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PHOTO DU FILM Culture/ « Les Colons » : western envoûtant sur la naissance du Chili / Le premier film de Felipe Galvez raconte le génocide des Indiens Selk’nam au début du XXème siècle. Un drame poignant qui se joue dans de magnifiques espaces.
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AFFICHE DU FILM |
D'abord, il y a les espaces de la Terre de Feu, de vastes plaines où chevauchent les cavaliers. Puis il y a la lumière, une lumière australe qui baigne chaque scène du film. Enfin, il y a des hommes aux visages burinés par le vent et l'amertume. Nous sommes au début du XXe siècle et de grands propriétaires terriens espagnols ont décidé de massacrer les autochtones, les Indiens Selk'nam, aussi appelés Onas, afin d'ouvrir une voie terrestre vers l'océan Atlantique. Sur ces étendues arides se joue la naissance sanglante du Chili. Un génocide oublié que Felipe Galvez raconte dans une superbe fresque qui a marqué les spectateurs du dernier Festival de Cannes, où il était présenté à Un certain regard.
► À lire aussi : LE FIL DE FER ET LE FROID« L'île Dawson, en Terre de Feu, a été transformée dans les années 1970 en camp de concentration puis d'extermination par la dictature de Pinochet pour les membres du gouvernement et les proches d'Allende. Mais tout le monde a oublié́ qu'elle avait auparavant abrité́ un autre massacre, celui des indigènes. D'où̀ l'importance, pour comprendre notre histoire récente, de remonter plus loin, au temps de la colonisation des terres indiennes. […] Ce qui m'intéresse dans tout cela et à travers le film, c'est de comprendre comment cette histoire est désormais entrée dans l'imaginaire national alors que cette population a quasiment disparu. Le film part de ce constat, de cette contradiction », explique dans sa note d'intention le réalisateur chilien du film Les Colons (Los Colonos).
Le métis, le cow-boy et le lieutenant
Une citation de Thomas More tirée de son essai politique L'Utopie donne d'entrée le ton : « Les troupeaux innombrables de moutons […] sont chez vous tellement voraces et féroces qu'ils mangent même les hommes. » En cette année 1901, le combat du propriétaire terrien Don José Menendez pour déposséder les Selk'nam de leurs terres va se transformer en un western sanglant. La violence et la mort rôdent dans l'air entre l'équipe intégrée par trois hommes : le lieutenant britannique MacLennan, vêtu d'une veste rouge, le cow-boy américain Bill et Segundo, un jeune métis chilien. Ce trio évoluera au film des séquences, jusqu'à l'apparition d'une femme, Kiepja, épouse de Segundo. Si vous avez aimé le récent Godland (2022), l'histoire d'un prêtre danois débarquant en Islande avec pour mission de construire une église et de photographier la population, il est probable que vous apprécierez Les Colons.
C'est beau, comme les gigantesques paysages que filme Felipe Galvez. C'est cru, comme un bras soudainement arraché. Pour son premier long-métrage, le cinéaste signe un western magnifique et puissant.
Les Colons, de Felipe Galvez. Durée : 1 h 37.