mercredi, août 31, 2022

CHILI : « QUELLES QUE SOIENT SES LIMITES, LE PROJET DE CONSTITUTION EST UN VÉHICULE DE CHANGEMENT »

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R3CHAZO VS APRUEBO

DÉBATS 
CHILI / À l’approche du référendum sur la nouvelle Constitution, le Chili peut prendre un tournant historique, relèvent, dans une tribune au « Monde », les universitaires Carlos M. Herrera et Eugénia Palieraki, qui mettent en avant la portée profondément transformatrice du texte

TRIBUNE de Carlos M. Herrera Juriste et Eugénia Palieraki Historienne

Temps de Lecture 4 min.

APRUEBO

Une Constitution est un artefact complexe, à la fois reflet de son temps et promesse normative pour l’avenir. Il s’agit invariablement d’un compromis entre diverses visions, même lorsque le texte exprime une conception homogène ou qu’il s’inscrit dans une révolution triomphante. Toute Constitution est plus qu’une feuille de papier : sa signification va au-delà du texte et elle est souvent activée par d’autres canaux, législatifs ou sociaux.

C’est à la lumière de ces postulats que nous pouvons analyser la proposition de Constitution élaborée par l’Assemblée constitutionnelle chilienne, et qui sera soumise le 4 septembre au plébiscite des citoyennes et citoyens du pays.

Le processus constituant ayant débouché sur ce projet a été le plus démocratique de l’histoire du Chili, pays où le dynamisme des secteurs populaires a souvent contrasté avec le conservatisme institutionnel. En octobre 2019, une mobilisation populaire aux dimensions et à la radicalité inédites a demandé l’abrogation de la Constitution en vigueur, rédigée en 1980, sous la dictature militaire.

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Un an plus tard, en octobre 2020, les citoyens se sont exprimés massivement par référendum en faveur de la rédaction d’une nouvelle Constitution, soutenant à l’occasion l’option la plus démocratique proposée pour sa rédaction : une Convention constituante paritaire dont les membres seraient désignés à l’issue d’élections organisées à cet effet. Elles ont donné une large victoire à des acteurs et des groupes jusqu’alors absents, dans leur majorité, de la vie parlementaire chilienne, mais qui se trouvaient étroitement liés aux mouvements sociaux en plein essor depuis quelques années. En effet, 66 % ont été élus sur des listes indépendantes des partis traditionnels. La Convention a ainsi été marquée par la présence de nouvelles forces, aux idées clairement progressistes.

De grandes avancées

De nombreuses controverses ont accompagné le fonctionnement de l’assemblée, les médias et les partis traditionnels critiquant, non sans mauvaise foi, la qualité de ses propositions ou le retard pris quant aux délais initiaux. Mais la Convention a élaboré un texte présenté en juillet dernier qui, avec ses ombres et ses lumières, exprime de très grandes avancées en droit constitutionnel. En particulier, le projet fait écho à l’évolution du droit constitutionnel contemporain, que ce soit avec le constitutionnalisme « normatif » apparu après la seconde guerre mondiale (définition de l’Etat de droit social et démocratique, spécialisation d’une cour constitutionnelle, une vision garantiste des droits) ou avec le nouveau constitutionnalisme latino-américain (reconnaissance du « bien vivre », des droits de la nature, du pluralisme juridique, etc.) – innovant même dans certaines définitions (« république solidaire »), institutions (le défenseur de la nature) ou sujets (droits de la neurodiversité, droits numériques, etc.).

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La reconnaissance des droits des femmes, de la diversité sexuelle et de genre n’a pas son pareil ailleurs dans le monde. Cette proposition implique également une puissante transformation de l’Etat chilien et de ses traditions centralisatrices, notamment par la reconnaissance de la plurinationalité et la régionalisation.

