lundi, février 27, 2023

DURCISSEMENT. CONTRE L’IMMIGRATION, LE CHILI ENVOIE L’ARMÉE À LA FRONTIÈRE NORD

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DES MIGRANTS VÉNÉZUÉLIENS À LA FRONTIÈRE
ENTRE LA BOLIVIE ET LE CHILI, LE 24 MARS 2022.
PHOTO JORGE BERNAL/AFP

Face à un afflux de migrants clandestins principalement vénézuéliens par les frontières nord du pays, qui donnent sur la Bolivie et le Pérou, le gouvernement chilien a décidé d’envoyer des renforts militaires, lundi 27 février, pour tenter d’endiguer ce phénomène qui inquiète les autorités locales.

Courrier international 

Depuis plusieurs mois, le Chili fait face à une vague de migrants dans le nord du pays qui traversent les frontières poreuses du Pérou et de la Bolivie – plus de 1 000 kilomètres au total. Ce sont principalement des Vénézuéliens fuyant la crise économique qui s’abat sur leur pays. Le gouvernement de gauche de Gabriel Boric a autorisé, par le biais d’un décret-loi, l’intervention des forces armées pour prêter main-forte à la police et aux forces des carabiniers – l’équivalent de la gendarmerie.

► À lire aussi : SOUS PRESSION MIGRATOIRE, LE CHILI ENVOIE L'ARMÉE AUX FRONTIÈRES DU PÉROU ET DE LA BOLIVIE

Dès ce lundi 27 février, les militaires – dont le nombre n’est pas connu – seront sur place, comme l’a signalé la ministre de l’Intérieur, Carolina Tohá, reprise notamment par le  site Biobiochile. Les pouvoirs des militaires seront limités aux contrôles d’identité, à la fouille des bagages et au transfert des clandestins dans des commissariats :

“L’objectif n’est pas que les forces armées fassent usage de la force […] L’idée n’est pas de freiner l’immigration par des balles, une pratique qui ne serait pas acceptable.”

Des centaines de personnes entrent chaque jour

Cependant, des ONG s’inquiètent de cette “militarisation” des frontières. Constanza Valdés, directrice de l’INDH (Institut national des droits de l’homme), a affirmé au site Timeline Antofagasta (du nom d’une des régions du nord limitrophes de la Bolivie) qu’elle avait interpellé le gouvernement notamment sur les questions “de formation en matière de droits de l’homme et sur l’armement qui sera utilisé par l’armée pour le contrôle de l’ordre public dans la zone frontalière”.

Javier García, le maire de Colchane, l’un des points frontaliers concernés par ce déploiement, a estimé qu’environ 400 personnes entraient chaque jour sur le territoire chilien en empruntant des passages non autorisés. Les migrants “qui parviennent à atteindre les villes chiliennes s’installent sous des tentes, sur des places ou restent simplement à la rue à la recherche d’aide”, écrit le site [groupe de presse de « la droite médiatique »] latino-américain Infobae.

Des groupes criminels infiltrés

Les autorités locales du nord du pays signalent depuis des mois à Santiago qu’avec les migrants se sont infiltrés des groupes de délinquants et de criminels qui servent aussi de passeurs, venus d’autres pays, notamment du Venezuela, comme l’organisation Tren de Aragua. Pour José Miguel Carvajal, gouverneur de la région de Tarapacá, également frontalière avec la Bolivie, repris dans cet autre article de Biobiochile, “la décision prise par le gouvernement de Gabriel Boric est donc extrêmement importante”.

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LES OISEAUX MIGRATEURS
DESSIN NÉSTOR SALAS


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vendredi, février 24, 2023

LE CHILI FOURNIT DES LOGEMENTS TEMPORAIRES AUX PERSONNES TOUCHÉES PAR LES FEUX DE FORÊT

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LE CHILI FOURNIT DES LOGEMENTS TEMPORAIRES
AUX PERSONNES TOUCHÉES PAR LES FEUX DE FORÊT

Santiago du Chili, 24 février 2023. Le gouvernement chilien continue de fournir des logements d'urgence aux personnes touchées par les incendies de forêt, qui affectent désormais de vastes zones du centre et du sud du pays.

Prensa Latina

Le feu, qui a commencé au début du mois, a tué 25 personnes, détruit plus de deux mille maisons et dévasté 450 000 hectares de cultures, de pâturages et de forêts.

Cette semaine, le ministre du logement et du développement urbain, Carlos Montes, a confirmé l'installation des premières solutions de logement pour les familles touchées dans la région du Biobío, l'une des régions les plus durement touchées par l'incendie, avec Ñuble et La Araucanía.

Les bâtiments ont une superficie de 24 mètres carrés, disposent de salles de bain et sont bien ventilés et protégés contre les rigueurs du climat, selon les autorités.

