jeudi, mai 31, 2007

S.M. le Roi Harald V reçoit la Presidente de la République du Chili

Photo: José Manuel de la Maza

Michelle Bachelet, a été reçu par le Roi Harald V dans le Palais royal dans la ville d'Oslo. Royaume de Norvège


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Pourquoi l’énergie solaire ne "gaze" pas

Le Chili prend peu à peu conscience de sa dépendance énergétique envers ses voisins, l'Argentine notamment. Avec 3.500 Kms de côte et un ensoleillement record, il a des atouts certains pour développer des énergies renouvelables, comme le solaire. Mais le chemin à parcourir reste encore long

Le nord du Chili est une région qui reçoit le plus fort taux de radiation solaire au monde. Entre la I et la VII région le sol est baigné par près 6,2 Kwatt heure par jour de rayons solaire en été et 4,8 Kwatt heure en hiver. Des chiffres trois à quatre fois plus élévés qu’en Allemagne, pays européen qui a le plus développé les énergies renouvelables. "Cela permet de quoi couvrir près de 10% des besoins du pays", explique Alejandro Pinto Ortega, ingénieur de la société de Panneaux solaires Solener.
Au Chili, le potentiel est si peu exploité qu’il n’est même pas possible de chiffrer la part d’énergie solaire dans la production électrique chilienne. Les gouvernements successifs n’ont donné aucune impulsion au développement des énergies renouvelables. Aucun crédit d’impôt comme en France ou de loi sur les nouvelles constructions comme en Espagne°.
Les entreprises de distribution d’électricité, comme Chilectra, n’ont aucun intérêt à inciter les clients à passer au solaire : "C'est une énergie gratuite", explique Manuel Baquedano, directeur de l'Institut d'Ecologie Politique et porte-parole des écologistes durant la campagne électorale. "Une fois les panneaux installés, plus de factures à payer" s'exclame-t-il. "Quant aux Chiliens, ils restent dans leur grande majorité insensibles à ce thème. Le pays n'a pas la culture de l'énergie renouvelable comme en Europe", se désole Manuel Baquedano. Sans aides de l’État, rares sont les particuliers qui peuvent s’offrir ce type d’installation. "Seulement 20% de notre clientèle est constituée de particuliers contre 80% pour des industriels", explique Alejandro Pinto.

Soleil contre gaz
Il est donc assez rare de voir un toit couronné de panneaux solaire à Santiago. Quelques cas isolés donnent toutefois bonne conscience au gouvernement ou aux entreprises. Le Programme National d’Electrification Rural crée en 1994 développe des programmes de fourniture d’électricité dans les régions pauvres et reculées, grâce notamment aux panneaux solaires.
Le nouveau gouvernement de Michèle Bachelet tente de satisfaire les écologistes, avec lesquels elle a passé un pacte. Affirmant dans son dernier discours du 21 mai vouloir lutter contre la dépendance énergétique du pays (qui importe 85% de son énergie fossile), la présidente a lancé plusieurs chantiers. Ana Lya Uriarte Rodríguez, a été nommée ministre de l'Environnement, il y a deux mois avec la lourde tâche de créer de A à Z un véritable ministère de l'Environnement.
Deux lois sont également à l'étude : fixer à 5% la part des énergies renouvelables dans la production électrique nationale et porter à 15 % leur taux de croissance en 2020. Un pari irréaliste pour Alejandro Pinto: "L’Allemagne, qui est le pays européen le plus développé en la matière, n’arrive qu'à 10% après des années de politique d'incitation. Le Chili est trop en retard pour atteindre aussi rapidement ce chiffre.
En attendant, le "Colegio aleman" de Santiago vient de donner l’exemple en installant des panneaux solaires qui permettent aux élèves de prendre des douches chaudes après le sport.

En France l'état aide les particuliers dans les travaux ou l'achat de matériels d'énergie renouvelable. La TVA sur ces produits est réduite à 5% et on peut bénéficier d'un crédit d'impôt allant jusqu'à 50%. Détails sur le Site de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie voir ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie)
Pour l'Espagne une loi a été adoptée en 2007 qui stipule que touts les
nouveaux bâtiments devront couvrir entre 30 et 70 % des besoins en eau chaude grâce à l'énergie solaire.

lundi, mai 28, 2007

Sebastián Sepulveda aime beaucoup le cinéma et peu Paris


Sebastián Sepulveda aime beaucoup le cinéma et peu Paris


Sebastian Sepulveda, monteur, scénariste et réalisateur de films, documentaire et fiction vit à Paris, depuis qu’il y a fait un stage à la prestigieuse FEMIS, en 2003. De passage dans son pays d’origine pour y faire les repérages de son prochain film, il nous a fait part de son attachement, tout professionnel, à la FrancePour la qualité de vie, il préfère l’Amazonie, mais sa passion du cinéma le rive à la France. A 34 ans, Sebastián Sepulveda, exilé en France avec ses parents, y est resté jusqu’à l’âge de 4 ans mais c’est le Venezuela où il a vécu jusqu’à 11 ans qui l’a profondément marqué, malgré les déménagements successifs de la famille : de nouveau la France, puis l’Argentine, l’Espagne, Cuba et enfin retour au Chili.Aujourd’hui, après avoir hésité, un peu, avec l’Amazonie brésilienne (où il a tourné un long documentaire), il est installé à Paris. Pour ce « Caribéen », comme il se définit malgré sa double nationalité : chileno-espagnole, Paris, c’est un peu un vaste frigo où "les gens communiquent entre eux en râlant ". Même le Chili, il commence à peine à l’aimer. Et même de plus en plus, au point de situer son premier long-métrage dans le Nord. L’écriture du scénario justifie donc sa présence de quelques semaines à Santiago. « J’ai toujours aimé le cinéma, avec une prédilection pour le fantastique, Fritz Lang et compagnie. J’ai réalisé mon premier court-métrage, il y a 10 ans, c’était un conte de Noël un peu obscur qui se passait à Viña del mar et qui a été primé en 1999 à Boston. Mais j’ai ressenti le besoin de me pencher sur la construction narrative. Je suis donc parti apprendre le montage, à Cuba à la "Escuela internacional de cine" où j’avais tourné en 2000 un documentaire sur les combats de coq. Mais après le montage, je trouvais que pour raconter une histoire, il fallait travailler sur le scénario."Raconter une histoire En 2003, j’ai donc tenté la FEMIS à Paris, qui propose une année d’écriture de scénario en formation continue pour les gens de plus de 27 ans, qui ont des projets en cours. J’ai toujours suivi ma scolarité dans des lycées français, donc je connais bien le système académique « à la française ». J’ai retrouvé lors de l’entretien, la dureté des questions, les profs qui essaient de te « casser ». J’arrivais directement du Brésil où j’avais passé des mois dans la forêt amazonienne avec une communauté noire visitée par des esprits, le changement a été rude ! Cela dit quel luxe de passer un an à écrire et à réfléchir sur : "Qu’est ce que c’est que raconter une histoire ? Quelle est l’éthique ?". Paris m’a même donné l’idée d’un court-métrage que je démarre en novembre prochain : un film satirique sur les Parisiens ! Depuis la FEMIS et malgré la "qualité de vie zéro" de Paris, il est resté dans la capitale : "il y a là-bas une véritable industrie du film. Je n’étais pas sorti de la FEMIS que l’on me proposait déjà des boulots", raconte t-il. À Paris, il vit du montage et, reconnaît-il, du système des intermittents du spectacle (régime de chômage spécial pour compenser les jours sans emploi, à condition de travailler dans le spectacle un minimum de jours dans l'année) qui lui laisse le temps de travailler sur ses propres projets. Ainsi il vient de monter un film franco-argentin, La León primé à Berlin, qui sortira sur les grands écrans français en juin prochain. Mais un film en noir et blanc, il se doute que l’on ne le verra pas de sitôt à Santiago. On attendra donc sa fable fantastique située dans le Nord du Chili pour voir le nom de Sebastián Sepulveda en grand, au générique.