APRUEBO

Lire aussi la tribune : « CHILI - UNE AUTRE MANIÈRE D’ÊTRE PLURIEL : VERS UNE DÉMOCRATIE PLURINATIONALE

En outre, le texte rompt avec la matrice néolibérale de la Constitution de 1980, laissée intacte par les réformes ultérieures, y compris la « Constitution de 2005 » qui a effacé des séquelles de l’autoritarisme institutionnel hérité de la dictature. Il le fait à travers une reconnaissance étendue – comme jamais auparavant dans l’histoire du Chili – des droits sociaux, par exemple en matière de logement, d’éducation, de pensions, de santé, etc. Et du caractère obligatoire des services publics. Certes, il néglige d’autres techniques constitutionnelles d’intervention de l’Etat dans l’économie, telles les nationalisations, mais il reconnaît que la propriété privée peut remplir une fonction sociale et écologique.

La crainte du rejet

Les Constitutions entretiennent un rapport complexe avec la transformation sociale. En dernière instance, elles fonctionnent soit comme un frein, soit comme un véhicule de changement. Il ne fait aucun doute que le texte proposé aux citoyens chiliens s’inscrit dans la seconde perspective. Il s’agit d’une structure normative qui lance un (nouveau) processus de changement, le laissant ouvert, plutôt qu’elle ne couronne normativement des changements déjà effectués. Quelles que soient ses limites, ce projet de Constitution porte les marques du processus qui l’a initié : la révolte populaire d’octobre 2019. Cela transparaît dans le caractère paritaire et plurinational de son élaboration, où ont activement participé collectifs féministes et peuples autochtones, qui ont donné un caractère novateur à nombre de ses énoncés.

À moins d’une semaine du référendum d’approbation, le Chili vit un moment historique. Le pire scénario serait le rejet de la nouvelle Constitution. Les partisans du « non » ont mobilisé des arguments divers, allant de la revendication de la dictature d’Augusto Pinochet à la crainte suscitée par la radicalité de certains articles. En tout état de cause, le rejet ferait reculer considérablement les attentes démocratiques éveillées lors des grandes mobilisations de 2019. Les partis qui composent le gouvernement du président actuel, Gabriel Boric, et qui ont soutenu les travaux de la Convention constitutionnelle essayent d’inverser la tendance défavorable reflétée dans les sondages.

Aussi, les partis de gouvernement ont souscrit un document par lequel ils s’engagent, si la Constitution est approuvée, à adoucir les cinq points qui dérangent tout particulièrement les classes dirigeantes (pluralité, droits sociaux, sécurité, système judiciaire, système politique). Mais le slogan de ces partis au pouvoir, « approuver pour réformer », comporte un vrai risque : celui de réduire la portée transformatrice et démocratique de la Constitution, en conférant au Congrès la mission d’arrêter le texte définitif, alors qu’il n’a pas été élu pour cette tâche. Si cette voie est empruntée, les caractéristiques de la classe politique chilienne font craindre un recul en termes de participation et de décision démocratiques.

Mais si la proposition élaborée par la Convention est approuvée, cela représentera non seulement une avancée indéniable dans la protection des secteurs sociaux les plus fragiles de la société chilienne, mais aussi une véritable rupture par rapport à l’ordre existant. Nous l’avons dit : les normes constitutionnelles ne sont pas la transformation en soi ; elles représentent un nouveau point de départ, à travers un ensemble d’outils spécifiques, pour une lutte renouvelée en faveur de l’égalité et de la liberté.

Carlos M. Herrera, juriste, est spécialiste en droit constitutionnel comparé ; Eugénia Palieraki, historienne, est spécialiste de l’Amérique latine. Ils enseignent à CY Cergy Paris Université. / Carlos M. Herrera (Juriste) et Eugénia Palieraki (Historienne)

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 RÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION
CHILI 4S 2022 « J'APPROUVE »



RIXE ENTRE DÉPUTÉS AU CHILI À QUELQUES JOURS DU VOTE POUR LA NOUVELLE CONSTITUTION

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GONZALO DE LA CARRERA
PHOTO RODRIGO GÁLVEZ

Une rixe entre députés a éclaté dans le Congrès du Chili mardi 30 août, ajoutant à l'atmosphère tendue dans le pays à cinq jours du référendum sur l'approbation ou non du projet de nouvelle Constitution.

