[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Dans un rapport publié jeudi, l'ONG déclare que les forces de l'ordre chiliennes ont adopté, depuis le début du mouvement de protestations antigouvernementales, une politique de brutalité délibérée contre les manifestants, soutenue par le gouvernement du président Sebastian Piñera.
« »
[ Cliquez sur la flèche pour voir la vidéo ]
CHILI, CAMPAGNE DE DÉNONCIATION DE VIOLENCES POLICIÈRES SOULDESIGN |
Le président chilien Sebastian Piñera a toutefois admis le même jour qu'il était possible que « dans certains cas » les procédures régissant l'activité des forces de l'ordre n'aient pas été respectées. Il a promis que d'éventuelles infractions feraient l'objet de poursuites en justice.
« Extrêmes »
Le mouvement de protestation sociale, qui a débuté le 18 octobre, se poursuit. Des manifestations accompagnées de pillages et d'incendies ont eu lieu jeudi à Santiago et dans d'autres villes.
Dans son rapport publié jeudi, Amnesty International déclare que les forces de l'ordre chiliennes ont adopté une politique de brutalité délibérée contre les manifestants.
« L'intention des forces de l'ordre chiliennes est claire: blesser ceux qui manifestent pour décourager le mouvement de protestation, y compris en arrivant à des extrêmes, en utilisant la torture et la violence sexuelle contre les manifestants », estime l'ONG dans ses conclusions préliminaires à l'issue d'une visite au Chili.
« Punir » les contestataires
Le gouvernement du président Piñera a soutenu cette « politique pour punir » les contestataires, a déclaré Erika Guevara, directrice pour les Amériques d'Amnesty International.
L'ONG assure qu'« il ne s'agit pas de faits isolés » et que les violations qu'elle a répertoriées « répondent à un modèle ».
Amnesty critique également la décision du gouvernement de faire appel à l'armée au cours des neuf premiers jours de la crise, ce qui a eu selon elle des conséquences « catastrophiques ». Le gouvernement chilien a immédiatement rejeté les conclusions de l'ONG.
Rejet catégorique
COUPURE DE PRESSE DU QUOTIDIEN
TOUTE RESSEMBLANCE AVEC DES SITUATIONS EXISTANTES« EL MERCURIO » DU 25 10 1975 OU AYANT EXISTÉ SERAIT ÉVIDEMMENT PURE COÏNCIDENCE |
La police chilienne a affirmé pour sa part qu'elle n'avait pas eu « l'intention de blesser » des manifestants.
Et les forces armées se sont elles aussi inscrites en faux. « Il n'a existé et il n'existe aucune politique des forces armées pour mener des attaques généralisées ou systématiques contre la population civile », déclare un communiqué conjoint de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air.
22 morts, 2 000 blessés
Au cours de ce mouvement social, le plus important au Chili en trois décennies, 22 personnes ont été tuées, dont cinq après l'intervention des forces de sécurité, et plus de 2 000 blessés, dont plus de 200 grièvement touchés aux yeux.
L'Institut national des droits humains (INDH), organisme public, a déposé 384 plaintes pour des violations commises par les forces de l'ordre contre les manifestants.
Quelque 1 100 plaintes pour torture et mauvais traitements ont été déposées au parquet, et 70 dossiers d'agressions sexuelles commises par des représentants des forces de l'ordre sont en cours d'instruction.
Promesse de sanctions
Les carabineros (police chilienne) ont fait état pour leur part de 1 600 agents blessés durant les protestations.
Au cours d'une rencontre jeudi avec des journalistes de médias étrangers, le président Piñera a déclaré, comme il l'avait fait pour la première fois dimanche dernier, que si des violences policières étaient avérées, elles seraient sanctionnées.
Il a reconnu qu'il avait pu arriver que les procédures d'intervention ne soient pas observées.
« Si ces procédures n'ont pas été respectées, et je crois qu'il est possible que dans certains cas elles ne l'aient pas été, cela fera l'objet d'une enquête du parquet et cela sera sanctionné par les tribunaux », a assuré M. Piñera.
Munitions controversées
La police chilienne a annoncé mardi qu'elle suspendait l'utilisation de munitions controversées qui ont provoqué de graves lésions oculaires chez plus de 200 manifestants.
La police affirme que ces munitions sont en caoutchouc mais, selon une étude de l'Université du Chili, elles sont constituées à 20% de caoutchouc et à 80% de silice, de sulfate de baryum et de plomb, ce qui les rend très dangereuses.
Les protestations sociales se sont poursuivies jeudi à Santiago et dans d'autres villes.
Pillages et incendies
Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant le centre commercial Arauco à Quilicura, dans le nord de Santiago, pour protester contre des tortures que des policiers auraient infligées à de jeunes manifestants. Le rassemblement a débouché sur le pillage et l'incendie de plusieurs boutiques.
Des manifestations ont aussi eu lieu sur la plaza Italia, dans le centre de la capitale. Des dizaines de manifestants encagoulés ont affronté la police, qui a utilisé gaz lacrymogène et camions lanceurs d'eau.
Des incidents et pillages ont aussi eu lieu à Antofagasta (nord), Valparaiso (centre) et Concepcion (sud).
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
BANNIÈRE AMNISTÍA INTERNACIONAL |
SUR LE MÊME SUJET :
- MANIFESTATIONS AU CHILI : « LA RÉPRESSION EST INÉDITE », POUR AMNESTY INTERNATIONAL
- CHILI : NOUVEAUX INCIDENTS VIOLENTS LORS DE MANIFESTATIONS.
- CRISE SOCIALE AU CHILI: 327 SIGNALEMENTS POUR DES VIOLATIONS DES DROITS DE MINEURS
- CHILI : POUR LA PREMIÈRE FOIS, LE PRÉSIDENT RECONNAÎT « UN RECOURS EXCESSIF À LA FORCE » CONTRE LES MANIFESTANTS