mardi, janvier 09, 2024

JUSTICE. L’“AFFAIRE DES BRÛLÉS” DANS LE CHILI DE PINOCHET : TRENTE-HUIT ANS APRÈS, QUATRE MILITAIRES CONDAMNÉS

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LE 27 AOÛT 2023, AU MUSÉE DE LA MÉMOIRE ET DES DROITS HUMAINS DE
SANTIAGO, LES PHOTOS D’ÉPOQUE DE CARMEN GLORIA QUINTANA ET RODRIGO 
ROJAS DE NEGRI, BRÛLÉS VIFS PAR DES MILITAIRES EN 1986. LA PREMIÈRE 
EN ÉTAIT SORTIE VIVANTE.LE 27 AOÛT 2023, AU MUSÉE  DE LA MÉMOIRE ET 
DES DROITS HUMAINS DE SANTIAGO, LES PHOTOS D’ÉPOQUE DE 
CARMEN GLORIA QUINTANA ET RODRIGO ROJAS DE NEGRI, BRÛLÉS VIFS
PAR DES MILITAIRES EN 1986. LA PREMIÈRE EN ÉTAIT SORTIE VIVANTE.
PHOTO LUCAS AGUAYO ARAOS/ANADOLU/AFP

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Justice. L’“affaire des brûlés” dans le Chili de Pinochet : trente-huit ans après, quatre militaires condamnés / En 1986, sous la dictature de Pinochet, deux jeunes Chiliens avaient été brûlés vifs par des militaires. L’une des victimes avait pu en sortir vivante. Le 5 janvier 2024, après un interminable processus judiciaire, quatre ex-officiers ont été enfin condamnés à vingt ans de prison par la Cour suprême.

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CARMEN GLORIA QUINTANA,
VICTIMA DE HOMICIDIO FRUSTRADO
EN EL CASO QUEMADOS

C’est un moment de soulagement [qui] me permet de fermer un chapitre très douloureux de ma vie”, mais “trente-huit ans, c’est trop long. […] Trente-huit ans de verdicts, d’appels, de reconstitutions, de déclarations…” Dans une lettre reprise samedi 6 janvier dans les médias chiliens, notamment le quotidien La Tercera, Carmen Gloria Quintana se réfère ainsi à la condamnation, la veille, par la Cour suprême de quatre ex-officiers de l’armée à vingt ans de prison dans le cadre du Caso Quemados.

Cette “affaire des brûlés”, dont Carmen Gloria Quintana fut l’une des victimes, est l’un des cas les plus emblématiques de la répression sous la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Elle est désormais définitivement close, trente-huit ans après les faits. La Cour suprême a rejeté “tous les recours de la défense des militaires [à la retraite]”, notamment ceux de “la prescription et du devoir d’obéissance”, commente le site Biobiochile.

Le 2 juillet 1986, dans un climat de tensions et de manifestations contre la dictature, Carmen Gloria Quintana, étudiante de 18 ans à l’époque, ainsi que le photographe Rodrigo Rojas de Negri, 19 ans, avaient été arrêtés, torturés puis brûlés vifs par une patrouille de militaires.

“La fin d’un long processus très éprouvant”

“Les corps avaient été enveloppés dans des couvertures puis transportés dans un fossé en dehors de Santiago, où ils ont été retrouvés par des travailleurs agricoles, relate le site El Desconcierto. Rodrigo Rojas de Negri est décédé quelques jours plus tard, et Carmen Gloria Quintana a survécu avec de graves séquelles et 68 % de son corps brûlé.”

Pour l’avocat de Carmen Gloria Quintana – aujourd’hui docteure en psychologie de 56 ans –, cité notamment par Biobiochile, le verdict de la Cour suprême “met fin à un long processus très éprouvant, lors duquel il a fallu contester une thèse officielle établie par le dictateur lui-même selon laquelle les jeunes s’étaient brûlés eux-mêmes car ils portaient des bombes incendiaires sous leurs vêtements.”

Mardi 2 janvier, la Commission des droits de l’homme du Sénat a approuvé une proposition de loi, venue de l’extrême droite et de la droite, qui permettrait aux condamnés de plus de 70 ans de purger leurs peines à domicile.

“Si cette loi était approuvée, poursuit Carmen Gloria Quintana dans sa lettre, ce serait une nouvelle insulte, douloureuse pour moi, ma famille et les milliers de victimes des violations des droits humains. […] Dans mon cas, la plupart des condamnés ont plus de 65 ans, ils ne passeraient donc que cinq ans en prison pour la mort de Rodrigo et mes blessures graves. Ce serait nous refuser la justice, celle à laquelle nous venons à peine d’avoir droit.”

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