Par Le Figaro avec l'AFP

DESSIN LAUZAN

Le député d'extrême droite Gonzalo de la Carrera a donné un coup de poing à l'œil droit du vice-président de la Chambre des députés, Alexis Sepulveda, du Parti radical (centre-gauche), au milieu de vives disputes au sein du Congrès, à Valparaiso (centre).

CAPTURE D'ÉCRAN
«J'ai vu un collègue se faire agresser verbalement (par De la Carrera), j'ai trouvé que ce n'était pas approprié et j'ai demandé à ce député de ne pas être aussi agressif, ce à quoi il a réagi violemment», a déclaré Alexis Sepulveda à la presse, ajoutant qu'il avait encaissé «un coup de poing et quelques coups de pied».
APRUEBO

Pour sa part, Gonzalo De la Carrera a reconnu avoir agressé Alexis Sepulveda, mais a affirmé que le député radical «m'a (attaqué en le frappant) avec sa poitrine, je me suis défendu». Ce député d'extrême droite est opposé au projet de nouvelle Constitution au Chili. Il a été désavoué par ses collègues pour cette agression, puis dénoncé à la Commission d'éthique de la Chambre des députés et exclu du banc du Parti républicain.

DESSIN LAUZAN

Ce scandale au Congrès intervient dans un contexte tendu dans le pays. Ce week-end, des affrontements à coups de pierres et de fouets ont eu lieu entre partisans et opposants de la nouvelle Constitution dans le centre de Santiago. Une personne a été blessée. Plus de quinze millions de Chiliens sont appelés aux urnes dimanche pour un vote obligatoire afin de valider ou de rejeter la nouvelle Constitution, qui vise à remplacer l'actuelle Magna Carta héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Si le texte est rejeté, la Constitution actuelle, réformée des dizaines de fois après le retour à la démocratie, restera en vigueur.

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 RÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION
CHILI 4S 2022 « J'APPROUVE »


CHILI / HOMMAGE AUX DÉTENUES DISPARUES

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CAPTURE D'ÉCRAN
CHILI / HOMMAGE AUX DÉTENUES DISPARUES

CHILI / HOMMAGE AUX DÉTENUES DISPARUES - Ñ -

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aujourd'hui, dans le cadre de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées aux mains d'agents de l'État, nous rendons hommage aux détenues disparues enceintes dans l'hémicycle, malgré la fureur des habituels et leur déni. Nous voulons la vérité, nous voulons qu'ils nous disent où ils sont, nous voulons la justice !

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APRUEBO

CHILI JOURNÉE INTERNATIONALE DES VICTIMES DE DISPARITION FORCÉE

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INSTALLATION COLECTIVA MEMORIA FEMINISTA DDHH À SANTIAGO DU CHILI
À l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées « La Colectiva Memoria Feminista DDHH » (La Collective Mémoire Féministe des Droits de l'Homme) @colectivaddhh, a effectué une action artistique dans l’enceinte de « La Moneda » [2021],  le palais du gouvernement à Santiago du Chili, en hommage aux détenues et détenus disparus sous la dictature de Pinochet. L’intervention a consisté en une projection numérique des photos des milliers de détenus disparus et victimes de la dictature sur la façade du palais Présidentiel.

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lundi, août 29, 2022

NOUVELLE CONSTITUTION DU CHILI: «SI LE “NON” L’EMPORTE, CE NE SERA PAS LA FIN, LE PEUPLE N’ABANDONNERA PAS LA LUTTE»

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PHOTO JAVIER TORRES / AFP

Interview / Nouvelle Constitution du Chili: «Si le “non” l’emporte, ce ne sera pas la fin, le peuple n’abandonnera pas la lutte»
LOGO DU QUOTIDIEN
 LIBÉRATION

Elisa Loncon, première présidente de l’Assemblée constituante chilienne et militante Mapuche pour les droits des peuples autochtones, était à Paris, jeudi, pour défendre le projet de loi fondamentale, soumis à référendum dimanche prochain, et dont l’issue paraît incertaine.

