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| JEANNETTE JARA, CANDIDATE DE LA GAUCHE À LA PRÉSIDENTIELLE AU CHILI, À L’ISSUE DU PREMIER TOUR, À SANTIAGO, LE 16 NOVEMBRE 2025. PHOTO RODRIGO ARANGUA |
International / Chili / Présidentielle au Chili : la communiste Jeannette Jara et l’ultraconservateur José Antonio Kast s’affronteront au second tour / La candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir est arrivée en tête du premier tour, avec 26,71 % des suffrages, contre 24,12 % pour son rival d’extrême droite. Mais c’est José Antonio Kast qui fait désormais figure de favori pour le second tour, qui aura lieu le 14 décembre.
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Le Monde
La communiste modérée Jeannette Jara et son rival d’extrême droite, José Antonio Kast, s’affronteront au second tour de la présidentielle chilienne, après un scrutin du premier tour, dimanche 16 novembre, dominé par les inquiétudes liées à la criminalité.
La candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir recueille 26,71 % des suffrages, contre 24,12 % pour son rival ultraconservateur, selon des résultats officiels portant sur près de 83 % des bulletins dépouillés. Ils s’affronteront le 14 décembre.
Avant le premier tour, les sondages avaient toutefois prédit la défaite de Jeannette Jara au second tour en cas de qualification face à un candidat de droite ou d’extrême droite, en raison du report des voix.
Ces résultats « sont une très mauvaise nouvelle pour Jeannette Jara », commente, pour l’Agence France-Presse, Rodrigo Arellano, analyste à l’Université du développement du Chili. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % », explique-t-il, soulignant, en outre, que « l’ensemble des candidats de l’opposition la devancent de près du double ».
Pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet, en 1990, la droite radicale pourrait revenir au pouvoir.
« Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a affirmé Jeannette Jara, dimanche dans la soirée, exhortant les électeurs à ne pas succomber à l’extrême droite lors du second tour, en décembre. José Antonio Kast a, lui, promis, dimanche soir, de « reconstruire » le pays après quatre années de gouvernance de centre gauche.
Criminalité en hausse
Plus de 15,6 millions d’électeurs étaient appelés à départager huit candidats lors de ce premier tour, marqué par de longues files d’attente pour ce scrutin obligatoire. L’extrême droite était aussi représentée par Johannes Kaiser, du Parti national libertarien, souvent perçu comme la version chilienne du président argentin, Javier Milei.
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Bien que le pays, riche en cuivre et en lithium, reste l’un des plus sûrs du continent, la criminalité y a sensiblement augmenté depuis ces dernières années. Le taux d’homicides a bondi de 2,5 à 6 pour 100 000 habitants en une décennie, et les enlèvements ont atteint 868 cas en 2024, en hausse de 76 % par rapport à 2021, selon les autorités.
Cette violence inédite a éclipsé les aspirations de changement qui avaient porté au pouvoir, en 2022, le président de gauche Gabriel Boric, lequel avait fait la promesse, finalement avortée, d’une nouvelle Constitution, afin de remplacer celle qui avait été mise en place par Augusto Pinochet.
L’inquiétude de la population tient notamment à l’arrivée de formes de criminalité organisée « jusque-là inconnues dans le pays, comme les assassinats commandités », note Gonzalo Müller, directeur du Centre d’études politiques du Chili.
Parallèlement, le pays a connu une hausse de l’immigration : le nombre de migrants a doublé en sept ans, pour atteindre 8,8 % de la population. Une majorité de Chiliens associe la montée de la criminalité à l’immigration irrégulière.
Promesse d’expulsions massives
La campagne a ainsi été dominée par les discours sécuritaires, auxquels Jeannette Jara elle-même s’est ralliée. Agée de 51 ans et membre du Parti communiste depuis l’adolescence, l’ancienne ministre du travail a assuré n’avoir « aucun complexe en matière de sécurité ». Elle défend un contrôle migratoire renforcé, tout en promettant aux Chiliens « la sécurité d’arriver à boucler les fins de mois », dans un contexte de hausse du coût de la vie.
Son principal rival, José Antonio Kast, 59 ans, fils d’un ancien soldat ayant servi dans l’armée d’Hitler et émigré au Chili après la seconde guerre mondiale, brigue pour la troisième fois la présidence. Il a fait des 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays, en majorité des Vénézuéliens, le cœur de son discours, exploitant un climat d’inquiétude lié à l’arrivée de groupes criminels étrangers, comme Tren de Aragua, impliqué dans des enlèvements et des extorsions.
L’ultraconservateur promet des expulsions massives, la construction d’un mur à la frontière, une hausse de la puissance de feu de la police et le déploiement de l’armée dans les zones critiques.
En troisième position à ce stade du dépouillement, Johannes Kaiser, 49 ans, également d’origine allemande, tenait le discours le plus radical des huit candidats contre les migrants en situation irrégulière, promettant de les expulser, mais également d’envoyer ceux qui ont un casier judiciaire dans la mégaprison du président salvadorien, Nayib Bukele.
Ces positions ont fragilisé la candidate de la droite traditionnelle Evelyn Matthei, dont un clip de trap (courant musical issu du hip-hop) diffusé en fin de campagne – et largement moqué – n’a pas réussi à inverser la tendance.
Le scrutin est considéré comme un indicateur-clé pour la gauche sud-américaine – battue récemment en Argentine et en Bolivie –, confrontée à des échéances électorales décisives en Colombie et au Brésil en 2026.
Le Monde avec AFP
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ALVARO HENRIQUEZ Y PETTINELLIS
Con un VOTE POR JARA y la presentación de Alvaro Hernirquez y PETTINELLI
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