jeudi, décembre 30, 2021

ROUMANIE: UNE CÉRÉMONIE REND HOMMAGE À UN DIPLOMATE CHILIEN QUI A SAUVÉ PLUS DE 1.200 JUIFS PENDANT LA SHOAH

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PHOTO EMBAJADA DE CHILE EN RUMANIA

Samuel del Campo a délivré des passeports aux Juifs polonais et roumains du ghetto de Tchernivtsi.

Un groupe de diplomates et de dirigeants juifs ont rendu hommage à un diplomate chilien décédé qui a sauvé plus de 1.200 Juifs pendant la Shoah, a rapporté jeudi le Jewish Telegraphic Agency (JTA).

i24news

SAMUEL DEL CAMPO, CHARGÉ D’AFFAIRES DE
 L’AMBASSADE CHILIENNE À BUCAREST 1941 ET 1943
.

Samuel del Campo, qui, en tant que diplomate en poste en Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale, a délivré des passeports chiliens et polonais à des Juifs qui auraient été déportés dans les camps nazis, a reçu un hommage à la Grande synagogue de Bucarest mardi dernier.

La cérémonie s'est déroulée en présence des ambassadeurs du Chili, de la Pologne et d'Israël en Roumanie.

"L'histoire et les actions de Samuel del Campo en Roumanie en tant que chargé d'affaires de la République du Chili représentent une lumière de dignité humaine dans un moment de l'histoire où tout était entouré d'obscurité", a déclaré Silviu Vexler, président de la Fédération des communautés juives de Roumanie et membre du parlement roumain, dans un discours.

Une plaque en l'honneur de M. del Campo a été dévoilée à la synagogue.

Samuel Del Campo a été le chargé d'affaires du Chili à Bucarest entre 1941 et 1943.

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CHILI: ÉTUDE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LES EAUX DU "BOUT DU MONDE"

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PHOTO NICOLAS GARCIA / AFP

Santiago du Chili (AFP) - Dans l'extrême sud du Chili, une expédition scientifique tente de mesurer l'impact mondial du changement climatique dans les eaux préservées de ce "bout du monde" et appelle à des "décisions concrètes" pour la sauvegarde des océans.

Par L'Obs avec l'AFP

PHOTO NICOLAS GARCIA  / AFP 

retardée d'un an en raison de la pandémie, l'expédition à bord du navire océanographique de la marine chilienne "Cabo de Hornos" a sillonné neuf jours fin décembre les eaux du détroit de Magellan et du canal de Beagle, entre Chili et Patagonie argentine.

Cette région de la Région de Magallanes présente un intérêt particulier en raison de la faible acidité et de la moindre teneur en sel et en calcium des eaux qui la baignent, par comparaison aux autres mers et océans du globe, en particulier dans les zones les moins profondes.

L'étude de ces eaux est donc essentielle car, avec la fonte de nombreux glaciers de Patagonie qui déversent de grandes quantités d'eau douce dans les océans Atlantique et Pacifique, elle préfigure les conditions qui devraient apparaître dans d'autres systèmes marins au cours des prochaines décennies.

PHOTO NICOLAS GARCIA  / AFP

"Nous ne savons pas comment les organismes, et en particulier les micro-organismes" présents dans l'eau "vont réagir" à mesure qu'augmente la température moyenne sur la Terre, admet le responsable scientifique de la mission, José Luis Iriarte.

L'expédition a ainsi fait 14 étapes pour prélever des échantillons d'eau à différentes profondeurs et jusqu'à 200 mètres.

Des prélèvements de sol profond, parfois à plus de 300 mètres, ont également été effectués, de même que des collectes d'algues et de mollusques.

PHOTO AFP

"Nous sommes la voix de ce que la nature ne peut pas dire", estime Wilson Castillo, un étudiant en biochimie de 24 ans, l'un des 19 scientifiques à bord. "En tant que scientifiques, nous avons beaucoup à apporter, surtout dans un scénario de changement climatique", estime-t-il.

Lire aussi : UNE MAGNIFIQUE ÉCLIPSE SOLAIRE PLONGE L'ANTARCTIQUE DANS L'OBSCURITÉ

La mission scientifique a accordé une attention particulière aux "marées rouges", ces proliférations d'algues toxiques qui tuent les poissons et cétacés et génèrent des toxines vénéneuses pour les mollusques.

