mardi, juillet 28, 2020

CHILI: INQUIÉTUDE DE L'ÉGLISE POUR LA GRÈVE DE LA FAIM DES MAPUCHES

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PHOTO AFP
L'évêque de Temuco, au Chili, a exprimé ce dimanche 26 juillet toute son inquiétude concernant les neuf représentants mapuches incarcérés en grève de la faim depuis le 4 mai 2020. Au cœur de leur geste extrême, la question de leurs terres ancestrales.
L'évêque de Temuco, dans le sud du Chili, a partagé son inquiétude dans une tribune publiée ce dimanche dans le Diario Austral de la Araucania. Il demande aux autorités de prendre en charge les questions qui ont conduit à la grève de la faim de ces neuf représentants du mouvement mapuche, emprisonnés dans les prisons de Temuco, d'Angol et de Lebu. Ils revendiquent des droits sur la terre de leurs ancêtres et se considèrent comme des prisonniers politiques. Ils ont commencé leur protestation le 4 mai, assurant qu'ils veulent la porter à «des conséquences extrêmes».

L'Église rejette tout ce qui est contre la vie, écrit Mgr Vargas Bastidas, soulignant combien «sa position est connue en ce qui concerne les graves violations des droits de l'Homme et les injustices "criant au ciel", l'avortement et l'euthanasie, les mauvais traitements des personnes âgées, la haine, la violence et le terrorisme, le racisme, l'exclusion et la discrimination, la traite des êtres humains, les abus de pouvoir, de conscience et les abus sexuels contre les femmes et les enfants», au point que «l'Église elle-même a dû demander pardon pour la conduite répréhensible de certains de ses ministres sur ces questions».

Trouver de nouvelles formes de protestation


Au vu de tout cela, donc, et «conformément à ces valeurs», Mgr Vargas Bastidas a ajouté que «nous ne pouvons qu'exprimer notre grande préoccupation pour le peuple Mapuche qui a entamé une grève de la faim depuis plus de deux mois, mettant ainsi sa santé et sa vie en grand danger».

Le prélat, inquiet de cet acte de protestation, a exhorté les Mapuches «à envisager de nouvelles façons d'appliquer cette pression qui, bien que pacifique, est en même temps extrême, car elle met à l'épreuve les valeurs essentielles de l'individu, comme la vie et la liberté, qui sont toutes deux au centre de la dignité humaine».

L'évêque de Temuco a également souhaité «que les autorités puissent prendre en charge les questions fondamentales qui sous-tendent cette action délicate». Il a fait référence à «une politique d'État, fruit d'une volonté politique claire et transversale qui, à la lumière des traités signés par le Chili», «peut, une fois pour toutes, avancer de manière décisive et efficace dans les questions en suspens avec ses peuples indigènes».

Appel au dialogue


Il a ensuite invité «la Région, ses différents dirigeants, au-delà de ce que fait l'État, à prendre leurs responsabilités, à travers des instances de dialogue réel et fructueux, sans exclusions, en brisant les méfiances et les préjugés, en créant un climat qui leur permette de s'écouter mutuellement et de partager les grandes attentes de tous, et de rechercher à partir de là des formules qui leur permettront de s'entraider».

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dimanche, juillet 26, 2020

CHILI: PLUS DE 13 000 PERSONNES MORTES DU CORONAVIRUS, INCLUANT LES CAS PROBABLES

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PHOTO ILLUSTRATION LJQ
Le nombre de morts liés au coronavirus dépasse les 13 000 au Chili, a annoncé samedi le ministère de la Santé, qui a inclus dans ce bilan environ 4000 décès, probablement de même origine, suivant ainsi les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
au total, 9020 décès confirmés avec test PCR ont été enregistrés, auxquels s’ajoutent 4183 morts «probables» de la COVID-19, selon les chiffres officiels.

Les experts considèrent qu’inclure des décès probables dans le bilan global permet de s'approcher le plus possible des paramètres de l’OMS.

Dans les dernières 24 heures, le Chili a annoncé samedi 2287 nouveaux cas de contamination, pour un total de 343 592, et 106 décès.

Les autorités ont assuré que les chiffres des nouveaux cas connaissaient une tendance à la baisse. Elles ont dès lors annoncé vendredi une première étape de déconfinement à partir de la semaine prochaine pour sept localités de la région de Santiago, certaines étant en quarantaine depuis mars, et pour deux localités de la région de Valparaiso.

Le Chili fait partie des 10 pays les plus infectés par la COVID-19, et il est le seul avec moins de 30 millions d’habitants dans le classement de l’université américaine Johns Hopkins.


