dimanche, juillet 30, 2023

FRANCE / ILLAPU À FONTENAY SOUS BOIS

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FLYER ILLAPU

Amis de PARIS – FRANCE!!! 🇫🇷 / Nous revenons à Fontenay Sous Bois !!! / C'est avec beaucoup d'émotion et de joie que nous voulons vous dire que nous revenons après 37 ans dans cette chère commune de la banlieue de Paris, qui nous a ouvert ses portes et sa belle solidarité, lorsque nous avons été expulsés du Chili en 1981 par la dictature militaire.

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« VUELVO PARA VIVIR » (ANDRÉS MÁRQUEZ),
 
CE TITRE EST EXTRAIT DE L' ALBUM
« VUELVO AMOR... VUELVO VIDA »
PARU 1991 AU CHILI.

ce seront de belles retrouvailles dans lesquelles ensemble nous reverrons nos chansons et notre histoire, celle dans laquelle Fontenay a une place très intime et particulière, qui est à jamais gravée dans nos cœurs.

Rendez-vous le samedi 30 septembre à 20h00 dans la salle Jacques-Brel.

Les billets seront disponibles à partir du 9 septembre.

Nous t'attendons!!!

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samedi, juillet 29, 2023

ARGENTINE : UN 133ème ENFANT «VOLÉ» SOUS LA DICTATURE RETROUVÉ

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ESTELA DE CARLOTTO SALUE MIGUEL «TANO» ET JULIO SANTUCHO,
FRÈRE ET PÈRE DU PETIT-FILS 133 RÉCUPÉRÉ CE VENDREDI.
 PHOTO BERNARDINO AVILA

Le petit-fils 133 est apparu: la conférence des grands-mères de la Plaza de Mayo / Le petit-fils récupéré est le fils de Cristina Navajas et Julio Santucho, petit-fils de Nélida Navajas et frère de Miguel Tano Santucho. Comment s'est passée la rencontre avec votre famille? Les mots émotionnels et le TikTok viral d'Estela de Carlotto.

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ARGENTINE : UN 133ème
ENFANT «VOLÉ»  SOUS
LA DICTATURE RETROUVÉ

Les grands-mères de la Plaza de Mayo ont confirmé ce vendredi une nouvelle restitution d'identité : le fils de Cristina Navajas et Julio Santucho, petit-fils de Nélida Navajas et frère de Miguel Tano Santucho.

LES PLUS BELLES IMAGES DE LA RESTITUTION DE #NIETO133

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mercredi, juillet 26, 2023

FRANCE / DE LA RÉPUBLIQUE POLICIÈRE À LA RÉPUBLIQUE FASCISTE ?

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« PRÉPARATION. COMPOSITION GÉNÉRALE II », 
OTTO MEYER-AMDEN. — VERS 1922.

France / De la république policière à la république fasciste ? / On savait déjà très exactement où en est le signifiant « républicain  » après un communiqué ouvertement raciste et factieux de syndicats policiers d’extrême droite, invoquant comme il se doit « l’ordre républicain » pour lancer la chasse à l’homme, plus précisément à ceux des hommes considérés comme des «  nuisibles ». Tout à son habitude de confondre modération et aveuglement, le journal Le Monde avait jugé le communiqué « révélateur de l’exaspération des troupes », là où il aurait plutôt fallu y voir la fascisation caractérisée de l’appareil de force — et en concevoir un chouïa plus d’inquiétude. / Mais jamais Le Monde ne dira un mot de la fascisation en cours : consentir à l’aveu qu’elle se déroule sous les auspices d’un pouvoir qu’il a si longtemps encensé, c’est sans doute trop lui demander. Le Monde peut à la rigueur comprendre le fascisme comme malheureuse irruption venue de nulle part, ou comme curiosité historique sans suite possible, mais jamais n’accédera à l’idée que le fascisme naît « du dedans ». Car notre « dedans  », pour Le Monde, c’est « la république  » et « la démocratie ». Or comment la république et la démocratie pourraient-elles accoucher du fascisme puisqu’elles en représentent le principe opposé ? Voilà la bouillie qui traîne dans les têtes formées à l’Institut d’Études Politiques, école où l’on n’a notoirement jamais rien compris à ce qu’est la politique.

par Frédéric Lordon

FRÉDÉRIC LORDON
 PARIS, NOVEMBRE 2018
PHOTOST ÉPHANE BURLOT

L’idéalisme éditorialiste qui, se plaisant à répéter « république-démocratie  », tient les mots pour des forces réelles et agissantes, ajoute généralement l’inculture historique à l’ineptie intellectuelle. Il ne sait pas que, si elle a été brève, il y a eu une République de Salò et que c’était une république fasciste. Il n’a pas lu Brecht et ne sait pas que «  le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution en temps de crise ». Tout ce que nous voyons aujourd’hui confirme pourtant la justesse de cette idée.

Avec la sortie du DGPN réclamant l’extraterritorialité légale pour la police, reprise à son compte par le préfet de police Nuñez, avec la bénédiction du ministre de l’intérieur, un cran supplémentaire a été franchi. Même le besoin de s’envelopper de l’oripeau républicain est tombé. On ne veut plus qu’une chose, celle qu’on a toujours voulue d’ailleurs, et maintenant on ne s’embarrasse plus de circonlocutions pour la dire: l’exception permanente et la licence intégrale.

Passée dans une économie morale séparée, la police a totalement perdu de vue la nature exorbitante des prérogatives qui sont les siennes dans une société : être mandatée pour détenir des armes et possiblement s’en servir. Des prérogatives aussi extraordinaires ne sauraient aller sans la conscience d’une responsabilité extraordinaire. Mais non : la police veut pouvoir tirer à tuer sans être empêchée, ou cogner jusqu’à laisser pour mort sans être réprimandée. De responsabilité spéciale, la police, entièrement adonnée à ses pulsions violentes, ne veut plus entendre parler — « nous avons les armes, nous nous en servons, fin de la discussion ». Et ceci maintenant — c’est bien la nouveauté effrayante — jusqu’au sommet de la hiérarchie. Ministre compris.