Elles ont été enregistrées pour la première fois à Magallanes il y a un demi-siècle et ont depuis été responsables de la mort de 23 personnes et de l'empoisonnement de plus de 200 autres.

- "Dépassés" -

PHOTO NICOLAS GARCIA  / AFP

L'approche de baleines était également au centre de la mission. Scrutant des heures durant l'horizon, le biologiste marin Rodrigo Hucke recherchait leur présence pour lancer un petit bateau à moteur à leur rencontre.

Son but : tenter de prélever des excréments des cétacés pour étudier d’éventuels changements dans leur régime alimentaire. Mais cette tâche difficile s'est avérée infructueuse.

Avant de retourner dans leurs laboratoires, les scientifiques insistent sur la nécessité d'actions politiques pour faire face à l'urgence climatique.

"Les plans régionaux d'atténuation et d'adaptation au changement climatique sont dépassés par rapport à ce qui se passe dans l'environnement", alerte José Luis Iriarte.

PHOTO AFP

Pour Rodrigo Hucke, l'un des principaux problèmes est historiquement le manque d'ambition pour la sauvegarde des océans, qui couvrent 70% de la surface de la planète.

Il espère que la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP27 en Egypte, marquera un véritable changement de cap dans ce domaine.

"Il faut que tout cela change en 2022 et que des décisions concrètes soient prises pour avancer vers de profondes politiques de changement dans la façon dont nous, les humains, faisons les choses", a déclaré M. Hucke.

Scrutant les eaux limpides, il s'inquiète que cette région reculée du Chili ne devienne "l'un des derniers bastions de la biodiversité sur Terre". 

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DESSIN ENEKO LAS HERAS 

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lundi, décembre 27, 2021

FENÊTRE SUR COUR

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★ BONNE ANNÉE 2022 ! ★

L'AVOCAT ET DÉFENSEUR DES DROITS DE L'HOMME ROBERTO GARRETÓN EST MORT

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ROBERTO GARRETÓN MERINO
PHOTO CAMILO MELUS
21 décembre 1941 - 27 décembre 2021

Maître Roberto Garretón Merino, avocat de l'Université du Chili, Prix national des droits de l'homme en 2020, est mort lundi 27 décembre 2021. Il avait eu 80 ans le 21 décembre.



vendredi, décembre 24, 2021

COVID-19: LE CHILI ADMINISTRERA UNE 4ème DOSE DE VACCIN À PARTIR DE FÉVRIER

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DESSIN LAUZAN

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FRANCE24
Santiago du Chili (AFP) – Le Chili administrera à partir de février une quatrième dose de vaccin contre le coronavirus, en commençant par les catégories à risque avant d’étendre la mesure au reste de la population, a annoncé le président Sebastian Piñera.

France24 avec l'AFP

DESSIN LAUZAN

"La principale préoccupation et la priorité est de protéger la vie et la santé de nos compatriotes", a-t-il déclaré jeudi lors d'un événement marquant le premier anniversaire du lancement par le Chili de sa campagne de vaccination contre le Covid-19.

Les premiers à recevoir la piqûre de rappel seront les travailleurs de la santé, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques.

Le pays dispose déjà des doses requises, a assuré M. Piñera.

Le ministre de la Santé, Enrique Paris, a justifié cette décision en affirmant que des études locales "montrent réellement qu'il y a une baisse du taux d'anticorps" qui combattent le virus six mois après la dernière dose.

Au moins 16,5 millions des 19,2 millions de Chiliens ont un schéma vaccinal complet de deux doses, soit plus de 86% de la population.

Le pays a comptabilisé 1,7 million de cas et 38.954 décès, dont 54 au cours des dernières 24 heures.

Depuis début décembre, la campagne de vaccination a été étendue aux enfants dès l'âge de trois ans.

Au moins deux autres pays, Israël et le Brésil, ont annoncé des campagnes visant à administrer une quatrième dose de vaccin à leur population immunodéprimée.