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PABLO DELCAN

« Grâce aux données collectées par les chercheurs de l'université américaine Johns-Hopkins, (JHU) qui recensent les cas et les décès confirmés, il est possible de suivre jour après jour l’évolution de l’épidémie au Chili. »
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vendredi, juillet 24, 2020

LUCIA HIRIART, L’OMBRE TENACE D’AUGUSTO PINOCHET

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ILLUSTRATION  JULIEN PACAUD

La femme du dictateur chilien l'a poussé à prendre part au coup d'Etat, comme elle l'a incité à plus d'ambition tout au long de sa carrière. En retrait, comme une femme se doit d'agir, dans sa vision du monde

Par Mathilde Farine

COUVERTURE

On est en 1943. Lorsqu’elle épouse Augusto Pinochet, qu’elle connaît depuis cinq ans, Lucia Hiriart n’a pas encore 21 ans. Mais les idées très claires et une détermination qui ne la quittera jamais. Ce militaire de carrière ne plaît guère à la famille de sa future épouse, membre de l’élite chilienne. Devenant Lucia Hiriart de Pinochet, elle fait fi des préjugés de ses parents, qui considèrent qu’il ne joue pas dans sa catégorie. Car Augusto a peut-être dû s’y prendre à trois fois avant d’être admis dans l’armée mais elle lui voit un grand potentiel.


Pas nécessairement celui de la rendre heureuse dans un mariage harmonieux. L’union avec celui qu’elle aurait appelé, dans les moments difficiles, son «milico de mierda» (militaire de merde) n’est pas paisible. Ni exclusive, du moins de l’avis de l’époux qui multiplie les conquêtes. En poste à Quito au début de sa carrière, il délaisse sa famille en socialisant de son côté, pendant que sa femme s’occupe de leurs cinq enfants (trois filles et deux garçons) dans une relative pauvreté à laquelle elle n’est pas habituée. N’y tenant plus, elle finit par le menacer de le quitter, sachant qu’un homme séparé (le divorce n’est pas autorisé avant 2004) n’aurait plus aucune chance de carrière dans l’armée chilienne.


Dans l’ombre


Elle devra attendre trois décennies pour que sa famille parvienne finalement au pouvoir. Croyante, Lucia Hiriart s’en remet à Dieu. Au New Yorker, elle dit en 1998: «Mon mari m’a appris que dans une carrière normale, il pourrait être colonel. N’importe quoi au-dessus, ce serait notre bonne fortune et un peu de chance. Il est devenu général pour des raisons politiques. On dit de moi que je suis messianique parce que je le dis, mais je crois que c’était la Providence qui l’a fait président.»

Aide de Dieu ou non, «Lucy», comme elle se fait appeler par ses proches, a aussi joué son rôle. En le poussant à plus d’ambition, puis en l'incitant à participer au renversement de Salvador Allende. Augusto Pinochet l’admet lui-même dans son autobiographie: en septembre 1973, alors que le coup d’État se prépare et qu’il hésite, elle l’amène devant la chambre de ses petits enfants endormis, le prévenant que ses tergiversations feraient d’eux des esclaves du communisme. C’était le coup de fouet qu’il fallait pour le décider à participer au renversement de Salvador Allende, président socialiste en poste depuis près de trois ans, qui se tuera pendant l’attaque. S’ensuit une dictature parmi les plus brutales et meurtrières d’Amérique latine, qui durera jusqu’en 1990.


Relation avec le chef de la police secrète


Malgré son rôle dans la prise, puis la conduite, du pouvoir, Lucia Hiriart n’est pas très bien connue des Chiliens. De fait, avant 2013 et la publication de Doña Lucía, la biografía no autorizada, beaucoup ignorent le rôle que l’ancienne première dame a joué. C’est la journaliste Alejandra Matus, dans ce livre devenu best-seller*, qui révèle son influence sur la carrière de son mari, l’ambition qu’elle le pousse à développer. Selon celle qui dit s’être entretenue une soixantaine de fois avec Lucia Hiriart, loin d’être seulement la femme derrière le dictateur, celle-ci a une vision pour le pays, qu’elle s’efforce de mettre en place via la Fondation CEMA Chile, une organisation de femmes chiliennes.

Fondée en 1954 et conçue comme un centre communautaire pour les paysans à l’origine, CEMA Chile sert aux bonnes œuvres des premières dames chiliennes et propose de former les femmes, dans tous les rôles de soutien auxquels elles peuvent être destinées. Des années plus tard, en 2016, Lucia Hiriart sera accusée de l’avoir utilisée pour détourner des fonds en faveur de sa famille. Elle avait aussi été accusée d’avoir joué un rôle dans une affaire de corruption concernant son mari.

On dit aussi qu’elle a nourri une relation spéciale, à l’insu de son mari, avec le chef de la police secrète, le colonel Manuel Contreras Sepulveda. Lui assure sa place et elle obtient, grâce à des écoutes téléphoniques qu’il réalise pour elle, des informations sur les autres familles de militaires haut placés.