Il est prévu de livrer environ 2 000 logements temporaires avant l'arrivée de l'hiver.

Selon le dernier bilan du Service national de prévention et de réponse aux catastrophes, on dénombre 301 incendies sur le territoire national, dont 40 sont en cours de lutte et plus de 200 sont sous contrôle.

Le nombre de personnes touchées s'élève à plus de 7 500. jcc/jha/cara

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UN AN D'OFFENSIVE RUSSE EN UKRAINE : QUELLES PERSPECTIVES POUR LE CONFLIT ?

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PHOTO VADIM GHIRDA

Un an d'offensive russe en Ukraine : quelles perspectives pour le conflit ? /  L'intervention militaire russe en Ukraine au motif de «dénazifier» et de «démilitariser» celle-ci ainsi que de protéger les populations russophones du Donbass entre dans sa deuxième année sur fond de nouvelles sanctions et de médiation de la Chine.

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RT France

Il y a exactement un an, les troupes russes pénétraient sur le territoire ukrainien, au petit matin du 24 février 2022, après un discours de Vladimir Poutine annonçant le lancement d'une «opération militaire spéciale» visant à porter secours aux populations russophones des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk, ainsi qu'à «dénazifier» et «démilitariser» l'Ukraine.

Le président russe, qui s'est déjà adressé au Parlement en début de semaine en évoquant la responsabilité des dirigeants occidentaux dans le conflit et en affirmant ne pas mener «une guerre contre le peuple ukrainien» mais contre le «régime de Kiev», n'a pas prévu de prendre la parole à cette occasion.

Zelensky promet la «victoire» en 2023

En revanche, le chef d'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu en ce 24 février à mobiliser ses compatriotes au cours d'une adresse solennelle à la nation. «Nous avons enduré. Nous n'avons pas été vaincus. Et nous ferons tout pour remporter la victoire cette année», a lancé le président ukrainien dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ajoutant : «Nous sommes forts. Nous sommes prêts à tout. Nous vaincrons tout le monde. Parce que nous sommes l'Ukraine !»

► À lire aussi :  EMMANUEL TODD: «LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE A COMMENCÉ»

Evoquant les «exploits» des forces armées ukrainiennes, Volodymyr Zelensky a en particulier rendu hommage aux «défenseurs de Kiev et d'Azovstal», en référence aux forces ayant protégé avec succès la capitale du pays au début du conflit et au siège de l'aciérie Azovstal à Marioupol, ville ensuite conquise par les troupes russes.

«Nous n'aurons jamais de repos tant que les meurtriers russes ne seront pas punis. Par le tribunal international, par le jugement de Dieu ou par nos soldats», a-t-il poursuivi, réaffirmant ainsi que Kiev écartait toute négociation à ce stade. «Himars, Patriot, Abrams, Iris-T, Challenger, Nasams, Leopard», a aussi égrené le président ukrainien en citant les noms des armes fournies depuis un an par les Occidentaux, Etats-Unis en tête, à l'armée ukrainienne. Au total, l'Occident aurait offert, en additionnant les enveloppes militaire, économique et humanitaire, près de 128 milliards d'euros d'aide à Kiev, selon le Kiel Institute.

Alors que de violents combats ont lieu autour de la ville de Bakhmout et qu'une partie du territoire de l'Ukraine est sous contrôle russe, le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov a quant à lui déclaré que Kiev préparait une contre-offensive contre l'armée russe, précisant que celle-ci viserait à frapper l'armée russe «plus fort et à de plus grandes distances, dans les airs, sur terre, en mer et dans le cyberespace».

Symétriquement, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a assuré ce 24 février que la Russie l'emporterait. «Nous atteindrons la victoire. Nous voulons tous que cela se produise le plus vite possible. Et ce jour viendra», a-t-il affirmé dans un message publié sur Telegram.

ÉCHIQUIER 2, « NON A LA GUERRE !»

Nouvelle vague de sanctions occidentales 

Washington a pour sa part annoncé ce 24 février un renforcement des sanctions destinées à frapper l'économie russe. Ciblant en particulier le secteur bancaire et l'industrie de la défense, ces sanctions toucheront «plus de 200 personnes et entités, y compris des acteurs russes et de pays tiers à travers l'Europe, l'Asie et le Moyen-Orient qui soutiennent l'effort de guerre de la Russie», a déclaré la Maison Blanche. Les nouvelles sanctions, qui viennent s'ajouter à de multiples mesures déjà adoptées, viseront «une douzaine d'institutions financières russes, en alignement avec des alliés et des partenaires, ainsi que des responsables russes et des autorités mandataires opérant illégalement en Ukraine».