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DESSIN CARLOS LATUFF
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mardi, décembre 21, 2021

PREMIERS ENSEIGNEMENTS HISTORIQUES ET POLITIQUES. GABRIEL BORIC, L’ALTERNATIVE CHILIENNE

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CARICATURE PAR ÏOO

Hormis la chaleur de l’été austral, le soir du dimanche 19 décembre 2021 a eu des airs de 4 septembre 1970 à Santiago du Chili et les dizaines de milliers de personnes arpentant les rues de la capitale ne s’y sont pas trompées, en scandant jusqu’au bout de la nuit : « Le peuple uni ne sera jamais vaincu » (« El pueblo unido jamas sera vencido »). Le sentiment qu’un moment historique était advenu a plané sur le résultat du second tour de cette élection présidentielle, qui a vu le candidat de la coalition progressiste Apruebo Dignidad (J’approuve la dignité), Gabriel Boric Font, l’emporter sur celui de l’extrême droite, José Antonio Kast, avec un bon million de voix d’avance.

Par Olivier Compagnon

OLIVIER COMPAGNON
PHOTO ANAÏS FLÉCHET

Un moment historique parce qu’un véritable projet de transformation sociale accède ainsi au pouvoir par les urnes, pour la première fois depuis l’élection de Salvador Allende à la tête de la coalition d’Unité populaire il y a cinquante et un ans, au contraire des gouvernements socialistes de Ricardo Lagos (2000-2006) puis de Michelle Bachelet (2006-2010 et 2014-2018) qui se sont contentés d’administrer un modèle de développement économique hérité des années de la dictature. Un moment historique parce que le scénario électoral laissait entrevoir la possibilité d’une victoire du néopinochétiste Kast, arrivé en tête au premier tour et censé bénéficier des voix des électeurs de Sebastian Sichel (l’avatar de l’actuel président Sebastian Piñera) et de l’outsider libéral Franco Parisi, autrement dit un retour à la case départ de la fin des années 1980. Un moment historique, enfin, parce que le programme redistributif, inclusif et soucieux des enjeux climatiques de Boric, dans un pays qui fut le berceau de la grande mutation néolibérale dans les années 1970 et qui est aussi l’un des plus inégalitaires d’Amérique latine, semble sonner le glas d’une « bonne gouvernance » prompte à détruire les prérogatives de l’État et à privatiser à tour de bras au nom de la « vérité du marché ».

Incontestablement, l’accession de Boric au palais de la Moneda – il prendra ses fonctions le 11 mars 2022 – est une étape importante dans le cycle entamé fin 2019 par le soulèvement social massif contre la gestion du gouvernement Piñera et ponctué par l’élection, en mai 2021, d’une Assemblée constituante qui s’emploie en ce moment même à rompre avec l’héritage institutionnel de la dictature militaire.

Mais ce n’est qu’une étape, puisque le nouveau texte constitutionnel devra être adopté par référendum dans l’année qui vient, dans un pays où la nette victoire des forces progressistes ne doit pas faire oublier que 44 % des votants – soit plus de 3,5 millions de personnes – ont porté leur suffrage sur un candidat nostalgique de l’ordre militaire, hostile à toute forme d’avortement et explicitement xénophobe.

On aurait donc tort de croire que les deux Chili résolument antagonistes, qui ont marqué les années de l’Unité populaire ou encore le référendum de 1988 scellant le sort de la dictature, ont fait long feu. Car il ne fait aucun doute que Boric va se heurter très rapidement, notamment dans ses projets de réforme fiscale destinés à taxer davantage les plus hauts revenus et les bénéfices des entreprises privées, aux forces puissantes du capitalisme chilien qui ont si lourdement pesé sur le destin de l’Unité populaire il y a un demi-siècle ; ou encore, dans ses projets de réforme du système de retraite par capitalisation, au pouvoir de nuisance international des fonds de pension.

Il devra composer avec un Parlement où il ne dispose pas de majorité absolue et où certains des acteurs politiques qui ont appelé à voter pour lui pour le second tour de la présidentielle – ainsi la démocratie chrétienne – se placeront dans l’opposition. Enfin, après une année 2021 marquée par une croissance record de plus de 10 %, à la fois due au rattrapage des effets de la crise sanitaire et à une forte demande intérieure soutenue par l’ouverture exceptionnelle de l’accès aux fonds capitalisés par les individus pour leur retraite, les projections économiques pour 2022 et 2023 sont très moroses et pèseront sur le destin du nouveau gouvernement, dans un pays où la prospérité a toujours été identifiée comme l’héritage le plus précieux des années Pinochet.

