lundi, juillet 14, 2025

CHILI / VICTOIRE DU PARTI COMMUNISTE ET OPPORTUNITÉ DANS UN CONTEXTE ÉLECTORAL DÉFAVORABLE

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«Jara rassemble, le peuple choisit»
LA FORCE «KAWAII»

Chili : victoire du Parti communiste et opportunité dans un contexte électoral défavorable / Lors de la primaire de la gauche, la candidate communiste Jeannette Jara a remporté une victoire écrasante dans tout le pays, devançant l’ancienne Concertación[1] et le Frente Amplio[2]. Si elle remportait les élections présidentielles de novembre, ce serait un événement qui irait à contre-courant du climat politique qui règne actuellement en Amérique latine.

Karina Nohales et Javiera Manzi 14 juillet 2025  

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 / BRP.CHILE /

Le dimanche 29 juin ont eu lieu au Chili les primaires en vue de l’élection présidentielle prévue pour novembre de cette année. Il s’agissait d’une primaire de la coalition gouvernementale à laquelle seuls les partis officiels ont pris part, étant donné que la droite n’est pas parvenue à un accord pour se présenter conjointement ni à s’enregistrer en tant que pacte. C’est un fait crucial : c’est la première fois qu’un seul bloc politique participe à des primaires présidentielles depuis l’instauration du système d’élections primaires en 2012.

CANDIDATA DEL PARTIDO COMUNISTA (PCCh)
 GANA AMPLIAMENTE PRIMARIAS EN CHILE 

[LA FUERZA «KAWAII»]

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Jeannette Jara Román, candidate du Parti communiste et ancienne ministre du Travail du gouvernement de Boric, s’est imposée avec 60 % des voix — environ 825 000 suffrages — en remportant la victoire dans toutes les régions du pays. L’écrasant pourcentage obtenu par Jara contraste avec le maigre 28 % (385 379 voix) obtenu par Carolina Tohá — ancienne ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique du gouvernement actuel — et candidate de l’alliance Socialisme Démocratique, composée du Parti Pour la Démocratie et du Parti socialiste. La défaite de Tohá, qui selon les sondages avait commencé la course en favorite, vient confirmer le recul déjà amorcé du centre politique incarné par les partis de l’ancienne Concertation.

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Pour sa part, Gonzalo Winter, député et militant du Frente Amplio — le parti du président Boric — n’a obtenu que 9 % des voix. Le parti gouvernemental s’est retrouvé à la veille des primaires sans candidat officiel, après avoir espéré jusqu’au dernier moment une candidature de Michelle Bachelet (PS), que l’ancienne présidente a finalement écartée. Devant les refus successifs d’autres figures du Frente Amplio, la coalition a fini par convaincre le député Gonzalo Winter — qui avait lui aussi d’abord décliné — d’accepter d’être candidat. Fort de plus de 60 000 militants, le parti présidentiel n’a recueilli que 123 829 voix lors de cette primaire, ce qui constitue une nette défaite pour ce secteur du gouvernement. Enfin, Jaime Mulet, député de la Fédération Régionaliste Verte Sociale (FRVS) et ancien militant démocrate-chrétien, a obtenu une prévisible quatrième et dernière place avec 2,7 % des voix (37 659).

Avec ce résultat, de manière inédite, le Parti communiste du Chili — pratiquement absent du système politique il y a encore un peu plus de dix ans — prend la tête de la coalition de centre-gauche, reléguant aussi bien les partis qui exerçaient traditionnellement ce leadership que ceux qui l’ont dirigé plus récemment.

C’est la troisième candidature présidentielle du Parti communiste qui parvient jusqu’au bulletin de vote. La première fut celle de Pablo Neruda (1904-1973) en 1969. La deuxième fut celle de Gladys Marín (1941-2005) en 1999, trente ans plus tard. Bien que le Chili ait connu de nombreux gouvernements où le Parti communiste a fait partie de la coalition gouvernementale (y compris sous l’Unité Populaire), il n’a jusqu’à présent jamais accédé à la présidence.

Les faits contre le récit : une participation (pas si) faible et un élargissement du soutien au PC

Une première analyse des résultats électoraux mène immédiatement au constat de la faible participation aux primaires.

Contrairement à 2021, où le vote était volontaire aussi bien lors de la primaire que du premier tour, cette année la participation à la primaire reste volontaire, tandis que le vote au premier tour de la présidentielle sera obligatoire. Cela signifie que les votes exprimés à la primaire se dilueront dans un électorat beaucoup plus large, ce qui réduit significativement leur poids relatif.

Ce dimanche, le taux de participation a atteint 9,1 % (soit 1 420 435 votants) du total des inscrits (15 499 071), ce qui représente une baisse considérable par rapport au pourcentage de participation enregistré lors des précédentes primaires, où 21,4 % de l’électorat avait voté, en additionnant les suffrages des pactes de gauche et de droite.

Si l’on affine la comparaison et que l’on considère uniquement la participation aux dernières primaires du bloc de gauche et centre-gauche (2021), la baisse apparaît moins abrupte : à l’époque, 11,9 % du corps électoral (soit 1 752 922 personnes) avait voté. Malgré cela, la majorité des médias et des analystes locaux continuent de désigner la faible participation comme le fait politique le plus marquant de ces élections.