Interminable déchéance


La conquête du pouvoir sera aussi spectaculaire que sa fin sera lente, comme une interminable déchéance. Alors que les Chiliens votent pour la fin du pouvoir militaire, au cours du référendum de 1988, et poussent ainsi finalement, par les urnes, Augusto Pinochet hors du palais présidentiel, Lucia Hiriart les traite d'«ingrats». Une ingratitude qu’elle porte en elle depuis désormais des décennies.


Lors de la publication de sa biographie, en 2013, Alejandra Matus résumait les enjeux ainsi: «Lucia a souffert de sa condamnation à vivre trop longtemps. Vivre pour endurer la perte de pouvoir et la solitude des salons qu’elle a fait construire pour montrer la splendeur de ses costumes de princesse. Vivre pour assister à la désintégration de sa famille. Vivre pour éprouver le rejet de la classe à laquelle elle voulait appartenir et voir comment ces femmes rient désormais derrière son dos, commentant ses goûts kitsch et son manque de raffinement. Vivre pour voir frustrés ses rêves de devenir une sorte d’Eva Peron aimée des pauvres.» Sept ans et une longue série d’incidents de santé plus tard, à 98 ans, Lucia Hiriart peut continuer de ressasser, quasi seule dans sa demeure luxueuse à Santiago.

*Non traduit, mais un compte rendu peut être lu ici en anglais

LUCIA HIRIART, L’OMBRE
 TENACE D’AUGUSTO PINOCHET

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CDI COPESA

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mardi, juillet 21, 2020

RAÚL ZURITA : L’ECRIVAIN CHILIEN DU COEUR, DE L’ESPOIR ET DE LA MÉMOIRE

PHOTO MARIELISA VARGAS

L’une des voix poétiques latino-américaines les plus en vue de la région et qui s’exporte dans le monde entier, le Chilien Raúl Zurita, nous dévoile sa vision de la littérature, de l’art et la politique. Lauréat du Prix national de littérature et du Prix ibéro-américain Pablo Neruda, il est à l’origine d’une oeuvre foisonnante. Le 11 septembre 1973, qui a vu le général Augusto Pinochet prendre le pouvoir au Chili, marque l’avant et l’après dans la vie de l’auteur de Purgatorio, Anteparaíso, ou de La vida nueva. Entretien réalisé par Pierre Lebret, traduit par Lauréna Thévenet, Maxime Penazzo, Marine Lion et N. D.


LVSL – Dans vos recueils de poèmes, la ville est souvent mise en relation avec la dictature et les lieux de la répression, en donnant en plus une place centrale à la mémoire. La poésie est-elle pour vous la clef pour permettre à une société de demeurer consciente d’elle-même ?

Le Vent Se Lève 

Raúl Zurita – La poésie est comme l’espoir de ce qui n’en a pas, une possibilité pour ce qui n’en a aucune. Lorsqu’on s’intéresse au fait poétique, on s’intéresse à quelque chose de mystérieux ; je ne sais pas bien ce que c’est, mais j’ai la sensation que si cela se terminait, si tous les poètes du monde cessaient d’être, le monde disparaîtrait en cinq minutes. Il y a quelque chose que soutient la poésie, quelque chose de mystérieux, et si on le supprime tout s’effondrerait. Les poètes n’ont aucun pouvoir pour changer une dictature, ils n’ont aucun pouvoir pour éviter les violations des droits de l’homme en Méditerranée, pleine de morts. Mais sans la poésie, aucun changement n’est possible.

LVSL – L’écrivaine Toni Morrison définissait l’exercice de l’écriture comme un acte politique. Qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

RZ – Un acte de résistance. Un acte de résistance qui est probablement en train d’arriver à sa fin. Car l’écriture n’est pas le seul moyen que les peuples ont utilisé pour communiquer. Mais la poésie vient avant l’écriture, elle viendra après et lui survivra. C’est comme être dans le monde, en train de penser et de danser.

LVSL – Depuis la publication de Purgatorio (Purgatoire) en 1979 et jusqu’à La vida Nueva, versión final (La nouvelle vie, version finale) en 2018, nous observons l’histoire et le compromis d’un homme avec les droits de l’homme, mais également avec les origines et les voix ancestrales. En 1990, croyiez-vous en une destinée différente pour le Chili ?

RZ – Le monde n’est en rien ce que je croyais qu’il deviendrait, le Chili n’est en rien ce que je croyais qu’il deviendrait. C’est une douleur sans remède. La dictature de Pinochet n’a permis qu’une seuls chose ; ce fut une dictature féroce qui a fait disparaître des gens et en a tué tant d’autres, mais elle a éveillé parmi ceux qui s’y opposaient, des sentiments d’amour et de solidarité entre eux, entre nous, des sentiments si forts. Car on n’avait alors rien de plus qu’autrui, rien de plus que l’amitié d’autrui, rien de plus que l’amour d’autrui.

