(De Santiago du Chili.) Les récentes déclarations de Carlos Larrain, président du parti Rénovation Nationale (droite), ont donné une preuve de plus que les relations entre l'ancien dictateur et les partis qui l'ont soutenu demeurent troubles. Dans une interview à Radio Cooperativa, M. Larrain a comparé la recherche aujourd'hui des personnes disparues pendant la dictature "à une recherche de restes archéologiques". Une déclaration qui a fait du bruit, et que les associations de défense des Droits de l'homme n'ont pas tardé à critiquer, par la voix de Lorena Pizarro, présidente de l'association des familles de disparus.
Mme Pizarro a estimé dans un entretien au quotiden La Nacion que "si M. Larrain croit que lorsque quelqu'un perd un proche et le recherche, il réalise une fouille archéologique, cela veut dire que son sentiment d'humanité est très bas !". Avant d'ajouter : « Ce que l'on cherche, ce sont des hommes et des femmes assassinés par la dictature d'Augusto Pinochet, crimes dont bien des militants de Rénovation Nationale sont responsables, au moins comme complices ».
Ces déclarations de M. Larrain, président d'un parti de droite, certes, mais d'un parti démocratique, montre bien que les blessures de la dictature ne sont pas refermées au Chili, loin de là. Et que la droite a encore du mal à faire son auto critique. Lors des obsèques de l'ancien dictateur, en décembre dernier, M. Larrain était présent, aux côtés de nombreux parlementaires de droite, mais surtout de la majorité des entrepreneurs du pays, et notamment des plus puissants. Tous ou presque avaient tenu à rendre un dernier hommage à leur "Général", le "sauveur du peuple chilien, dernier rempart contre le marxisme".
L'éditorialiste Jaime Riera note que dans d'autres pays les mouvements de droite ont un comportement différent face à l'histoire, notamment en France. Observant que Nicolas Sarkozy "Président français, chef de la droite dans son pays, vient d'inaugurer son mandat en rendant hommage à une figure mythique de la lutte antifasciste, un jeune martyr communiste". Une situation hautement improbable au Chili. Et M. Riera de poser la question suivante : " Aujourd'hui encore, les européens doivent-ils nous enseigner le sens de l'histoire et les secrets de l'archéologie ?".