Lors des primaires présidentielles de la coalition Apruebo Dignidad[3] en 2021, Gabriel Boric (FA) avait affronté le maire de Recoleta de l’époque, Daniel Jadue (PC), s’imposant avec plus de 60 % des suffrages. Dans les primaires de droite, le vainqueur avait été Sebastián Sichel, ex-démocrate-chrétien et candidat du camp piñériste[4], qui n’obtiendra ensuite que la cinquième place au premier tour de la présidentielle. Lors de cette même élection, l’extrême droite, avec José Antonio Kast, était apparue comme la grande favorite de son camp.

Ce précédent explique la réticence du Parti Républicain (Kast) et du Parti National Libertarien[5] (Johannes Kaiser) à participer à des primaires avec la candidate Evelyn Matthei, représentante d’une droite traditionnelle dont l’effondrement électoral n’a fait que s’accentuer.

Malgré une campagne marquée par des références constantes à la guerre froide, la large victoire de Jeannette Jara sur Carolina Tohá, dans chacune des régions du pays, révèle l’échec au moins partiel de ce récit fondé sur la peur.

Dans la Région Métropolitaine, qui concentre 40 % de l’électorat, la préférence pour Jara s’est particulièrement affirmée dans les communes populaires. On note des résultats remarquables à Lo Espejo (74 %), Conchalí (72 %), La Pintana (71 %), Puente Alto (69 %), San Ramón (69 %) et Pudahuel (68 %), où elle a bénéficié du soutien explicite de maires de gauche et indépendants. Parmi eux se distingue la figure de Matías Toledo, indépendant de gauche et actuel maire de Puente Alto, qui, après sa victoire retentissante lors des dernières élections municipales, s’est imposé comme une référence dans le secteur. Toledo a exprimé son soutien à Jeannette Jara en déclarant : « Notre cœur et notre engagement politique sont avec elle. »

À l’inverse, et contrairement aux prévisions du début de campagne qui annonçaient une majorité confortable, la candidature de Tohá n’a réussi à s’imposer que dans les cinq communes les plus riches de Santiago (Vitacura, Las Condes, Providencia, La Reina et Lo Barnechea).

« De Conchalí à La Moneda » Qu’a fait Jeanette Jara pour gagner?

« VOTE JARA »
Proche des gens, souriante et claire, la campagne de Jeannette Jara s’est principalement appuyée sur l’adhésion et l’enthousiasme suscités par sa personne et son parcours, mettant fortement l’accent sur son histoire personnelle en tant que femme de la classe ouvrière, née dans le quartier populaire d’El Cortijo à Conchalí, ce qui contrastait nettement avec le profil des autres candidats.

Mais il ne s’agissait pas seulement de ses origines. Son long parcours politique — débuté dans les années 1990 comme dirigeante étudiante à la Fédération des Étudiants de l’Université de Santiago — inclut également son engagement comme dirigeante syndicale, sous-secrétaire à la Prévoyance sociale durant le second gouvernement de Michelle Bachelet, et ministre du Travail sous l’administration de Gabriel Boric.

Le déploiement territorial soutenu par militant.es et bénévoles a connu un saut qualitatif grâce à l’élan généré par sa campagne sur les réseaux sociaux, particulièrement orientée vers la conquête du vote des jeunes face à Gonzalo Winter. Grâce à des références à la culture kawaii[6], à des tendances virales sur TikTok, à une campagne télévisée construite sur des messages simples et sans grandes figures médiatiques, sa campagne donnait l’image d’une candidate différente des figures traditionnelles de la gauche chilienne.

La viralité de ses contenus n’a pas été uniquement symbolique : elle s’est concrétisée ces dernières semaines par de longues files d’étudiant.es lors de meetings publics convoqués à peine la veille dans des universités telles que la Pontificia Universidad Católica de Chile ou la Universidad Alberto Hurtado. Un enthousiasme inédit, nourri d’une dimension émotionnelle, en cohérence avec l’attitude et le ton d’une candidate qui a toujours évité les attaques personnelles, les polémiques ou les réponses hostiles, même face aux interpellations constantes d’autres candidatures sur sa capacité à affronter l’extrême droite du fait de son appartenance au Parti communiste.

En tant que ministre du Travail, Jeannette Jara a incarné l’efficacité dans la gestion gouvernementale. Dans un contexte de minorité parlementaire, elle est parvenue à réaliser deux des principaux engagements programmatiques du gouvernement : la réduction de la durée légale du travail à 40 heures hebdomadaires et la réforme du système de retraites. Durant la campagne, son cheval de bataille fut justement de mettre en avant cette capacité de gestion, en particulier son aptitude au dialogue avec le patronat et l’opposition, acteurs clés dans la négociation des deux réformes.

Cependant, ces conquêtes ont eu un prix, objet de vives critiques de la part des milieux syndicaux et sociaux. Dans le cas de la réduction du temps de travail, l’accord a impliqué l’intégration de mécanismes de flexibilité défendus par le patronat. Pour la réforme des retraites, la promesse d’améliorer le montant des pensions s’est accompagnée non seulement du maintien du système privé actuel, mais aussi d’une augmentation de près de 50 % de la capitalisation des assureurs, alors même que le programme gouvernemental et le PC eux-mêmes avaient promis d’y mettre fin.