« Si l’art disparaît, la seule possibilité de changement disparaît, la seule possibilité de rêver disparaît, et ce serait la défaite ultime et totale. »

La seule chose qui nous soutenait dans cette nuit noire était autrui. À la fin de la dictature, cette solidarité, cette humanité c’est ce que l’on oublie en premier ; cela a été d’une grande tristesse. Et c’est une conséquence du néolibéralisme.

LVSL – Est-ce que cette rupture a influencé la création ?

RZ – Oui, elle a influencé l’espoir, la joie, et je pense que cela a aussi influencé sa déception. Le slogan de la campagne contre Pinochet était « la joie arrive ». Elle n’est pas venue et on en est là.

LVSL – Il y a des années, vous avez opposé le langage de la poésie à celui du commerce. Que peuvent faire la poésie et la littérature ? Que peut faire l’art face à la brutalité en période de crises multiples ?

RZ – Nous devons prêter attention à la langue. Que peut faire la langue ? Je suis toujours étonné par ce monde généré par le langage capitaliste, qui est le langage de la publicité, qui couvre absolument tout. Je reprends un slogan typique, celui d’une compagnie de gaz au Chili, Metrogaz  : « Chaleur humaine, chaleur naturelle ». Metrogaz n’est ni une chaleur humaine ni une chaleur naturelle. C’est une sorte de langage qui fait que chaque mot ne dit pas ce qu’il dit, chaque phrase ne nomme pas ce qu’elle nomme et ne montre pas ce qu’elle montre.

C’est à ce langage que le langage de l’art résiste. Le langage de l’art résiste dans le sens où il fait appel à des significations, aux significations réelles qui ont été construites petit à petit, à ces significations douloureuses qu’un grand nombre d’artistes, de poètes, de chanteurs, de conteurs ont construites, qui vont à l’encontre du langage du capital, qui est le langage du néant, du mensonge radical. Donc, je pense que l’art lui-même est impuissant, il est impuissant face à la pandémie, il ne peut la résoudre. Mais si l’art disparaît, la seule possibilité de changement disparaît, la seule possibilité de rêver disparaît, et ce serait la défaite ultime et absolue.

LVSL – Compte tenu de ce que vous avez vécu pendant la dictature, en tant qu’être humain et en tant qu’écrivain, qu’avez-vous ressenti le 18 octobre 2019, lorsque la révolte sociale a commencé au Chili ?

RZ – D’une part, une joie immense, parce que nous avons réalisé qu’il y avait un peuple vivant, un peuple qui était vivant, un peuple qui se rendait compte de quelque chose d’évident qui devait arriver, du fait des inégalités abyssales. Les politiques de droite ont créé tant d’injustices, d’échecs et d’inégalités, qu’elles ont démontré que tout ce qui s’implantait était un mensonge immense en termes de commerce, de profit, de plus-value capitaliste. Ce fut donc une grande joie et en même temps, comme cela a été vécu pendant la pandémie, une douleur énorme à digérer : tous les gens contre lesquels cette manifestation a été levée, tout ce monde atroce qui a été construit.

On nous a dit que le Chili était un pays de classe moyenne, mais un pays de classe moyenne qu’il suffisait de secouer pour qu’il retourne dans son état de pauvreté. Et voyez comment ils sont endettés : encore une fois, la logique exclusive du capital aveugle tout le reste.

LVSL – Écrire un poème sur une feuille ou dans le ciel vise le même objectif, celui de s’exprimer, et, comme vous le faites remarquer à une autre occasion, c’est aussi une façon de ne pas s’écrouler. Vous qui avez été le poète qui a écrit ses vers sur le ciel de New-York, ou sur les falaises face à la mer, qu’écririez-vous aujourd’hui sur le ciel de Santiago et comment réagissez-vous face à ce qui se publie sur la façade de la Tour Telefónica qui se trouve sur la Place de la dignité [la place sur laquelle les manifestants chiliens ont convergé en octobre 2019 ndlr] ?

RZ – Les Delights Labs sont un groupe d’artistes impressionnant, qui font de l’art lumineux ; ils le font dans la contingence, ils déploient le mot faim au moment où la faim des secteurs populaires les plus pauvres se fait entendre. Ils vous disent – le pouvoir en place – : « Ici, on est sous quarantaine, personne ne peut sortir », on leur répond : « Mais comment ne pas sortir, comment allez-vous nous interner si nous sommes en train de mourir de faim ? » Et vient la censure, qui met sous le feu des projecteurs le mot faim pour l’effacer. Ils ont décidé d’effacer le mot faim et de le censurer. C’est ridicule ! La faim est un fait réel.

