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AU-DESSUS DE NORD STREAM 2, 27 SEPTEMBRE 2022. —
PHOTO DANISH DEFENCE COMMAND / VIA REUTERSL’enquête publiée par Seymour Hersh a fortement fait réagir Moscou et Washington. Les Américains démentent, les Russes réclament une enquête. Les méthodes de travail du journaliste, figure emblématique de l’investigation, sont controversées depuis quelques années
LE NEW YORK TIMES / REDUX / SEYMOUR HERSH DANS SON BUREAU DE WASHINGTON DU NEW YORK TIMES, 1975 |
Le journaliste américain Seymour Hersh, ancien prix Pulitzer, a publié sur son blog une enquête dans laquelle il affirme que le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, en septembre dernier, est le fait des États-Unis. La Russie s’est empressée d’appuyer ces allégations tandis que Washington a démenti avec force.
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Dans un post publié sur son propre blog, Seymour Hersh, qui s’appuie sur une seule source anonyme, écrit que des plongeurs de l’US Navy, aidés par la Norvège, ont posé en juin des explosifs sur les gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique, déclenchant leur explosion trois mois plus tard.
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Les États-Unis ont catégoriquement rejeté l’article, qualifiant ces informations de «pure fiction». La Norvège a elle aussi nié toute implication. Le Kremlin a pour sa part saisi l’occasion de se faire l’écho de cet article: «Certaines choses (dans cette publication) sont contestables, d’autres ont besoin d’être prouvées, mais l’article est remarquable par son analyse profonde et son exposé harmonieux» des événements, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
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«Il serait au moins injuste de ne pas y prêter d’attention, surtout pour un pays comme l’Allemagne qui a été privé de cette infrastructure énergétique cruciale à la suite de l’attentat» en septembre, a-t-il estimé. Pour Dmitri Peskov, l’article de Seymour Hersh montre «une fois de plus la nécessité d’une enquête internationale transparente sur cet attentat sans précédent». «Il n’y a pas beaucoup de pays dans le monde qui puissent commettre de tels actes de sabotage», a-t-il ajouté.
Les pays occidentaux avaient accusé la Russie d’être responsable de ces impressionnantes fuites de gaz précédées d’explosions sous-marines, ajoutant à la colère visant Moscou après le déclenchement de son offensive en Ukraine. La Russie accuse elle les «Anglo-Saxons» d’être derrière ce sabotage. Les enquêtes menées par les autorités suédoises, danoises et allemandes n’ont pas encore permis de déterminer de responsabilités.
Dans son article, Seymour Hersh affirme que le président américain Joe Biden a lui-même décidé de faire exploser ces gazoducs afin de priver Moscou des revenus faramineux de ses ventes de gaz à l’Europe.
L’enquêteur star désormais controversé
Agé de 85 ans, le journaliste est l’un des plus célèbres reporters d’investigation américains. Il a notamment révélé le massacre commis par des militaires américains dans le village de My Lai pendant la guerre du Vietnam, ce qui lui a valu le prix Pulitzer en 1970.
Mais plusieurs de ses articles – en particulier sur la traque d’Oussama Ben Laden ou l’actuel conflit en Syrie – ont suscité la controverse ces dernières années, d’autres journalistes l’accusant de propager des théories du complot.