Cela contribue à expliquer, en partie, les tensions qu’a rencontrées la candidature de Jeannette Jara au sein même de son parti. Loin du soutien affiché par la direction historique du PC — clairement encline à soutenir le leadership d’un Daniel Jadue empêtré dans des affaires judiciaires[7]— cette prise de distance a fini par renforcer, plutôt que fragiliser, la portée de sa campagne, en élargissant son socle de soutien au-delà des rangs strictement partisans.

Jeannette Jara a su tirer profit de cette position. Sur des sujets sensibles, comme les questions récurrentes de la presse dominante concernant la situation des droits humains à Cuba et au Venezuela, elle n’a pas hésité à souligner que, au-delà des positions du Parti communiste, c’est elle — en tant que future cheffe d’État potentielle — qui fixerait la ligne de la politique étrangère du Chili. Dans son discours de victoire, elle a déclaré :

« Je ne veux pas d’un Chili subordonné à des gouvernements étrangers ni à des modèles extérieurs, c’est pourquoi je maintiendrai une politique internationale fondée sur l’indépendance et le multilatéralisme, et qui défendra les droits humains partout dans le monde où ils sont violés. »

Concernant son programme, parmi les principales mesures proposées figurent des initiatives visant à renforcer l’État social, la redistribution et les droits sociaux. Sur le plan économique, elle propose de stimuler la demande intérieure par l’augmentation du salaire minimum, la création d’emplois et le renforcement de la négociation collective.

En matière de sécurité publique, elle envisage de renforcer les forces de police actuelles (carabiniers et police d’investigation), de traquer les circuits financiers du narcotrafic et de lever le secret bancaire pour faciliter ces enquêtes. En matière de santé, elle défend le renforcement du système public, avec un accent particulier sur la réduction des délais d’attente, en précisant qu’il ne s’agit pas de remplacer le secteur privé, mais de renforcer l’offre publique. En matière de retraites, elle propose la fin des AFP (Administradoras de Fondos de Pensiones)[8] et la création d’une assurance sociale solidaire de nature publique.

En matière de genre, le programme inclut un accès garanti à la santé sexuelle et reproductive — y compris l’avortement sans condition —, la mise en place d’une éducation sexuelle intégrale (ESI) et la parité à tous les niveaux de représentation. Sur le plan de la redistribution, il prévoit la création d’un impôt sur les ultra-riches, la rémunération du travail reproductif et de soin, ainsi que la régulation publique des services essentiels pour garantir des tarifs justes, des subventions différenciées pour les populations les plus vulnérables, et l’étude de la création ou du renforcement d’entreprises publiques dans des secteurs stratégiques.

Majorité fragmentée des droites

C’est Jeannette Jara qui affrontera la droite lors du premier tour de l’élection présidentielle en novembre. Selon les enquêtes d’opinion, l’intention de vote majoritaire au Chili se concentre actuellement sur les trois principales candidatures de la droite : un véritable triumvirat de « patriotes allemands » composé d’Evelyn Matthei, José Antonio Kast et Johannes Kaiser.

Evelyn Matthei, militante de la Unión Demócrata Independiente — parti héritier de la doctrine des Chicago Boys — et candidate de la coalition de l’ex-président Piñera, Chile Vamos, a été députée, sénatrice, ministre, maire et candidate à la présidence. Fille du général de l’Armée de l’air Fernando Matthei, membre de la junte militaire qui a gouverné le Chili sous la dictature de Pinochet, elle incarne ce qu’on appelle la « droite traditionnelle ». Dans le contexte électoral actuel, elle avait commencé en tête dans les sondages, mais sa candidature a subi un effritement progressif et soutenu.

De son côté, José Antonio Kast, porte-drapeau du Parti Républicain d’extrême droite, a connu une progression constante et caracole aujourd’hui en tête des sondages, apparaissant comme favori pour passer au second tour. Celui qu’on surnomme le « nazi de Paine » — en référence à la zone rurale où sa famille d’origine allemande s’est installée et complice civile des crimes perpétrés par la dictature contre les paysans — avait été, en 2021, le candidat qui avait recueilli le plus de voix au premier tour, s’imposant largement dans 11 des 16 régions du pays. Toutefois, la mobilisation du vote populaire au second tour avait permis d’inverser le résultat en faveur de l’actuel président Gabriel Boric.

Une troisième candidature, également d’extrême droite, est celle du député Johannes Kaiser, issu d’une famille de colons allemands. Après avoir rompu avec le parti de Kast, il a fondé son propre mouvement politique, le Parti National Libertarien. Avec un style ouvertement aligné sur des figures comme Trump ou Milei — il a remis en cause le droit de vote des femmes et proposé de décorer les hommes qui violent des femmes « laides » — Kaiser cherche à incarner le phénomène d’irruption dans l’establishment, grâce à un discours radicalisé et provocateur. Les résultats de Kaiser dans les sondages se sont révélés instables : après une forte hausse il y a quelque temps, son soutien semble être en baisse. Son principal effet politique, cependant, a été de déplacer Kast du positionnement extrême qu’il occupait lors de la présidentielle précédente, lui conférant une apparence de modération.