Hypothèses

Ici commence la divergence des interprétations possibles — pour maintenant ou pour plus tard.

Première lecture : la tétanie – comme il se doit pour un pouvoir qui, tout à sa passion d’offenser socialement et symboliquement la population, n’a plus aucune légitimité politique et ne tient plus que suspendu à sa police. On demande à Dupond-Moretti ce qu’il pense du communiqué syndical policier raciste et factieux. Réponse : « rien ». Du cœur de l’État surgit un discours d’un immonde racisme, et tout ce que le garde des Sceaux, c’est-à-dire le conservateur de la Constitution et de sa Déclaration des droits de l’homme, trouve à répondre, c’est : «  rien ».

Deuxième lecture : le coup. Darmanin, pour dire le moins, arme un dispositif : laisser faire (hypothèse haute : encourager en sous-main) le grand débrayage de la police ; le pouvoir de Macron, cette fois-ci à poil pour de bon, à la merci du moindre trouble ; Darmanin indispensable pour rebrancher la police – Macron connaît son maître. Peut servir pour Matignon si une crise aigüe se redéclenche, voire le cran d’après.

À la confluence de la première et de la deuxième hypothèse, on notera l’évaporation soudaine de l’éditorialisme, qui avait sali son linge à hurler « Jupiter  » pendant six ans, mais n’a pas un commentaire au moment où Jupiter se fait rouler dessus par deux sous-fifres du ministère de l’intérieur qui lui dictent leur nouvelle lecture des institutions. Il faut que la peur au sommet de l’État soit saisissante pour que le président avale ainsi de se faire dépouiller de toute souveraineté régalienne, camouflet sans précédent dans la Ve République. Mais on a encore rien vu avant d’apprendre que Macron est tombé d’une carafe en découvrant que tout ceci avait été orchestré dans son dos par son ministre de l’intérieur, humiliation elle aussi sans précédent, qui aurait valu normalement limogeage instantané du ministre, et devrait mettre en ébullition tous les fondus de la « popol  » (1). Ne connaissant de la politique que les «  chocs d’egos », les coulisses et les manœuvres, ne sont-ils pas ici servis au-delà de toute espérance — cette fois d’ailleurs pour une bonne raison  ? Et cependant regardent ailleurs. Les menées ouvertes du ministre de l’intérieur contre son président devraient être à la une de tous les médias, tourner en boucle. Rien.

Troisième lecture : la bascule délibérée. De l’observation passive de la dérive autoritaire jusqu’ici, le régime passe à l’accompagnement actif — prend la tête du processus et, selon son expression favorite, l’« assume ». La pensée se remanie en temps réel pour s’ajuster, ce qui est d’autant plus facile que la clique est inculte et sans principe : l’ordre est bon, l’ordre est désirable, l’ordre est même le seul désirable, rien ne doit venir en atténuer l’exercice. Que la logique des institutions y périsse n’a aucune importance — au bout de cette logique, n’y a-t-il pas d’ailleurs l’article 16, alors ? « L’ordre, l’ordre, l’ordre » : la république policière a trouvé sa devise.

Les vrais territoires perdus de la république

Il n’y a plus que le maintien du signifiant « républicain  », dans une fuite en avant qui abolit la république, pour poser encore quelques problèmes, mais essentiellement cosmétiques. Au reste on peut toujours compter sur la veulerie, la complaisance et l’inculture (toujours la même) de l’éditorialisme capitaliste pour continuer de tenir l’intenable. La vérité est qu’il n’est plus un usage du mot « républicain  » qui ne soit frauduleux.

Dès le départ, il faut l’avouer, la confusion était installée. Car « république  » n’ayant jamais rien dit d’autre que « chose publique  », elle est en elle-même une catégorie qui ne préjuge rien quant à sa forme, et peut tout aussi bien s’accommoder, selon les catégories usuelles de la philosophie politique, de la monarchie, de l’oligarchie ou de la démocratie — et même de Salò. Sans doute en France, le mot a-t-il reçu sa signification de la Révolution. Au moins la « république » d’alors, à défaut du tour qu’elle prit ensuite, était toute marquée des idéaux de démocratie et d’égalité, dont il est patent que la Ve République finissante leur est devenue totalement étrangère.

C’est bien pourquoi, sans aucun contresens conceptuel ni aucune contradiction, nous pouvons nous rendre au constat irréfragable que nous sommes passés dans une république policière. En réalité nous connaissons désormais parfaitement les vrais territoires perdus de la république : ce sont les commissariats, les fourgons de police, la préfecture et l’IGPN, mais aussi le bureau du garde des sceaux d’où sortent des circulaires de talion, les tribunaux qui les exécutent en leur donnant la forme d’une justice d’abattage, dont les minutes sidèrent d’ignominie, les instituts médico-légaux qui falsifient les comptes-rendus, comme celui d’Adama Traoré, les prisons et les CRA bien sûr, et l’on pourrait y ajouter tous ces médias où le racisme a pris la consistance d’une ligne éditoriale. Voilà les vrais territoires perdus de la république — à l’exact envers de ceux qui sont usuellement donnés pour tels, ces quartiers d’où monte pourtant la demande d’égalité la plus authentiquement républicaine, où la valeur de la république — car dans une république démocratique et sociale il n’y en a qu’une : l’égalité — est prise au sérieux.