La Maison Blanche a indiqué qu'elle ciblait ainsi les secteurs russes de la défense et de la haute technologie, ainsi que la mise en place de mesures visant à anéantir des tentatives visant à contourner les sanctions déjà mises en place. Le département américain du Commerce va également imposer des contrôles à l'exportation à près de 90 entreprises russes et de pays tiers, y compris en Chine, «pour s'être engagées dans des activités de contournement des sanctions et de remplacement en soutien au secteur de la défense russe», a déclaré la Maison Blanche.  Les entreprises ciblées se verront interdire «d'acheter des articles, tels que des semi-conducteurs, qu'ils soient fabriqués aux Etats-Unis ou avec certaines technologies ou logiciels américains à l'étranger». Le secteur russe des métaux et des mines est également dans le collimateur des sanctions économiques. 

«L'action d'aujourd'hui entraînera une augmentation des droits de douane sur plus de 100 métaux, minéraux et produits chimiques russes d'une valeur d'environ 2,8 milliards de dollars pour la Russie. Cela augmentera également considérablement les coûts de l'aluminium qui a été fondu ou coulé en Russie pour entrer sur le marché américain», a poursuivi la Maison Blanche.

Fervent soutien de l'Ukraine, le Royaume-Uni a imposé de nouvelles sanctions contre 92 personnes physiques et morales de la Fédération de Russie, y compris des membres de la direction de Rosatom, l'entreprise spécialisée dans le nucléaire jusqu'alors plutôt épargnée en raison de son importance dans la coopération nucléaire internationale. De la même manière, l'Australie a annoncé prendre des sanctions contre 90 citoyens russes et 40 entités, incluant des entreprises du secteur de la défense.

L'efficacité de cette «pluie de sanctions», selon la formule de l'AFP, a été longuement débattue, les experts s'accordant cependant pour constater que l'économie russe avait mieux résisté que prévu.

De son côté, l'Union européenne, qui avait également annoncé vouloir prendre des sanctions à la date anniversaire du début de l'opération russe, semble pour le moment avoir des difficultés à s'accorder.

Le plan de paix présenté par la Chine écarté par l'Occident 

PHOTO @STREETARTISFUN

À rebours des Occidentaux, que Moscou a accusé à de nombreuses reprises de prolonger le conflit par leur soutien matériel à Kiev, la Chine a présenté le 23 février un «plan de paix» en vue de parvenir à «un règlement politique de la crise en Ukraine». Allié de la Russie, Pékin cherche à se positionner comme médiateur et appelle les deux belligérants à «faire preuve de rationalité et de retenue» et à «éviter une nouvelle escalade», afin d'«empêcher que la situation ne devienne incontrôlable». À cet effet, elle plaide pour l'abandon d'une «mentalité de guerre froide», alors que le président américain Joseph Biden a effectué une tournée en Europe cette semaine pour y réaffirmer l'engagement des Etats-Unis sur le continent, se rendant notamment à Kiev et à Varsovie. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'est d'ailleurs rendu à Kiev pour donner un signal «clair» de soutien à l'Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé sa volonté de discuter avec Pékin de ce plan de paix, jugeant «positive» l'implication de ce proche partenaire de la Russie, tout en précisant ne pas avoir encore pris connaissance du document et qu'il était ainsi «trop tôt pour l'évaluer». 

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a exprimé ses doutes à l’égard du plan de Pékin. «Toute proposition constructive, qui nous rapproche d'une paix juste, est la bienvenue. Il est encore douteux que la Chine, puissance mondiale, veuille jouer un tel rôle constructif», a-t-il déclaré. De la même manière, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a estimé que la Chine n'avait «pas beaucoup de crédibilité» sur l'Ukraine, faisant valoir «qu'elle n'a pas été en mesure de condamner l'invasion illégale de l'Ukraine» par le passé.

L'Occident semble ainsi fermer la porte, à ce stade, à des négociations, la Russie ayant pourtant évoqué à plusieurs reprises la perspective de discussions pour trouver une «solution acceptable» pour toutes les parties. Celle-ci pourrait intervenir, avait indiqué Vladimir Poutine début janvier, «à condition que les autorités de Kiev remplissent les exigences bien connues et maintes fois exprimées et tiennent compte des nouvelles réalités territoriales» liées aux progrès de l'armée russe. 

Une guerre entamée en 2014, selon Moscou

Dénoncée par Kiev et ses alliés comme une guerre d'invasion ne répondant à aucune provocation, l'intervention russe a été justifiée par Moscou au nom de la nécessité de protéger les populations du Donbass, les autorités locales étant en conflit avec Kiev depuis 2014 à la suite du coup d'Etat de Maïdan.

Les affrontements dans cette région ont fait près de 15 000 morts (civils et militaires) entre 2014 et 2022, les accords de Minsk n'ayant pas été respectés et n'ayant pas permis de mettre un terme aux hostilités, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel ayant reconnu, tout comme l'ex-président français François Hollande, que ces accords visaient à «donner du temps» à l'Ukraine pour se préparer à une future confrontation.

