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PHOTO HANDOUT / AFP En novembre 2020, un plan national a été lancé pour hisser le pays parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de cette énergie, utilisée, entre autres, dans le transport ou la sidérurgie.
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le Chili, champion des énergies renouvelables en Amérique latine, mise sur l’hydrogène vert, ce gaz obtenu par électrolyse avec de l’électricité propre, non carbonée. En novembre 2020, le président chilien Sebastian Piñera a dévoilé un ambitieux plan national pour hisser son pays parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de cette énergie, utilisée, entre autres, dans le transport ou la sidérurgie. Le gouvernement prévoit la création d’un fonds doté de 50 millions de dollars (43 millions d’euros) pour soutenir les projets dans cette filière, et a commencé à déployer une « diplomatie de l’hydrogène vert » pour se positionner sur ce marché mondial encore balbutiant.
Le principal atout du pays réside dans sa capacité de production d’énergie renouvelable, à des prix compétitifs, grâce à ses conditions climatiques exceptionnelles et variées. Sur une étroite bande de terre qui s’étend sur 4 500 km du nord au sud, le pays peut produire toutes les énergies vertes de la planète. Outre le désert d’Atacama, qui bénéficie du rayonnement solaire le plus élevé au monde, le vent souffle fort sur les 4 000 kilomètres de côtes et même au-delà, comme sur les plateaux de la Patagonie chilienne. Les capacités de production d’énergie éolienne et solaire du pays ont été multipliées par dix au cours des sept dernières années grâce notamment aux investissements étrangers.
Renforcer son autonomie
Le fonds américain EIG Global Energy Partners a ainsi investi plus de 800 millions de dollars dans la construction de la première centrale solaire thermodynamique d’Amérique latine. Inaugurée en mars 2019, elle produit de l’électricité en continu pour 250 000 foyers, jour et nuit, grâce à la chaleur solaire qui produit de l’énergie à partir d’une turbine fonctionnant à la vapeur d’eau. Le pays a investi très tôt dans le secteur des énergies renouvelables pour renforcer son autonomie, peu après l’arrêt soudain, en 2007, de l’approvisionnement en gaz depuis l’Argentine.
Cette politique lui permet aujourd’hui de sortir du charbon plus tôt que prévu. Début juillet, le gouvernement a annoncé la fermeture de quatre centrales à charbon, quinze ans avant la date prévue. « Avec les énergies propres, l’électricité n’est plus produite et consommée au même endroit, comme cela pouvait être le cas avec les centrales à charbon, il faut donc bâtir un vaste réseau de distribution et de transmission », note Dario Morales, directeur des études à l’association Acera qui regroupe les acteurs des énergies renouvelables au Chili.
« Au fur et à mesure que le Chili s’approche du 100 % renouvelable, il faut mettre en place des technologies qui ajustent l’offre à la demande, et améliorer le stockage d’électricité » Dario Morales, expert
Or, l’acquisition de terrains pour construire des centrales ou des lignes de transmission se heurte à la résistance de communautés locales, dans un pays où l’agriculture est le deuxième secteur d’activité, après celui de l’extraction minière. « L’autre difficulté que doit gérer le Chili au fur et à mesure qu’il s’approche du 100 % renouvelable, ajoute Dario Morales, c’est qu’il faut mettre en place des technologies qui ajustent l’offre à la demande, et améliorer le stockage d’électricité. » Ce qui est justement le cas de l’hydrogène, l’une des rares énergies renouvelables pouvant être stockée.
Pour en augmenter la production, le pays doit cependant résoudre une contradiction : dans le nord, où la fourniture d’électricité verte, d’origine solaire, est la plus élevée, les ressources en eau sont rares. Ce qui est souvent le cas des régions ensoleillées, plutôt arides, où le coût environnemental de la production d’hydrogène peut être élevé en raison de sa forte consommation en eau. Pour combler ce manque, des usines de désalinisation ont été construites pour traiter l’eau de la mer. Dans le sud du Chili, c’est l’électricité éolienne qui transforme l’eau en hydrogène. Cette région proche du détroit de Magellan présente un autre avantage : elle se situe sur une route maritime importante à destination de l’Europe. Et le pays espère bien exporter les deux tiers de sa production dès 2025, même si son transport reste encore coûteux, difficile… et émet des gaz à effet de serre.
INFOGRAPHIE RODRIGO ANGUIANO |
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