Quoi qu’il en soit de cet avenir, la victoire de Boric dit aussi des choses importantes au-delà des frontières chiliennes – et en France en particulier. D’une part, elle témoigne qu’un mouvement social radical et massif, remettant en cause les fondements mêmes du modèle néolibéral et les inégalités qu’il engendre, n’est pas nécessairement voué à l’échec et peut se cristalliser politiquement en faisant émerger des acteurs progressistes alternatifs. D’autre part, alors que l’arithmétique du premier tour et des reports de voix annoncés faisait augurer une victoire de Kast, ce succès incontestable a reposé sur une capacité à faire voter les classes populaires et les plus jeunes générations qui ne se reconnaissaient plus dans le ronronnement des alternances gestionnaires. À bon entendeur…

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DESSIN CARLOS LATUFF

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LE CHILI CHOISIT LA GAUCHE POUR LUTTER CONTRE LES INÉGALITÉS


L’élection à la présidence chilienne de Gabriel Boric, au terme d’un scrutin marqué par une forte participation à l’aune du pays, est avant tout la répudiation d’un modèle économique néolibéral décomplexé.

 Editorial. Le Monde

Le Chili a tourné une page de son histoire le 19 décembre. En portant Gabriel Boric à sa présidence, à une large majorité qu’un premier tour serré remporté par le candidat d’extrême droite José Antonio Kast ne laissait pas deviner, les Chiliens ont choisi de tourner le dos à une politique jugée responsable de profondes inégalités, épousée avec seulement quelques nuances par les majorités de droite comme de gauche qui se sont succédé au pouvoir depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet.

L’élection de l’ancien dirigeant étudiant venu de l’extrême gauche, qui sera à 36 ans, en mars, le plus jeune président de l’histoire du pays, ne marque donc pas seulement un saut de génération. Sa victoire alimente en Amérique du Sud, à gauche, l’espoir d’un regain qui dépasserait en 2022 les frontières du Chili. Des élections cruciales sont prévues en mai en Colombie et plus tard au Brésil. Elles pourraient entraîner le reflux de la droite dure incarnée par Ivan Duque comme celle encore plus extrême de Jair Bolsonaro, quelles que soient les contorsions politiques de ce dernier.

Les élections législatives partielles en Argentine, en novembre, ont cependant mis en évidence les difficultés du président péroniste de centre gauche Alberto Fernandez, dont le parti a été devancé par l’opposition de centre droit. L’Amérique latine compte aussi des bastions d’une autre gauche, autoritaire, dictatoriale, au Nicaragua, à Cuba et au Venezuela, qui reste assez peu compatible avec la première.

L’élection de Gabriel Boric, au terme d’un scrutin marqué par une forte participation à l’aune du Chili, constitue avant tout la répudiation d’un modèle économique néolibéral décomplexé, incarné jusqu’à la caricature par le président sortant Sebastian Piñera, dont le mandat a été entaché par des accusations d’affairisme. Ce « modèle » chilien a fait la part belle au privé dans les secteurs de l’éducation et de la santé, générant une société à deux vitesses qu’un système de retraite par capitalisation a figée un peu plus.

Fracture sociale

Il a produit des résultats incontestables en matière de croissance du produit intérieur brut, mais au prix d’une fracture sociale mise à nu en 2019 par une lame de fond protestataire. Celle-ci a fourni le socle populaire de la victoire du 19 décembre, balayant les mots d’ordre ultraconservateurs, sécuritaires et anti-immigration de José Antonio Kast.

Gabriel Boric, dont la famille a des racines croates, s’est montré capable de rassembler derrière lui les différentes composantes de la gauche chilienne en promettant que son pays serait le « tombeau » de ce néolibéralisme. Il va s’efforcer de revenir sur les inégalités qui affligent le pays par une fiscalité plus équitable, redistributive, et le retour assumé de l’Etat, en un mot par un programme qui s’inspire, volontairement ou non, de ce qui est déjà en vigueur, et de longue date, au sein de l’Union européenne.

