« Camarada Pablo Neruda, presente ! Camarada Pablo Neruda, presente ! Ahora y siempre ! » Le corbillard traverse doucement les rues de Santiago entouré de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui accompagnent la dépouille de Pablo Neruda. Le poète national, le poète universel est mort le 23 septembre 1973. Il n’aura pas survécu au coup d’État perpétré par le général Pinochet.
Il n’aura pas survécu à la mort du président Salvador Allende, survenue le 11 septembre. Il n’aura pas survécu à celle de son ami auteur-compositeur Victor Jara, exécuté sous les balles de ses tortionnaires le 15 septembre dans le stade de Santiago. Celui qui a chanté la beauté foudroyante de la nature, celui qui disait de la poésie qu’elle était insurrectionnelle, vient de mourir. Dans des circonstances pour le moins mystérieuses.
Ils sont des centaines ce jour-là à l’accompagner. Les images tournées par Bruno Muel sont les rares qui nous soient parvenues de ce moment historique. Elles sont terribles, magnifiquement terribles. « Camarada Pablo Neruda, presente ! » Un cri de rage et de désespoir, un cri de résistance repris par des hommes et des femmes en larmes. En regardant ces images, on scrute les visages du peuple chilien.