par Samuel Ravier-Regnat 

ELISA LONCON ANTILEO. YANN LEGENDRE

«C’est un moment décisif pour notre peuple, pour notre pays, et pour le monde entier.» Devant la cinquantaine de compatriotes et de sympathisants venus à sa rencontre sur une péniche du port de la Rapée à Paris, Elisa Loncon rappelle l’importance majeure du référendum constitutionnel qui se tiendra au Chili le 4 septembre. La première présidente de l’Assemblée constituante, installée dans la foulée de «l’estallido», le puissant mouvement social qui a bouleversé son pays en 2019, sait que l’heure est grave.

APRUEBO

À lire aussi : ELISA LONCON ANTILEO : « AU CHILI COMME AILLEURS, LA DÉMOCRATIE A BESOIN D’OXYGÈNE ET DOIT ÊTRE RENFORCÉE »

Selon les derniers sondages publiés avant la fin officielle de la campagne référendaire, le «Rechazo» (c’est-à-dire le rejet de la nouvelle Constitution, censée remplacer la loi fondamentale actuellement en vigueur et héritée du dictateur Augusto Pinochet) est donné gagnant avec une dizaine de points d’avance. Le président de gauche Gabriel Boric a lui-même pris quelques distances avec le texte en s’engageant à y apporter des changements si celui-ci était finalement adopté. De passage express à Paris, après avoir participé au festival Agir pour le vivant d’Arles, la première femme Mapuche à occuper une fonction politique aussi élevée au Chili retrace les enjeux historiques du scrutin de dimanche.

ELISA LONCON  À PARIS POUR LE BANDERAZO  "APRUEBO"

Six jours avant le référendum, les sondages prévoient une victoire du Rechazo. Avez-vous encore espoir que la nouvelle Constitution soit approuvée ?

Oui, bien sûr. Les sondages représentent seulement un fragment de la population. Ils invisibilisent le poids de certains groupes, comme les jeunes qui s’apprêtent à voter pour la première fois. L’option du changement est toujours mal mesurée par les sondeurs quand le peuple est appelé aux urnes après des mouvements sociaux de masse. L’année dernière, certains sondages ont annoncé une victoire du candidat d’extrême droite José Antonio Kast contre Gabriel Boric. Ça ne s’est pas passé comme ça. Je suis donc confiante.

Malheureusement, il y a eu une campagne massive en faveur du «non» sur les réseaux sociaux et dans les grands médias du pays. Celle-ci a été financée par la droite conservatrice et l’élite économique du pays, à coups de millions de pesos. De très nombreuses fausses nouvelles ont circulé, qui ont empêché la tenue d’un véritable débat sur l’avenir du pays, d’autant que le temps de la campagne référendaire – deux mois – était relativement court. Mais la réflexion sur notre démocratie et nos institutions a commencé depuis longtemps déjà. Elle s’est déployée tout au long du processus constituant et, déjà, au moment du mouvement social de 2019.

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Quelles seraient les conséquences pour le Chili d’une victoire du Rechazo ?

Nous ne sommes pas dans cette optique-là. Nous pensons que le contenu du projet de Constitution correspond aux attentes du peuple chilien qui s’est mobilisé pendant le mouvement social de 2019 et plus tôt encore en ce qui concerne les peuples autochtones. Ce projet cherche à garantir un certain nombre de droits sociaux, à commencer par le droit à l’éducation, à la retraite, à la santé. Il définit le Chili comme un Etat de droit, social, démocratique, plurinational, interculturel, et aussi régional et écologique. Il instaure une égalité réelle, reconnaît la dignité de chacun, et l’interdépendance entre tous les êtres humains et entre ces derniers et la nature. De ce fait, la victoire au référendum serait une nouvelle étape dans l’approfondissement de la démocratie chilienne. Si le Rechazo l’emporte, cependant, ce ne sera pas la fin du débat. Nous continuerons à défendre les idées qui sont les nôtres, en matière de parité, de droits des peuples autochtones et de droits de la nature. Le peuple chilien n’abandonnera pas la lutte. Nous voulons lui redonner de l’espérance.