« Un peuple qui a pu choisir Salvador Allende me touche, et un peuple qui a soutenu la dictature, du moins à ses débuts, me terrorise.»

Par rapport à cette question, beaucoup de ce que je fais est partie intégrante d’une résistance personnelle, d’une résistance intime, même soudainement c’était pour ne pas me résigner, pour ne pas me casser, pour ne pas me briser. C’était ma façon de résister, ma façon de renaître de mes propres cendres.

Une phrase dans le ciel m’a fasciné, cette phrase In plan sight, qui sont les phrases de quatre-vingts artistes nord-américains qui ont écrit dans le ciel sur les lieux de détention ; c’est un projet merveilleux qu’ils ont mené le 4 juillet pour protester contre la criminalisation des immigrés, avec des avions qui écrivaient sur tous les lieux de confinement, de détention : « plus de cages » etc. Cela m’a ému et m’a ravi, si ces phrases que j’ai écrites sur New-York en 1982 ont servi pour quelque chose comme ça, ma vie en tant qu’être humain et en tant qu’artiste serait accomplie.

Moi sur ces tours, je recommencerais à tout écrire, tous mes rêves, tout ce qui m’arrive, y compris l’expression la plus intime jusqu’à ce qu’elle ait la plus forte connotation sociale. Mais je pourrais écrire sur cette tour « Mon cœur est vide » par exemple, puis « Que meure la dictature ! », « Mort à la dictature de l’argent ! ». C’est se projeter, c’est comme si le monde extérieur faisait partie de ton monde intérieur, et que ton monde intérieur était absolument lié au monde extérieur.

LVSL – Qu’est-ce qui caractérise le peuple chilien et qu’est-ce que vous aimez de lui ?

RZ – Le peuple chilien est un peuple patient. Mais n’essayez pas de l’arrêter, ne vous fiez pas à cette patience. Comme nous a enseigné l’histoire, il résiste – il accepte, accepte, accepte, mais il arrive un moment où il n’accepte plus. Quand il n’accepte plus, il y a deux millions de personnes dans la rue, et éclate le coup d’État.

Toutes les injustices qui se ressemblent me touchent à cet égard, la dignité des êtres les plus pauvres me touche, la dignité dans ses manquements infinis, un peuple qui a pu choisir Salvador Allende me touche, et un peuple qui a soutenu la dictature, du moins à ses débuts, me terrorise. Le peuple chilien est une voix parmi les autres voix, c’est un territoire parmi les autres territoires, qui a ses particularités bien entendu, qui a ses régionalismes, ses endroits. Mais cette caractéristique du peuple selon laquelle tu peux, tu peux, tu peux, jusqu’au moment où il dit « arrête ! » , ça ne peut pas continuer, parce qu’il y a deux millions de personnes dans la rue. C’est peut-être pour cela que la dictature au Chili a été si vite instaurée.

LVSL – Qui est Raúl Zurita pour Raúl Zurita ?

RZ – Il existe une formule du poète russe Maïakosvky : « Je suis un nuage en pantalon ». Qui est Raúl Zurita? Raúl Zurita est un type qui essaye de faire ce qu’il peut, qui tente de maintenir un minimum de dignité dans un monde indigne, qui a faim de justice et faim d’amour. Comme tous les êtres humains, un de plus parmi tous.

LVSL – Face à la crise que nous traversons aujourd’hui, nous voyons une jeunesse créative, tant dans l’art, la politique que dans la mobilisation sociale. Quelle influence recevez-vous de la jeunesse ? Comment vous positionnez-vous face à elle ?

RZ – La jeunesse est à la fois merveilleuse et quelque peu terrifiante, peut-être qu’elle est terrifiante parce qu’on a cessé de l’être depuis quelques années. La jeunesse possède ce côté spontané et à la fois extrêmement égoïste et narcissique. Je crois qu’il n’existe pas plus égoïste et narcissique qu’un jeune, c’est sa manière de s’ouvrir au monde, il ne conçoit pas la mort, la mort est quelque chose de propre aux anciens. Ils m’impressionnent, m’émerveillent, me surprennent mais ils peuvent aussi m’effrayer. Je suis agréablement surpris par les mouvements sociaux initiés par la jeunesse, lorsqu’ils se battent pour le droit à l’éducation, pour les droits universitaires, je trouve cela merveilleux, seuls les jeunes en sont capables. Ils peuvent avoir cette force, cette continuité historique, la jeunesse est un état permanent que nous traversons tous en tant qu’être humain. Et en même temps, je suis fasciné et un peu effrayé par leur manière de conquérir ce que Rimbaud appelait « les cités splendides ».