Arlette et ses pol-potes

Le propos ne mérite sans doute pas que je m’énerve outre mesure. Après tout, elle n’a recueilli que 1,33 % des voix. Et ses candidats aux législatives feront encore moins. Mais quand même… L’énormité qu’a proférée cette après-midi à la fête de Lutte Ouvrière Dame Laguiller, puisqu’il s’agit d’elle, m’est insupportable. Jugez plutôt : "Notre avenir à nous le monde du travail n'est pas au fond des urnes, les bulletins de vote ne sont que des chiffons de papier, notre avenir est entre nos mains".
Ca veut dire quoi ? Ceci : le monde idéal auquel aspire Arlette Laguiller et ses amis est un monde dans lequel on ne votera pas. Autrement dit un monde totalitaire. Un de ces paradis socialistes qui ont ensanglanté le XXème siècle. Et dont la Chine, le Viêt-Nam ou Corée du Nord sont les derniers représentants.
Qu’il se trouve des individus pour oser encore cracher ainsi sur la démocratie après le fascisme, le stalinisme, le nazisme et le cortège des dictatures latino-américaines ou asiatiques me laisse pantois.
Il n’y a qu’une secte pour proférer pareilles absurdités criminelles. Ce qu’est précisément Lutte Ouvrière – je renvoie ici à un éclairant petit ouvrage qu’avait consacré en 1999 le journaliste François Koch à cette organisation, « La vraie nature d’Arlette », (Seuil).
Je songe, à cet instant, au Chili où j’ai vécu plusieurs années à l’époque du Général Augusto Pinochet. Je pense à ces milliers de gens qui descendaient dans la rue, malgré le couvre-feu, malgré l’armée qui n’hésitait pas à tirer au fusil à pompe sur les premiers rangs des cortèges. Que réclamaient-ils ? Des élections libres et démocratiques. Oui, ils voulaient ces chiffons de papier que méprise la camarade Arlette. Et je me souviens que dans les rangs de ces manifestants, il y avait même quelques trotskystes – pas de la chapelle Laguiller cependant.
Je me dis que cette dame Laguiller a bien de la chance de vomir ses inepties dans notre pays, démocratie bourgeoise dont il n’y a rien à attendre, mais qui la laisse s’exprimer. Dans le Chili du bon général, comme des milliers de gens, elle aurait eu droit aux coups, à l’électricité, aux viols et peut être à l’exécution sommaire.
Toutes saloperies perpétrées justement par des gens qui ont pensé le 11 septembre 1973, que le président démocratiquement élu, Salvador Allende, ne l’avait été que par des chiffons de papier.
Voilà ce que veulent dire les propos de la «sincère» Arlette Laguiller, hier encore adulée par les bobos écervelés (n’est-ce pas, Alain Souchon ?) et toujours ménagée par les journalistes sur les plateaux de télévision (Ah le politiquement correct : à gauche de la gauche, il ne peut y avoir que de généreux utopistes et non des apprentis bourreaux). Elle ne vaut pas mieux que Le Pen, elle et ses gardes rouges. C’est sa dernière campagne. Tant mieux. Tirons la chasse.

samedi, mai 26, 2007

LE LEADER DU PC DU VIETNAM S'ENTRETIENT AVEC LA PRÉSIDENTE CHILIENNE









Santiago, 26 mai (AVI) - Arrivé vendredi à Santiago pour une visite officielle au Chili, le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nong Duc Manh, a eu un entretien avec la présidente chilienne, Michelle Bachelet, aucours duquel, les deux parties se sont d'accord pour la fondation du Comité intergouvernemental de coopération.
Avant l'entretien, une cérémonie d'accueil en l'honneur du Secrétaire général Nong Duc Manh et de sa suite a été solennellement organisée à la place du Palais présidentiel à Santiago.

Lors de cette cérémonie, la présidente chilienne Michelle Bachelet a applaudi à la visite du leader du PCV. Elle s'est déclarée convaincue que la visite au Chili de M. Manh serait couronnée de succès, ce pour contribuer à porter les relations d'amitié et de coopération entre les deux pays à un nouveau niveau de développement et à intensifier la coopération d'intérêt commun entre l'Amérique latine et l'Asie du Sud-Est.

M. Manh et Mme Michelle Bachelet ont affirmé la détermination des deux pays de renforcer les relations de coopération bilatérale et de promouvoir le libre-échange et la coopération d'investissement entre les deux pays.

A l'entretien, dans une atmosphère ouverte, les deux dirigeants ont discuté des orientations et des mesures importantes en vue de dynamiser les relations d'amitié et de coopération Vietnam - Chili.

Les deux parties ont convenu d'intensifier les contacts de haut rang, les échanges des partis politiques, les visites, ainsi que de renforcer la coopération efficace à tous les niveaux entre les deux pays et de partager des expériences en matière de combinaison du développement socio-économique à la réalisation du progrès social et à la réduction de la pauvreté.

Les deux parties ont qualifié de fer de lance le Comité de coopération intergouvernementale Vietnam-Chili dans l'élargissement de la coopération bilatérale et ont exprimé leur détermination de perpétuer la coopération entre les entreprises des deux pays dans l'exploitation minérale, l'énergie, l'agriculture, la pêche, l'aquaculture, la sylviculture, le tourisme,... et de renforcer la coopération dans les sciences, les technologies, l'éducation et la formation. Les deux parties ont aussi souligné l'importance de l'augmentation des échanges commerciaux et de l'investissement entre les deux pays pour la promotion de la coopération entre l'Asie du Sud-Est et l'Amérique latine.

A cet entretien, la présidente chilienne a réaffirmé le soutien du Chili à la candidature vietnamienne au poste de membre non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU pour le mandat 2008-2009. Elle a également souhaité le soutien vietnamien à la candidature de son pays au siège de membre non permanent du même conseil de l'ONU pour le mandat 2014-2015.

Les deux parties se sont entendues pour leur coordination au sein des organisations et des forums internationaux dont les deux pays sont membres.

Après cet entretien, les deux dirigeants ont témoigné de la signature du Mémorandum sur la création du Comité intergouvenemental de coopération Vietnam-Chili et de l'Accord d'échange en matière de sciences et de technologies Vietnam-Chili. - AVI

vendredi, mai 25, 2007

LE LEADER DU PARTI COMMUNISTE DU VIETNAM ARRIVE AU CHILI


Santiago, 25 mai (AVI) - Le Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nong Duc Manh, est arrivé vendredi matin (19 heures de Hanoi), à Santiago, entamant sa visite officielle au Chili.

Le leader vietnamien était attendu à l'aéroport international Arturo Merino Benitez par le chef du Département des Rites, Fernando Ayala, l'ambassadeur chilien au Vietnam, Jorge Canela, ainsi que par d'autres responsables du Chili.

Il est accompagné par le vice-Premier ministre permanent Nguyen Sinh Hung, le chef du Département des Relations extérieures du CC du Parti, Nguyen Van Son, le chef du Bureau du Comité central du Parti, Ngo Van Du.

Sa délégation comprend aussi les ministres de la Culture et de l'Information, Le Doan Hop, de l'Industrie, Hoang Trung Hai, des Sciences et Technologies, Hoang Van Phong, les présidents du Comité populaire de Hanoi, Nguyen Quoc Trieu, et de Ho Chi Minh-Ville, Le Hoang Quan.

La cérémonie d'accueil en l'honneur du Secrétaire général Nong Duc Manh et de sa suite sera solennellement organisée samedi à la place du Palais présidentiel.

Suite à cette cérémonie, M. Manh devra s'entretenir avec la Présidente chilienne Verónica Michelle Bachelet Jeria.

