où ils disparurent entre les mains de la DINA. 

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JORGE MÜLLER ET CARMEN BUENO 

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L'EXÉCUTIF A RENCONTRÉ LES REPRÉSENTANTS 
D'UN COLLECTIF À L'ORIGINE DES APPELS À MANIFESTER
PHOTO MARITO AGUILAR AGENCIA UNO 
Pour la première fois depuis le début de la contestation, il y a près de deux mois, l'exécutif a rencontré les représentants d'un collectif à l'origine des appels à manifester. 

CHILI, CAMPAGNE DE DÉNONCIATION
DE VIOLENCES POLICIÈRES

SOULDESIGN
Au Chili, la crise sociale dure depuis plus de quarante jours et suscite l'inquiétude des marchés. Jeudi, pour la toute première fois depuis le début du mouvement de contestation le 18 octobre dernier, le gouvernement chilien du conservateur Sebastian Piñera s'est réuni avec les syndicats dans le but de trouver une issue à la crise. La rencontre a eu lieu avec les représentants d'un collectif d'organisations sociales et syndicales qui sont à l'origine de plusieurs des appels à manifester, la « Plateforme d'unité sociale ».

Parmi les membres du collectif figurent notamment la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), le plus puissant syndicat du pays, l'organisation professionnelle des professeurs ou encore le collectif « No + AFP » qui réclame la fin du système de retraites privatisé chilien, une revendication majeure des manifestants. « Nous avons dit très clairement que nous n'étions pas prêts à négocier dans le dos des gens, que ce n'est pas notre état d'esprit, que ce sont eux (le gouvernement) qui doivent maintenant apporter des réponses aux propositions qui ont été faites », a déclaré à l'issue de la réunion Mario Aguilar, le président du Collège des professeurs.

Alors que le gouvernement a déjà annoncé en octobre une batterie de mesures sociales pour tenter de mettre fin à la crise, les organisations syndicales et nombre de manifestants demandent au gouvernement d'aller plus loin, avec notamment une augmentation de 50 % du salaire minimum (301 000 pesos, 400 dollars) et le remplacement du système de retraites par capitalisation individuelle, hérité de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), par un système par répartition.


Lancer un dialogue avec des priorités


Le ministre de l'Intérieur, Gonzalo Blumel, qui fait office de numéro un du gouvernement, s'est félicité que les parties se soient mises « d'accord pour lancer un dialogue sur les questions prioritaires de l'agenda social » telles que les salaires, l'accès à des services de santé de qualité, ainsi que les retraites. Parallèlement, le Parlement débat de plusieurs projets de loi présentés par le gouvernement pour renforcer le maintien de l'ordre, comme une loi anticasseurs et une autre permettant aux militaires de protéger les infrastructures publiques sans avoir besoin de décréter l'état d'urgence.

Il discute également d'une « accusation constitutionnelle » contre l'ex-ministre de l'Intérieur, Andrés Chadwick, bête noire de manifestants, qui avait été contraint à la démission lors du remaniement gouvernemental du 28 octobre décidé par le président Piñera, dans une autre tentative pour apaiser la rue. Un accord historique signé par les partis le 15 novembre sur l'organisation d'un référendum en avril pour remplacer la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet n'a pas davantage mis un terme aux mobilisations.

En 42 jours, le mouvement de contestation a fait 23 morts, dont cinq après l'intervention des forces de l'ordre, et plus de 2 000 blessés. Parmi eux, près de 300 personnes ont été grièvement touchées aux yeux par les tirs de chevrotine de la police contre les manifestants. Plusieurs de ces blessés se sont rassemblés jeudi devant le palais présidentiel de La Moneda. « Jeudi dernier, on m'a enlevé la chevrotine, on a dû aussi me retirer l'œil et je vais devoir porter une prothèse à vie », a expliqué Diego Jara à l'Agence France-Presse.


Des manifestations qui dégénèrent souvent



« NOUS SOMMES EN GUERRE »
DESSIN BECS 
Après une mobilisation historique le 25 novembre, qui avait réuni 1,2 million de personnes, des manifestations plus ou moins suivies se poursuivent presque tous les jours à Santiago et dans d'autres villes du pays, qui dégénèrent régulièrement en violences, incendies et pillages. « Nous faisons face à un ennemi puissant et implacable qui ne respecte rien, ni personne », a déclaré le président Piñera jeudi face à la persistance des troubles.



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« FÉMINICIDE »

jeudi, novembre 28, 2019

CHILI : LES ACCUSATIONS DE VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME SE MULTIPLIENT

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CET HOMME A ÉTÉ ARRÊTÉ PAR LA POLICE LORS D'UNE 
MANIFESTATION CONTRE LE GOUVERNEMENT, 
SAMEDI À SANTIAGO.
PHOTO RODRIGO ABD, ASSOCIATED PRESS
(Santiago du Chili) Les accusations de violations des droits de l'homme de la part des forces de l’ordre se sont multipliées ces derniers jours au Chili secoué par une violente crise sociale, alors que des enquêteurs de l’ONU sont attendus lundi dans le pays.

AGENCE FRANCE-PRESSE
Torture, violences sexuelles, tabassages ou sévères blessures provoquées par des tirs de plombs : les organisations de défense des droits de l’homme ont fait état ces derniers jours de nombreux abus perpétrés par les forces de sécurité pendant l’état d’urgence, finalement levé dimanche à minuit.

Face à la multiplication des dénonciations, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Michelle Bachelet, qui a été à deux reprises présidente du Chili, a annoncé jeudi l’envoi d’enquêteurs. Amnistie internationale a également annoncé une mission dans le pays.  

