samedi, mai 19, 2007

Silvio Rodriguez à Talca

«Ils veulent dénaturer mon désir de chanter pour les peuples»

Le célèbre chanteur - compositeur Silvio Rodriguez a dénoncé l’interprétation que certains médias ont fait de sa proposition de se produire gratuitement à Talca, une ville chilienne située au sud de Santiago. Lors de sa dernière tournée dans la région, il y a quelques mois, il avait suspendu un concert devant avoir lieu dans cette ville, en signe de solidarité avec les personnes qui avaient dénoncé le prix excessivement élevé des entrées (entre 80 et 110 dollars). Même si les personnes ayant acheté des places ont été remboursées, des avocats de la ville ont émis une plainte devant les tribunaux. Voici une déclaration de l’artiste cubain au sujet de cette affaire: À LA POPULATION DE TALCA, AU CHILI: «La plaidoirie de défense du Dr. Eduardo Contreras a montré clairement que je n’ai commis aucune infraction et qu’à aucun moment je n’ai voulu blesser la population de Talca. Cependant, une certaine presse s’est empressée de faire comme si j’avais cherché un prétexte pour annuler le concert. Ils veulent dénaturer mon désir profond de chanter pour les peuples, comme si ma demande de concert gratuit faite à la présidence chilienne, avant la suspension du concert, comme c’est mon habitude dans ce genre de situation, pouvait passer pour une sorte de justification pour annuler le concert. Ils essaient de faire croire que mon insistance à chanter gratuitement, exprimée lors du jugement par mon avocat, était une sorte de contrition pour avoir suspendu le concert.»De quoi devrais-je me repentir? Avoir refusé de donner un concert dont le prix d’entrée était prohibitif, en sachant que ce serait dans une des zones les plus pauvres du Chili, dans un théâtre pour 1 000 personnes?» Je voudrais que ce soit clair : je ne vais pas transiger. Je n’ai pas l’habitude de tergiverser en faisant des simagrées, comme ceux qui, tout d’un coup, voudraient être quelqu’un d’autre, et ce n’est pas maintenant que cela va changer. Au contraire, je suis d’accord avec ce que je représente, même si je suis à contre-courant. Je sens que je chante avec Victor Jara, que j’aime Violeta Parra, que j’admire Manuel Rodriguez, le guérillero assassiné à Tiltil. C’est eux qui sont mes plus proches parents au Chili et qui symbolisent mon arche d’alliance. Je comprends que du fait que je ne veuille trahir ni Cuba ni le Chili, certains de là-bas ou d’ailleurs, me veuillent du mal et agissent en conséquence en espérant me blesser. Mais des forces colossales n’ont pu me déposséder de Cuba et personne ne me chassera du Chili.» Je reviendrai à Talca quand je pourrais disposer des ressources logistiques pour donner le concert que méritent ceux qui voulaient m’écouter mais qui ne pouvaient se payer les entrées si chères. Je chanterai pour ceux qui, après avoir acheté les entrées, se sont retrouvés sans concert…et préfèrent ne pas m’accuser. Je ne ferai rien de tout ça en signe de pénitence, mais parce que mes chansons sont nées au sein de gens comme vous et que, quand vous m’écoutez, elles se sentent en famille.»
«Merci et à bientôt»
Silvio Rodriguez Dominguez, La Havane, 15 mai 2007.