Le Chili est la première étape d'une tournée en Amérique latine du leader du Parti communiste du Vietnam (PCV). Après le Chili, il se rendra au Brésil, au Venezuela et à Cuba. Cette tournée est destinée à renforcer les relations entre le Vietnam et ces pays d'Amérique. - AVI

La présidente Bachelet met le cap sur le social

Taeyyong Kang/ Corée du Sud

À gauche toute! Critiquée depuis son élection triomphale début 2006, la présidente chilienne Michelle Bachelet change de cap et s'engage à «marquer l'histoire avec la création d'un grand système de protection sociale».
La socialiste a dévoilé un programme social de 800 millions de dollars en faveur de l'éducation, de la santé et des retraites, lundi, lors de son discours annuel devant le Parlement, situé dans le port de Valparaiso.Principale annonce: 650 millions de dollars d'investissements supplémentaires pour l'éducation. Ce plan éducatif, destiné notamment aux familles pauvres et aux régions rurales, est le plus ambitieux depuis la fin de la dictature Pinochet, en 1990. Il constitue une réponse du gouvernement aux violentes manifestations lycéennes, qui avaient éclaté l'année dernière.La présidente a également promis aux personnes âgées démunies un minimum-retraite de 145$, la construction de 12 hôpitaux et la montée en puissance de la couverture médicale universelle. Cette dernière prendra désormais gratuitement en charge 80 maladies, contre une soixantaine auparavant. Ces derniers mois, la popularité de Michelle Bachelet a chuté de 60 à 40%. Les Chiliens exigent une redistribution plus rapide des richesses dans leur pays où 10% des plus fortunés concentrent plus de la moitié des revenus.«C'est un tournant raisonné, analyse Alfredo Joignant, professeur à l'Université du Chili. Plusieurs rapports d'économistes prestigieux avaient préparé le terrain pour ce programme, qui était déjà celui de la candidate socialiste.» Pour financer ces mesures, la présidente remet en cause l'orthodoxie budgétaire fixée par son prédécesseur Ricardo Lagos: elle abandonne la règle "sacro-sainte" de dégager un excédent fiscal équivalent à 1% du produit intérieur brut (PIB) chilien et abaisse ce seuil à 0,5% du PIB. Les nouvelles dépenses ne devraient guère pénaliser les finances publiques, car l'État chilien attend une croissance de 6% cette année et d'importants bénéfices engrangés grâce aux exportations de cuivre de l'entreprise publique Codelco.Sur le plan politique, l'annonce devrait contribuer à apaiser les tensions au sein de la Concertación, la coalition entre socialistes et démocrates-chrétiens qui domine la politique chilienne depuis le retour de la démocratie. Certains parlementaires de la Concertación, dont la nièce du président Allende, critiquaient ainsi la «politique néolibérale» et le «manque d'ambition» de la socialiste. Les ratés de la mise en place du Transantiago, le nouveau système de transports de Santiago conçu sous la présidence de Ricardo Lagos et qui a réduit de 8000 à 5600 le nombre de bus circulant dans la capitale, ont provoqué le mécontentement populaire. Après le limogeage de quatre ministres en mars, la présidente a annoncé, lundi, 290 millions de dollars de subventions pour le Transantiago.Pour Alfredo Joignant, «le dossier reste socialement explosif. C'est une course contre la montre pour le gouvernement, car il y a des élections municipales importantes en 2008
Olivier Ubertalli. La Presse Collaboration spéciale

LE VOYAGE AU BOUT DE LA RUE


RUE SANTA FÉ

Un certain regard . Dans la rue Santa Fe de Santiago du Chili, Carmen Castillo, dont le compagnon fut tué par les hommes de Pinochet, s’interroge sur l’engagement révolutionnaire. Rue Santa Fe, de Carmen Castillo. France-Chili, 2 h 40.
Claude Cabanes

Qu’y a-t-il, là-bas, au bout de la rue Santa Fe de
CARMEN CASTILLO
Santiago du Chili que la caméra de Carmen Castillo scrute avec avidité ? Le souvenir d’une petite fille sage, en socquettes blanches, qui jouait à la marelle ? La silhouette d’une femme heureuse et libre à la voix de chanteuse de bar, comme dans un film de Wim Wenders, qui rit dans les bras de son amant ? Le fracas d’une bataille à l’arme automatique qui oppose une unité de la police à des révolutionnaires clandestins ? La fin d’une manifestation à drapeaux rouges qui sera peut-être la dernière ? Qu’y a-t-il là-bas ? Une histoire à jamais engloutie et les sanglots de la nostalgie ? Ou une autre rue, qui continue la rue Santa Fe, où une bande de jeunes gens bruyants attendent leur heure ?


Rue Santa Fe, le 5 octobre 1974, Carmen Castillo a vécu une atroce tragédie. La police de Pinochet a donné l’assaut à la maison où elle était réfugiée avec Miguel Enriquez, le leader du MIR, organisation de résistance armée à la dictature ; il était l’amour de sa vie ; elle était enceinte. Il a été tué après une heure de combat. Blessée par un éclat de grenade, Carmen a été jetée, ensanglantée, sur le trottoir. Son bébé ne survivra pas. La maison de la rue Santa Fe est le commencement et l’aboutissement de son film.


Et c’est un film. Pas un tract ni un manifeste. Un film de cinéaste. Elle filme le temps. Le long de la rue Santa Fe, paisible comme les avenues de province d’autrefois, elle filme le temps qui passe, à s’assoupir sur les marches d’un perron, à jeter un coup d’oeil par la serrure d’un portail, à s’inviter chez l’un, chez l’autre, parmi un désordre de casseroles et de bébés, à traîner à l’ombre des marronniers ( ?). Il y a un art subtil de la lenteur chez Carmen Castillo, comme pour contenir la précipitation nerveuse qui habite tous les militants, et le principe d’accélération du monde où nous vivons. Il est l’ennemi de la pensée. 


La lenteur est son amie.

Le film de Carmen Castillo est une machine à montrer comment marchent les têtes des révolutionnaires d’aujourd’hui. Il transforme dans le langage propre du cinéma la conscience de ceux qui n’ont pas renoncé à travailler dans le noyau dur de l’histoire. Il soumet leurs défaites successives à la férocité du regard froid de la raison et du regard brûlant de la passion. Cela nous concerne infiniment, n’est-ce pas ? Et au final, n’avons-nous à transmettre que des récits de désastres ? Mais non. Nous transmettons ce que nous avons reçu : l’intelligence critique du monde.


C’est dire que le film de Carmen ne relève pas de ce que l’on appelle en littérature l’autofiction, cette sorte de grossesse nerveuse de la « lumpen-bourgeoisie », qui gémit dans les ténèbres de l’Occident, réduit à l’état de tête de gondole. Certes la réalisatrice se met en scène et se met en images, au cours de sa recherche du temps perdu : mais ce n’est ni narcissisme ni exhibitionnisme. Parce que l’histoire ne se déroule pas seulement dans le ciel des idées pures et dans l’algèbre des nombres - les masses, comme on dit... Elle traverse les corps, elle prend visage, elle s’insinue dans les nappes phréatiques de l’être, elle se faufile dans les mondes intimes, elle ronge les saintes familles, elle assiège les inconscients. « Il faut faire quelque chose de ce que la société a fait de nous », disait Sartre. Carmen Castillo l’a fait. Nous aussi. Et maintenant ?


Maintenant quand l’exilée est rentrée au Chili il y a deux ans, elle a été suffoquée. « Je me suis sentie profondément illégitime. Il n’y avait plus rien. » Elle veut dire : il n’y avait plus rien de l’énorme mouvement social, politique, intellectuel, culturel qui avait surgi à la sortie de la dictature. Plus rien, le Chili cassé. En quatre ans, l’ultralibéralisme a fait à fond son travail dans le laboratoire chilien. Alors tout ça pour en arriver là ? La question hante chaque image, chaque document, chaque scène, chaque dialogue du film. Tout ça - les rêves, les chants, les drapeaux, les victoires, les débâcles, les cris, les morts, le sang... - Tout ça pour rien ? Tout ça, dont la mort de Miguel, son amour, pour rien ? Étrange découverte que va faire Carmen en tournant le film : un voisin de la maison cernée autrefois par les policiers lui raconte qu’il a aperçu Miguel au bout de la rue, qui semblait avoir échappé au piège mortel, et puis qui fait demi-tour, qui s’occupe de sa compagne blessée, qui la met à l’abri derrière un meuble, et qui se bat jusqu’à la mort. « La nature est historique et l’histoire est naturelle », écrivait Marx. L’homme relève de la seule espèce animale qui fait sa propre histoire. Tout est historique, on n’a pas le choix. L’histoire nous traverse de part en part.