La lutte pour l’hégémonie de la droite, aujourd’hui ouverte, a empêché ce camp de parvenir à un accord pour participer aux primaires officielles. Tout porte à croire que ce sera le premier tour présidentiel qui, de facto, jouera le rôle de primaire pour départager leur leadership. Bien qu’on ne puisse exclure a priori différents scénarios, si la situation reste telle qu’elle est aujourd’hui, le leadership devrait revenir à José Antonio Kast.

Des primaires au gouvernement : la longue marche de Jara

Le défi pour la candidature de Jeannette Jara est énorme. Elle doit d’abord transformer les 825 835 voix obtenues lors des primaires en 7 millions nécessaires pour s’imposer au second tour de l’élection présidentielle, qui, pour la première fois depuis 2012, se déroulera avec le vote obligatoire, un mode de scrutin qui, selon toutes les tendances, a favorisé la droite. Selon le dernier sondage du CADEM, dans un éventuel second tour entre Jara et Kast, le candidat « républicain » obtiendrait 50 % des voix, tandis que la candidate communiste en obtiendrait 30 %. 20 % des personnes interrogées ont déclaré n’avoir aucune préférence.

Pour cela, le deuxième grand défi sera de rassembler le large front social et populaire qui a rendu possible la victoire de Boric. Le scénario semble toutefois plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque. Lors de l’élection présidentielle de 2021, le vote était facultatif, le premier processus constitutionnel était encore en cours et une partie importante de l’électorat qui s’était rallié au second tour l’avait fait dans l’espoir d’assurer son succès. La défaite de ce processus a eu un effet démoralisant sur le mouvement social organisé, auquel s’est ajouté un rapide virage conservateur du gouvernement, qui a renforcé son alliance avec les partis traditionnels du « progressisme néolibéral » et a approfondi le renoncement programmatique du Frente Amplio. En conséquence, ce secteur a fini par promouvoir de profondes capitulations dans des domaines sensibles et clés, tels que les retraites, la santé, l’éducation et l’environnement. Tout cela a contribué à un désenchantement accru parmi les secteurs mêmes qui ont déterminé le second tour dernier et qui, aujourd’hui, devront être à nouveau mobilisés pour voter en faveur de la candidature de Jeannette Jara.

De même, il reste à voir quelle cohésion les partis qui composent aujourd’hui l’alliance gouvernementale seront capables d’atteindre autour du leadership communiste. Lors de la campagne des primaires, la candidate battue, Carolina Tohá (Parti pour la démocratie et Parti Socialiste), a mis l’accent dans sa communication sur le « vote utile », affirmant que voter pour Jara revenait à offrir la victoire à Kast.

À cet égard, le candidat Kaiser a clairement annoncé le contenu anticommuniste de sa campagne. Dans son premier discours après les primaires, il a attribué au PC chilien la responsabilité de plus de « 100 millions de morts » sous le stalinisme et a affirmé que la victoire du Parti communiste représente un danger pour les institutions, que cette élection est un enjeu pour la démocratie et que le Parti communiste entre dans l’État par la voie électorale pour ne plus jamais en sortir. Il a tenu ces propos en compagnie d’anciens agents de la dictature, dont l’un a été condamné par la justice chilienne pour torture.

Plus modéré, Kast a déclaré que c’était une mauvaise nouvelle pour le pays que quelqu’un de la gauche radicale dirige la coalition au pouvoir, que le gouvernement actuel était un échec et s’est empressé d’affirmer que la stratégie déployée par sa candidature s’affirmait comme la bonne.

Pour sa part, Matthei a déclaré que les Chiliens ne veulent pas de luttes idéologiques et, s’éloignant du discours de Kaiser, s’est concentrée sur ses propres mesures programmatiques.

De leur côté, les médias dominants relaient l’idée qu’il serait non seulement indésirable – en raison du danger pour la démocratie – mais aussi impossible qu’une militante du Parti communiste accède à la présidence d’un pays par la voie électorale.

Il ne fait aucun doute que cela ouvrirait la voie à un scénario sans précédent. Y parvenir dans le contexte international et local actuel, marqué par la progression sociale et électorale de l’extrême droite, serait un exploit qui dépasserait les frontières du Chili. Dans un pays qui a été le pionnier de la « voie pacifique vers le socialisme », on ne peut exclure d’emblée la possibilité d’un nouveau tournant historique. Le seul qui puisse le rendre possible, une fois de plus et comme toujours, c’est le peuple.

Quelles en seront les conditions ? Quelle est la disposition des partis au pouvoir à s’ouvrir ? Que la délibération par la base s’empare des jours à venir.

*

Karina Nohales est avocate, militante féministe chilienne et membre du Comité chilien des femmes travailleuses et syndicalistes, ainsi que de la Coordinadora Feminista 8M. Elle fait partie du collectif éditorial de Jacobin América Latina et a publié de nombreux articles et analyses sur le féminisme chilien dans des médias comme Jacobin América Latina, El Desconcierto ou encore Revista Rosa. Elle a également été membre de l’équipe d’Alondra Carrillo, élue à l’Assemblée Constituante chilienne (2021).