La bascule

Dans l’état actuel de violence dégondée et de racisme incrusté où se trouve la police, il y a tout lieu de craindre que la république policière ne soit qu’une configuration transitoire dans un mouvement appelé à se poursuivre : vers la république fasciste. On a longtemps réfléchi aux formes nouvelles que pourrait prendre un fascisme contemporain, qui permettraient de le qualifier sans qu’il ait à ressembler trait pour trait à celui des années 1930 — à l’image d’Orwell qui l’imaginait possiblement en chapeau melon et parapluie roulé. Ces exercices d’imagination sont en voie de devenir superflus. Quand des milices d’extrême droite prennent la rue pour y faire régner la terreur avec la bénédiction des forces de police qui regardent ailleurs, si elles ne les accompagnent pas, y en a-t-il encore à qui il faut faire un dessin  ? Y a t-il encore beaucoup de questions à se poser quand ces mêmes forces de police votent à plus des deux tiers pour un parti d’extrême droite raciste, ou quand s’y répandent des insignes ouvertement fascistes voire néo-nazis ? Quand elles sont surreprésentées dans les projets d’attentats d’extrême droite ? Quand par ailleurs des éléments nazis s’affichent en toute décontraction autour du parti d’extrême droite promis au pouvoir ?

Car c’est sans doute ce qu’il y a de plus terrifiant dans la situation présente, à savoir la convergence d’une police raciste hors de contrôle et des groupes de rue fascistes, convergence de deux milices en quelque sorte, qui signe le possible devenir « république fasciste  » de la désormais bien établie république policière.

La police qui protège » était depuis un moment déjà une fiction en lambeaux, elle est complètement en cendres maintenant que nous avons vu le Raid, supposément nos « sauveurs  » des jours d’attentat, tirant de bon cœur au fusil à pompe sur des émeutiers racisés. La confirmation est venue de Jean-Michel Fauvergues lui-même, ancien commandant du Raid devenu député Renaissance, et qui réclame lui aussi une « excuse de violence  » pour le confort psychologique des cogneurs. Sauf l’aveuglement des forcenés, il saute maintenant aux yeux que la police, dans un nombre croissant de ses unités, n’est plus qu’une milice sadique ivre de violence, livrée à ses vendettas personnelles, contre la famille Traoré par exemple ou contre des journalistes, se faisant un point d’honneur et de provocation de médailler, de promouvoir en son sein, les cogneurs et les racistes patentés, totalement autonomisée, ne répondant plus de rien à personne. «  Police républicaine » est devenu le plus sinistre des oxymores.

L’État hors les libertés et hors la loi

Mais c’est bien le bâtiment entier de la Ve « République  », dans toutes ses structures, qui est en train de s’effondrer. Dans la main de la police, le gouvernement, croyant trouver son salut dans la fuite en avant, ne cesse plus d’installer un climat qui resserre la main de la police, dont l’intervention est en train de devenir la première des politiques publiques, en tout cas l’adjuvant nécessaire de toutes les autres. Alors le registre « policier  » imprègne et sature toute la vie publique — et c’est bien ainsi que se qualifie une république policière.

L’une des tendances les plus frappantes de ce climat général réside bien sûr dans la destruction avancée des libertés fondamentales. La restriction de fait du droit de manifester par l’intimidation policière violente, qui depuis longtemps aurait dû à soi seule scandaliser n’importe quel démocrate, s’accompagne des interdictions par arrêtés à des fins manifestes d’étouffer toute démonstration critique, comme le prouvent par ailleurs les arrestations ahurissantes qui suivent même la plus bénigne des atteintes symboliques à la majesté gouvernementale, présidentielle en tête.

Sans surprise la restriction des libertés politiques fondamentales prend de plus en plus souvent la forme d’une illégalité d’État — entre arrêtés d’interdiction manifestement abusifs, ou bien publiés après coup, interventions policières totalement hors droit, comme la censure de la devanture d’une librairie au prétexte que le ministre de l’intérieur ne pouvait supporter son contenu. La partie de la justice qui ne s’est pas entièrement rendue à la ligne de répression totale finit par condamner, mais combien de temps encore ? Les redispositions légales suivront de près les abus extralégaux, à l’image des drones, de la reconnaissance faciale ou de la censure des réseaux sociaux, « manières de faire  » qui rangent donc la France de Macron au côté de l’Égypte, du Pakistan ou de la Chine. Et de nouveau : comment appelle-t-on un pouvoir qui veut que le silence règne ? Dans un lapsus fameux, au tout début de son premier mandat, Macron voulant parler de la sortie de l’état d’urgence, avait dit: «  Nous sortirons de l’État de droit ». Voilà.

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La bourgeoisie et ses partis

Mais le séisme est total, emporte tout. Tel un immeuble effondré, tous les étages de la politique institutionnelle se sont écroulés les uns sur les autres, et tous sur le Rassemblement National. Nul ne pourrait plus dire en quoi Les Républicains s’en distinguent. Ni, par transitivité, la fausse majorité LREM qui d’une part aspire à s’allier avec LR, d’autre part traite avec la dernière complaisance le RN à l’Assemblée. Ainsi s’est constitué un bloc quasi-unifié, en tout cas idéologiquement, de la droite extrême : même idéologie économique et sociale, même racisme — et que ceux dans ses rangs qui ne disent mot sur une matière aussi grave sachent qu’ils sont comptés comme consentants —, même tropisme pour la conduite policière de la société, même mépris pour les réels principes d’une démocratie libérale.

Alors la présidente Braun-Pivet offre au RN sa sympathie en plus des vice-présidences, le député Sitzenstuhl ne pense pas du tout qu’on puisse dire que CNews est d’extrême droite, le ministre Guérini non plus à propos d’Europe 1, la députée Petel demande qu’on dise « le jeune délinquant  » plutôt que « le petit Nahel ». En fait tout Renaissance passe à l’extrême droite et sa base électorale avec.