« Au MIR, nous étions à la fois léninistes et libertaires, Oulianov plus Freud et Reich », dit Carmen. J’ajoute en riant : et un peu staliniens sans Staline. « La transmission a été ratée. Il y a des mots que je n’osais plus utiliser : le mot lutte, ou le mot révolution. Ils ont été corrompus par la modernité. Contaminés, brouillés, salis. Il faut les nettoyer. Malgré l’écrasante figure du terrorisme, malgré tous les stigmates qui affectent le mot révolutionnaire, je crois qu’il est toujours vivant. » Et les mots pèsent lourd dans l’histoire. Ils doivent être maniés avec beaucoup de soin, de scrupule et d’intelligence. L’esprit des mots survit très longtemps à l’usage, dogmatique, académique, ou même criminel, qui en a été fait.


L’esprit de la révolution, par exemple. Il hante Rue Santa Fe.


Claude Cabanes

«Arauco tiene una pena»

Répression du mouvement social au Chili : « Arauco tiene una pena »


par Rodrigo Sáez, Marisol Facuse

La province d’Arauco, située dans la région de Biobio au sud du Chili, a vécu pendant des années une profonde crise économique et sociale suite à la fermeture des mines de charbon dans les années 90. Au mois de mai 2007, dans cette province, un attentat honteux contre les droits de l’homme et des travailleurs a été commis : Rodrigo Cisternas, ouvrier forestier de 26 ans, a été assassiné par les forces policières. Il faisait partie des 5 000 salariés de l’entreprise forestière Bosques Arauco, mobilisés depuis 45 jours pour exiger une augmentation de salaire et des conditions de travail plus dignes.

L’entreprise Bosques Arauco est le plus grand propriétaire terrien de la région. Les terres que l’entreprise occupe l’ont souvent amenée à être en conflit avec les communautés d’indiens mapuches. Son propriétaire, Anacleto Angelini, est un des hommes les plus riches du Chili et du monde, il figure à la 119e place de la liste Forbes [liste des hommes les plus riches, ndlr], avec une fortune estimée à 6 milliards de dollars. Le développement de cette entreprise a été possible grâce au décret de loi 701, promulgué en 1974 par la dictature militaire qui a favorisé l’arrivée de l’industrie forestière sur le territoire mapuche en donnant des subventions et des terres aux investisseurs. A l’heure actuelle, l’entreprise forestière Arauco possède une rentabilité de plus de 600 millions de dollars par an - soit, presque deux millions de dollars par jour. La répartition de ces gains aux travailleurs par le biais de leur salaire s’élève à moins de 1% du total de ses bénéfices. Le contraste est d’autant plus déroutant entre les conditions de travail des ouvriers forestiers de l’entreprise d’Angelini et les exorbitants bénéfices de son patron. Le salaire de base des travailleurs est de 60 000 pesos (environ 82 euros).

Le code du travail chilien, héritage de la dictature, empêche les travailleurs de s’organiser ensemble et de négocier leurs revendications par secteur de production. Il oblige chaque syndicat propre à chaque entreprise à négocier ses revendications d’une façon indépendante, même s’il s’agit d’un même patron. Il accorde aux entreprises la possibilité de sous-traiter leurs services et ainsi d’employer indirectement des personnes dans des conditions encore plus précaires. Les travailleurs de Bosques Arauco ont réussi à briser cette logique de division des intérêts collectifs et ils sont arrivés à s’organiser entre les travailleurs en contrat direct avec Bosques Arauco et les travailleurs en contrat de sous-traitance en un seul front commun. Ils ont décidé de faire une grève indéfinie de toutes leurs activités, sur la base de revendications qu’ils avaient résumé en 23 points. L’entreprise a été obligée de négocier, donnant son accord sur 21 de ces revendications, mais elle refusait les exigences se référant aux salaires. Ce désaccord motiva les travailleurs à continuer la grève et leur mobilisation.

Quel a été le « crime » commis par ce travailleur ?

A partir du 1er mai, 5 000 travailleurs commencèrent une manifestation pacifique en face de l’entreprise Bosques Arauco. Le 3 mai, vers 19 h30, les forces policières qui s’étaient concentrées en grand nombre dans la zone de la mobilisation, déclenchèrent une violente répression. Un contingent de policiers venus de toute la région participa à l’opération. La police commença à tirer des balles en caoutchouc sur les travailleurs, qui étaient désarmés, et à lancer du gaz lacrymogène. Des voitures qui servaient aux travailleurs pour se déplacer furent détruites durant la répression. Une dizaine de travailleurs furent blessés, et l’un d’entre eux perdit un oeil. L’ouvrier Rodrigo Cisternas essaya de réagir pour défendre ses collèges, il monta dans un tractopelle - son outil de travail - pour empêcher les voitures de police de continuer à s’approcher. Il renversa le char lance à eau pour éviter plus de répression. A ce moment-là, une dizaine de policiers commencèrent à tirer avec des armes automatiques à balles réelles sur le corps de l’ouvrier. Rodrigo Cisternas est mort sur sa machine de travail transpercé de trois balles.

La réaction du gouvernement

Le gouvernement a tenté de justifier inutilement le crime et l’action répressive de la police en essayant de culpabiliser les propres travailleurs, dans une logique de criminalisation de la mobilisation sociale. Le gouverneur de la province d’Arauco, Alvaro Rivas, a justifié la répression et l’assassinat du jeune travailleur en disant que « la police a été obligée d’appliquer la loi ». Le Secretario de prensa (chargé de communication du gouvernement), Ricardo Lagos Weber (fils de l’ex-président Ricardo Lagos), a essayé d’éluder la responsabilité de l’Etat en argumentant qu’il s’agit « d’une affaire entre particuliers ». Nous pourrions donc nous poser la question de pourquoi les pouvoirs publics ont utilisé les forces répressives pour inhiber ce conflit ? La police, pour sa part, a affirmé avoir reçu des instructions précises de la part du ministre de l’Intérieur pour « agir avec fermeté ». Le ministre de l’Intérieur, lui-même, n’a pas contredit ces affirmations et soutient que « la réaction de la police à Arauco a été l’accomplissement de ses devoirs, ils ont l’obligation de faire face à tout délit flagrant ou toute altération de l’ordre public, c’est à dire agir en accord avec les réglementations et c’est cela qui a été fait ».

Un triste centenaire

En 1907 a eu lieu au Nord du Chili le massacre d’ouvriers du salpêtre, dans l’Ecole Santa Maria d’Iquique. Des milliers de travailleurs avaient été assassinés par l’armée chilienne lors d’une grève pour défendre leurs droits. Cent ans après, on observe avec tristesse que les ouvriers doivent continuer à se battre pour faire valoir leurs revendications au péril de leur vie face aux forces répressives d’un Etat qui valorise plus les intérêts des capitaux privés que la vie des plus démunis. Suite à la mort de Rodrigo Cisternas l’entreprise Bosques Arauco a décidé d’accepter la totalité des revendications des salariés. Les habitants de la région ont participé massivement à ses funérailles. Sur un grand panneau, on pouvait lire le vers d’une chanson de Victor Jara qui disait : «Rodrigo est mort pour vivre, il y a cent mille Rodrigo prêts à combattre».

