Au Chili, le commandant en chef de l'armée a démissionné mercredi 2 mars. Juste avant sa démission, le général Ricardo Martinez a publié un rapport dans lequel il formule des critiques inédites contre le rôle des militaires dans les violations des droits de l'homme commises sous la dictature d'Augusto Pinochet.
GÉNÉRAL RICARDO MARTÍNEZ PHOTO KARIN POZO |
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Dans son rapport de 120 pages, le général démissionnaire cite l'exemple de la « caravane de la mort », organisée en 1973 par le général de l'époque Sergio Arellano. Arellano avait parcouru le Chili en hélicoptère et les officiers qui l'accompagnaient avaient forcé les jeunes officiers et sous-officiers des régiments qu'ils visitaient à tuer des prisonniers politiques. Ainsi, écrit le général Martinez, « l'armée chilienne a fait de ces jeunes subordonnés la face visible des exécutions ».
Une critique inédite du rôle de l'armée
Selon le commandant démissionnaire, de tels crimes «ont gravement porté atteinte à l'éthique militaire et ont durablement abîmé la confiance des Chiliens dans l'armée ».
Cette critique sévère à l'égard de l'armée chilienne est une première dans le pays. Il avait fallu treize ans après la fin de la dictature d'Augusto Pinochet pour que l'armée fasse des premiers gestes de réconciliation en 2003. Mais jamais auparavant, un document écrit de l'armée a condamné aussi sévèrement son rôle dans les crimes de la dictature.