On mesure très exactement la dérive générale vers l’extrême droite quand la qualification d’« extrême-gauche » pour un parti aussi platement social-démocrate (au sens historique du terme) que la FI devient une sorte de cela va de soi — abondamment propagé par les journalistes comme il se doit. Logiquement, dans ce complet dérèglement des catégories, l’un des ilotes de France Info explique qu’un important leader du « Centre  » vient de disparaître en Italie — il s’agissait de Berlusconi.

La fusion de toutes les droites dans l’extrême droite devient en tout cas patente à l’effort de faire de la FI une sorte de paria institutionnel au motif d’un « arc républicain », appellation renversante de ce qui est plutôt en train de s’affirmer comme arc autoritaire-fasciste. Disons tout de même à ces gens que mettre du rouge à lèvre à un cochon ne fait pas oublier qu’on a affaire à un cochon. De fait, il n’est plus que la FI qui se différencie clairement de cet agglomérat infâme, où l’on trouve en position de satellite, c’est à peine un paradoxe, le PC de Roussel, passé sans l’ombre d’une hésitation du côté de la république policière, ainsi que la fraction du PS typique de la gauche d’extrême droite — Cazeneuve, Valls et consorts.

Mais le lieu où le renversement des catégories et des valeurs, l’abolition des principes et le déni d’humanité font des ravages, c’est la bourgeoisie elle-même. En réalité elle n’a jamais trouvé personnage si adéquat que Macron pour la représenter. C’est qu’il fallait un individu particulièrement «  libéré » pour lui autoriser un tel retour du refoulé. Car Macron a verbalisé le fond de sa pensée en explicitant la différence « de ceux qui ont réussi et de ceux qui ne sont rien », c’est-à-dire en installant formellement la catégorie des « riens ». D’où suit que, dessinant au passage en creux le traitement possible des « riens », il a posé la structure élémentaire de la pensée raciste : une sous-humanité expendable.

On comprend que la bourgeoisie y verse tête première, racisme tout court à la suite du racisme social, quand la crise organique s’aiguise, que l’ambiance xénophobe se répand dans le pays, et que tous les éléments de la conjoncture viennent se solidariser avec la défense aveugle de son ordre : régime policier, police raciste, acclamations racistes. Selon une configuration qui n’a rien d’une nouveauté historique, s’il faut en passer par la pure ignominie politique pour défendre l’ordre bourgeois, ainsi sera-t-il. Tout ce que la situation générale offre est bon à prendre, sans distinction, sans réserve. Voilà donc la bourgeoisie qui, sur les réseaux sociaux ou dans les médias, hurle de rage et de jouissance contre les Arabes et les Noirs — en plus de se déverser par contributions à centaines, voire milliers d’euros, dans la cagnotte de la honte pour un meurtrier d’enfant. Arabe.

Le « courage de la nuance »

Mais dira-t-on, tout ceci est très exagéré. Car il y a une bourgeoisie éclairée, une bourgeoisie humaniste et cultivée — une bourgeoisie-de-gauche. C’est vrai : statufiée dans le déni. On se souvient de cette séquence récente, c’était au printemps, où le mot maudit, « illibéralisme  », a commencé à émerger, pour la première fois dans une application possible à la France de Macron. La séquence est également connue sous le nom de « bal des cocus  » puisque c’est à la même époque, en effet, qu’on a commencé aussi à faire parler les « intellectuels déçus du macronisme » — manière de voir où en était leur enthousiasme libéral après un 49.3, une répression féroce des manifestations, la chasse aux casseroles, aux cartons rouges et l’entrée dans les arrêtés d’interdiction tombés de la lune.

Bien sûr tous ces aigles de la pensée, de Jean Viard (sociologue de France Info) jusqu’à Jean Garrigues (historien de télé) sont un peu gênés aux entournures mais tout de même nous appellent, comme Leila Slimani, Jean Birnbaum et tout le journal Le Monde à avoir « le courage de la nuance ». Marc Lazar, invité giratoire des médias raisonnables s’alarme presque sur C Ce soir : « illibéralisme », et puis quoi encore ? pourquoi pas dictature pendant qu’on y est. «  Dictature » : c’est le motif de s’esclaffer grassement de toute la bourgeoisie macroniste, qui pense que « élections formelles  » et « presse privée » épuisent tout ce qu’il y a à entendre par démocratie. Le reste n’existe pas. « Allez donc voir en Corée du nord ». Le macronisme n’est pas que la république policière en voie de fascisation : c’est aussi l’empire des débiles.

Malheureusement, ils ne sont pas les seuls à qui il faut faire comprendre la différence entre un état et une évolution, un point et une trajectoire — et une vitesse de parcours de la trajectoire à partir du point. Le problème avec les emplois du mot fascisme contraints de coller parfaitement à la situation du moment et à elle seulement, c’est qu’en effet avant l’heure c’est pas l’heure, mais qu’après l’heure c’est trop tard.

Ça n’est pas en lisant La Nuance qu’on se réveillera à temps. Françoise Fressoz qui y chronique sa passion du macronisme tire des émeutes la conclusion qu’on attendait d’elle : «  La gravité des faits, combinée à la forte demande de l’opinion, commande [à Macron] d’aller plus loin pour contrer la surenchère sécuritaire de la droite et de l’extrême droite  ». Comme c’est brillant, comme c’est bien pensé : pour empêcher la survenue de l’extrême droite, menons nous-mêmes la politique de l’extrême droite — soyons nous-mêmes l’extrême droite. Aveugle, dénégatrice et possédée : la bourgeoisie macronienne.

On reconnaît la « pensée » bourgeoise à ce qu’aucune méditation sérieuse de l’histoire — c’est-à-dire porteuse de leçons — ne peut y trouver sa place. Pire encore, toute évocation de l’histoire y fonctionne presque nécessairement comme une neutralisation, quand ça n’est pas comme une complète défiguration. Gageons qu’aucun des grands esprits qui éditorialisent à La Nuance ne manque d’avoir les années 1930 en tête. Celles-ci n’y figurent cependant que comme une pièce de musée dont il n’y a rien à tirer pour le temps présent. Admettons qu’entre la bourgeoisie ouvertement raciste qui fait activement advenir le pire, et la bourgeoisie pharisienne incapable de voir le pire advenir, nous ne sommes pas très bien partis.