« Arauco tiene una pena » est le titre d’une chanson de Violeta Parra.

mercredi, mai 23, 2007

Michèle Bachelet s'attaque aux réformes sociales

(De Santiago du Chili.) Lors du traditionnel message du président de la République au Congrès, lundi 21 mai, Michelle Bachelet a cherché à conjurer la crise que traverse son gouvernement à coups de mesures sociales. Au plus bas dans les sondages, notamment à cause du mécontentement grandissant des habitants de Santiago face au nouveau système de transports urbains, la Présidente a délié les liens de la bourse pour mettre en oeuvre les réformes sociales qui étaient la base de ses promesses électorales.

Et pour financer ces réformes, "la Michelle", comme on l'appelle au Chili, a décidé de rompre (en partie) avec la pratique de l'excédent budgétaire que ses prédécesseurs à La Moneda, le Palais présidentiel, avaient rigoureusement respecté depuis l'accès au pouvoir de la Concertation, la coalition de centre gauche qui dirige le pays depuis la fin de la dictature.

Dès 2008, l'Etat chilien ne mettra de coté que 0,5% du PIB national, contre 1% aujourd'hui. Une modification qui permettra de dégager annuellement près de 700 millions d'euros. Une manne que la "chica superpoderosa" (la fille superpuissante) entend redistribuer à ceux qui en ont le plus besoin, et qui constituent la base de son électorat.

Premier secteur à bénéficier de cette nouvelle donne, l'éducation. 600 millions d'euros y devraient être affectés, portant à 3,7 milliards d'euros l’enveloppe destinée à l'amélioration du système éducatif. Une mesure qui fait écho à la "révolte des pingouins", lorsque les lycéens et étudiants du pays ont mené une grève de plus d'un mois en mai 2006 pour réclamer une éducation publique de meilleure qualité, et plus équitable.

Autre point fort : la création d'un régime solidaire de retraite, touchée par tous, y compris ceux qui n'ont pas cotisé, et d'une retraite minimum d'un peu plus de 100 euros par mois. La santé, sujet cher à la Présidente, pédiatre de formation, devrait aussi bénéficier d'une rallonge, avec la construction annoncée de 8 hôpitaux et de 42 cabinets médicaux publics à travers le pays. Dans le même temps, le nombre de pathologies couvertes par le Plan Auge, sorte de CMU locale, passera de 56 à 80.

Mais Michelle Bachelet n'a pas seulement pris des engagements financiers pour son pays. Depuis son accession au pouvoir, en mars 2006, la Présidente a fait de la défense des Droits de l'Homme une priorité. Fille d'un général assassiné par Pinochet, elle-même détenue et torturée dans l'un des centres les plus durs de la capitale chilienne, Mme Bachelet a annoncé la ratification par le Chili du traité de Rome créant le Tribunal Pénal International, ainsi que la création d'un jour national du détenu disparu (le 30 août), d'une nouvelle loi d'indemnisation des victimes de la dictature, et d'un Musée de la Mémoire.

Reste à savoir si ces promesses se concrétiseront, et surtout si elles auront les effets escomptés, notamment en termes d'opinion. Les prochaines élections municipales, début 2008, devraient fournir un premier élément de réponse à la Présidente.

CHILI CON LARMES




Un certain regard. Dans «Calle Santa Fe», un documentaire pudique mais bouleversant, Carmen Castillo raconte à la fois son drame personnel et un pan de l'histoire du Chili, celle du putsch de Pinochet.  Santa Fe (Rue Santa Fe) documentaire de Carmen Castillo. 2 h 40. Sortie prévue à l'automne.
Par Olivier SEGURET

elle était historienne, mais c'est justement l'histoire, la grande, la tragique, qui l'a rendue cinéaste, plus particulièrement documentariste, même s'il lui aura fallu plus de trente ans pour trouver la force de tourner la plus proche et toujours brûlante des histoires : la sienne. Carmen Castillo est ainsi retournée au Chili, qui l'a vu naître et qui faillit la voir mourir, ce 5 octobre 1974, dans la rue Santa Fe, qui traverse un faubourg populaire de Santiago. Elle était enceinte, tomba dans le coma, perdit tout son sang. Au réveil, à l'hôpital, l'enfant qu'elle portait était mort et le père de celui-ci aussi : Miguel Enriquez, chef de la toute fraîche résistance clandestine à la dictature de Pinochet, son fier et beau compagnon, dont elle ne se console pas, aujourd'hui encore, d'avoir perdu la compagnie.

Retenue et entêtée. Le long travail entrepris par Carmen Castillo pour reconstituer les circonstances de cette catastrophe personnelle superposée à une catastrophe politique est de ceux que l'on n'oublie pas. Avec une patience retenue et entêtée, elle collecte d'innombrables témoignages qui n'ont pas pour seule ambition d'honorer les morts mais au contraire d'édifier les vivants.


Ne pas s'imaginer pour autant que Calle Santa Fe ne carburerait qu'au chantage politico-affectif. C'est à l'inverse avec une terrible pudeur que la cinéaste enveloppe les témoignages les plus bouleversants, ne s'y attardant jamais, les absorbant illico dans son magnifique regard, les enchâssant tout aussi vite dans la longue théorie d'éclats humains qui sont autant d'anneaux vertébraux et qui font tenir son film fièrement, droitement, debout. Evidemment, entendre la mère de deux fils morts, Rafael et Eduardo, assassinés en pleine jeunesse et en pleine rue par les putschistes, expliquer comment ses enfants lui ont «beaucoup appris», et même, dit-elle, l' «ont fait mûrir» pourrait suffire à tirer les plus chaudes larmes à n'importe quel coeur. Mais Carmen Castillo ne s'en contente pas, et c'est l'une des grandes noblesses de son film. Elle pousse l'honnêteté jusqu'à se remettre en cause elle-même, jusqu'à interroger cette pulsion morbide qui lui fait ressasser le passé et jusqu'à accepter, finalement, la critique juste, mais sévère, de la jeunesse chilienne d'aujourd'hui, qui entend mener par elle-même ses propres combats. C'est beau, l'héroïsme, mais est-ce bien utile ?


Soin méticuleux. Certes, Calle Santa Fe n'est pas un clip ni un de ces «petits sujets» pour le 20 heures . Il dure 2 h 40 et il y aurait une vraie indécence à s'en plaindre, compte tenu du soin méticuleux que la réalisatrice emploie à balayer la totalité du spectre de la société chilienne de l'époque et d'aujourd'hui. On n'a de toute façon pas le temps de s'ennuyer : l'émotion, la rage, l'incrédulité et l'empathie ne cessent de rebondir l'une sur l'autre, donnant au film sa progression ascensionnelle. Un mot sur la cinéaste, puisqu'elle se filme elle-même filmant les autres, jusque dans les reflets d'un miroir parfois. On voudrait rendre justice et hommage à sa figure superbe, à son incurable et charismatique amertume, à son beau sourire triste... A tous points de vue : quelle femme!

Rue Santa Fe, le 5 octobre 1974, dans les faubourgs de Santiago du Chili, Carmen Castillo est blessée et son compagnon, Miguel Enriquez, chef du MIR et de la Résistance contre la dictature de Pinochet, meurt au combat. C'est le point de départ de "Rue Santa Fe", voyage sur les lieux du présent. Tous ces actes de résistance vallaient-ils la peine? Miguel, est-il mort pour rien? Au fil des rencontres, avec la famille, les voisins de la rue Santa Fe, les camarades, leurs vies, leurs visages, Carmen Castillo parcourt un chemin, qui va de la clandestinité a l'exil, des jours lumineux d'Allende aux longues années sombres de la dictature, avec tous ceux qui ont résisté à cette époque et ceux qui résistent encore aujourd'hui. Se tisse l´histoire d'une génération de révolutionnaires et celle d'un pays brisé. La quête du sens de ces vies engagées nous conduira dans les sous-sols d'un pays amnésique où les morts ne sont pourtant pas morts et où les jeunes inventent, une nouvelle fois, un rêve

mardi, mai 22, 2007

CALETA TORTEL - Photos de Camille Fuzier


Décrire Tortel en peu de lignes est impossible; il faudrait raconter comme la pluie tombe pendant des jours, des semaines, des mois ; comme le village devient alors une cascade géante. Il faudrait évoquer les petits matins et les après-midi au son des crépitements du feu, les regards et les silences d’un grand-père pionnier dont la seule présence raconte plus de mille histoires. Il faudrait aussi décrire le vent de l’est et les tempêtes qu’il amène sur les côtes, et le froid de l’hiver, qui pétrifie les mains au fond des poches. Ou dire les visages, tannés par le vent et une vie de sacrifices, s’illuminant soudain pour une blague ou un rire. Raconter, enfin, comme la nature majestueuse trace les vies de ces gens. Même si tout cela était écrit, mes mots resteraient loin de la vérité, voilà pourquoi je préfère laisser les photos parler d’elles-mêmes.
Camille Fuzier

lundi, mai 21, 2007

Spencer Tunick, Santiago de Chile, 2002.