Revenant sur les causes du conflit actuel, le président russe Vladimir Poutine avait ainsi estimé fin novembre que le rattachement à la Russie de ces deux territoires aurait dû intervenir plus tôt et que ces déclarations occidentales prouvaient que le lancement de l'offensive de février 2022 était «la bonne décision».

Sur le terrain, l'offensive russe, lancée depuis trois directions au sud, depuis la Crimée, à l'est, dans le Donbass et au nord, depuis la Biélorussie, alliée, n'a pas permis à Moscou de prendre la capitale ukrainienne, comme le retrace Le Figaro, tout en progressant néanmoins sur de larges pans du territoire ukrainien, avec entre autres la prise de Marioupol en mai au terme d'une longue bataille. La contre-offensive ukrainienne organisée à la fin de l'été 2022 a ensuite contraint au recul les forces de Moscou, qui se sont retirées notamment de la ville de Kherson.

Ce qui n'a pas empêché le rattachement à la Fédération de Russie, fin septembre, des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et Zaporojié, à la suite de référendums contestés par Kiev et ses alliés occidentaux mais soutenus par Moscou. Vladimir Poutine a annoncé, dans le même temps, une «mobilisation partielle» concernant 300 000 réservistes. Les combats se poursuivent désormais autour de lignes de front relativement stabilisées, les deux camps continuant à s'accuser mutuellement de «crimes de guerre» et de frappes visant délibérément les civils.

Par le biais des nouvelles sanctions annoncées ce 24 février, qui font suite à la confirmation de l'envoi de matériel lourd et de blindés à Kiev, les pays occidentaux assument un soutien à l'Ukraine «aussi longuement qu'il le faudra», selon la formule employée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

S'il a paru adopter par moments une ligne moins hostile à la Russie que les pays baltes ou la Pologne en maintenant le dialogue avec Moscou, le président français Emmanuel Macron a quant à lui indiqué le 18 février vouloir «la défaite de la Russie» en Ukraine. «Les livraisons d'armes sur fond de déclarations sur le caractère inadmissible de la victoire de la Russie ne laissent aucune autre conclusion logique que celle-ci : ils veulent que nous perdions. Ils peuvent toujours rêver !», lui avait vertement répliqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zahkarova.

«Nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous», a quant à lui martelé Vladimir Poutine lors de son discours devant l'Assemblée fédérale, remerciant «tout le peuple russe pour son courage et sa détermination».

De part et d'autre, une confrontation de longue haleine semble être, pour le moment, la seule perspective crédible à court terme. En effet, si la Russie a montré une volonté de négocier, le président ukrainien a pris un décret en octobre dernier afin d'interdire tout pourparlers de paix avec Vladimir Poutine, ne fermant néanmoins pas la porte à un «dialogue avec la Russie mais avec un autre président de Russie». De plus, les chancelleries occidentales, l'OTAN en tête, n'ont pour l'instant montré aucune volonté d'ouvrir des négociations qui pourraient mener à la paix entre les deux belligérants.

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jeudi, février 23, 2023

CHILI / FERMETURE DE PUNTA PEUCO

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 FERMETURE DE PUNTA PEUCO

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ARAUCARIA
Fermeture de Punta PeucoDans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire du coup d’Etat de 1973, le président Boric a annoncé la fermeture de la prison de Punta Peuco, située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Santiago. [Chili: fermeture de la prison de luxe pour tortionnaires du régime de Pinochet]

par Pierre Cappanera

PIERRE CAPPANERA
PHOTO FACEBOOK


Cette prison est spéciale. C'est une prison de luxe, une prison trois étoiles. Le quotidien n’y a rien à voir avec les prisons ordinaires du Chili. Elle a été construite en 1995 spécialement pour les condamnés aux atteintes aux droits de l’homme pendant la dictature. Elle abrite actuellement une centaine de détenus. Parmi eux, Krasnof, un des tortionnaires parmi les plus psychopathes du régime militaire, condamné à plus de 700 ans de prison. Presque tous les détenus sont d’anciens militaires ou policiers, officiers ou sous-officiers. 

PRISON DE PUNTA PEUCO

Il y a deux jours à peine, un tribunal de Santiago y a encore envoyé deux militaires et un policier, condamnés à 10 ans de réclusion pour l’assassinat d’un militant communiste en 1973, Vicente Blanco. La lutte judiciaire contre l’oubli et pour que les assassins ne meurent pas impunis continue.

Cette prison va être fermée et ses détenus seront transférés dans les centres habituels de détention. Je ne doute pas trop qu’ils continueront à bénéficier d’un régime particulier.