« On m’a retiré le lobe oculaire pour enlever le plomb » qui s’était logé derrière, a raconté Emerson Yarcan, 30 ans, un bandage sur son œil gauche, rencontré par l’AFP à la sortie des urgences d’un hôpital du centre de Santiago.  

 EMERSON YACAN
PHOTO PEDRO UGARTE
Le trentenaire, qui devra désormais vivre avec un œil artificiel, a été blessé par des tirs de la police anti-émeutes alors qu’il se trouvait à proximité de la plaza Italia, où près d’un million de personnes s’étaient rassemblées vendredi soir pour dénoncer les inégalités sociales dans le pays.

Alors qu’il faisait déjà nuit et que les manifestants commençaient à se disperser, la police a commencé à lancer des gaz lacrymogènes. « Ils attendent qu’il y ait de la fumée et commencent à tirer pour que vous ne puissiez pas les reconnaître. Mais celui qui m’a tiré dessus […], j’ai vu qu’il m’a tiré directement dans la figure » raconte le jeune homme.  

Les plaintes visent en particulier la police anti-émeutes (Carabineros de Chile) chargée de disperser les manifestations, alors que les militaires déployés dans le cadre de l’état d’urgence étaient plutôt positionnés en appui, en particulier dans la capitale.

« Pour l’heure, la grande majorité des cas de violations des droits de la personne impliquent les Carabineros de Chile », a indiqué à l’AFP Rodrigo Bustos, responsable juridique de l’Institut national des droits humains (INDH), un organisme public indépendant qui tient un décompte des blessés à partir d’observations directes dans les hôpitaux et les commissariats.  

Humiliations sexuelles


Sur les 20 personnes tuées depuis le début des troubles le 18 octobre, cinq sont mortes à la suite d’une intervention des forces de sécurité, selon les chiffres concordants diffusés par le ministère de l’Intérieur, le parquet et l’INDH.  

L’armée est ainsi impliquée dans quatre décès, tandis qu’une autre personne est morte après avoir été tabassée par la police. Deux autres victimes ont été tuées percutées par un conducteur ivre. Les autres victimes ont péri dans des incendies lors de pillages ou ont succombé à leurs blessures.

Selon le rapport le plus récent de l’INDH, 3193 personnes ont été interpellées et 1092 blessées. Parmi celles-ci, 596 l’ont été par des tirs (balles, plombs ou balles de lanceurs de défense).  

L’organisme a précisé que 88 plaintes ont été déposées, dont cinq pour homicides et 17 pour actes de torture et violences sexuelles.  

Parallèlement, le mouvement d’intégration et libération homosexuelle (MOVILH) a dénoncé deux cas d’« abus et actes de torture homophobes » dans deux commissariats de la banlieue de Santiago.  

Un cas, fortement médiatisé au Chili, concerne un étudiant en médecine.  

Selon l’avocat de l’INDH, Pablo Rivera, le jeune homme a « été soumis à de graves humiliations constituées d’actes de torture, les plus graves étant d’ordre sexuel. Il a été forcé de se déshabiller totalement, a été menotté et battu. Il apparaît qu’il a été abusé sexuellement par les Carabineros avec leur matraque ».

L’autre cas concerne un autre jeune homme de 21 ans « détenu cinq jours à Santiago », selon le MOVILH.  

Le site d’information The Clinic a également publié plusieurs récits de femmes qui ont raconté avoir subi des violences sexuelles alors qu’elles avaient été arrêtées et enfermées dans des cellules.  

La mission d’Amnistie internationale aura pour but de « recueillir les témoignages et d’obtenir des documents pour corroborer les accusations de violations des droits de l'homme et possibles crimes de droit international afin d’accompagner les victimes», a indiqué dans un communiqué Erika Guevara Rosas, la directrice Amériques de l’organisation.  

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LE PRÉSIDENT DU CHILI NE SE RENDRA PAS À LA COP25 POUR « CAUSE DE TROUBLES » DANS SON PAYS

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 ILLUSTRATION CRISTIANO SIQUEIRA DIT CRISVECTOR 
SANTIAGO, 27 novembre (Xinhua) -- Le président du Chili Sebastian Piñera ne se rendra pas à la conférence mondiale sur le changement climatique, que son pays était censé accueillir, en raison des troubles qui l'agitent actuellement, a déclaré mercredi un responsable chilien haut placé.
PHOTO FRANCOIS MORI  
M. Piñera avait déjà annoncé que le Chili serait incapable d'organiser la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP25) en raison des protestations contre le gouvernement qui font rage dans les grandes villes chiliennes. L'Espagne avait ensuite proposer d'accueillir l'événement à Madrid du 2 au 13 décembre.

"Le président Piñera ne se rendra pas à la conférence. Il nous a signifié qu'il y a un travail urgent à accomplir au Chili, c'est pourquoi il restera", a déclaré sa ministre de l'Environnement Carolina Schmidt.

C'est Mme Schmidt qui présidera la COP25 en tant que représentante de son pays.

À la fin du mois d'octobre, M. Piñera avait annoncé que son gouvernement serait incapable d'accueillir la conférence en raison de la contestation sociale, mais avait renouvelé son "engagement absolu et entier" envers la COP25.

Les Chiliens défilent dans les rues en exigeant de meilleures conditions de vie et une amélioration des services essentiels tels que la santé, le logement et l'éducation.

Les manifestations sont parfois devenues violentes, conduisant à des affrontements avec les forces de sécurité.


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