Javiera Manzi est sociologue et archiviste, diplômée de l’Université du Chili, éducatrice et chercheuse indépendante. Son travail explore les intersections entre art, politique et mouvements sociaux. Elle est coautrice du livre Resistencia Gráfica. Dictadura en Chile (LOM, 2016). Entre 2018 et 2022, elle a coordonné le réseau Red Conceptualismos del Sur (Conceptualismes du Sud). Militante féministe active au sein de la Coordinadora Feminista 8M, elle en a été la porte-parole entre 2019 et 2020. Elle a fait partie de l’équipe éditoriale de La huelga feminista Va ! Historias de un proceso en curso (Tiempo Robado, 2021), et a publié plusieurs analyses sur la stratégie féministe dans le contexte de la révolte sociale chilienne, du processus constituant et des conjonctures électorales récentes.

Publié initialement par Jacobin América Latina. Traduit de l’espagnol (Chili) par Christian Dubucq pour Contretemps.


Notes

[1] Ex-Concertation : coalition de centre-gauche (appelée Concertación de Partidos por la Democracia) qui a gouverné le Chili entre 1990 et 2010 après la dictature de Pinochet. Elle regroupait principalement la Démocratie Chrétienne, le Parti Socialiste, le Parti Pour la Démocratie et le Parti Radical.

[2] Front Large (Frente Amplio) : coalition politique chilienne fondée en 2017, regroupant des partis et mouvements de gauche, progressistes et écologistes, notamment Revolución Democrática et Convergencia Social (parti du président Boric). Elle s’était constituée comme alternative à la Concertation.

[3] Apruebo Dignidad : coalition électorale chilienne formée en 2021, regroupant principalement le Frente Amplio (Front Large) et le Parti communiste du Chili, ainsi que d’autres forces de gauche et mouvements sociaux. Elle est née dans le contexte du processus constituant ouvert après la révolte sociale de 2019, et a soutenu la candidature présidentielle de Gabriel Boric, élu président en décembre 2021.

[4] Candidat issu du courant politique lié à Sebastián Piñera, président chilien (2010-2014 et 2018-2022). Ce courant représente la droite libérale-conservatrice, souvent associé à la coalition Chile Vamos et à une politique économique néolibérale.

[5] Le Parti Républicain est un parti d’extrême droite chilien dirigé par José Antonio Kast, connu pour ses positions conservatrices et autoritaires. Le Parti National Libertarien, plus récemment fondé, est dirigé par Johannes Kaiser, également situé à l’extrême droite.

[6] La « culture kawaii » désigne au Japon tout un univers esthétique et culturel fondé sur le « mignon », avec des personnages, des couleurs pastel et un imaginaire enfantin ou attendrissant, popularisé notamment par des figures comme Hello Kitty, mais aussi par des styles vestimentaires ou des tendances sur les réseaux sociaux.

[7] Daniel Jadue, maire de Recoleta et figure du Parti communiste, fait l’objet de poursuites judiciaires pour fraude liée à une dette contractée par l’Association chilienne des pharmacies populaires (Achifarp) qu’il présidait. Placé en détention préventive en juin 2024, il a été déchu de ses fonctions de maire en juillet de la même année et reste assigné à résidence dans l’attente de l’issue de l’enquête.

[8] Les AFP (Administradoras de Fondos de Pensiones) sont des sociétés privées chargées de gérer les fonds de retraite au Chili, dans un système par capitalisation individuelle instauré sous la dictature de pensions versées à la majorité des retraité.es et pour ses profits importants réalisés par les gestionnaires privés.

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«"Unité pour le Chili" / Ensemble
nous sommes plus forts»

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    samedi, juillet 12, 2025

    AU CHILI, CE MUSÉE POIGNANT À SANTIAGO RACONTE LES 17 ANNÉES DE DICTATURE DE PINOCHET

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    DICTATEUR PINOCHET S'ADRESSANT À UN RASSEMBLEMENT / 25 MAI 1984 -
    À 
    SANTIAGO, CHILI - L
    E DICTATEUR PINOCHET S'ADRESSE À SES PARTISANS
    DANS UN THÉÂTRE DU CENTRE-VILLE DE SANTIAGO. 
    LE RASSEMBLEMENT,
    AUQUEL ONT PARTICIPÉ QUELQUE 5 000 PERSONNES, 
    FUT ORGANISÉ PAR
    UN GROUPE POLITIQUE D'EXTRÊME DROITE APPELÉ 
    « AVANZADA NACIONAL »
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    Logo GEO
    Au Chili, ce musée poignant à Santiago raconte les 17 années de dictature de Pinochet
     / Au Chili, le Museo de la Memoria y los Derechos Humanos (Musée de la Mémoire et des Droits Humains) est inauguré en 2010 par la Présidente Michelle Bachelet, une ancienne victime de la dictature de Pinochet. Il retrace l’Histoire des années sombres du pays en honorant les victimes.

    Par Eva Mordacq

    Publié le 12 juillet 2025 à 19h32.

    Lecture : 2 min

    L’Amérique du Sud, comme l’Europe, a eu son lot de dictatures au XXème siècle et les cicatrices des crimes contre l’humanité perpétrés sous le joug de dictateurs sans pitié peinent à se refermer. Se trouve au cœur de Santiago un lieu incontournable du souvenir pour toutes celles et ceux intéressés par la main de fer qu’avait le dictateur Pinochet sur son peuple chilien de 1973 à 1990. Loin d’être facile à arpenter, ce musée confronte à la dure réalité de ces 17 années de calvaire ponctuées de disparitions, de tortures et d’exécutions.