Il lui faudra cependant compter avec une solide opposition de droite au Parlement. Elle pourrait le contraindre aux ajustements dont l’exercice du pouvoir est souvent synonyme. Le nouveau président a déjà promis le dialogue, une nécessité autant qu’un signal encourageant pour le Chili. C’est d’autant plus le cas que le début de son mandat va également coïncider avec une révision constitutionnelle majeure qui pourrait permettre à la fois d’enterrer définitivement les années de plomb subies par le pays et de mieux prendre en compte l’ensemble des minorités chiliennes.

lundi, décembre 20, 2021

CHILI / LES UNES DE LA PRESSE AU LENDEMAIN DE L'ÉLECTION

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CHILI /LES UNES DE LA PRESSE
AU LENDEMAIN DE L'ÉLECTION


PRÉSIDENTIELLE

Les Unes de la presse au lendemain de l'élection

À événement historique, "Une" historique. Chaque quotidien au Chili a choisi son style pour son édition de ce lundi 20 décembre, au lendemain de l'élection du président de la République, Gabriel Boric.

- Ñ - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE AU CHILI
Une foule immense pour fêter la victoire de Gabriel Boric et la défaite de l'extrême droite à la présidentielle chilienne
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Loopsider

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«L'ESPÉRANCE A BATTU LA PEUR  »

★ JOYEUSES FÊTES ! ★

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★ JOYEUSES FÊTES ! ★
Araucaria vous souhaite des très joyeuses fêtes et une excellente Année 2022.

KAFKAÏEN : BORIC VS. KAST

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STEPHANY GRIFFITH-JONES

Entretien avec Stephany Griffith-Jones conduit par Andy Robinson 

ANDY ROBINSON

C’est aussi la preuve qu’à 35 ans Gabriel Boric est conscient de l’importance de travailler avec des économistes expérimentés comme Griffith Jones, née à Prague en 1947, dans une famille qui émigrera au Chili l’année suivante (elle est la petite-nièce de Franz Kafka). Ici, vous pouvez prendre connaissance d’une analyse du dilemme auquel fait face Boric entre la nécessité de répondre à la demande de changement au Chili et la nécessité de stabiliser l’économie. 

AFFICHE JIRI VOTRUBA

Il semble que Gabriel Boric soit confronté à un dilemme. Il est le candidat du changement, de ce mouvement qui est descendu dans les rues de Santiago pour protester contre le modèle néolibéral. Mais s’il gagne, il arrivera au pouvoir dans une situation budgétaire difficile qui laissera peu de place aux politiques budgétaires progressistes…

Oui, en ce moment, la situation budgétaire est très difficile. Le déficit budgétaire atteint déjà 13% du PIB… Piñera est passé d’un extrême à l’autre dans sa réponse à la pandémie. Il n’a rien fait au début et beaucoup de personnes à faibles revenus étaient vraiment en difficulté. C’est là qu’interviennent les premiers retraits des fonds de pension, pour aider les personnes modestes en grande difficulté [1]. Mais ensuite, en 2021, Piñera est passé à l’autre extrême. Il a apporté un soutien généreux, peut-être trop, à de nombreuses personnes, même à des personnes qui n’étaient pas si pauvres. Et la consommation est montée en flèche. La croissance du PIB du Chili se situera entre 11 et 12% cette année. L’économie est totalement en surchauffe.

Que faut-il faire?

Boric s’est engagé à une réduction très significative du déficit budgétaire en une seule année, en respectant le budget déjà approuvé par le Congrès. C’est un signe de sa modération. Dans les années à venir, il veut augmenter progressivement les impôts et accroître la collecte des impôts existants. Plus d’impôts directs et moins d’impôts indirects. Les impôts indirects, tels que la TVA, représentent plus de 50% des recettes fiscales totales, soit beaucoup plus que la moyenne de l’OCDE. Il y a également un engagement à lutter contre l’évasion fiscale qui est au Chili le double de la moyenne de l’OCDE, mais cela nécessite l’embauche de plus d’inspecteurs des impôts.

Le dilemme est plus général. L’Amérique latine vit un moment de polarisation. Il est nécessaire de rompre avec un modèle qui était profondément impopulaire, mais la réalité économique et budgétaire de pays comme le Brésil ou le Chili laisse très peu de place et Lula comme Boric se rapprochent du centre.