La Présidente livre compte rendu annuel

Résoudre les problèmes du Transantiago, davantage de ressources en éducation et annulation de dettes pour quelques familles avec des hypothéqués sur l’habitation, font partie des annonces qu'a fait la Présidente Michelle Bachelet dans son compte public de ce 21 mai 2007. Le message avait produit des expectatives dans la classe politique pendant les jours préalables.

CARLOS DOURTHÉ, DU VIOLONCELLE À LA DIRECTION


Carlos Dourthé fut naguère violoncelle solo de l'Orchestre National de France.  À partir de septembre 2007, il sera l'un des assistants de Kurt Masur. Ce qui ne l'empêche pas, déjà, de mener une carrière de chef d'orchestre qui s'étoffe de mois en mois.
Carlos Dourthé, vous avez commencé le violoncelle à l’âge de dix ans...

— Oui, je suis né à Santiago du Chili et mon père, lui-même violoniste, avait joué au Pérou, au Luxembourg, au Mexique. C’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique et qui m’a aussi conseillé d’aller chercher des idées ailleurs. Grâce à un concours international de violoncelle où il y avait notamment, parmi les membres du jury, des personnalités du Conservatoire de Paris et de la Juilliard School, j’ai obtenu une bourse qui m’a permis d’entrer au CNSM de Paris où j’ai travaillé avec Bernard Michelin. Je me suis par la suite perfectionné avec Maurice Gendron.

Quel effet vous a fait Paris? Y étiez-vous déjà venu?

— Paris était pour moi un mythe, la Ville-lumière ! Avant de venir y perfectionner le violoncelle, je n’étais sorti du Chili qu’à deux reprises, pour me rendre aux États-Unis et à Porto Rico. Quand j’ai appris que j’avais décroché cette bourse, je suis d’abord allé à Bordeaux pour parfaire ma connaissance de la langue française, et à Paris, quelques mois plus tard, je me suis installé dans le XVIIIe, puis dans le XIIIe arrondissement. J’ai passé en tout quatre ans au Conservatoire, qui était alors installé rue de Madrid. Ces années ont été l’occasion de belles rencontres, les études étaient bien organisées, nous recevions les cours d’ensembles comme le Beaux-Arts Trio, le Quatuor Juilliard, le Quatuor Amadeus, et c’est là que j’ai fondé le Quatuor Ysaÿe en compagnie de l’altiste Miguel da Silva, et de Christophe Giovaninetti et Romano Tomasini. Je suis resté cinq ou six ans au sein du Quatuor Ysaÿe, puis je suis entré comme violoncelle solo au sein de l’Orchestre de Jean-François Paillard, avec lequel j’ai enregistré de nombreux disques et voyagé un peu partout en Europe, aux États-Unis, en Amérique du sud, au Japon...

Vous êtes toujours resté amoureux de votre instrument...

— Toujours ! J’ai toujours éprouvé une vraie joie à jouer du violoncelle, à la fois au sein d’un orchestre ou comme soliste. Je me souviens de ce Premier Concerto de Chostakovitch que j’ai interprété alors que j’étais violoncelle solo de l’Orchestre National, Salle Olivier Messiaen. Charles Dutoit dirigeait l’orchestre, j’avais entamé avec fougue le dernier mouvement, et tout à coup, patatras ! je brise une corde. Je me décourage pendant une seconde, puis je vois Hervé Derrien, mon collègue dans l’orchestre, me tendre son propre instrument. Je m’en empare, la pique glisse sur le sol, mais je me souviens parfaitement de ma partie et je termine le concerto avec son violoncelle. De pareilles aventures arrivent rarement mais elles vous marquent pour toujours !

Comment êtes-vous arrivé à Radio France?

— Je suis entré en 1988 à l’Orchestre National comme violoncelliste du rang puis, trois mois plus tard, comme violoncelle solo. Lorin Maazel était à l’époque directeur musical de l’orchestre. J’ai occupé ce poste jusqu’en 2000, année qui a marqué les débuts de mes problèmes neuro-musculaires. Les médecins ont diagnostiqué une «dystonie de fonction», mais n’ont guère réussi à trouver la cause profonde du mal, qui a commencé à se manifester par une faiblesse de l’annulaire de la main droite. Avec le temps, mon doigt s’est peu à peu consolidé, ce qui m’a permis de revenir dans l’orchestre comme violoncelle du rang. J’ai aussi appris à me ménager, et je me suis dit qu’il était possible, après tout, de faire de la musique sans jouer du violoncelle : en devenant chef d’orchestre, par exemple. C’est ainsi que j’ai repris contact avec mes amis chiliens et que j’ai pu diriger l’Orchestre du ministère de l’Éducation, à Santiago, dans la Sérénade de Dvorak et deux symphonies de Mozart. C’était en 2005. Depuis cette date, j’ai beaucoup dirigé au Chili et en Argentine.

Et très récemment, vous avez été choisi, avec trois autres jeunes chefs d’orchestre, pour être assistant de Kurt Masur...

— C’est un vrai privilège, qui prendra effet en septembre 2007. De plus, pour un chef d’orchestre, être violoncelliste du rang, c’est recevoir sans cesse des cours particuliers ! J’ai en projet de diriger en mars 2008 l’Orchestre National de Montpellier en formation de chambre, et j’aimerais à terme donner dix à quinze concerts par an et fonder mon propre orchestre. J’ai déjà trouvé les musiciens. Il n’y a plus qu’à mettre au point le cadre. Propos recueillis par Christian Wasselin

samedi, mai 19, 2007

Silvio Rodriguez à Talca

«Ils veulent dénaturer mon désir de chanter pour les peuples»

