Le mariage entre couples de même sexe est autorisé dans près de la moitié des pays d'Amérique du Sud. Longtemps réputé comme étant l'un des pays les plus conservateurs du continent, le Chili pourrait bien s'ajouter à cette liste très bientôt : à la surprise générale, le président de droite Sebastián Piñera a demandé au Parlement d'examiner en urgence un projet de loi visant à légaliser le mariage pour tous. Un texte qui était en attente depuis quatre ans.
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Les débats ont repris ce mardi au Sénat, malgré l'hostilité des parlementaires les plus conservateurs, qui préfèrent s'en tenir à « l'accord d'union civile » en vigueur depuis 2015. De son côté, la communauté LGBT+ a bon espoir de voir la mesure adoptée rapidement.
En Amérique du Sud, l'Argentine avait été le premier pays à légaliser le mariage pour tous, en 2010. À la même période, au Chili, le Mouvement d'intégration et de libération homosexuelle (Movilh), commençait une longue bataille judiciaire pour imiter son voisin argentin.
« Trois couples chiliens de même sexe qui s'étaient mariés à l'étranger ont tenté de faire reconnaître leur mariage à l'état civil au Chili, ce qui leur a été refusé, raconte Oscar Rementería, porte-parole du Movilh. Par conséquent, nous avons porté plainte dans cette affaire, d'abord au niveau national, puis auprès de la commission interaméricaine des droits de l'homme »
Résultat : le gouvernement de centre-gauche de l'époque, accepte finalement de présenter un projet de loi en ce sens, il y a quatre ans. Mais l'examen du texte n'a quasiment pas avancé. « Il y a une responsabilité partagée entre la coalition au pouvoir et l'opposition. C'est ce qui explique que le texte soit resté bloqué », regrette Oscar Rementería.
Depuis 2018, c'est le président de droite Sebastian Piñera qui dirige le pays. Il s'était déclaré contre le mariage homosexuel pendant sa campagne électorale. Alors l'annonce de la reprise de l'examen du projet de loi en urgence a surpris. Pour Erika Montecinos, coordinatrice et fondatrice de l'association lesbienne « Rompiendo el silencio » (« Rompre le silence »), il s'agit d'une opportunité à saisir pour la communauté LGBT+. Même si elle pense que le président, très impopulaire aujourd'hui, se sert de cette annonce pour tenter de redorer son image :
« Ce gouvernement a été jusqu'ici un obstacle aux textes de loi concernant la communauté LGBT+. Notre principale inquiétude porte sur la reconnaissance des enfants de couples de même sexe, y compris en dehors du mariage. Et nous pensons que ce sera difficile, cela peut prendre du temps », dit-elle.
D'après plusieurs associations, une majorité de parlementaires seraient toutefois bien prêts à approuver le mariage pour tous, ainsi que l'adoption et la reconnaissance des enfants des couples de même sexe. De quoi donner de l'espoir à Joanna Mendoza, 32 ans. Elle est lesbienne et si la loi passe, elle compte bien en faire usage :
« Oui, je me marierai. Il faut qu'on ait les mêmes droits que les autres, et d'autant plus quand on veut avoir des enfants. Or aujourd'hui dans le cas d'un couple de femmes, seule la mère biologique est reconnue. Par conséquent, si on avait un enfant avec ma conjointe, et qu'il m'arrivait quelque chose, ce serait très difficile qu'elle obtienne la garde de notre fille ou notre fils. Mais si la loi passe, ça nous donnera une certaine sécurité. »
Le texte pourrait être adopté dès cette année.
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