Le débat politique se focalise notamment autour de la question des peuples autochtones, que vous connaissez bien, vous qui êtes une femme mapuche et qui avez lutté depuis des années pour la restitution des terres aux indigènes. Comme vous l’avez dit, le projet de Constitution prévoit de reconnaître l’existence d’un État plurinational. Qu’est-ce que cela pourrait changer concrètement ?

Cela permettrait d’améliorer la coexistence avec les peuples autochtones du Chili, qui est le pays le plus en retard en matière de protection des droits de ces peuples. Notre existence n’a jamais été reconnue dans une Constitution. Nous nous réjouissons donc des avancées proposées par le texte. Il s’agit d’ailleurs seulement d’une inscription dans nos lois de droits déjà garantis par des traités internationaux signés par des gouvernements précédents mais jamais mis en pratique. Autre chose : pour la première fois, nous, peuples autochtones, avons été convoqués pour écrire la Constitution.

Auparavant, nous avions toujours été exclus de la prise de décision politique. C’est un autre signe de renforcement démocratique, car la démocratie ne peut pas se construire sur l’oppression d’autres peuples. Elle doit être plurielle et reconnaître les droits de tous.

Chili

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vendredi, août 26, 2022

TENSIONS AU CHILI APRÈS L’ARRESTATION DU LEADER MAPUCHE HÉCTOR LLAITÚL

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PHOTO LUIS HIDALGO

Au Chili, le leader mapuche emblématique, Héctor Llaitúl, a été arrêté par la police et placé en détention provisoire jeudi 25 août. Depuis plus de vingt ans la CAM, l’organisation qu’il dirige, lutte pour la récupération du territoire indigène ancestral dans le sud du pays et aujourd’hui en grande partie occupé par des entreprises forestières. Le groupe radical opère en incendiant les camions de ces entreprises, en leur volant du bois ou en bloquant les routes de la région. Dans la nuit qui a suivi l’arrestation du chef mapuche, des barricades ont été levées dans une commune du sud du pays et ces dernières heures au moins six camions ont été brûlés.

RFI Avec notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné

Héctor Llaitúl a été arrêté par la police d’investigation chilienne alors qu’il déjeunait dans un restaurant dans le sud du Chili, en territoire mapuche. Il est accusé par le ministère public de vol de bois à des entreprises forestières, d’usurpation et d’attentat contre l’autorité.

Lire aussi : CHILI. HECTOR LLAITUL : « LE CAPITALISME DÉTRUIT LA TERRE, L’EAU, LES PEUPLES »

Une plainte contre lui avait été déposée en 2020 sous la présidence du conservateur Sebatián Piñera, puis elle a été renforcée sous l’actuel gouvernement de gauche de Gabriel Boric, après qu’Héctor Llaitúl ait appelé à une lutte armée.

Une « persécution politique » ?

Le parquet affirme disposer de témoignages et d’enregistrements qui prouvent que le leader mapuche fait l’apologie de la violence. La droite chilienne le qualifie de « terroriste » tandis qu’aujourd’hui ses avocats dénoncent une « persécution politique ».

Lire aussi :  ARRÊT DE LA GRÈVE DE LA FAIM DES MAPUCHE

Héctor Llaitúl était militant de gauche pendant la dictature. Puis à la fin des années 1990, en tant qu’indigène, il s’est lancé dans la lutte pour défendre le territoire ancestral mapuche.

Son arrestation intervient à moins de 10 jours du référendum sur la nouvelle Constitution qui déclare le Chili comme un État plurinational, qui reconnaît les peuples indigènes ainsi que leur droit à l’autodétermination.

 [ « Il y a quelque chose de pourri à Cañete »]

« Il y a quelque chose de pourri à Cañete », une petite commune de la région de Biobio qui compte environ 35 000 habitants. Dans cette commune,  leader de la CAM (Coordinadora Arauco-Malleco), Héctor Llaitul, fut arrêté ce mercredi à 13h00, au milieu de questions sans réponse ou de situations très floues.


CHILI

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