Le célèbre chanteur - compositeur Silvio Rodriguez a dénoncé l’interprétation que certains médias ont fait de sa proposition de se produire gratuitement à Talca, une ville chilienne située au sud de Santiago. Lors de sa dernière tournée dans la région, il y a quelques mois, il avait suspendu un concert devant avoir lieu dans cette ville, en signe de solidarité avec les personnes qui avaient dénoncé le prix excessivement élevé des entrées (entre 80 et 110 dollars). Même si les personnes ayant acheté des places ont été remboursées, des avocats de la ville ont émis une plainte devant les tribunaux. Voici une déclaration de l’artiste cubain au sujet de cette affaire: À LA POPULATION DE TALCA, AU CHILI: «La plaidoirie de défense du Dr. Eduardo Contreras a montré clairement que je n’ai commis aucune infraction et qu’à aucun moment je n’ai voulu blesser la population de Talca. Cependant, une certaine presse s’est empressée de faire comme si j’avais cherché un prétexte pour annuler le concert. Ils veulent dénaturer mon désir profond de chanter pour les peuples, comme si ma demande de concert gratuit faite à la présidence chilienne, avant la suspension du concert, comme c’est mon habitude dans ce genre de situation, pouvait passer pour une sorte de justification pour annuler le concert. Ils essaient de faire croire que mon insistance à chanter gratuitement, exprimée lors du jugement par mon avocat, était une sorte de contrition pour avoir suspendu le concert.»De quoi devrais-je me repentir? Avoir refusé de donner un concert dont le prix d’entrée était prohibitif, en sachant que ce serait dans une des zones les plus pauvres du Chili, dans un théâtre pour 1 000 personnes?» Je voudrais que ce soit clair : je ne vais pas transiger. Je n’ai pas l’habitude de tergiverser en faisant des simagrées, comme ceux qui, tout d’un coup, voudraient être quelqu’un d’autre, et ce n’est pas maintenant que cela va changer. Au contraire, je suis d’accord avec ce que je représente, même si je suis à contre-courant. Je sens que je chante avec Victor Jara, que j’aime Violeta Parra, que j’admire Manuel Rodriguez, le guérillero assassiné à Tiltil. C’est eux qui sont mes plus proches parents au Chili et qui symbolisent mon arche d’alliance. Je comprends que du fait que je ne veuille trahir ni Cuba ni le Chili, certains de là-bas ou d’ailleurs, me veuillent du mal et agissent en conséquence en espérant me blesser. Mais des forces colossales n’ont pu me déposséder de Cuba et personne ne me chassera du Chili.» Je reviendrai à Talca quand je pourrais disposer des ressources logistiques pour donner le concert que méritent ceux qui voulaient m’écouter mais qui ne pouvaient se payer les entrées si chères. Je chanterai pour ceux qui, après avoir acheté les entrées, se sont retrouvés sans concert…et préfèrent ne pas m’accuser. Je ne ferai rien de tout ça en signe de pénitence, mais parce que mes chansons sont nées au sein de gens comme vous et que, quand vous m’écoutez, elles se sentent en famille.»
«Merci et à bientôt»
Silvio Rodriguez Dominguez, La Havane, 15 mai 2007.

vendredi, mai 18, 2007

MAGDALENA MATTHEY En concert


«Cette auteur compositeur de musique latino-américaine est actuellement en tournée en Europe pour nous présenter son dernier album
MAŇANA SERA OTRO DIA,
prix Victoire de la musique Chilienne 2006»

Invité speciale Mariela GONZALEZ (Victoire de la musique chilienne 2003)

THEATRE DE L'EPEE DE BOIS

Cartoucherie

Dans le cadre de "Los lunes-lunas de l’Epée de Bois"

Lundi 28 mai 2007 à 20h30


Location : Du mardi au samedi de 12h00 à 19h00
par téléphone au 01 48 08 39 74
Prix des places : 9€ tarif unique avec une consommation
Accueil : Accès aux personnes handicapées
Bar: une heure avant le début du spectacle
Moyens d'accès :
En voiture : Porte de Vincennes, Château de Vincennes, direction Joinville, suivre panneaux.
Métro : Château de Vincennes, puis autobus 112 arrêt "Cartoucherie".

DOCU HISTORIQUE CENSURÉ

À LIMA (PHOTO), UNE MODÈLE A PROTESTÉ CONTRE 
LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DU CHILI ENVERS SON PAYS.


Au Chili, on s’attendait à une vive polémique, peut-être même à une montée des tensions diplomatiques avec le voisin péruvien. C’est dire. Deux épisodes plus tard, on n’en parle déjà pratiquement plus. Le documentaire fiction Epopée : la guerre du Pacifique n’a provoqué qu’une vive curiosité lors de la diffusion de son premier épisode, puis un quasi désintérêt pour le deuxième.

Produit à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance chilienne, le documentaire, en trois parties, retrace la guerre qui oppose le pays au Pérou et à la Bolivie à la fin du XIXe. Une guerre qui a fixé les frontières entre les trois pays, sujet de controverse depuis cent vingt-huit ans. «Le documentaire n’est ni un éloge ni une version chilienne de la guerre, souligne Patricio Polanco, producteur. Au contraire, notre pari, c’était de confronter pour la première fois à la télé notre vision historique à celles de nos voisins, sans parti pris. Nos histoires sont à ce point différentes qu’on méconnaît jusqu’aux héros de guerre des pays voisins.» Le film donne la parole aux historiens, aux militaires et aux anonymes des trois pays. Il montre l’enseignement dans les écoles, raconte comment il continue parfois d’alimenter la haine nationaliste.

Pari gagné, le documentaire a même réussi à faire l’unanimité à gauche comme à droite au Chili, et auprès de la presse péruvienne et bolivienne. Et par engendrer une seule question : «Pourquoi a-t-il été censuré ?» Car, le 11 mars, trois jours avant la diffusion du premier épisode sur TVN, la direction de la chaîne le «reporte à une date ultérieure». Tout le monde crie à la censure, jusqu’à la ministre de la Culture.

Quelques jours avant, l’ambassadeur péruvien au Chili fait part de sa préoccupation. Refus de la chaîne de modifier sa programmation. Bientôt, c’est le ministre des Affaires étrangères, Alejandro Foxley, qui s’en mêle. Et demande le report du documentaire «pour raisons d’Etat». Même si aucun d’eux ne l’a vu. La direction de la chaîne finit pourtant par reporter la diffusion «dans l’année». La date sera bientôt fixée au 5 mai, après quelques modifications.

Pourtant, TVN est censée être indépendante. Ses statuts, définis au lendemain de la dictature, sont formels. Si TVN est perméable aux pressions politiques, c’est parce que sa direction est composée d’hommes politiques. Le président, Francisco Vidal, ministre de l’Intérieur sous le précédent gouvernement, a été nommé par la présidente de la république, Michelle Bachelet. Les six autres membres sont élus par le Sénat sur liste établie par la Présidente.

Dans le paysage audiovisuel chilien, TVN fait figure de chaîne pluraliste. « Une chaîne nécessaire, souligne Claudia Lagos, journaliste de l’institut Ipsys, qui publie un rapport annuel sur la censure au Chili, quand toutes les autres, privées, pèchent par sectarisme. Elles appartiennent à l’église, à Sebastian Piñera [entrepreneur de droite, opposant politique de Bachelet, ndlr], à Ricardo Claro (Opus Dei). » Peut-être serait-il temps pour Michelle Bachelet de changer le mode d’élection de la direction de TVN?

jeudi, mai 17, 2007

PAPELUCHO




Papelucho, le petit garçon préféré de quatre générations de Chiliens débarque aujourd'hui au cinéma dans Papelucho y el Marciano. Une adaptation du livre pour enfant, à l'occasion des 60 ans du garçon qui a toujours neuf ans


Il porte très bien ses 60 ans. Papelucho est resté cet éternel petit garçon chilien de 9 ans, tête d'ange, cheveux bruns ébouriffés, espiègle, ingénu et malin, dont des générations d'enfants ont dévoré les aventures. Le voilà sur grand écran dans Papelucho y el Marciano, inspiré de l'une des histoires écrite en 1968, par sa "mère" et créatrice, Marcela Paz. Alejandro Rojas, qui a déjà connu un grand succès au Chili, pour son film d'animation Ogù Mampato en Rapa Nui (L’Ile enchantée, en 2002), s'est chargé d'adapter le personnage pour le cinéma. Ici Papelucho, toujours en quête de nouvelles aventures, décide de capturer un martien pour l'étudier, et devient son ami. Les "chilénismes" sont tels que dans les livres originaux, interprétés par un enfant de 8 ans. Cent cinquante personnes ont travaillé sur le film pour reproduire le plus fidèlement possible l'univers de Papelucho. Crée dans les années 1947 par l'écrivaine chilienne Marcela Paz (Esther Huneeus de son vrai nom) le personnage a bercé plus de quatre générations de chiliens. Près de 12 histoires dans lesquelles Papelucho (prénom qui vient du surnom du mari de Marcela "Pepe Lucho") part à la rencontre des hippies, joue au détective, apprend l'histoire nationale et fait enrager sa Nana. Ses aventures ont un succès national et international. Au Chili il fait partie des lectures obligatoires à l'école. Il a été traduit en français, grec, russe, et japonais. Ce succès a été couronné en 1982 par le premier prix national de littérature chilienne, attribué à Marcela Paz pour son rôle dans la littérature jeunesse. Joyeux anniversaire Pour son anniversaire, Papelucho va recevoir de nombreux cadeaux. Les héritiers de Marcela Paz, Paula et Raúl Claro Huneeus, travaillent en ce moment à une publication posthume de Papelucho le docteur, dans laquelle le personnage se voit confronté au diabète, une maladie dont souffrait l'auteure. Une exposition est également à l'affiche : "60 ans à côté de Papelucho". Elle réunit des illustrations, des photos et différentes éditions des livres (environ 15 au Chili et 7 dans le reste du monde) à la « Casa Lo Matta » (avenue Kennedy 9350) du 23 mai au 3 juin. Un concours va également être lancé par le ministère de l'éducation ces prochains jours dans les écoles de tout le pays. Certaines se sont déjà organisées comme les écoles municipales de la Granja (commune de Santiago) où chaque enfant devra écrire une aventure avec le personnage. Enfin un livre de la journaliste Ana Marà Larraìn, sur la vie et l'œuvre de Marcela Paz sortira en fin d'année.