Ils sont condamnés à conquérir la cité splendide. Mais qu’en est-il de nous ? Cette génération qui a finalement échoué, qui n’a pas pu construire le socialisme, qui n’a pas défendu avec assez de force Allende ? Peut-être qu’ils en ont le droit, mais c’est à eux de conquérir les cités splendides qui nous attendent, c’est à leur tour.

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lundi, juillet 20, 2020

EN MARCHE FORCÉE

DISTANCIATION PHYSIQUE 

mercredi, juillet 15, 2020

CHILI. DES CHIENS DRESSÉS POUR DÉTECTER LES MALADES DU COVID-19

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ILLUSTRATION MARTIN BERNETTI / AFP
Des goldens retrievers et un labrador ont été dressés au Chili pour détecter les malades du coronavirus. La police chilienne a commencé à dresser des chiens pour repérer les malades du Covid-19 en détectant la présence du virus dans leur transpiration.
MISE À JOUR LE  15 07 2020
Les chiens sélectionnés, trois goldens retrievers et un labrador âgés de 4 à 5 ans, étaient jusqu’ici employés à rechercher des drogues, des explosifs ou des personnes disparues, selon la police.

Ce programme est né de la collaboration de la police nationale du Chili, les Carabineros et de spécialistes de l’Université catholique du Chili. Des initiatives similaires ont eu lieu récemment en France et en Grande-Bretagne.

Les chiens possèdent 330 millions de capteurs olfactifs


Les chiens possèdent 330 millions de capteurs olfactifs et une capacité à détecter des odeurs 50 fois meilleure que les humains.

« Le virus n’a pas d’odeur, c’est plutôt l’infection qui génère des changements dans le métabolisme », qui se traduisent à leur tour par une variété particulière de transpiration que « peut repérer le chien », explique Fernando Mardones, professeur d’épidémiologie vétérinaire, à l’AFP.

Selon lui, il a été prouvé que les chiens peuvent détecter des maladies comme la tuberculose, des infections parasitaires et même certains stades précoces du cancer.

Ils peuvent aussi percevoir de faibles changements de température de la peau, ce qui peut aider à déterminer si une personne est fiévreuse. Ils ont en revanche peu de chance d’être eux-mêmes contaminés selon l’Organisation mondiale de la santé animale.

Les chiens ont débuté leur entraînement il y a un mois et travaillent à partir d’échantillons de sueur prélevés sur des patients hospitalisés à la clinique de l’Université catholique.

Les spécialistes espèrent qu’ils seront opérationnels d’ici le mois d’août. Ils pourront être déployés dans des lieux de passage comme les gares, les aéroports ou les dispensaires.

Le Chili a fait état mardi de 1 836 nouveaux cas de covid-19, le chiffre le plus bas depuis deux mois.

Au total, le pays a recensé 319 493 cas d’infection depuis le 3 mars. Plus de 11 000 personnes en sont mortes, selon un rapport du ministère de la Santé qui compte également les cas « probables » de coronavirus.

mardi, juillet 14, 2020

CHILI. LE CUIVRE À PRIX D’OR, LES MINEURS SACRIFIÉS

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 CHILI. LE CUIVRE À PRIX D’OR, LES MINEURS SACRIFIÉS
Les foyers de Covid-19 se multiplient sur les sites d’exploitation du métal rouge. À Antofagasta, les ouvriers entrent en grève pour exiger une meilleure protection sanitaire.
LES FOYERS DE COVID-19 SE MULTIPLIENT SUR
LES SITES D’EXPLOITATION DU MÉTAL ROUGE.
Ils veulent voir reconnus « leur contribution et leurs sacrifices » en ces temps de pandémie. Les mineurs d’Antofagasta, au Chili, appellent à partir de ce mercredi « à une grève prolongée qui arrêtera complètement la production », après avoir rejeté à 99 %, dans les négociations avec la société minière Zaldivar, propriété du groupe Luksic, une offre qui n’améliore ni leurs rémunérations, ni leurs conditions de travail. « Nous regrettons ce scénario, d’autant plus que l’exploitation minière est aujourd’hui le principal soutien de l’économie nationale », affirme le syndicat dans un communiqué, en dénonçant l’intransigeance d’une direction dont le projet d’accord « élimine même les avantages » actuels des mineurs. « Les travailleurs maintiennent la production à un coût élevé pour leur santé, car chaque jour davantage de mineurs sont infectés par le coronavirus », font valoir les grévistes, dont le mouvement pourrait s’étendre à d’autres sites.