On ne dirait pas sans abus que le macronisme en tant que tel est un fascisme. On peut en revanche affirmer avec certitude qu’il aura tout installé, et tout préparé. Les régimes monstrueux ne prennent jamais que sur des terreaux adéquats. En six ans, le macronisme, totalement ignorant de ce qu’est une société, des forces qui la composent, de ce qui peut s’y réveiller, répandant partout une violence inouïe, aura déposé une épaisse et confortable couche de fumier. Tout va y pousser avec une déconcertante facilité.

Macron, dit-on, aspire à entrer dans l’Histoire. Qu’il se rassure, il y a désormais matière. « Antichambre », c’est assurément une position dans l’Histoire. Il suffit d’avoir vu parader sa BRAV, cette unité antonyme faite de lâches, garde prétorienne devenue la métonymie de tout un régime, pour savoir très exactement dans quoi nous vivons et vers où nous allons.

Note :

(1) La politique politicienne.


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dimanche, juillet 23, 2023

'THE SANTIAGO BOYS' : HISTOIRE DE L'UTOPIE TECHNOLOGIQUE D'ALLENDE

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ILLUSTRATION  'THE SANTIAGO BOYS'
Au plus fort de la guerre froide en Amérique latine, un épisode fascinant de l'histoire chilienne s'est déroulé : le projet Cybersyn et The Santiago Boys sous le gouvernement de Salvador Allende.  [L'histoire d'un groupe de scientifiques utopistes et radicaux autour de Salvador Allende qui a tenté de monter la première grande expérience de socialisme cybernétique avant le coup d'État de Pinochet.]

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CAPTURE D'ÉCRAN
Cette enquête d'Evgeny Morozov basée sur plus de 200 entretiens met en lumière une histoire oubliée, où de jeunes technocrates et ingénieurs socialistes, dirigés par l'éminent gourou britannique de la technologie Stafford Beer, ont cherché à construire leur propre Internet socialiste. En neuf parties, cette exploration révèle l'audace et l'ambiguïté de la démocratisation de la technologie, tout en faisant face à la persécution de la CIA, du géant de la technologie ITT et d'autres ennemis pendant une période turbulente.

► À lire aussi :     UNE MULTINATIONALE CONTRE SALVADOR ALLENDE 



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ILLUSTRATION  'THE SANTIAGO BOYS'

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vendredi, juillet 21, 2023

EXPOSITION CHILE RESISTENCIA. LA LIBERTÉ DE PENSÉE

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AFFICHE DE L'EXPOSITION

Du 13 septembre au 17 décembre 2023 EXPOSITION CHILE RESISTENCIA. LA LIBERTÉ DE PENSÉE Activité événement : Exposition 2023 marque le 50e anniversaire de la mort du président chilien Salvador Allende, survenue lors du coup d'État de 1973 qui instaurait la dictature. L’exposition présentée revient sur le mouvement de contestation sociale du 18/10/ 2019 à Santiago du Chili. 
Office de tourisme Grenoble-Alpes Métropole
Exposition Chile Resistencia. La liberté de pensée
Du 13 septembre au 17 décembre 2023
EXPOSITION CHILE RESISTENCIA. LA LIBERTÉ DE PENSÉE
Activité événement : Exposition
2023 marque le 50ème anniversaire de la mort du président chilien Salvador Allende, survenue lors du coup d'État de 1973 qui instaurait la dictature. 

L’exposition présentée revient sur le mouvement de contestation sociale du 18/10/ 2019 à Santiago du Chili.  La campagne pour le référendum pour ou contre le maintien de la constitution chilienne adoptée sous la dictature de Pinochet (1973-1990) en a été l’étincelle.
Une explosion graphique et créative a envahi les murs de la ville de Santiago dénonçant plus de 30 ans de promesses non tenues et d'injustices réduites au silence.
En observant et en lisant ces témoignages graphiques, Juan Francisco Rojas Henríquez, photographe et sa compagne Ellen Margot Rojas Fritz ont décidé d’enregistrer et de conserver par la photographie la mémoire de cette expression artistique composée d'affiches, de fresques murales, de graffitis et d'autocollants réalisés par des centaines d’auteurs, dont beaucoup sont anonymes, et qui attestent de la violence des affrontements dans l’espace public.

Aujourd'hui, ces œuvres n'existent plus sur les murs. Elles ont été abîmées, recouvertes par d'autres œuvres ou simplement effacées à la peinture par des inconnus envoyés par l'État.

Elle met également à l’honneur le travail de Patrick Zachmann, photographe, journaliste et cinéaste qui s’est rendu au Chili après l’arrestation de Pinochet en 1988. Il a rencontré des victimes de la dictature qui commençaient juste à raconter ce qu’ils avaient vécu. En 1999, il y retourne pour tenter de retranscrire par la photographie ce qui l'a tant bouleversé et, décide d'explorer les lieux de la mémoire chilienne, particulièrement vers le nord du Chili, entre Arica et Antofagasta, où se situe le désert le plus aride du monde, et où il y trouve les contradictions, les traces de la mémoire et du temps, d'une part, et celles de l'amnésie, d'autre part.