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    Commissions de vérité : quand les nations cherchent à panser leurs plaies

    La vérité. C’est le maître mot qui suivra les visiteurs pour la totalité de leur parcours. Dès l’entrée, on retrouve une mappemonde avec des photos de violations des droits humains dans différents pays du monde avec juste en dessous des explications sur les commissions de vérité et de réconciliation de chacun de ces pays, dont le Chili. Ces dernières enquêtent sur les violations des droits humains commises lors de dictatures, de guerres civiles ou de répression politique afin d’aider la société à faire face à son passé, ce qui favorise la réconciliation nationale et évite la répétition des violences.

    Le visiteur se retrouve ensuite face à une grande croix sous verre, sur laquelle on peut lire “N.N.”, qui signifie “No Name”. Ces croix étaient les seules sépultures auxquelles avaient droit les victimes de meurtre par la dictature, souvent enterrées anonymement dans des fosses communes, privées de toute reconnaissance officielle et de toute dignité. Cette anonymisation symbolise la volonté du régime d’effacer les personnes disparues ou assassinées, renforçant la douleur des familles et la nécessité de mémoire que le musée cherche à réparer.

    11 septembre 1973 : revivre le jour du coup d'État de Pinochet

    À l’étage, le parcours se fait plus immersif. Le visiteur est plongé dans la journée du 11 septembre 1973, de 5h du matin à 22h. Il est invité à (re)vivre le coup d'État ayant placé Augusto Pinochet à la tête de l’État chilien. Il est ensuite placé au cœur de la propagande pour justifier ledit coup militaire : sont exposés des documents et journaux d’octobre de la même année qui parlent d’un “Plan Z”, un supposé complot de la gauche qui prévoyait des assassinats politiques... les médias officiels ont donc participé à asseoir la légitimité de la dictature avec ces mensonges.

    Il faut ensuite affronter la vue d’un lit métallique dénudé, surnommé “parilla”, qui était utilisé pour torturer par électrochoc les détenus. Les victimes étaient allongées et attachées sur le fer avant qu’on y connecte des câbles électrifiés, causant dans de nombreux cas des dommages irréparables dans les corps.

    Face à la violence de ces souvenirs, le Museo de la Memoria y los Derechos Humanos ne cherche pas à imposer le silence, mais à ouvrir un dialogue nécessaire entre passé et présent. En parcourant ces salles, le visiteur comprend que la mémoire n’est pas seulement un hommage aux victimes, mais aussi un rempart contre l’oubli et la répétition de l’histoire.


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    vendredi, juillet 11, 2025

    CHILI : ANNIVERSAIRE DE LA NATIONALISATION DU CUIVRE

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    11 JUILLET 1971
    « JOURNÉE DE LA DIGNITÉ NATIONALE »
    FLYER COMMÉMORATIF DU PCCh 

    54ème ANNIVERSAIRE DE LA NATIONALISATION DU CUIVRE 
    « JOURNÉE DE LA DIGNITÉ NATIONALE » 
     1971 -11 JUILLET- 2025

     « NUESTRO COBRE » 


     DU  COMPOSITEUR EDUARDO YAÑEZ BETANCOURT,
     PARU DANS L'ALBUM «LA MARCHE ET LE DRAPEAU. ANTHOLOGIE DE CHANSONS INÉDITES » 
    ENREGISTRÉ À PARIS FRANCE EN 1977, DANS LES ÉTUDES PATHÉ MARCONI-EMI 
    SOUS LE LABEL: DICAP ‎– 2C 150-99461 /2. LE THÈME « NUESTRO COBRE» 
    FUT ENREGISTRÉ EN PUBLIC À L'OLYMPIA, LE 15 SEPTEMBRE 1973. 



     ANNIVERSAIRE DE LA NATIONALISATION DU CUIVRE
    AFFICHES DE L’UNITÉ  POPULAIRE 
    L11 juillet 1971, l’État chilien prend le contrôle de la quasi-totalité de l’industrie minière, dont le cuivre, et de toutes les activités stratégiques comme la métallurgie. C’est la nationalisation décidée par le gouvernement de l'Unité populaire de Salvador Allende avec le soutien de tous les groupes politiques du Parlement chilien, et votée à l'unanimité au Congrès lors d’une séance historique. Le 11 juillet 1971 est nommé depuis au Chili « la journée de la Dignité Nationale ».


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     ANNIVERSAIRE DE LA NATIONALISATION DU CUIVRE
    AFFICHES DE L’UNITÉ  POPULAIRE
     

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    mercredi, juillet 09, 2025

    ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE MERCEDES SOSA

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    MERCEDES SOSA SUR SCÈNE EN 2000
    PHOTO YURI CORTEZ


    1935 - 9 juillet - 2025
     QUATRE-VINGT-DIXIÈME ANNIVERSAIRE 
    DE LA NAISSANCE DE MERCEDES SOSA
     
    Haydée Mercedes Sosa, mieux connue sous le nom de Mercedes Sosa, née à San Miguel de Tucumán, le 9 juillet 1935 et décédé à Buenos Aires, le 4 octobre 2009, fut une chanteuse argentine. Elle fut la grande voix dissidente d’Amérique latine. 

