jeudi, mai 31, 2007

Pourquoi l’énergie solaire ne "gaze" pas

Le Chili prend peu à peu conscience de sa dépendance énergétique envers ses voisins, l'Argentine notamment. Avec 3.500 Kms de côte et un ensoleillement record, il a des atouts certains pour développer des énergies renouvelables, comme le solaire. Mais le chemin à parcourir reste encore long

Le nord du Chili est une région qui reçoit le plus fort taux de radiation solaire au monde. Entre la I et la VII région le sol est baigné par près 6,2 Kwatt heure par jour de rayons solaire en été et 4,8 Kwatt heure en hiver. Des chiffres trois à quatre fois plus élévés qu’en Allemagne, pays européen qui a le plus développé les énergies renouvelables. "Cela permet de quoi couvrir près de 10% des besoins du pays", explique Alejandro Pinto Ortega, ingénieur de la société de Panneaux solaires Solener.
Au Chili, le potentiel est si peu exploité qu’il n’est même pas possible de chiffrer la part d’énergie solaire dans la production électrique chilienne. Les gouvernements successifs n’ont donné aucune impulsion au développement des énergies renouvelables. Aucun crédit d’impôt comme en France ou de loi sur les nouvelles constructions comme en Espagne°.
Les entreprises de distribution d’électricité, comme Chilectra, n’ont aucun intérêt à inciter les clients à passer au solaire : "C'est une énergie gratuite", explique Manuel Baquedano, directeur de l'Institut d'Ecologie Politique et porte-parole des écologistes durant la campagne électorale. "Une fois les panneaux installés, plus de factures à payer" s'exclame-t-il. "Quant aux Chiliens, ils restent dans leur grande majorité insensibles à ce thème. Le pays n'a pas la culture de l'énergie renouvelable comme en Europe", se désole Manuel Baquedano. Sans aides de l’État, rares sont les particuliers qui peuvent s’offrir ce type d’installation. "Seulement 20% de notre clientèle est constituée de particuliers contre 80% pour des industriels", explique Alejandro Pinto.

Soleil contre gaz
Il est donc assez rare de voir un toit couronné de panneaux solaire à Santiago. Quelques cas isolés donnent toutefois bonne conscience au gouvernement ou aux entreprises. Le Programme National d’Electrification Rural crée en 1994 développe des programmes de fourniture d’électricité dans les régions pauvres et reculées, grâce notamment aux panneaux solaires.
Le nouveau gouvernement de Michèle Bachelet tente de satisfaire les écologistes, avec lesquels elle a passé un pacte. Affirmant dans son dernier discours du 21 mai vouloir lutter contre la dépendance énergétique du pays (qui importe 85% de son énergie fossile), la présidente a lancé plusieurs chantiers. Ana Lya Uriarte Rodríguez, a été nommée ministre de l'Environnement, il y a deux mois avec la lourde tâche de créer de A à Z un véritable ministère de l'Environnement.
Deux lois sont également à l'étude : fixer à 5% la part des énergies renouvelables dans la production électrique nationale et porter à 15 % leur taux de croissance en 2020. Un pari irréaliste pour Alejandro Pinto: "L’Allemagne, qui est le pays européen le plus développé en la matière, n’arrive qu'à 10% après des années de politique d'incitation. Le Chili est trop en retard pour atteindre aussi rapidement ce chiffre.
En attendant, le "Colegio aleman" de Santiago vient de donner l’exemple en installant des panneaux solaires qui permettent aux élèves de prendre des douches chaudes après le sport.

En France l'état aide les particuliers dans les travaux ou l'achat de matériels d'énergie renouvelable. La TVA sur ces produits est réduite à 5% et on peut bénéficier d'un crédit d'impôt allant jusqu'à 50%. Détails sur le Site de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie voir ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie)
Pour l'Espagne une loi a été adoptée en 2007 qui stipule que touts les
nouveaux bâtiments devront couvrir entre 30 et 70 % des besoins en eau chaude grâce à l'énergie solaire.