Depuis le début de la pandémie au Chili, début mars, la production de cuivre a échappé aux restrictions sanitaires imposées pour endiguer la propagation du Covid-19 et, ces dernières semaines, les cas de contamination se sont multipliés dans les mines, comme dans d’autres secteurs de l’industrie. Chez Codelco, le numéro un chilien et mondial du cuivre, les syndicats recensaient au 5 juillet près de 3 000 cas de Covid-19, malgré la présence alternée, une semaine sur deux, des salariés sur certains sites pour réduire leur exposition. Dans la mine de Chuquicamata, propriété de cette compagnie, trois travailleurs ont déjà succombé au coronavirus ; à Antofagasta, le responsable syndical Guillermo Esquivel fait état d’un «nombre important de contaminations », sans avancer de chiffres précis ; d’un site à l’autre, les syndicats déplorent l’absence de bilan sanitaire transparent et quotidien.

Ces foyers de contamination suscitent l’inquiétude : des voix se sont élevées cette semaine, au-delà de la sphère syndicale, pour demander la fermeture de toutes les mines de cuivre pour deux semaines au moins. Perspective aussitôt rejetée par le PDG de Codelco, Octavio Araneda, qui crie à la catastrophe si une telle décision devait être prise. Devant les revendications portant sur les mesures de protection sanitaire et l’augmentation des salaires, Antofagasta Minerals, de son côté, dit espérer « parvenir à un accord par le dialogue », quitte à solliciter la médiation de l’inspection du travail. Les mineurs, eux, pointent les profits engrangés par l’industrie minière, alors que les cours mondiaux du cuivre s’envolent. Avec une demande chinoise repartie à la hausse et des cadences ralenties pour cause de pandémie au Chili comme au Pérou, les prix du métal rouge ont grimpé de 50 % depuis le creux du mois de mars : le cuivre se négocie désormais plus de 6 000 dollars la tonne, son plus haut niveau depuis un an.

Poutre maîtresse de l’économie nationale, l’exploitation de ce minerai cristallise toutes les tensions sociales et politiques qui traversent le Chili. Il y a quarante-neuf ans, le 11 juillet 1971, l’Unité populaire inscrivait dans la Constitution la nationalisation du cuivre, condition d’une « seconde indépendance ». Pour Washington et ses auxiliaires locaux, une ligne rouge était franchie : le processus qui devait mener au coup d’État de Pinochet et à l’assassinat de Salvador Allende était enclenché. Avec la dictature, la privatisation du cuivre et de tous les biens communs donna corps au modèle de pillage que les Chiliens contestent aujourd’hui massivement. En confinement et à la veille de la grève des mineurs, ils étaient nombreux à commémorer, ce 11 juillet, le Jour de la dignité nationale.

LE CUIVRE PORTÉ PAR L’INQUIÉTUDE SUR L’OFFRE DU CHILI ET DU PÉROU

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MINE DE CUIVRE ZALDIVAR 

Les prix du cuivre ont largement retrouvé leur niveau d’avant le coronavirus. Ils sont au plus haut depuis deux ans, dopés par le rebond de la demande chinoise et surtout par l’inquiétude sur l’offre de métal rouge en Amérique latine.


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    RADIO FRANCE INTERNATIONALE - RFI
    CHRONIQUE DES MATIÈRES PREMIÈRES
    « LE CUIVRE PORTÉ PAR L’INQUIÉTUDE SUR L’OFFRE DU CHILI ET DU PÉROU » 
    PAR CLAIRE FAGES DIFFUSION : MARDI 14 JUILLET 2020

    MISE À JOUR LE  14 07 2020
    au Chili, premier producteur mondial de cuivre, les mineurs du gisement de Zaldivar ont voté à 99 % pour la grève, estimant que la compagnie Antofagasta « ne reconnaissait pas leur contribution et leur sacrifice » en ces temps de coronavirus.

    Le mouvement social pourrait faire tache d’huile dans d’autres mines de cuivre d’Antofagasta et chez Codelco, le numéro un chilien et mondial du cuivre, qui comptait 3 000 contaminations au Covid-19 au début du mois, selon ses syndicats, 10 % de celles du pays, malgré une diminution de moitié de la présence des salariés sur les sites.

    Grèves et milliers de contaminations dans les mines du Chili et du Pérou

    Les grèves risquent d’amoindrir l’approvisionnement mondial de cuivre, déjà perturbé par le coronavirus. Après le confinement, les cadences ont été ralenties au Chili, certaines opérations d’agrandissement ou de raffinage ont été reportées pour empêcher la propagation du virus.

    Au Pérou, deuxième producteur mondial, les contaminations se multiplient aussi. Le retour à la normale dans les mines n’aura pas lieu fin juillet comme prévu, reconnaît le ministre péruvien des Mines.

