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PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT
Transport et environnement / Largement abandonné sous la dictature, le réseau ferroviaire chilien fait l’objet d’un plan de relance de 14 milliards CAN. Malgré les grandes distances et la densité de population relativement faible — comme au Canada —, le Chili mise sur le train pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et la congestion routière.
TEXTE JEAN-THOMAS LÉVEILLÉ / PHOTOS SARAH MONGEAU-BIRKETT
(Chimbarongo, Chili)
Prise d’assaut par la végétation et les graffitis, ses portes et fenêtres disparues, la petite gare de Chimbarongo n’a pas accueilli de train depuis quelques décennies.
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Comme tant d’autres au Chili, cette station située à quelque 150 kilomètres de la capitale, Santiago, a été abandonnée, au grand dam de l’entreprise qui possède aujourd’hui le vignoble voisin, dont les vins sont exportés partout dans le monde.
LA PETITE GARE DE CHIMBARONGO, EN DÉCRÉPITUDE PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
LA PETITE GARE DE CHIMBARONGO, EN DÉCRÉPITUDE PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
LE RETOUR DU TRAIN SERAIT « UNE IMMENSE AMÉLIORATION POUR TOUTE LA COMMUNAUTÉ », ESTIME SOLEDAD MENESES PASTÉN, CHEFFE DES COMMUNICATIONS ET DE L’ŒNOTOURISME DE CONO SUR. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
« On pense à l’utiliser depuis nos tout débuts », confie à La Presse Soledad Meneses Pastén, cheffe des communications et de l’œnotourisme de Cono Sur, qui vinifie à Chimbarongo les raisins provenant de la dizaine de domaines viticoles qu’elle possède au Chili.
Le vin de Chimbarongo a d’ailleurs déjà voyagé par train, avant que Cono Sur n’achète le domaine de 300 hectares en 1996, souligne-t-elle en montrant le portail dans la clôture du vignoble, qui donnait directement accès à la gare, à une certaine époque.
Le retour du train serait aussi « une immense amélioration pour toute la communauté », estime Mme Meneses Pastén, qui évoque les gens devant se déplacer dans d’autres villes pour différents services, les étudiants voyageant vers la capitale et les touristes venant visiter la région.
Ce jour pourrait venir, puisque le train amorce son retour avec le Plan national de développement ferroviaire du gouvernement chilien, qui prévoit des investissements équivalant à 14 milliards de dollars canadiens, dont le tiers concerne des projets déjà lancés.
JUAN CARLOS MUÑOZ ABOGABIR, MINISTRE DES TRANSPORTS ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS DU CHILI PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
« On ne fait pas qu’étendre le réseau, le ramener à ce qu’il était avant ; on améliore aussi le service, on augmente la fréquence, on achète de nouveaux trains et on réutilise les vieux pour tester de nouveaux services là où il n’y a pas de service du tout », explique le ministre des Transports et des Télécommunications du Chili, Juan Carlos Muñoz Abogabir, que La Presse a rencontré à Santiago.
Tripler les passagers, doubler les marchandises
Le gouvernement chilien ambitionne de faire passer le nombre de passagers voyageant par train de 51 millions en 2019 (avant la pandémie) à 150 millions par année d’ici 2030, et compte augmenter de 11 millions à 22 millions de tonnes la quantité de marchandises transportées annuellement sur les rails.
DES TRAINS ET DES PASSAGERS DANS LA GARE CENTRALE DE SANTIAGO. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
DES TRAINS ET DES PASSAGERS DANS LA GARE CENTRALE DE SANTIAGO. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
DES TRAINS ET DES PASSAGERS DANS LA GARE CENTRALE DE SANTIAGO.PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
Environ la moitié des nouveaux passagers proviendront de la bonification des services de train de banlieue, assurés par EFE, explique le ministre Muñoz.
« Une fois que vous êtes parvenu à assurer une forte desserte des banlieues, que vous avez une demande assurée, vous pouvez commencer à penser à aller plus loin. Il faut y aller petit à petit. »
Juan Carlos Muñoz Abogabir, ministre des Transports et des Télécommunications du Chili
L’ESSENTIEL DU RÉSEAU FERROVIAIRE CHILIEN APPARTIENT À L’ENTREPRISE PUBLIQUE DE TRANSPORT DE PASSAGERS EFE. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
LE TRAIN A PÂTI SOUS LA DICTATURE, QUI NE LE JUGEAIT QUE DANS UNE OPTIQUE DE RENTABILITÉ FINANCIÈRE. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT |
Construit à partir de 1851, le réseau ferroviaire chilien reliait à son apogée Puerto Montt à Iquique, sur quelque 2800 km, sans compter les nombreux embranchements secondaires. Aujourd’hui, le réseau ne compte plus que 2200 km au total. «À la fin des années 1970, sous la dictature [d’Augusto Pinochet], l’approche économique était très orientée vers une philosophie d’entreprise privée voulant que les rails devaient générer des revenus pour l’État », ce qui a mené à l’abandon de plusieurs liaisons, rappelle le ministre des Transports et des Télécommunications du Chili, Juan Carlos Muñoz Abogabir. À la fin des années 1980, la pertinence de conserver une entreprise ferroviaire publique était même remise en question, ajoute-t-il.
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