mercredi, mai 16, 2007

LA LETTRE D'ADIEU DE GUY MÔQUET

Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,


Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable, je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.

Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime.
Guy

Voir
:
Les usages de l'histoire dans le discours public de Nicolas Sarkozy

«Benoît, mon frère, change ton regard»

(À mon frère Benoît XVI) — Je t’adresse cette lettre parce que j’ai besoin de communiquer avec le pasteur de l’Église catholique et qu’il n’existe aucun canal de communication pour te rejoindre. Je m’adresse à toi comme à un frère dans la foi et dans le sacerdoce, puisque nous avons reçu en commun la mission d’annoncer l’Évangile de Jésus à toutes les nations.
Je suis prêtre missionnaire québécois depuis 45 ans; je me suis engagé avec enthousiasme au service du Seigneur à l’ouverture du Concile œcuménique de Vatican II. J’ai été amené à un travail de proximité dans des milieux particulièrement pauvres: dans le quartier Bolosse à Port-au-Prince, sous François Duvalier, puis parmi les Quichuas en Équateur, et, enfin, dans un quartier ouvrier de Santiago au Chili durant la dictature de Pinochet.
À la lecture de l’Évangile de Jésus durant mes études secondaires, et j’ai été impressionné par la foule des pauvres et des éclopés de la vie dont s’entourait Jésus, alors que les nombreux prêtres qui nous accompagnaient dans ce collège catholique ne nous parlaient que de morale sexuelle. J’avais 15 ans.
Mélange erroné de foi et de politique?
Dans l’avion qui t’amenait au Brésil, tu as une fois de plus condamné la théologie de la libération comme un faux millénarisme et un mélange erroné entre Église et politique. J’ai été profondément choqué et blessé par tes paroles. J’avais déjà lu et relu les deux instructions que l’ex-cardinal Ratzinger avait publiées sur le sujet. On y décrit un épouvantail qui ne représente en rien mon vécu et mes convictions. Je n’ai pas eu besoin de lire Karl Marx pour découvrir l’option pour les pauvres. La Théologie de la libération, ce n’est pas une doctrine, une théorie; c’est une manière de vivre l’Évangile dans la proximité et la solidarité avec les personnes exclues, appauvries.
Il est indécent de condamner ainsi publiquement des croyants qui ont consacré leur vie — et nous sommes des dizaines de milliers de laïcs, de religieuses, religieux, prêtres venus de partout à avoir suivi le même chemin. Être disciple de Jésus, c’est l’imiter, le suivre, agir comme il a agi. Je ne comprends pas cet acharnement et ce harcèlement à notre égard. Juste avant ton voyage au Brésil, tu as réduit au silence et congédié de l’enseignement catholique le père Jon Sobrino, théologien engagé et dévoué, compagnon des Jésuites martyrs du Salvador et de monseigneur Romero. Cet homme de 70 ans a servi avec courage et humilité l’Église d’Amérique latine par son enseignement. Est-ce une hérésie de présenter Jésus comme un homme et d’en tirer les conséquences?
J’ai vécu la dictature de Pinochet au Chili dans une Église vaillamment guidée par un pasteur exceptionnel, le cardinal Raúl Silva Henriquez. Sous sa gouverne, nous avons accompagné un peuple épouvanté, terrorisé par des militaires fascistes catholiques qui prétendaient défendre la civilisation chrétienne occidentale en torturant, en séquestrant, en faisant disparaître et en assassinant. J’ai vécu ces années dans un quartier populaire particulièrement touché par la répression, la Bandera.
Oui, j’ai caché des gens, oui, j’en ai aidé à fuir le pays, oui, j’ai aidé les gens à sauver leur peau, oui, j’ai participé à des grèves de la faim. J’ai aussi consacré ces années à lire la bible avec les gens des quartiers populaires : des centaines de personnes ont découvert la Parole de Dieu et cela leur a permis de faire face à l’oppression avec foi et courage, convaincu que Dieu les accompagnait.
J’ai organisé des soupes populaires et des ateliers artisanaux pour permettre à des ex-prisonniers politiques de retrouver leur place dans la société. J’ai recueilli les corps assassinés à la morgue et je leur ai donné une sépulture digne d’êtres humains. J’ai promu et défendu les droits de la personne au risque de mon intégrité physique et de ma vie. Oui, la plupart des victimes de la dictature étaient des marxistes et nous nous sommes faits proches parce qu’ils et elles étaient nos semblables. Et nous avons chanté et espéré ensemble la fin de cette ignominie. Nous avons rêvé ensemble de liberté.
Est-ce si loin de Jésus ?
Qu’aurais-tu fait à ma place? Pour lequel de ces péchés veux-tu me condamner, mon frère Benoît? Qu’est-ce qui t’indispose tellement dans cette pratique. Est-ce si loin de ce que Jésus aurait fait dans les mêmes circonstances. Comment penses-tu que je me sente lorsque j’entends tes condamnations répétées ? J’arrive comme toi à la fin de mon service ministériel et je m’attendrais à être traité avec plus de respect et d’affection de la part d’un pasteur. Mais tu me dis : «Tu n’as rien compris à l’Évangile. Tout cela c’est du marxisme! Tu es un naïf.» N’y a-t-il pas là beaucoup d’arrogance?
Je rentre du Chili où j’ai revu mes amis du quartier après 25 ans; ils étaient 70 à m’accueillir en janvier. Ils m’ont accueilli fraternellement en me disant : «Tu as vécu avec nous, comme nous, tu nous as accompagné durant les pire années de notre histoire. Tu as été solidaire et tu nous as aimé. C’est pourquoi nous t’aimons tant ! Et ces mêmes travailleurs et travailleuse me disaient : nous avons été abandonnés par notre Église. Les prêtres sont retournés dans leurs temples; ils ne partagent plus avec nous, ne vivent plus parmi nous.»
Au Brésil, c’est la même réalité : durant 25 ans, on a remplacé un épiscopat engagé auprès des paysans sans terres, des pauvres dans les favelas des grandes villes par des évêques conservateurs qui ont combattu et rejeté les milliers de communautés de base, où la foi se vivait au ras de la vie concrète. Tout cela a provoqué un vide immense que les Églises évangéliques et pentecôtistes ont comblé : elles sont restées au milieu du peuple et c’est par centaine de milliers que les catholiques passent à ces communautés.
Cher Benoît, je te supplie de changer ton regard. Tu n’as pas l’exclusivité du Souffle divin; toute la communauté ecclésiale est animée par l’Esprit de Jésus. Je t’en prie, remise tes condamnations; tu seras jugé bientôt par le Seul autorisé à nous classer à droite ou à gauche, et tu sais autant que moi que c’est sur l’amour que notre jugement aura lieu. Fraternellement. Claude Lacaille Prêtre des Missions étrangèresTrois-Rivières