    «EL COSECHERO» 
    Pour écouter, cliquez ici ! ]

    AUTEUR RAMÓN GUMERCINDO CIDADE DIT  « RAMÓN AYALA », 
    PARU DANS LE VINYL, LP, «CANCIONES CON FUNDAMENTO» 1965
    LABEL: EL GRILLO ‎– 002
    MERCEDES SOSA CIRCA 1960,
     PHOTO D’ANNEMARIE HEINRICH


    À l’adolescence, elle se fait découvrir grâce à un concours organisé par une station de radio. Ses débuts sur disque, avec l’album La voz de la zafra (1962), s’inscrivent dans le mouvement de la nueva canción (nouvelle chanson), qui consiste en un mélange de folklore argentin et de musique populaire.

    Si plus tard elle est surnommée «La Negra », c’est en raison de ses longs et épais cheveux bruns, témoignage de ses origines amérindiennes. 

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    À la suite du coup d’état militaire de 1976, la dictature militaire s’installe en Argentine.  Quelques unes des chansons enregistrées par Mercedes Sosa sont interdites de diffusion, et La Negra subit de nombreuses menaces. Finalement, un soir de 1979, alors qu’elle chante pour les habitants de La Plata, elle est arrêtée sur scène, en plein concert, puis placée plusieurs heures en détention. Libérée grâce au soutien de la communauté internationale, Mercedes Sosa s’exile à Paris, puis Madrid. 

    Il lui faut attendre 1982 pour fouler de nouveau le sol de la capitale argentine, Buenos Aires, quelques mois seulement avant l'effondrement de la junte militaire. L’accueil du public est alors triomphal, et c’est devant une salle comble, au Teatro Opera, que Mercedes Sosa entonne une sélection bien pensée de chansons - Gracias a la vida, Duerme negrito, Como la cigarra, ou encore Solo le pido a dios (un hymne à la paix composé par León Gieco). 

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    POLÉMIQUE. USHUAIA OU PUERTO WILLIAMS? LE PRÉSIDENT CHILIEN RELANCE LE DÉBAT SUR LA VILLE LA PLUS AUSTRALE DU MONDE

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    USHUAIA (ARGENTINE) ET PUERTO WILLIAMS (CHILI),
     EN COMPÉTITION POUR LE TITRE DE LA VILLE LA PLUS
     AU SUD DE LA PLANÈTE.USHUAIA (ARGENTINE) ET 
    PUERTO WILLIAMS (CHILI), EN COMPÉTITION POUR 
    LE TITRE DE LA VILLE LA PLUS AU SUD DE LA PLANÈTE.
    INFOGRAPHIECOURRIER INTERNATIONAL.

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    international

    Géopolitique / Argentine / Chili / Polémique. Ushuaia ou Puerto Williams ? Le président chilien relance le débat sur la ville la plus australe du monde / À travers une publication X, le président chilien, Gabriel Boric, a ravivé une vieille querelle entre l’Argentine et le Chili : qui détient le titre de la ville la plus australe du monde ? En relançant le débat, Gabriel Boric bouscule une fierté argentine bien ancrée.

    Courrier international

    Lecture 2 min. Publié le 9 juillet 2025 

    Tout est parti d’une simple publication X. Mardi 8 juillet, le président chilien, Gabriel Boric, a ravivé l’éternel débat sur la ville la plus australe de la planète, que son pays dispute à son voisin argentin.

    "Puerto Williams est la ville la plus australe de la planète. Elle dispose d'un hôpital public, d'une école et d'un lycée, d'une présence importante de notre marine, de tribunaux, de centres de recherche scientifique et d'une société civile dynamique. Elle est située sur l'île Navarino, sur les rives du canal Beagle, et fait partie de la commune du Cap Horn. / Fierté chilienne !"  X

    Ainsi que le relate La Nación, le compte X du site d’information argentin “Enséñame de Ciencia”, a publié, lundi 7 juillet, un post affirmant qu’Ushuaia, en Argentine, est le “point le plus au sud du globe”. Le lendemain, le chef d’État chilien a répliqué en commentant que la ville chilienne de Puerto Williams, située à seulement 47 kilomètres d’Ushuaia à vol d’oiseau, est en réalité “la ville la plus australe du monde”.

    Pour la presse argentine, le doute n’est pas permis. Les différents titres du pays soulignent que Gabriel Boric a bel et bien relancé une polémique vieille de plusieurs décennies sur “un exploit réservé à Ushuaia”, commente le média Todo Noticias (TN). Même son de cloche pour le journal Clarín, qui estime que le président chilien “nie complètement” ce statut pourtant solidement attaché à la ville argentine de 83 000 habitants.

    Ville ou village ?

    Le fameux litige entre les deux pays sud-américains repose sur la définition même de ce qu’est une ville, et donc du nombre d’habitants. Si l’Institut national de la statistique chilien (INE) a reconnu Puerto Williams comme ville en 2019, “le problème est que la moitié de ses 1 800 habitants appartiennent à la Marine chilienne”, relève Clarín. La Tercera, de son côté, insiste sur le changement de critères opéré par l’INE la même année qui consistait à inclure les capitales provinciales et régionales en tant que villes, sans tenir compte du nombre d’habitants. Ce qui, de surcroît, a élevé Puerto Williams, autrefois considéré comme un village, au rang de ville.

    Le site chilien Emol suit le même argumentaire que Clarín, précisant que Puerto Williams s’apparente davantage à une “base administrative” qu’à une véritable ville. Dans sa publication, Gabriel Boric a d’ailleurs détaillé avec soin les infrastructures qui, selon lui, justifient ce statut, tels que des écoles, un lycée public, un tribunal et un centre de recherche scientifique.

