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INTERNATIONAL / CHILI / Au Chili, une campagne présidentielle marquée par la prépondérance de la droite et de l’extrême droite /Lors de l’avant-dernier débat présidentiel, mardi, les candidats ont détaillé leurs propositions pour contrôler l’immigration, l’un des sujets qui préoccupent le plus les Chiliens, avec l’insécurité.
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Le Monde
Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante) Publié hier à 17h32
Temps de Lecture 3 min.
L’avant-dernier débat, au Chili, avant le premier tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 16 novembre, s’est tenu à la radio mardi 4 novembre et a confirmé le ton d’une campagne dominée par la droite et l’extrême droite. L’immigration et l’insécurité s’imposent comme les grandes thématiques des principaux des huit candidats en lice, reflétant les principales préoccupations des Chiliens.
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| «¡Es oficial! Somos el número 2 en la papeleta2️⃣✌️» FLYER JANNETTE JARA |
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR
Les sondages prévoient au premier tour une avance confortable à Jeannette Jara, la candidate unique de la gauche et du centre gauche, avec 30 % des intentions de vote, devant José Antonio Kast (extrême droite), crédité de 20 % des voix. Ex-ministre du travail de l’actuel gouvernement de Gabriel Boric (gauche), Jeannette Jara a tâché de se distancier du président sortant – qui, comme le prévoit la Constitution, ne peut briguer un second mandat d’affilée. Elu sur des propositions de grandes réformes sociales, Gabriel Boric n’a pu les mettre en œuvre que de façon marginale.
Lors du débat, la candidate de la gauche a mis en avant sa proposition de construction de 260 000 logements et fait part de son « malaise » face aux moyens jugés insuffisants actuellement consacrés aux politiques du logement. Ramenée par ses détracteurs à son appartenance au Parti communiste, qui a intégré la vaste alliance de l’actuel gouvernement, Jeannette Jara a réaffirmé qu’elle se posait en « représentante du centre gauche ».
La candidate a, elle aussi, intégré dans ses thématiques l’immigration, estimant que sa facette « irrégulière affecte le pays » et qu’elle doit être contrôlée aux frontières par la création d’unités spéciales. Entre 2018 et 2024, le nombre d’immigrés a augmenté de près de 50 % au Chili, leur premier pays d’origine étant le Venezuela.
Contre les valeurs progressistes
Candidat pour la troisième fois à une élection présidentielle, José Antonio Kast a confirmé sa volonté d’expulser les immigrés en situation irrégulière. Lors de cette campagne, le candidat d’extrême droite a fait sienne la thématique de coupes drastiques dans les budgets de l’Etat, dans le sillon du président ultralibéral argentin, Javier Milei. Il promet d’économiser 6 milliards de dollars (soit environ 5,2 milliards d’euros) en dix-huit mois. Cependant, l’ancien député a opté pour un discours moins radical, en comparaison de la campagne présidentielle précédente.
Il ne propose plus, comme il y a quatre ans, de creuser une tranchée à la frontière nord du Chili pour lutter contre l’immigration. « On ne va couper dans aucune aide sociale », a-t-il encore déclaré, à la fin du mois d’octobre, pour tenter de rassurer. Le candidat anticipe sa qualification en vue du second tour et se recentre pour éviter une mobilisation anti-extrême droite contre lui, qui avait largement aidé à l’élection de son rival Gabriel Boric en 2021.
Ce positionnement moins radical a laissé une place encore plus à droite que M. Kast, avec la montée en puissance du député libertarien Johannes Kaiser. Dans le dernier sondage de Tu Influyes, il arrive en troisième position, devançant la candidate de droite, Evelyn Matthei.
Il s’inscrit dans une « bataille culturelle » contre les valeurs progressistes. « Je vais définitivement fermer le chapitre 1973-1990 », a-t-il lancé mardi, en référence à la dictature militaire. « On ne peut pas avoir des gens de 80 ans, 90 ans pourrissant dans une prison (…) seulement pour des raisons politiques », a-t-il poursuivi. Il faisait allusion aux responsables de la junte condamnés pour des crimes commis sous la dictature, semblant ouvrir la porte à une grâce présidentielle. « Une partie de la population ressent de la rage, de la frustration et Johannes Kaiser est celui qui les représente le mieux », observe Robert Funk, politologue à l’Université du Chili.
Premier scrutin avec vote obligatoire
Avec une offre abondante à droite, Evelyn Matthei peine à imprimer sa marque dans la campagne. L’ancienne ministre du travail sous le premier mandat de Sebastian Piñera (2010-2014) tente d’incarner la modération tout en martelant le discours de l’ordre. Mardi, elle a associé « immigration incontrôlée » et « délinquance », et insisté sur le thème des « Chiliens d’abord ».
« Cette campagne est médiocre, avec des propositions isolées pensées pour des vidéos à poster sur les réseaux sociaux, mais pas avec de véritables programmes », estime Sergio Toro, politologue à l’université Mayor. Le caractère obligatoire du vote, une première pour un scrutin présidentiel depuis quinze ans, introduit une « incertitude inédite », poursuit le politologue, qui invite à une grande prudence face aux sondages.
Le 16 novembre, les Chiliens seront aussi appelés à renouveler la totalité de la Chambre des députés et une partie du Sénat. Si aucun candidat n’obtient de majorité absolue à la présidentielle, un second tour se tiendra le 14 décembre. Aujourd’hui, les sondages donnent Jeannette Jara perdante quel que soit son concurrent, José Antonio Kast, Evelyn Matthei ou Johannes Kaiser.
Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)
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