L’exposition est accompagnée des Arpilleras de Nivia Alarcon : une écriture féminine qui transforme le mot en une expression brodée pour dénoncer, résister, raconter et sauver ainsi la mémoire collective ; des portraits de personnages ayant marqué la culture chilienne – Pablo Neruda, Violeta Parra, Victor Jara, Gabriela Mistral… réalisés par le street-artiste Henri Beauregard connu sous le pseudonyme M4uet enrichie des œuvres d’artistes nationaux et internationaux répondant à l’appel à participation sur la thématique de « Résister » dans le respect des droits humains et du vivant.

mardi, juillet 18, 2023

L’UE ET LE CHILI SIGNENT UN ACCORD SUR LE LITHIUM ET LE CUIVRE

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LES PRÉSIDENTS DU CONSEIL EUROPÉEN CHARLES MICHEL (À DROITE), ET
DE LA COMMISSION EUROPÉENNE URSULA VON DER LEYEN (À GAUCHE) 
ACCUEILLENT LE PRÉSIDENT CHILIEN GABRIEL BORIC À BRUXELLES,
 LE 17 JUILLET 2023.
PHOTO  FRANCOIS WALSCHAERTS / AP

L’UE et le Chili signent un accord sur le lithium et le cuivre / Lors du deuxième et dernier jour du sommet entre l'Union européenne et les pays de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac) à Bruxelles, les Européens ont signé mardi 18 juillet un accord avec le Chili pour la commercialisation de lithium et autres matières premières indispensables à la transition énergétique, dont le pays latino-américain est un producteur important.

RFI

2 mn

Le Chili a les plus grandes réserves de lithium au monde, dans ses lacs salés du désert d'Atacama et c'est aussi le plus grand producteur de cuivre de la planète - soit deux métaux essentiels à la fabrication des batteries des voitures électriques. Et donc hautement stratégiques pour la transition énergétique en cours en ce moment.

L'accord, signé ce mardi entre la Commission européenne et le président du Chili Gabriel Boric, permettra à l'Union européenne de s'approvisionner plus facilement en cuivre et en lithium dans ce pays d'Amérique du Sud. Objectif : réduire la dépendance de l'Europe face à la Chine dans ce domaine et préparer la fin des voitures à moteurs thermiques, prévue en 2035 dans l’UE.

Un accord similaire a été signé le mois dernier avec l'Argentine, qui détient aussi d'importantes réserves de lithium.

En échange, l'UE promet d'investir au Chili pour que le pays n'exporte pas simplement ses matières premières brutes, mais transforme davantage le lithium et le cuivre au niveau local : le pays y gagnerait en valeur ajoutée et pourrait créer davantage d'emplois qualifiés sur son sol.

Bruxelles veut concurrencer Pékin

Ces investissements font partie de l'initiative européenne Global Gateway, qui cherche à concurrencer à une moindre échelle les « Nouvelles routes de la soie », ce grand projet chinois d'investissements internationaux.

L'UE et le Chili doivent aussi ratifier avant la fin de l'année un nouvel accord d'association, qui approfondit le libre-échange entre eux et prévoit une coopération politique et économique plus importante.

Un tel sommet n'avait pas eu lieu depuis huit ans. Mais il est aussi l'occasion pour l'Union européenne de tenter d'avancer vers la ratification de l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur.

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ILLUSTRATION LA LIBRE.BE

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FIG : L’AVANT-PROGRAMME DE LA 34ème ÉDITION EST DISPONIBLE

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UNE DE L’AVANT-PROGRAMME DU FIG 

Le 34ème Festival International de Géographie se déroulera les vendredi 29, samedi 30 et dimanche 1er octobre. Avec comme pays invité le Chili, cette édition 2023 s’articulera autour du thème des « Urgences »… une thématique des plus actuelles. À maintenant moins de 2 mois et demi de l’ouverture du festival, l’avant-programme a été publié ces derniers jours. En le parcourant, on en apprend notamment davantage sur les invités de cette 34ème édition.

Saint-Dié info

Rony Brauman, co-fondateur et ancien président de Médecins sans Frontières, sera présent en qualité de président du FIG 2023. Seront également présents cet automne Martin Hirsch, qui est à l’origine du RSA et qui était le directeur de l’AP-HP durant la crise sanitaire, la militante écologiste Camille Etienne, le Professeur Philippe Descola, la romancière Agnès Ledig, l’ancien footballeur et désormais auteur Lilian Thuram, les fidèles du festival que sont Eric Fottorino ou Benoît Duteurtre… L’avant-programme du 34ème FIG est disponible en ligne en cliquant iciJ.J.

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MARTIN WALDSEEMÜLLER, 1470-1519


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dimanche, juillet 16, 2023

NÎMES CHILI, 50 ANS APRÈS, L’IMAGE D’UNE TRANSFORMATION SOCIALE

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MANIFESTATIONS POUR LA DÉMOCRATIE, 1983.
PHOTO ÁLVARO HOPPE
 
Chili, 50 ans. « Images d’une transformation sociale » est un projet développé par les commissaires Patrice Loubon et Alexis Diaz Belmar dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire du coup d’état militaire au Chili.  

par Anthony Maurin

PHOTO HELEN HUGHES NEGPOS

Le manifeste qui a permis à Patrice Loubon de créer NegPos est encore visible et ces quelques lignes y sont inscrites. "Nous prônons un "art de la démocratie". Nous tissons des liens et faisons communauté par l’art et avec l’art. Nous sommes tout particulièrement attentifs aux finalités de nos actions culturelles et artistiques afin qu’elles soutiennent à la fois l’offre créatrice des auteurs et soient en même temps une réponse à la demande des citoyens. Nous agissons pour que l’œuvre d’art devienne un acteur de la vie publique en donnant un sens commun à la création contemporaine. La dimension participative et l’interaction sont des constantes de notre démarche. Nous suscitons la rencontre entre les artistes – qui apportent leurs savoir-faire, leurs cultures, leurs réflexions, leurs sensibilités – et les publics extérieurs au monde de l’art qui eux apportent leurs questionnements et leurs rêves."

LAS TESIS. PERFORMANCE NEGPOS

Cette année sera celle de la célébration du cinquantenaire de la disparition de Salvador Allende, président démocratiquement élu du Chili et la funeste instauration de la dictature militaire de Pinochet, dès le 11 septembre 1973.