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mercredi, février 22, 2023

TROIS RESPONSABLES DU CRIME D’UN MILITANT COMMUNISTE CONDAMNÉS AU CHILI

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FAMILLE  BLANCO UBILLA

Santiago du Chili, 21 février 2023. Un tribunal chilien a condamné aujourd’hui à 10 ans de prison un policier des carabiniers et deux militaires pour l’enlèvement qualifié du militant du Parti communiste et dirigeant local Vicente Blanco Ubilla en 1973. [Justice retardée, c'est justice niée]

Prensa Latina

FAMILLE VICENTE RAMÓN 
BLANCO UBILLA

Blanco, alors âgé de 37 ans, a été torturé dans le camp de prisonniers du Cerro Chena, l’un des centres de répression de la dictature pinochiste, puis emmené au pont du fleuve Maipo, où il a été criblé de balles et son corps jeté à l’eau. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Pour ce fait, la Cour d’Appel de San Miguel, de la Région Métropolitaine, a condamné à 10 ans de prison l’ancien carabinier Hugo Medina et les anciens militaires Alfonso Faúndez Norambuena et Jorge Romero.

L’avocat plaignant, Francisco Bustos, représentant deux enfants de la victime, a annoncé la décision de faire appel pour demander et obtenir des condamnations plus importantes.

Bustos a soulevé la nécessité de tenir compte de la Convention internationale contre les disparitions forcées, qui stipule que ces crimes doivent être punis de peines proportionnelles à leur extrême gravité.

Selon un rapport de la Commission Valech publié en 2011, plus de 40 000 cas de crimes contre l’humanité ont été enregistrés dans le pays sous le régime d’Augusto Pinochet (1973-1990), dont au moins 3 200 meurtres et disparitions forcées.  peo/rgh/car


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mardi, février 21, 2023

175ème ANNIVERSAIRE DU MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE

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PHOTO ANDREW BECRAFT

1848 - 21 FÉVRIER - 2023

Le Manifeste du Parti communiste est un opuscule d'une cinquantaine de pages publié anonymement à Londres le 21 février 1848. En dépit de sa minceur, il va inspirer presque tous les mouvements révolutionnaires du XXème siècle. Ses auteurs Karl Marx et Friedrich Engels n'en revendiqueront la paternité qu’en 1872. Karl Marx, âgé de seulement trente ans à sa publication, y exprime déjà l'essentiel de sa philosophie. Il réduit l'histoire de l'humanité à la lutte des classes et explique ses rebondissements par des facteurs économiques. Il pronostique l’avènement prochain du communisme et la fin de l'Histoire, considérant que le capitalisme provoque inconsciemment sa propre fin.

 
«THE COMMUNIST MANIFESTO» CANTATE (OPUS 82) 1932, 

ERWIN SCHULHOFF, 
Cantate pour solistes, chœur et orchestre Texte / Texte : Karl Marx & Friedrich Engels  

FAC-SIMILÉ DE LA COUVERTURE
DE L'ÉDITION ORIGINALE
Le Manifeste paraît la veille de la révolution qui va emporter le roi des Français Louis-Philippe, signe de ce que les temps sont effectivement agités. Il débute sur une assertion quelque peu prémonitoire : « Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d'Allemagne ». 

Il s'achève sur ce programme : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Quelques semaines plus tôt, Tocqueville, un penseur conservateur mais au moins aussi lucide, avait déjà mis en garde ses contemporains contre l'avènement d'un conflit de classes! 
KARL MARX
À propos
FAC-SIMILÉ DE LA COUVERTURE
DE L'ÉDITION FRANÇAISE DE 2004

« On ne peut prétendre que quelques belles pages peuvent à elles seules changer la face du monde. L'œuvre de Dante tout entière n'a pas suffi à rendre un saint empereur romain aux Communes italiennes. Toutefois, lorsque l'on parle de ce texte que fut le Manifeste du Parti communiste publié par Marx et Engels en 1848 et qui a, indéniablement, exercé une influence considérable sur deux siècles d'histoire, je pense qu'il faut le relire du point de vue de sa qualité littéraire ou, du moins, de son extraordinaire structure rhétorique et argumentative.» Umberto Eco


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jeudi, février 16, 2023

CHILI: LA MORT DE PABLO NERUDA EN 1973 CONTINUE D'OCCUPER LE DEVANT DE LA SCÈNE

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PABLO NERUDA À PARIS, LE 21 OCTOBRE 1971.
PHOTO MICHEL LIPCHITZ
Pablo Neruda, mort en 1973 quelques jours après le coup d'État militaire d'Augusto Pinochet. Communiste, proche du président Salvador Allende, le poète souffrait d'un cancer de la prostate. Pendant 40 ans, la version officielle a affirmé qu'il avait succombé à la maladie. Mais en 2011, son chauffeur a affirmé qu'il avait été empoisonné. Mercredi 15 février, la juge en charge de l'enquête a reçu une nouvelle expertise contenant des informations cruciales.

Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Naïla Derroisné

LEEMAGE via AFP
 COLORISÉE ARAUCARIA

Des experts chiliens et internationaux étaient chargés d'établir si la bactérie mortelle retrouvée dans une molaire de Pablo Neruda en 2017 par un autre groupe d'experts était présente dans son corps avant son décès ou si elle s'est infiltrée après sa mort.

► À lire aussi :  INCENDIES MEURTRIERS AU CHILI: LA FRANCE VA ENVOYER UN DÉTACHEMENT DE LA SÉCURITÉ CIVILE SUR PLACE

PABLO NERUDA À ISLA NEGRA,
AU CHILI 1972

PHOTO BRIDGEMAN

Le neveu de Pablo Neruda, Rodolfo Reyes, également avocat et qui a eu accès à l'expertise, a affirmé cette semaine que la bactérie était bien présente dans le corps du poète au moment de sa mort et que, par conséquent, la contamination n'a pas pu se faire après le décès. Sa famille conclut alors qu'il a été empoisonné avec une arme biologique.

► À lire aussi :  « PABLO NERUDA ÉTAIT UN SYMBOLE À ABATTRE »

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Mais ce troisième rapport ne sera pas rendu public, ou du moins pas pour l'instant. Car désormais, c'est à la justice chilienne de faire son travail : « étudier et réviser » toutes les expertises réalisées ces dernières années, avant de se prononcer sur les causes du décès.

Paola Plaza est la juge en charge de l'enquête. « Le tribunal ne peut pas se baser seulement sur une preuve quand il existe tout un ensemble d'antécédents qu'il faut évaluer un par un et ensuite dans leur ensemble », explique-t-elle.

Du fait de l'ancienneté des faits, le cas Neruda est encadré par l'ancien système judiciaire chilien qui maintient secrète toute la procédure. Raison pour laquelle aucun expert n'a pu se prononcer publiquement sur les conclusions de cette dernière expertise.

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      lundi, février 13, 2023

      INCENDIES MEURTRIERS AU CHILI: LA FRANCE VA ENVOYER UN DÉTACHEMENT DE LA SÉCURITÉ CIVILE SUR PLACE

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      UN FEU DE FORÊT À PROXIMITÉ DE LA VILLE DE CHIGUAYANTE,
      DANS LE CENTRE DU CHILI, LE 9 FÉVRIER 2023
      PHOTO JAVIER TORRES / AFP 

      Un détachement de la Sécurité civile composé de 83 personnels va être envoyé au Chili "dans les prochains jours", a-t-on appris ce lundi. De nombreux feux de forêt font rage depuis plusieurs jours dans ce pays d'Amérique du Sud.

      par Ariel Guez

      PHOTO S. JAROSSAY / SDIS 66 

      De violents incendies font rage dans le centre-sud du Chili depuis le début du mois de février. Et après le Portugal qui s'est dit prêt à contribuer à l'aide internationale, c'est la France qui a décidé de soutenir Santiago. "La France répond à la demande du gouvernement chilien par l’envoi dans les prochains jours d’un détachement de la Sécurité civile composé de 83 personnels", peut-on lire dans un communiqué publié sur le site du Quai d'Orsay ce lundi soir.

      ► À lire aussi :  FESTIVAL TRAVELLING: SANTIAGO DU CHILI AU CINÉMA, MILLE VISAGES ET MILLE IMAGES 

      Dans le détail, 41 sapeurs sauveteurs de la Sécurité civile et 42 sapeurs-pompiers des SDIS de la zone Sud (Ardèche, Ariège, Gers, Hérault, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse), du Bataillon de Marins-pompiers de Marseille et de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers seront envoyés sur place.

      [ Cliquez sur la flèche pour visionner la vidéo ]



      Plus de 400.000 hectares brûlés

      Dans un tweet publié le 6 février, Emmanuel Macron avait indiqué que "le peuple chilien [pouvait] compter sur le soutien de la France pour lutter" contre les incendies, un "fléau."

      "Toutes mes pensées vont aux familles des victimes et aux héros qui luttent face aux flammes", avait déclaré le président de la République.

      Le bilan des incendies au Chili ne cesse de s'aggraver. Depuis le début de la crise, au moins 24 personnes sont mortes et plus de 424.000 hectares ont été brûlés, l'équivalent de la superficie de la moitié de la Corse.

