TEHERAN (AFP) — Une centaine d'étudiants réformateurs ont défié lundi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avec des slogans hostiles et réclamé la libération de trois de leurs camarades détenus, dans l'enceinte de l'Université de Téhéran où le président iranien a prononcé un discours.
"Ahmadinejad Pinochet, l'Iran ne deviendra pas le Chili", ont scandé les étudiants, filles et garçons mélangés, qui se sont dirigés vers la principale entrée de l'université, fermée par la police anti-émeute. Celle-ci les a empêchés de sortir dans la rue, a dit un témoin à l'AFP.
Des dizaines de policiers s'étaient déployés autour de l'Université de Téhéran, située dans le centre de la capitale, pour en bloquer l'accès. Selon l'agence semi-officielle Fars, des bagarres ont éclaté entre les membres de la sécurité de l'Université et les étudiants qui cherchaient à forcer une des portes.
"Les étudiants emprisonnés doivent être libérés", ont également scandé les étudiants en brandissant les photographies de trois de leurs camarades emprisonnés depuis plusieurs mois.
Ces étudiants de l'université Amir Kabir de Téhéran, l'une des plus politisées du pays, sont détenus depuis le mois de mai, accusés d'avoir publié des journaux considérés comme insultant la religion musulmane.
Ils ont toujours nié, affirmant avoir été l'objet d'un coup monté par des personnes cherchant à les discréditer.
Organisé par l'Association islamique des étudiants (réformateurs), le rassemblement a dégénéré au moment de l'arrivée de Mahmoud Ahmadinejad avec de brefs affrontements entre partisans et adversaires du président.
Ces heurts ont empêché la retransmission en direct du discours présidentiel à l'occasion de la rentrée universitaire.
"Pourquoi seulement Columbia? Nous avons aussi des questions", ont écrit les protestataires sur des pancartes, faisant référence au récent discours du président iranien à l'université américaine de Columbia à New York.
"Si comme vous l'avez dit à Columbia, l'Iran est le pays le plus libre du monde, pourquoi expulsez-vous les professeurs d'université", a demandé un étudiant à l'adresse du président Ahmadinejad lors d'un discours improvisé devant les étudiants, selon Fars.
Très actifs, des étudiants islamistes ont pris la défense de M. Ahmadinejad, dénonçant "les faux partisans de la liberté".
"Si la liberté signifie qu'on peut serrer la main d'une femme étrangère, nous n'en voulons pas", a affirmé un étudiant islamiste. "Expulsez les professeurs non musulmans", ont crié d'autres.
Ces derniers mois, plusieurs professeurs d'université connus pour leurs idées libérales ont été mis à la retraite par les autorités.
"L'université n'est pas la place des hypocrites", ont également crié les étudiants islamistes en réclamant l'interdiction du Bureau de la consolidation de l'unité (BCU), qui regroupe les associations d'étudiants réformateurs.
En décembre, le président iranien avait été pris à partie par des étudiants dans cette même université, qui avaient lancé "mort au dictateur" et brûlé des portraits de M. Ahmadinejad.