Oui, au début, beaucoup pensaient que Boric serait trop radical. Mais maintenant, la plus grande crainte est peut-être qu’il ne soit pas en mesure d’en faire assez.

Malgré cela, il est dépeint comme un radical dans de nombreux médias…

C’est vrai. Les médias parlent de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Nous devons rejeter cette fausse dichotomie. Parce que Boric est un social-démocrate. Kast est un extrémiste. En économie, il est assez radical; réduire les impôts quand on a un déficit de 13% du PIB est franchement osé. En politique, il l’est encore plus. L’un de ses adjoints a déclaré que les femmes n’auraient jamais dû avoir le droit de vote. Incroyable. Kast a proposé de restreindre le droit à l’avortement même pour les femmes qui ont été violées et de gracier les tortionnaires de l’ère Pinochet.

Mais Boric est un social-démocrate de style européen. Je l’ai rencontré lors d’une conférence sur le modèle scandinave. Il a été plutôt de gauche mais il est conscient du problème budgétaire actuel et il est très ouvert au dialogue avec tous les secteurs. Il est très attaché à la nécessité de la redistribution.

Compte tenu de la polarisation et du rejet par la rue du système, pensez-vous qu’il peut être à double tranchant d’avoir le soutien des principales figures de la Concertación?

Non. C’est très positif pour Boric. La gauche va voter pour lui, dans tous les cas. Le problème est d’attirer le vote des plus centristes. Bien que l’important soit d’attirer les jeunes qui manifestent, mais qui parfois ne votent pas. Le taux de participation au premier tour a été très faible. Dans le passé, le centre et la gauche ont toujours gagné lorsqu’ils étaient unis. Il faut s’attendre à ce que cette fois-ci, il en soit de même. Boric a reconnu la contribution des démocrates-chétiens (PDC) et c’était une très bonne idée. Il a rencontré Ricardo Lagos [PPD, président de mars 2000 à mars 2006] et Michelle Bachelet [PS, présidente de mars 2006 à mars 2010 et de mars 2014 à mars 2018]. Ils ont été prodigues avec lui. Une grande partie du centre et de la gauche a déjà rejoint la campagne. Et les chrétiens-démocrates le soutiennent, bien qu’ils disent qu’ils n’entreraient pas dans un gouvernement avec lui. Il est également vrai que le fait que Kast soit perçu comme désastreux a facilité les retrouvailles.

Il est étrange de comparer la victoire de la gauche à l’Assemblée constituante et le résultat de novembre lors des élections au Congrès [Sénat et Assemblée des députés]. Comment cela est-il arrivé? 

Oui, 78% des votant·e·s se sont prononcés [le 25 octobre 2020, avec une participation à hauteur de 50,98%] en faveur d’une nouvelle constitution. Le vote à l’Assemblée constituante [les 15 et 16 mai 2021 avec 43,43% de taux de participation] a été une grande victoire pour la gauche. Mais ensuite, seulement un an après le plébiscite, le même électorat a voté pour un Congrès divisé entre la gauche et la droite. Il y a donc un manque de cohérence. Si Boric gagne, il aura des problèmes avec le Congrès, qui tentera probablement de bloquer des propositions telles que la réforme budgétaire et fiscale.

Y aura-t-il plus de marge de manœuvre par la suite?  

Je pense que oui, après la première année. Boric et ses partisans sont très engagés en faveur d’une transition écologique. Le Chili a de la chance car il possède du lithium, essentiel pour les batteries, et du cuivre, fondamental pour la transition énergétique. En outre, il existe un grand potentiel pour développer davantage l’énergie solaire et éolienne. Il faut donner la priorité à certains secteurs pour cette transition, en soutenant leur développement. Kast ne le comprend pas. Les banques de développement doivent être mobilisées pour la transition verte. Et la réglementation financière peut être utilisée pour inciter les banques commerciales à accorder des prêts aux entreprises dont les investissements sont à faible émission de carbone.

L’investissement public est essentiel. Par exemple, Boric veut miser gros sur un réseau ferroviaire étendu. Ensuite, il y a l’hydrogène. L’hydrogène peut être produit de manière durable au Chili, car il existe de nombreuses façons de générer de l’énergie renouvelable. Nous pouvons utiliser l’hydrogène vert dans l’exploitation minière pour obtenir du cuivre vert.