Nîmes peut s'enorgueillir d'être l'une des terres d'accueil de l'exil Chilien. Plusieurs lieux dans notre ville en témoignent encore comme le Boulevard Salvador-Allende et le Centre Pablo-Neruda.

MANIFESTATIONS POUR LA DÉMOCRATIE, 1983.
PHOTO ÁLVARO HOPPE
 

À l'heure où les fascismes se développent à nouveau en Europe, il est important de réagir activement et d'afficher un certain attachement à la défense de la démocratie, pilier de la République. NegPos Centre d'art et de photographie s'associe naturellement à ce devoir de mémoire et vous invite à le rejoindre.

JOURNÉE “LE CHILI DÉFEND LA VIE” AU CENTRE DE SANTIAGO, 9 AOÛT 1984.
PHOTO KENA LORENZINI. FACULTÉ D’ÉDUCATION DE L’UNIVERSITÉ
DE MONTPELLIER ANTENNE NÎMES. NEGPOS

Le projet vise à générer un récit à partir de l’image photographique, du processus social et politique de transformation qui a eu lieu au Chili entre les années 1973 et 2003. L'évènement met en place quatre expositions, une intervention dans les espaces publics et un cycle de films documentaires. Son programme se déroule dans les villes de Nîmes, d'Arles et d'Avignon, dans les lieux partenaires suivants : la galerie NegPos Fotolof à Nîmes, la galerie Aux Docks d'Arles, le cinéma Le Méjean à Arles, la Faculté d'éducation de l'université de Montpellier antenne de Nîmes, la Bibliothèque du musée d'art contemporain de Nîmes, le cinéma le Sémaphore à Nîmes et la chapelle Saint-Michel à Avignon.

PHOTO CLAUDIO PÉREZ NEGPOS

Les artistes accrochés ? Marcelo Montecino, Celeste Rojas, Cristián Kirby, Claudio Pérez, Hernán Parada, Álvaro Hoppe, Kena Lorenzini, Helen Hughes, Sofía Yanjarí, Javier Godoy, Nicole Kramm, Rocío Hormazabal, Cheril Linett, Colectivo Lastesis, Delight Lab, Alexis Díaz Belmar, Jorge Gronemeyer, Sebastián Moreno, Patricio Guzmán.

PATRICE LOUBON, FONDATEUR DE NEGPOS
 (PHOTO ARCHIVES ANTHONY MAURIN).

L’inauguration de l'exposition « 2019-2023 Mémoire, révolte et futur » est prévue le jeudi 7 septembre 18h30 et se tiendra du 07/09/2023 au 24/11/2023 à la Galerie NegPos FotoLof 1, cours Némausus 30000 Nîmes.

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LE DERNIER GROS TITRE

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« CHACUN À SON POSTE DE COMBAT »
COUVERTURE DU JOURNAL « EL SIGLO »
DU 11 SEPTEMBRE 1973
L'artiste chilien Patricio Palomo Fuentes, contributeur de notre site Araucaria de Chile, avec sa chronique EN MARCHE FORCÉE, nous livre aujourd'hui un témoignage de première main sur le fatidique 11/09/73. 
Patricio fut le protagoniste de la mise en page du dernier titre du journal El Siglo du 11 septembre 1973.

Dans un récit précis et concis, il nous raconte un pan de notre histoire dont nous commémorons le cinquantième anniversaire. Le témoignage est comme une vague de la mer chilienne qui entraîne dans son sillage une multitude de choses oubliées. À la fin de la lecture de l'article, on entend encore son fracas tonitruant, notre vie y explose et va rejoindre le cours de l'histoire. Ce bruit ne nous quitte pas. Il est fait de l'étoffe même de nos vies.

À l'époque, l'ambassade du Danemark au Chili a trouvé une édition originale du journal El Siglo. Patricio Palomo nous donne un complément substantiel où l'histoire personnelle s'aligne sur l'histoire générale. MC
Ñ

LE DERNIER GROS TITRE

par Patricio Palomo Fuentes
PATRICIO PALOMO
PHOTO LA PROVENCE
À  la fin des années 60, j'ai obtenu un poste de « pegotista » (1) dans le magazine dominical El Mercurio, dirigé par Julio Lanzarotti (2). À cette époque les textes se présentaient en “pelles”, c'est-à-dire en colonnes de papier qui étaient cirés puis collés sur une mise en page qui constituerait la future page imprimée. Lanzarotti publait également un almanach annuel, qui était le best-seller d'El Mercurio. L'équipe de journalistes était composée de gens de gauche, ce qui paraissait inhabituel dans cette entreprise qui défendait les intérêts des patrons. Cela n'est pas passé inaperçu auprès des secteurs réactionnaires qui, à travers le magazine d'extrême droite PEC (Politique/Économie/Culture), nous ont dénoncés en publiant les noms de tous les membres de la "clique communiste" qui donnait vie à cet almanach chaque année et au magazine du dimanche. J'étais sur la liste.

RÉDIGEANT DES GROS TITRES EN LETRASET
ARCHIVE PERSONNEL DE PATRICIO PALOMO

À l'arrivée au pouvoir de l'Unité populaire, mon frère dessinateur (Palomo) m'a dit que Guidú (Guillermo Durán), dessinateur et maquettiste du Siglo, cherchait un remplaçant. Il allait travailler à Quimantú pour faire partie de l'équipe de dessinateurs de ce grand projet éditorial de l'Unité Populaire qui publierait des millions de magazines et de livres afin que les personnes modestes aient accès à la culture.

