samedi, novembre 21, 2020

IL Y A 500 ANS, LE PASSAGE PAR MAGELLAN DU DÉTROIT ENTRE LE CHILI ET LA TERRE DE FEU

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DÉTAIL D’UNE CARTE D’ORTELIUS REPRÉSENTANT LA NAO VICTORIA
Nous fêtons ce samedi 21 novembre les 500 ans du passage par Magellan du détroit éponyme. Une étape décisive dans le premier tour du monde de l’histoire en bateau, initié par l’explorateur portugais et achevé par son second, le basque Juan Sebastiàn Elcano .

Par Cathy Lafon²

CARTE ORIGINALE DE ORTELIUS

Nous sommes au début du XVIème siècle, à l’époque des Grandes découvertes. Le navigateur et explorateur portugais Fernand de Magellan, nourrit le projet d’atteindre, pour le compte de l’Espagne, l’archipel des Moluques – aujourd’hui l’Indonésie-, les célèbres îles aux épices d’où proviennent le safran, la cannelle et les clous de girofle. Avec d’autres, ces précieux produits faisaient l’objet d’un commerce en plein essor, monopolisé d’abord par les Chinois, puis les Italiens et les Arabes, et dont les Portugais s’étaient finalement emparés. Et bien sûr, la couronne de Castille veut aussi sa part du gâteau.

Atteindre l’Asie en passant par Nouveau Monde

Après avoir obtenu l’accord et le soutien royal du nouveau roi d’Espagne, le jeune Charles Ier, futur Charles Quint, à la condition expresse d’accéder aux épices sans passer par l’océan Indien, alors sous le contrôle du Portugal, l’aventurier lève une flotte de 237 hommes et cinq navires : le Victoria, le Trinidad, le Concepcion, le Santiago et le San Antonio. Quand l’équipage quitte Séville, le 10 août 1519, il n’est pas question  de faire le tour du monde…

Magellan est convaincu que ce paradis peut se rejoindre par l’Ouest. La question est d’atteindre l’Asie en passant par le nouveau monde – l’actuelle Amérique du Sud, quasiment inexplorée à l’époque  - et de trouver le passage qui relie l’Atlantique au grand Océan, appelé alors la Mer du Sud, qui sera appelé par la suite Pacifique. Et puis de faire demi-tour, direction l’Espagne.

À la recherche d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique

PHOTO FRÉDÉRIC OBLIN

L’expédition ne se passe pas comme prévu. Après une traversée de plus de 70 jours, la flotte arrive en baie de Guanabara, à Rio de Janeiro, le 13 décembre 1519. De là, les navigateurs explorent chaque repli de la côte, espérant qu’il révèle le fameux passage entre les deux océans. En vain. Poursuivant plus au sud, le 12 janvier 1520, ils entrent dans le Rio de Solis, véritable mer d’eau douce (aujourd’hui Rio de la Plata). Les navigateurs font encore chou blanc.

La flotte est contrainte de descendre encore plus au sud, vers la zone polaire, alors même que l’automne et l’hiver s’annoncent. À ces revers s’ajoutent le froid et des conditions météorologiques de plus en plus difficiles, ainsi que des mutineries répétées de l’équipage. Après plus de trois mois de cette navigation pénible, ils arrivent en baie de San Julian, dans ce qui est aujourd’hui la Patagonie Argentine. Magellan ordonne l’hivernage : la flotte attendra la fin de l’hiver austral dans une baie protégée.entre avril et août 1520. Durant cette période, l’un des navires, Le Santiago, fait naufrage. 

La découverte du détroit de Magellan…

1èr eCARTE DU DÉTROIT EN 1520 P
AR ANTONIO PIGAFETTA.
Le détroit de Magellan entre le Chili et la Terre de Feu. En août 1520, les quatre nefs poursuivent leur route vers le sud mais sont contraintes à un arrêt forcé de 53 jours, en raison des intempéries. Le 18 octobre, les marins lèvent à nouveau l’ancre et deux jours après, ils aperçoivent un cap, qu’ils vont appeler le cap Vierge, à l’entrée d’une large baie qui laisse penser qu’il s’agit du passage tant désiré. C’est la découverte du détroit de Magellan (baptisé à l’époque Victoria), un canal naturel aux eaux tumultueuses, au sud du Chili, le 20 octobre.

et l’arrivée sur l’océan Pacifique

Au terme d’une traversée particulièrement éprouvante, où ils affrontent des  conditions météorologiques terribles et de forts courants marins, sous des falaises hostiles et menaçantes, un mois plus tard, le 21 novembre 1520, les marins atteignent enfin un nouvel océan aux eaux paisibles, qui les conduira vers l’Asie. Baptisé par Magellan le  « Pacifique », cet océan ne le sera pourtant pas vraiment. De nouvelles épreuves attendent encore la flotte qui ne compte plus que trois navires : le San Antonio a déserté lors d’une reconnaissance et navigué jusqu’à Séville où ses officiers seront jugés et condamnés. Longue et périlleuse, la traversée de cette mer va durer jusqu’en mars 1521. 

Après la mort de Magellan, c’est un Basque, Juan Sebastiàn Elcano, qui boucle la première circumnavigation de l’histoire

CIRCUMNAVIGATION DE FERNAND DE MAGELLAN
 ET DE JUAN SEBASTIÁN ELCANO
.
Pour Magellan, la fin du voyage est proche. L’aventurier qui veut aussi évangéliser les peuples indigènes, y compris par la force, trouve la mort sur l’île de Matcan, dans les Philippines. Il est tué avec six autres marins dans un affrontement avec les Indiens, en avril 1521. L’un des trois navires restants est brûlé. C’est une flotte en piètre état et réduite à deux bateaux, le Victoria et le Trinidad, qui parvient finalement aux Moluques, en novembre 1521. 

Le 11 février 1522, les cales pleines de précieux clous de girofle, le Victoria, qui a pour nouveau capitaine le second de Magellan, l’officier basque Juan Sebastiàn Elcano, remet le cap sur l’Espagne. Les instructions de Charles Quint sont claires : il faut faire demi-tour. Mais Elcano qui prend le relais de Magellan, va transformer cet aller-retour commercial en circumnavigation. Il fait le pari de poursuivre par l’ouest et de rejoindre l’Espagne par l’océan Indien – autrefois appelé océan Oriental ou mer des Indes -, sur les eaux contrôlées par les Portugais. 

Avec Elcano, les hommes de Magellan passent le cap de Bonne-Espérance. Plus de trois ans après son départ, le 6 septembre 1522, le Victoria arrive en Espagne. Sur les 237 membres qui le composaient, l’équipage, décimé entre autres par la maladie du scorbut, est réduit à 18 hommes, qui rejoignent Séville à bord du seul bateau rescapé. 86.000 kilomètres en 1080 jours auront été nécessaires pour boucler le premier tour du monde en bateau.

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