La transition énergétique ne risque-t-elle pas d’engendrer une demande de métaux et de conduire à davantage d’extractivisme et de dépendance à l’égard des exportations de matières premières? 

L’idée serait de remonter la chaîne de valeur. Fabriquer des batteries, intégrer plus de technologie et de connaissances. Les économies scandinaves, qui étaient autrefois, comme le Chili, dépendantes des exportations de matières premières telles que le bois, ont réussi à remonter la chaîne de valeur et se sont développées rapidement. Le cuivre doit être raffiné davantage, pour fabriquer les câbles qui permettraient d’augmenter les prix.

Pourquoi la gauche le ferait-elle mieux que la droite? 

L’investissement public et la banque de développement sont essentiels pour la transition verte. Catalyser l’investissement privé dans ce secteur est primordial. Kast ne comprend pas cela. Il caricature l’État comme une force obscure et négative, mais ce sont des idées du passé. (Article publié sur le site ctxt - Contexto y Accion, le 18 décembre 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

Note :

[1] Le gouvernement de Sebastián Piñera n’a pris des mesures d’aide sociale face à la pandémie qu’en juillet 2021. Dès lors, un grand nombre d’habitants ont été contraints de puiser, depuis juillet 2020, dans «l’épargne retraite» du système par capitalisation individuelle, géré par le privé. Et cela par trois fois. Plus de 50 milliards de dollars ont été retirés. Un reportage, datant du 19 octobre 2021, illustre cette situation et indique l’une des tâches à laquelle devra s’affronter, dès mars 2022, le gouvernement de Gabriel Boric: «J’ai retiré 10% à trois reprises, pour survivre, détaille María Vergara. À 68 ans, cette ex-secrétaire médicale à la retraite vend des crédits hypothécaires pour boucler ses fins de mois. «Je perçois 200’000 pesos [210 €] de pension, poursuit l’intéressée. Je suis loin du salaire minimum [350 €]. C’est le moment de changer de modèle, car l’actuel nous a été imposé par la force…» (Article d’Ouest France – Réd)

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CHILI : LE CANDIDAT DE LA GAUCHE, GABRIEL BORIC, REMPORTE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

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Le jeune député de 35 ans a battu, avec 56 % des voix, le candidat d’extrême droite, José Antonio Kast, en fondant son programme sur davantage de justice sociale dans un pays particulièrement inégalitaire.

Le Monde avec l'AFP

Temps de Lecture 4 min.

DESSIN LAUZAN

iIl est le visage et le symbole du renouveau politique au Chili. Le candidat de la gauche, Gabriel Boric, a remporté, dimanche 19 décembre, le deuxième tour de l’élection présidentielle, devant son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast.

M. Boric recueille 55,87 % des voix, contre 44,13 % à son concurrent, selon les résultats officiels quasi définitifs. La participation dépasse les 55 %, un sommet depuis que le vote n’est plus obligatoire en 2012. C’est un triomphe qu’enregistre la coalition de gauche, dont est membre le Parti communiste, dans ce duel inédit depuis le retour à la démocratie en 1990 entre deux candidats aux projets de société diamétralement opposés.

« Il y aura plus de droits sociaux mais nous le ferons en restant fiscalement responsables », a déclaré le président élu de 35 ans, devant une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes venues l’écouter après sa large victoire.

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CHILI /LES UNES DE LA PRESSE
AU LENDEMAIN DE L'ÉLECTION

Le président sortant Sebastian Piñera, qui a dû affronter un mouvement social d’ampleur fin 2019, a félicité dans une discussion vidéo le nouveau chef de l’État élu qui entrera en fonction à sa place le 11 mars.

« L’histoire nous a appris que lorsque nous nous divisons en guerres fratricides, les choses finissent toujours mal. Tout le Chili espère (…) qu’il y aura un très bon gouvernement pour le Chili et les Chiliens », a dit M. Piñera.