      Un couvre-feu nocturne a été décrété la semaine dernière dans les zones les plus touchées, une mesure destinée à prévenir les vols et pillages. Jeudi 9 février, 323 incendies étaient actifs dans le pays, indiquait l'AFP, dont 90 étaient combattus par quelque 5600 soldats du feu appuyés par l'aide internationale, provenant notamment du Mexique, de Colombie, d'Espagne et d'Argentine. 

      par Ariel Guez


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      dimanche, février 12, 2023

      FESTIVAL TRAVELLING: SANTIAGO DU CHILI AU CINÉMA, MILLE VISAGES ET MILLE IMAGES

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      APRÈS BEYROUTH, LA NOUVELLE-ORLÉANS,
      OU PRAGUE, LE FOCUS PROPOSÉ PAR
      L'ÉQUIPE DU FESTIVAL TRAVELLING
      DE RENNES PORTE CETTE ANNÉE
      SUR SANTIAGO DU CHILI
      (JUSQU'AU 14 FÉVRIER).
      © TRAVELLING / CLAIR-OBSCUR

      La capitale chilienne n'apparaissait pas, a priori, comme une ville de cinéma comme peuvent l'être Rio de Janeiro, Mexico ou Buenos Aires que Travelling a déjà accueillies. Mais au fil du festival rennais, Santiago prend chair. Ville creuset où se brassent cultures et migrations, où se prennent les décisions politiques, et où se fait l'histoire, la grande et la petite, elle devient cinématographique. 

      Texte par : Isabelle Le Gonidec

      De notre envoyée spéciale à Rennes,

      si Santiago est relativement peu connue, le Chili, lui, est associé à de fortes images. Celles de la dictature d'Augusto Pinochet et de la répression. Celles aussi des grandes manifestations de la fin 2019, violemment réprimées, les manifestations de femmes contre les violences de genre orchestrées par le collectif Las Tesis, l'élection du nouveau président Gabriel Boric et le référendum sur la nouvelle Constitution, etc. Ces instantanés, on les retrouve dans l'offre de cinéma proposée par le festival Travelling.

      Clair Obscur / Travelling · L'histoire contemporaine du Chili

      Fiction ou documentaire, la sélection offre une plongée dans l'histoire contemporaine du pays. Les incontournables de la production de ces trente dernières années sont là : les documentaires de Patricio Guzman, qui offrent un panorama politique et poétique de l'histoire du Chili depuis l'élection de Salvador Allende, ceux aussi de Carmen Castillo ; tous deux ont d'abord travaillé depuis l'exil avant de reprendre le chemin de Santiago dans de fructueux allers-retours.

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      Dans la fiction, des réalisateurs chiliens désormais installés parmi les cinéastes connus dans le monde entier racontent les soubresauts de ces cinquante années, à l'image de Pablo Larraín avec Santiago 1973 Post Mortem, Tony Manero ou encore No, qui met en scène le « non » des Chiliens au référendum organisé par Pinochet en octobre 1988 ; de Sebastian Lelio qui, à travers ses portraits de femmes fantastiques, défend le droit à l'altérité ; d'Andrès Wood, désormais plutôt producteur, mais dont le film Mi amigo Machuca a ouvert le ban, pour un public international, au nouveau cinéma d'auteur chilien en 2004. Et parmi les productions plus récentes, La Veronica de Leonardo Medel, sur la manipulation de l'image et des réseaux sociaux.

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      Festival Travelling de Rennes, février 2023 : les réalisateurs chiliens Dominga Sotomayor, Ignacio Agüero et (à gauche) Diego Del Pozzo, universitaire et cinéaste qui a aidé aux prises de contact pour la programmation.

      FESTIVAL TRAVELLING DE RENNES, FÉVRIER 2023 : LES RÉALISATEURS
       CHILIENS DOMINGA SOTOMAYOR, IGNACIO AGÜERO ET (À GAUCHE)
      DIEGO DEL POZZO, UNIVERSITAIRE ET CINÉASTE QUI A AIDÉ
      AUX PRISES DE CONTACT POUR LA PROGRAMMATION.
      PHOTO GILLES PENSART

      L'idée de consacrer une édition à Santiago du Chili a commencé à germer vers 2019, nous explique Anne Le Hénaff, directrice artistique du festival et programmatrice : il faut du temps et des relais pour monter une programmation. Mais étant donné que nous sommes en 2023, année du cinquantenaire du coup d'État, c'était le moment où jamais ! Ensuite, dans cette profusion de sources et d'images, il fallait trouver un fil conducteur, comment raconter Santiago, ses tensions entre passé et présent, son bouillonnement de capitale, mais aussi l'intimité du quotidien de ses habitants, tenter de comprendre pourquoi le pays a explosé en octobre 2019 et enfin convoquer le regard des cinéastes sur leur ville. « Le cinéma n'est pas que le reflet du temps présent, mais on arrive à ce temps présent parce qu'il y a des histoires », explique-t-elle. C'est alors que le projet d'inviter notamment Ignacio Agüero et Dominga Sotomayor a mûri.

