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Gabriel Boric, a détaillé une série de mesures destinées aux familles, à la création d’emplois et aux petites et moyennes entreprises. Le plan s’élève à 3,7 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros).
DESSIN LO COLE |
« Chile Apoya », « Le Chili apporte son soutien ». Tel est le nom du plan de relance grâce auquel le président Gabriel Boric (gauche) espère redresser l’économie en difficulté du Chili. Il s’agit d’« un point de départ », a-t-il déclaré jeudi 7 avril, lors de la présentation d’un paquet de mesures évalué à 3,7 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) et présenté, dans son libellé, comme un projet « inclusif » : « Nous ferons face à la hausse du coût de la vie. Nous encouragerons la création d’emplois et d’aides pour les secteurs relégués. Nous soutiendrons ceux qui ont abandonné le marché du travail pour effectuer des tâches liées aux soins des personnes et renverser les difficultés que nous a laissées la pandémie. »
L’annonce est intervenue moins d’un mois après la prise de fonctions – le 11 mars – du chef d’Etat de gauche, 36 ans, le plus jeune de l’histoire du pays, donnant ainsi le ton de sa vision économique, volet sur lequel il était très attendu. Durant la campagne, il a été critiqué, sur sa droite, pour des propositions jugées trop ambitieuses, visant notamment à introduire une série des droits sociaux en matière de santé, de retraite ou encore d’éducation. Un programme financé par une hausse des impôts qui doit, d’ici à la fin du mandat, représenter 5 % du produit intérieur brut (PIB).
Le plan est divisé en trois parties : 36 % du budget dégagé est dévolu à une aide sociale aux foyers, plus d’un quart à un coup de pouce aux petites et moyennes entreprises, et le reste à la création d’emplois. Ainsi, 500 000 postes devraient voir le jour, avec l’accent mis sur l’emploi féminin, davantage impacté par la pandémie de Covid-19.
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Les mesures détaillées incluent également le gel du prix des transports publics pendant toute l’année. C’est l’annonce de l’augmentation du prix du trajet en métro, à Santiago, en octobre 2019, qui avait déclenché le mouvement social historique contre les inégalités. L’ancien gouvernement de Sebastian Piñera (droite) avait alors rétropédalé. Avec des tarifs internationaux de l’énergie à la hausse, le gouvernement a également instauré un contrôle du prix de l’essence, grâce à une subvention de l’Etat.
« Plan rationnel »
Avec un mot pour les mouvements étudiants et « la pensée permanente [d’avoir] été de l’autre côté », Gabriel Boric, ancien leader universitaire, a, en outre, dévoilé une augmentation de 15 % de la bourse alimentaire dans l’enseignement supérieur, dont bénéficieront 620 000 étudiants.
« Il s’agit d’un plan rationnel. Il vise plus à maintenir l’économie qu’à la relancer. Ce n’est pas ambitieux », analyse Francisco Castañeda, économiste, directeur de l’école de commerce de l’université Mayor. « Les grands changements ne se font pas du jour au lendemain, et pour qu’ils soient durables dans le temps, ils doivent être responsables dans leur mise en œuvre », a assuré Gabriel Boric, jeudi 7 avril, dans la lignée du discours gradualiste distillé depuis l’entre-deux tours de l’élection présidentielle.
Le ministre des finances Mario Marcel, figure modérée de centre gauche, a tenu à souligner, le même jour : « Il est important de clarifier que ce plan ne va pas changer l’équilibre budgétaire prévu pour cette année, comme l’a déjà mentionné le président, au sujet de l’engagement à mener une politique fidèle au cadre prévu par l’actuel budget [ficelé à la fin du mandat de l’ancien président Sebastian Piñera] ».
Le plan a ainsi reçu les improbables éloges d’Ignacio Briones, dernier ministre des finances de l’ancien gouvernement, pourtant en son temps critiqué par l’actuelle gestion en raison de son curseur jugé trop libéral : « Je partage à 100 % le programme présenté par le gouvernement et le ministre Marcel (…) avec la lumière sur l’emploi », a-t-il salué.
Revalorisation du salaire minimum
Le président a par ailleurs confirmé la revalorisation du salaire minimum, une promesse de campagne. Il devrait atteindre 400 000 pesos (450 euros) d’ici à la fin de l’année, soit une augmentation de plus de 14 %. « Cette augmentation, en plus de la promesse de la réduction de la semaine de travail de 45 à 40 heures, va augmenter le coût du travail, surtout pour les petites entreprises qui tendent davantage à employer des travailleurs au salaire minimum. Elles vont être prises en étau », estime Francisco Castañeda.
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En parallèle, le gouvernement a formulé un projet alternatif à un nouveau retrait de l’ordre de 10 % des fonds de pension, à capitalisation privée, mesure qui permettrait aux Chiliens de toucher une partie de leur épargne-retraite. Ce projet, qui doit être voté au Congrès, tout comme le texte initial, est lui limité à des critères sociaux. Trois ponctions successives, visant à apporter des fonds immédiats aux Chiliens, ont, dès juillet 2020, injecté dans l’économie la somme colossale de 50 milliards de dollars, alimentant en partie l’inflation qui s’élève à 9,4 % au mois de mars, sur un an.
Ces prélèvements fragilisent la pérennité de ce système de retraite mis en place pendant la dictature de Pinochet. Mais ce sont aussi ces liquidités qui ont permis à l’économie de redécoller avec vigueur l’année dernière, avec une croissance de 11,7 %, après la contraction du PIB de 5,8 % en 2020. Il s’agit cependant d’une croissance en trompe-l’œil. Elle devrait largement se tarir cette année, avec des prévisions revues à la baisse, entre 1 % et 2 %. Une limite arithmétique au programme du nouveau président.
Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)
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