Des scènes de joie dans les rues du pays

JOSÉ K4ST 
Avant lui, José Antonio Kast avait admis sa défaite. «Je viens de parler à @gabrielboric et l’ai félicité pour son grand triomphe. Il est aujourd’hui le président élu du Chili et mérite tout notre respect et notre collaboration constructive. Le Chili passe toujours en premier », a-t-il écrit sur son compte Twitter. M. Kast, candidat de «l’ordre, de la justice et de la sécurité », était arrivé en tête au 1er tour (27,9 % contre 25,8 %) en séduisant les quartiers huppés de Santiago et les classes populaires à l’extérieur de la capitale.

Cet admirateur de la dictature d’Augusto Pinochet, soutenu par l’ensemble de la droite chilienne, avait annoncé qu’en cas de défaite, il pourrait ne pas reconnaître le résultat de l’élection si l’écart entre les deux candidats était inférieur à 50 000 voix. Au final, un million de voix séparent les deux prétendants (4,6 contre 3,6).

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Les rues de Santiago comme dans de nombreuses villes du Chili ont explosé de joie à l’annonce de la victoire de Gabriel Boric. La fête pourrait s’étendre toute la nuit tant le retour d’une certaine forme du «pinochétisme » était craint parmi la population.

« C’est une lutte qui dure depuis de nombreuses années, depuis nos parents et nos grands-parents, et nous continuons à lutter contre tout ce que Kast signifie au Chili », a déclaré Daniela, une serveuse de 27 ans en célébrant, dans les rues de Santiago, la victoire de M. Boric. « C’est nous, les jeunes, qui devons faire avancer les choses. J’ai foi en lui, je crois en ce qu’il dit ».

« J’en pleure de joie. Nous avons battu le fascisme, c’était comme une naissance. Je vais rentrer à la maison, je vais serrer mes enfants dans mes bras et boire une bière », a lancé Jennie Enriquez, 45 ans, employée de pharmacie.

« Je veux que vous et le peuple sachiez que je ferai de mon mieux pour relever ce formidable défi et que notre pays est à son meilleur lorsque nous sommes unis », a dit M. Boric, assurant vouloir être « le président de tous les Chiliens et Chiliennes ».

    PHOTO  MATIAS DELACROIX / AP

Les rues de Santiago envahies après l’annonce de la victoire de Gabriel Boric à l’élection présidentielle chilienne, le 19 décembre 2021.

Projet d’État providence

Gabriel Boric l’emporte avec son projet d’État providence, un changement d’ampleur dans le pays considéré comme le laboratoire du libéralisme en Amérique latine, en ralliant autour de lui la classe moyenne à moyenne supérieure, essentiellement à Santiago.

Ce député, élu depuis 2014, se présente comme l’héritier politique du mouvement de 2019 pour davantage de justice sociale dans le pays le plus inégalitaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Agé de 35 ans, l’âge minimum pour se présenter, l’ex-leader d’un mouvement étudiant en 2011 n’était pas attendu dans le sprint final il y a quelques mois seulement.

« Il est possible de faire un Chili plus humain, plus digne, plus égalitaire », avait-il déclaré après avoir voté dans sa ville natale de Punta Arenas, dans l’extrême sud, sur le détroit de Magellan.

Dans un pays gouverné par le centre droit et le centre gauche depuis la fin de la dictature il y a 31 ans, Gabriel Boric entend promouvoir une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l’éducation et à la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé.

De Cuba à l’Argentine, en passant par le Mexique, le Nicaragua, le Vénézuéla et le Pérou, les gouvernements de gauche d’Amérique latine ont exprimé leur satisfaction à la victoire de M. Boric. L’ancien président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva (Parti des travailleurs, gauche), que les sondages donnent vainqueur de la présidentielle en 2022 dans un éventuel duel avec le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, s’est dit « heureux d’une nouvelle victoire d’un candidat démocratique et progressiste dans notre Amérique latine, pour la construction d’un avenir meilleur pour tous ». La victoire de M. Boric a aussi été saluée par des présidents de droite et de centre-droit dans la région, comme le Colombien Ivan Duque, l’Equatorien Guillermo Lasso ou l’Uruguayen Luis Lacalle Pou.

Le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a, lui, salué, dimanche soir sur Twitter, d’un « vive Boric, nouveau président du Chili » la victoire du candidat de la gauche chilienne.

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«L'ESPÉRANCE A BATTU LA PEUR  »