      Ignacio Agüero, un « portraitiste de Santiago »

      Le documentariste Ignacio Agüero s'est imposé comme une évidence, raconte la programmatrice. Ses films les plus récents sont très directement liés à Santiago, mais c'est une ville intime qui nous est racontée : celle du quartier dans lequel vit le réalisateur, Providencia, qui disparaît à cause de la spéculation immobilière. Un quartier de classe moyenne, plutôt aisée si l'on en juge par la taille et l'allure de ces belles maisons sur lesquelles s'acharnent les bulldozers dans C'est ici que l'on construit (ou le lieu où je suis né n'existe plus).

      Si Ignacio Agüero a eu une rétrospective de ses œuvres au festival de Biarritz en 2021, son cinéma documentaire est peu distribué en France. « Quand j'ai vu El otro dia, j'ai adoré !, s'enthousiasme Anne Le Henaff, je l'ai rencontré à Cannes, on a beaucoup discuté et c'était une évidence : si tu veux faire un portrait de Santiago, c'est lui qu'il faut inviter... Il intègre sa vie à lui dans la narration dans des allers et retours entre l'intime et le collectif ». Il filme sa maison, ses proches, la fenêtre qui ouvre sur le jardin, la lumière qui caresse les objets et les photos...


      Pour les besoins de son film El otro dia (L'autre jour), il se rend chez les gens qui frappent à sa porte : facteur, livreur, mendiants, balayeuse... Des fils rouges tendus sur une grande carte de la ville permettent de visualiser les déplacements dans des quartiers éloignés et dressent une nouvelle géographie de sa ville. « Ce fil, c'est le travelling, le moins cher du monde », ironise le réalisateur. Dans un autre film, Nunca subi el Provincia (Jamais je n'ai gravi le Provincia), le va-et-vient se fait entre la maison et les habitants du quartier. « Ignacio Aguero, c'est le pendant de Patricio, ils sont de la même génération. Lui aussi un vrai conteur qui travaille le passé et le présent par le biais de la nature du pays ».

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      Avant de travailler la matière offerte par sa ville, ce réalisateur à la longue carrière a aussi documenté la répression politique avec un documentaire coup de poing proposé à Travelling, No olvidar (Ne pas oublier) sur le massacre de Lonquen, réalisé en 1982 sous pseudonyme, ou encore la découverte du cinéma par des enfants de quartiers pauvres dans Cien niños esperando un tren (Cent enfants qui attendent un train), émouvant film de 1988. Un cinéaste qui questionne sans cesse le cinéma dans son œuvre, au point d'ailleurs de faire du cinéma de sa vie.

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      Dominga Sotomayor, le coup de cœur

      Autre invitée de premier plan, Dominga Sotomayor, un coup de cœur... Dans ses films, la jeune réalisatrice raconte l'histoire de personnes qui, eux, partent, qui quittent la ville. Mais la réalité sociale du pays est là, en creux, pour qui sait la voir : ce sont des histoires de « vraies gens » puisque ses films sont largement autofictionnels, inspirés d'images de son enfance, de souvenirs, de personnes de son entourage. Mais leur patte intimiste, ces petits riens qui font le quotidien, ne correspond peut-être pas à ce que les diffuseurs français attendent, d'où leur invisibilité de ce côté-ci de l'Atlantique.

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      Il a fallu faire venir les copies et traduire ses films, faute de distribution. « Peut-être n'est-elle pas des clous ? », interroge Anne Le Hénaff. Dominga Sotomayor n'est pas dans la représentation que l'on peut avoir, de l'extérieur, du cinéma chilien, soit une cinématographie engagée, très ancrée dans l'histoire politique du pays : la dictature militaire et la répression qui a suivi, un libéralisme économique outrancier qui a laissé des millions de personnes sur le bord de la route, les révoltes successives jusqu'à l'explosion de 2019. « Il y a une méconnaissance de sa palette narrative et de mise en scène », regrette Anne Le Hénaff.

      La construction d'un scénario, les choix de montage et de mise en scène... tout ce qui fait un film – comme en écho à la question récurrente posée par Ignacio Agüero à ces collèges cinéastes dans l'un de ses films : « c'est quoi une cinématographie ? » – sont analysés en marge des projections.  Travelling, c'est de la pédagogie : les propositions sont relayées dans les écoles avec l'opération Collège au cinéma, auprès des élèves et des enseignants, dans un désir toujours renouvelé d'éducation, d'éveil à l'image et à la construction d'un récit cinématographique.

      Et Travelling Santiago, c'est aussi un focus sur le cinéma d'animation, dont le court métrage Bestia, du réalisateur multiprimé Hugo Covarrubias, des tirés à part sur la question Mapuche, la littérature, une sélection des films d'Alejandro Jodorowsky, merveilleux touche à tout hyper inventif, ou encore des films du plasticien Enrique Ramirez. Autant de propositions renouvelées chaque année pour la ville invitée (ces dernières années Prague, la Nouvelle-Orléans ou encore Beyrouth ont été mises à l'honneur) et c'est aussi bien sûr une fête.

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