    Malgré tout, Emol n’hésite pas à dégainer les données géographiques et souligne dans sa publication que Puerto Williams “serait à 10 kilomètres plus au sud qu’Ushuaia”. Plus précisément, la ville argentine serait localisée à une latitude approximative de 54° 48′ tandis que Puerto Williams “serait proche” de 55° 03′, indique le média chilien.

    Sacha Carion

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    mardi, juillet 08, 2025

    JEANNETTE JARA PEUT-ELLE GAGNER LA PRÉSIDENTIELLE ?

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    JEANNETTE JARA PEUT-ELLE GAGNER LA PRÉSIDENTIELLE ?
    CHILI, le 8 juillet 2025 / Jeannette Jara peut-elle gagner la présidentielle ? / Ça n’est plus complètement impossible mais la barre est très, très haute. / Jusqu’à la victoire de Jeannette Jara, tous les sondages donnaient le candidat de gauche éliminé au premier comme au second tour de la présidentielle. Le second tour annoncé était droite extrême contre extrême-droite. Jeannette Jara a déjà changé la donne : la gauche sera présente au second tour. [La force «kawaii»]

    Avec notre correspondant à Santiago, Pierre Cappanera

    PIERRE CAPPANERA
    PHOTO FACEBOOK

    La droite est créditée au premier tour, avec ses quatre candidats, d’environ 60% des voix. Jeannette Jara peut-elle retourner cette tendance d’ici le second tour, le 14 décembre prochain?

    Une intelligence artificielle (IA) fut alimentée avec les sentiments des
    tweeters de chaque candidat à la présidence et a été invitée à voir ces
    sentiments reflétés dans l'image de chaque candidat et voici les résultats :
    @Jou_Kaiser, @jeannette_jara,  @joseantoniokast, @evelynmatthei
     IMAGEN GENERADA POR IA


    ► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

    La gauche se met en ordre de bataille de façon unitaire. Le PC chilien avait organisé un grand meeting dimanche pour fêter son 113ème anniversaire. De fait ce meeting est devenu la fête de la victoire de Jeannette Jara. Toute la gauche avait été invitée et toute la gauche a répondu présent. Le Parti de la gauche européenne (PGE) était représenté par Marco Consolo.

    Lors de ce meeting, Jeannette Jara a appelé à élargir encore cette union vers d’autres partis, vers les syndicats et le mouvement associatif, etc… On pense bien sûr à la Démocratie-Chrétienne qui reste au bord du chemin pour le moment. On pense aussi à l’ancienne présidente Michelle Bachelet dont le soutien sera un formidable plus.

    JEANNETTE JARA GAGNE LA
    PRIMAIRE  À GAUCHE
    HAUT LA MAIN !

    LA FORCE «KAWAII»

    Jeannette Jara a également déclaré que les militants de gauche ne devaient pas rester en vase clos entre eux mais aller en priorité vers tous ceux qui, par anticommunisme, sont encore méfiants pour mettre un bulletin de gauche dans l’urne. 

    Après l’explosion sociale d’octobre 2019, la droite a fait adopter le vote obligatoire qui vient avec l’inscription automatique sur les listes électorales. 

    Le vote obligatoire de ceux qui ne votaient jamais, n’est pas une évidence. Naïvement beaucoup à gauche pensaient que cela allait amener des voix à gauche. Mais lorsque quelqu’un ne s’intéresse pas à la politique, ne s’informe pas, pense que ce sont tous les mêmes, qu’une fois élus ils s’arrangent entre eux, ne se syndicalise pas, ne participe pas aux manifestations, ne fait jamais grève, etc… il est très peu probable que, spontanément, cette personne se mette à voter à gauche si on l’oblige à voter. L’idéologie dominante est toujours l’idéologie de la classe dominante. La droite l’a bien compris et a réussi à imposer ce vote obligatoire au nom de la démocratie. 

    Le grand atout de Jeannette Jara est qu’elle est issue des milieux populaires, qu’elle a grandi et vécu dans un quartier populaire. C’est la seule candidate qui connait la réalité de la vie dans ces quartiers, dans les "poblaciones". Les gens se reconnaissent spontanément en elle. Elle incarne le peuple chilien.

    ______________________________

    Son deuxième atout est le travail réalisé comme Ministre du travail. Elle a obtenu tout ce qu’il était possible d’obtenir dans le cadre du rapport de forces actuel. Les augmentations de salaire minimum et des pensions de retraites comme la mise en route concrète des 40 heures l’ont rendue très populaire.

    La gauche va devoir organiser des porte-à-porte XXL d’ici décembre pour convaincre. Elle sait le faire. Les premiers sondages du second tour donnent environ 42% des voix à Jeannette Jara. Il reste 5 mois pour dépasser les 50. La barre est très, très haute !

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    Une intelligence artificielle (IA) fut alimentée avec les sentiments des
    tweeters de chaque candidat à la présidence et a été invitée à voir ces
    sentiments reflétés dans l'image de chaque candidat et voici les résultats :
    @Jou_Kaiser, @jeannette_jara,  @joseantoniokast, @evelynmatthei
     IMAGEN GENERADA POR IA


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