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Le maire Domenico Lucano n’est plus assigné à domicile, mais il lui est désormais interdit de résider à Riace. Le sort de Lucano – et de son village, connu comme un modèle de l’accueil des réfugiés – suscite de vives réactions en Italie, dans une société très divisée autour de la question de l’immigration.
“Il est resté à Riace aussi longtemps qu’il a pu, puis il a refermé la porte de sa maison derrière lui et il est parti, raconte La Repubblica. Vers 6 heures du matin ce 17 octobre, Mimmo Lucano, le maire ‘exilé’ sur décision d’une cour d’appel, a quitté Riace.”
Domenico Lucano, dit “Mimmo”, est le maire – suspendu – de Riace depuis 2009, en Calabre, où il est parvenu à combiner accueil des réfugiés et relance d’un village déserté par ses habitants.
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DOMENICO LUCANO, LE MAIRE ITALIEN QUI ACCUEILLAIT LES RÉFUGIÉS, CONDAMNÉ À L’EXIL |
Le 2 octobre dernier, il a été arrêté et assigné à résidence. Il est accusé d’avoir organisé un mariage de convenance pour permettre à une femme sans papiers de demeurer en Italie et d’avoir attribué le marché de la récolte des déchets à une coopérative impliquant des migrants, sans passer par un appel d’offres. Le 16 octobre, le tribunal a levé son assignation à résidence et prononcé une interdiction de résider à Riace.
“Les avocats de Mimmo Lucano ont fait savoir qu’ils déposeraient un recours en cassation contre l’‘exil’ de Lucano, indique La Repubblica. Mais il faudra attendre au moins un mois avant qu’une décision ne tombe. D’ici là, Lucano devra trouver un autre domicile.”
Parallèlement à ces démêlés judiciaires, le ministère de l’Intérieur a annoncé dans une circulaire “la fin du modèle Riace” et le transfert des demandeurs d’asile qui y sont hébergés, en raison d’un non-respect des règles du système d’accueil.
#AllezMimmo
Décrié par le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (extrême droite), Mimmo Lucano fait l’objet d’un important mouvement de solidarité. Plusieurs manifestations ont été organisées ces dernières semaines, et il a reçu l’appui de figures de gauche telles que l’écrivain Roberto Saviano et les maires de Palerme et Naples, qui se sont proposés de l’accueillir, rapporte encore La Repubblica.
Le journal de centre gauche mentionne un tweet de Roberto Saviano, le 16 octobre. Associant Mimmo Lucano à Virgile, figure de guide dans la Divine comédie, Saviano reprend cette citation :
“‘[Que t’importe ce qui se murmure ici ?] Marche derrière moi et laisse dire ces gens. Sois comme une tour solide, dont la cime ne croule jamais par le souffle des vents.’ Dante #AllezMimmo ”
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LE LEADER DE L'EXTRÊME DROITE ET MINISTRE DE
L'INTÉRIEUR ITALIEN, MATTEO SALVINI, À MOSCOU
LE 16 JUILLET.
PHOTO VASILY MAXIMOV. AFP
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De son côté, Matteo Salvini, invité de la matinale de Rai Radio 2 le 17 octobre, a rappelé que les poursuites contre Lucano ont commencé sous le gouvernement précédent, de centre gauche, et qu’elles font suite à des irrégularités administratives. “Lucano n’est pas un héros des temps modernes, a déclaré Salvini. Les gens en Calabre me demandent plus d’emplois, pas plus d’immigrés.”