LUIS PUELLER FOTOGRAFO, DETRAS ERASMO LOPEZ, PERIODISTA
ARCHIVE PERSONNEL DE PATRICIO PALOMO

En novembre 1970, j'ai postulé à l’ entreprise Horizonte, société éditrice d'El Siglo qui était située rue Lira. Guidú m'a reçu et m'a expliqué comment fonctionnait la fabrication et m'a dit “il faut avant tout être ami avec les collègues de l'atelier, se promener avec des cigarettes et de temps en temps avec une bière. Les ateliers étaient à côté de la salle de presse. Mais la partie design était en contact avec les opérateurs qui imprimaient le journal. Plus tard, la salle de rédaction déménagera au centre-ville, dans la rue Lord Cochrane.

ÉQUIPE ÉDITORIALE PEDRO CALLEJAS
PANCHO CATALDO
ARCHIVE PERSONNEL DE PATRICIO PALOMO

Une fois Guidú parti, Pedro Callejas, un autre maquettiste en CDI, (contrat de travail à durée indéterminée), m'a aidé et m'a donné des conseils. Être « pegotista » était très différent d'être maquettiste (4) d'un journal. Pour moi, c'était quelque chose de nouveau dans le métier. Le travail consistait à calibrer les textes délivrés par les journalistes sur des des feuillets dactylographiés et à imaginer la page imprimée comprenant des titres, des sous-titres, des photos ou des dessins. Évidemment, au début mes calibrages étaient erronés et il me restait des textes en trop sur les linotypes, c'est-à-dire des lignes métalliques que les linotypistes composaient. Les colonnes métalliques ne correspondaient pas à ce que j'avais calculé. Heureusement, le responsable de l'atelier m'a appelé discrètement mais en rigolant, à cause de mon manque d'expérience, il m'a conseillé de trouver une solution pour remonter la page.

AGUILAR RÉDACTEUR EN CHEF AU FONDS KOICHI MASUDA,
CORRESPONDANT JAPONAIS
ARCHIVE PERSONNEL DE PATRICIO PALOMO


En même temps, le journal avait besoin de nouveaux journalistes qu'il fallait former sur le tas, car les plus expérimentés allaient occuper des postes dans différents médias gouvernementaux ou créer des journaux, des radios ou des magazines en province.

La jeune équipe journalistique dirigée par Rodrigo Rojas commence à se former autour de Mónica Gonzalez, Pepe Maldavsky, Guillermo Torres et des membres de la jeunesse communiste. De nombreux correspondants étrangers que le journal accueillait, venaient pour envoyer leurs dépêches par télex. L'ambiance était conviviale, nous organisions des matchs de foot entre journalistes, dessinateurs et personnes de l'atelier pour fraterniser et nous reposer du travail quotidien.

Le lundi 10 septembre 1973, j'étais de garde et chargé de fermer le journal de Santiago. Celui destiné aux provinces était fait plus tôt. Nous avions beaucoup de travail à cause de la crise que traversait le pays, suite à la grève séditieuse des camionneurs, des pénuries causées par le marché noir créé par la réaction, les attentats, etc. L'entreprise venait d'acheter une imprimante offset à un pays socialiste pour moderniser le processus d'impression. Il s'agissait de laisser de côté la presse rotative qui fonctionnait avec la linotype et de passer à un procédé d'impression dans lequel l'image encrée était transférée sur un rouleau en caoutchouc qui à son tour imprimait le papier. Mais nous n'avons jamais réussi à utiliser la nouvelle machine. Nous étions juste en train de la tester. De plus, nous avons dû nous battre avec La Papelera, entreprise, qui appartenait à Jorge Alessandri,(5) personnage politique  de droite, pour le tirage quotidien.

Ce fut mon tour ce soir-là du lundi 10 de faire le dernier gros titre qui paraîtra le mardi 11 et qui était : « Chacun à son poste de combat ». Faute de matériel, j'ai dû le faire à la main. Nous travaillions avec du letraset importé, c'est-à-dire avec des lettres adhésives, mais nous n'en avions plus depuis des mois. Nous avons donc fait imprimer des lettres que nous avons découpées une à une pour pouvoir composer le titre imaginé par les éditeurs Sergio Villegas et Jaime Chamorro. Sur une feuille, j'ai assemblé le titre et dans l'atelier ils ont fait le cliché à partir duquel la page sera faite pour l'impression . J'ai fini vers minuit. Comme la mobilisation collective était paralysée, il y avait un véhicule qui nous ramenait chez nous. J'habitais loin, à Lo Valledor (3) et j'ai dû attendre le retour de la voiture de son dernier voyage. En attendant, j'ai rangé mes affaires et j'ai retrouvé ma carte de militant communiste et sans réaliser la gravité de la situation je l'ai laissée dans le placard où l'on rangeait le matériel. Le lendemain, mon père m'a réveillé vers neuf heures en m'annonçant que le coup d'État était en cours.

Je ne suis jamais retourné à Lord Cochrane. J'ai découvert longtemps après qu'ils avaient détruit le bureau, mais je n'ai jamais su si l'un d'entre nous avait réussi à brûler des papiers ou à faire disparaître des documents avant que les militaires  ne fassent une perquisition.

Notes     :
 
ARCHIVE PERSONNEL
PATRICIO PALOMO
1.) m-f. Ch. p.u. En graphisme, personne chargée de composer et de coller des images et des illustrations.
2.) supplément à l'édition hebdomadaire du journal «El Mercurio»,  (L'éternel conspirateur)
3.) Quartier commercial et résidentiel de la commune de Pedro Aguirre Cerda.
adj/nom Mx, Ho, Ni, RD, Ch, Ur. Désigne une machine et/ou une personne qui sert concevoir une publication et à lui donner forme.
La CMPC (Compagnie manufacturière des papiers et cartons), monopole du papier, est également connue sous le nom de La Papelera, est une société holding forestière et papetière chilienne contrôlée par la famille Matte, fondée en 1920. La CMPC appartient au candidat de droite à l’élection présidentielle de 1970, J. Alessandri 
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DESSIN PATRICIO PALOMO