    Reprise plus rapide que prévu de la consommation de cuivre en Chine


    Les craintes sur l’offre de cuivre grandissent, d’autant qu’en Chine, les inondations menacent la première région de production de cathodes de cuivre, la province du Jiangxi. Et ce, alors que la demande en métal rouge reprend très fort en Chine, le pays qui consomme la moitié du cuivre mondial. La production chinoise de cathodes de cuivre a augmenté de 4 % en juin, par rapport à l’an dernier.

    On connaît l’usage du cuivre dans le bâtiment, les réseaux d’électricité, et les véhicules électriques. Certains analystes en arrivent à prévoir un déficit mondial de l’offre de cuivre par rapport à la demande cette année.

    Des cours en hausse de 50 % par rapport au creux de mars


    D’où l’envolée des prix du métal rouge. Ils ont gagné 50 % depuis leur creux du mois de mars. Après huit semaines consécutives de hausse, ils ont dépassé les 6 600 dollars la tonne en séance, ce lundi, c’est leur plus haut niveau depuis juin 2018, alors qu’on est en pleine crise économique mondiale, causée par le Covid-19. Mais le cuivre n’est peut-être pas cette fois le meilleur baromètre de l’économie planétaire.


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    vendredi, juillet 10, 2020

    BOLIVIE. LA DROITE PUTSCHISTE PRÊTE À ORCHESTRER UN « COUP D’ÉTAT JUDICIAIRE ».

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     EVO MORALES ET LUIS ARCE
    PHOTO MARIELISA VARGAS
    Donné favori de l’élection présidentielle du 6 septembre, Luis Arce, le candidat de gauche, est visé par d’opportunes plaintes pour « corruption ».
    Désigner Evo Morales comme un « terroriste » et son camarade Luis Arce, favori de l’élection présidentielle du 6 septembre prochain, comme un corrompu, déclarer hors la loi leur parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS), en vue des élections législatives. En Bolivie, le gouvernement de facto qui s’est emparé du pouvoir l’automne dernier est donné battu sur le terrain électoral et politique : il choisit donc la stratégie du harcèlement judiciaire déjà éprouvée en Amérique latine contre plusieurs anciens chefs d’État : Luis Ignacio Lula da Silva au Brésil, Rafael Correa en Équateur, Cristina Fernandez de Kirchner en Argentine. Objectif : laisser les putschistes et leurs alliés seuls en piste.
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    jeudi, juillet 09, 2020

    OTAGES DES PUTSCHISTES BOLIVIENS

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    Bolivie post-coup d’État… « Nous vivons dans la douleur, l’incertitude, l’angoisse la peur, l’indignation… » Elle s’appelle Patricia Moldiz. Elle est Bolivienne, on l’aura compris. Elle continue, d’une voix altérée : « Depuis sept mois, nos proches n’ont pas pu obtenir le sauf-conduit qui leur permettrait de quitter l’ambassade où ils se sont réfugiés. » Fille de Hugo Moldiz, avocat, universitaire et ministre de l’intérieur d’Evo Morales en 2015, la jeune femme s’exprime dans le cadre de la conférence de presse virtuelle qui, le 17 juin, organisée depuis l’Argentine, où est réfugié le président renversé, lance la « Campagne internationale pour la liberté et l’obtention de laissez-passer pour les sept demandeurs d’asile à l’ambassade du Mexique en Bolivie [1] ». Des fidèles et proches collaborateurs de l’ex-chef de l’État. À savoir : Moldiz, Juan Ramón Quintana (ministre de la présidence) [2], Javier Zavaleta (défense), Héctor Arce Zaconeta (justice), Wilma Alanoca Mamani (culture), Víctor Hugo Vásquez (gouverneur du département d’Oruro), Nicolás Laguna (directeur de l’Agence des technologies et de l’information [Agetic]).
    PHOTO FEDERICO RIOS
    Par Maurice Lemoine
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    Rapidement disparue des radars après le «golpe» de novembre 2019, la Bolivie se retrouve davantage encore abandonnée à elle-même du fait de l’isolement provoqué par la pandémie de Covid-19. Oubliés ces jours où, du 11 au 13 novembre, la putschiste Janine Añez et ses acolytes exorcisent, Bible à la main, un palais présidentiel où, symboliquement, en la personne d’Evo Morales, gouvernait la Pacha Mama. Béni par Washington, orchestré par son appendice, l’Organisation des États américains (OEA), misérablement entériné par l’Union européenne, un coup d’État dans les règles, amplement confirmé depuis par plusieurs études indépendantes [3]. Violence, racisme, fanatisme se déchaînent. La haine du peuple, et surtout de sa composante indigène, ne cherche même pas à se cacher.

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    EVO MORALES, PRÉSIDENT DE LA BOLIVIE,
    A QUITTÉ LE PAYS SUITE À UN COUP D'ÉTAT