jeudi, février 24, 2022

« BESTIA », FILM CHILIEN SUR UNE TORTIONNAIRE DE LA DICTATURE DE PINOCHET, EN LICE POUR L'OSCAR DU COURT MÉTRAGE

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« BESTIA »
Déjà primé à Clermont-Ferrand, «Bestia», un court métrage de Hugo Covarrubias sur une femme qui «brisait les âmes» des opposantes de gauche à Pinochet dans un centre de tortures, va aux Oscars.

Franceinfo Culture avec agences

PHOTO MARTIN BERNETTI
Olderöck, employée par la police secrète de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) pour « briser les âmes » d'opposantes en leur infligeant des tortures sexuelles par des chiens qu'elle avait elle-même dressés.

« Ingrid Olderöck est quelqu'un qui incarne le mal qui a régné au Chili sous la dictature », explique à l'AFP le réalisateur Hugo Covarrubias, 44 ans, dans un studio du Centre culturel Mapocho, une ancienne gare de Santiago reconvertie en espace de création et diffusion culturelles.

Bande-annonce

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L'origine du film remonte à 2016 lorsque le cinéaste décide de consacrer une série animée à des personnages méconnus de l'histoire politique chilienne. Lors de nombreuses lectures ou d'entretiens avec des historiens, un nom revient : celui d'Ingrid Olderöck (1944-2001).

Une femme qui formait les femmes à la torture

« Etant une femme, elle se consacrait à former des femmes pour qu'elles torturent des femmes », explique Hugo Covarrubias. Il décide alors de consacrer un film à l'histoire glaçante de cette fille de sympathisants nazis allemands qui organisait les tortures de militantes de gauche dans un centre de détention clandestin de Santiago.

Le lieu, situé dans l'est de Santiago, était baptisé « Venda Sexy ». À l'intérieur, les prisonniers, hommes et femmes, avaient les yeux bandés en permanence et la musique résonnait à fond pour couvrir « les cris des torturés », a récemment raconté à l'AFP Beatriz Bataszew, 66 ans, une ancienne militante du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) qui y a été détenue en 1974.

« Ingrid Olderöck se consacrait à briser les âmes, comme visiblement la sienne avait dû être brisée à un moment donné. Elle avait de nombreuses déviances mentales, c'était une femme très paranoïaque », raconte le réalisateur qui a travaillé pendant trois ans avec une équipe de 20 personnes pour mener le projet à bien.

Des décors miniatures et des personnages de 25 cm

Le film d'une durée de 15 minutes, sans aucun dialogue, utilise la technique du stop-motion, qui reprend celle du dessin animé, mais avec des objets. Ingrid Olderöck prend les traits d'une poupée costaud au visage de porcelaine sans aucune expression.

Pour le réalisateur qui maîtrise cette technique depuis une vingtaine d'années, le stop-motion « permet de créer des mondes qui seraient difficiles à créer en numérique. Nous utilisons des décors miniature fabriqués en carton et des personnages de 25 centimètres élaborés en acier articulé, tissu et polyuréthane », détaille-t-il.

À travers le film, déjà primé dans plusieurs festivals, dont celui du court-métrage de Clermont-Ferrand (France), et qui concourt aux Oscars le 27 mars dans la catégorie "court-métrage d'animation", «un des aspects que nous souhaitions mettre en avant est la relation intime qu'elle entretenait avec son chien ». Ingrid Olderöck "avait trois chiens, mais dans le court-métrage nous avons 'fictionné' cette partie et montré le chien qui avait le plus d'importance pour elle, Volodia. Peu à peu, nous dévoilons ce qu'elle faisait avec ce chien", à savoir le dresser pour qu'il commette «des actes de torture, principalement pour violer des femmes».

40 000 Chiliens torturés en 17 ans de dictature

En dix-sept ans de dictature, environ 40 000 personnes ont été torturées au Chili et 3 200 ont été assassinées ou sont toujours portées disparues. En 2005, la Commission nationale sur les prisons politiques et la torture a recueilli les témoignages de 35 000 personnes, dont 13% de femmes.

Outre les atteintes physiques et psychologiques, presque toutes ont déclaré avoir été victimes de violences sexuelles. En plus des viols par des chiens, les victimes ont décrit les impulsions de courant électrique sur les parties génitales et l'introduction de souris dans le vagin. D'autres ont raconté avoir été contraintes d'avoir des relations sexuelles avec leur père ou leur frère.

En 1981, en sortant de chez elle, Ingrid Olderöck est attaquée par deux hommes qui lui tirent une balle dans la tête et une autre dans le ventre, mais elle survit. Elle décède dix ans plus tard sans jamais avoir été jugée. Pour Hugo Covarrubias le film, centré sur la figure de la tortionnaire, se veut avant tout une « fiction psychologique, où nous entrons dans son esprit et tentons de montrer comment cette fragmentation mentale finit par représenter tout un pays, le traumatisme d'un pays à travers le mal que représente cette femme ».

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mercredi, février 23, 2022

CHILI : UNE TRANCHÉE CONTRE LES MIGRANTS

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CAPTURE D'ÉCRAN
L'actualité au Chili Chili : une tranchée contre les migrants / «KAST EN A RÊVÉ, PIÑERA L’A FAIT»

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Durée : 2 min 05

TV5 Monde

Le Chili creuse un fossé géant le long de sa frontière pour repousser les clandestins. L'immigration illégale est un sujet inflammable au Chili. Fin janvier, des habitants ont attaqué un camp de sans-papiers vénézuéliens. 

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«ZANJA» KAST S'EST INSPIRÉ DES
FOSSÉS DE MAUTHAUSEN EN AUTRICHE 

PHOTO ENCYCLOPÉDIE DE LA SHOAH

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AU CHILI, LES GLACIERS « INDICATEURS » DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

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PHOTO PABLO COZAGGLIO

Une fissure barre le glacier San Rafael et un iceberg haut comme un immeuble de dix étages s'effondre dans le lac. Dans l'extrême sud du Chili, les glaciers sont un "indicateur par excellence" des effets du réchauffement climatique, rappellent les scientifiques.

Sciences et avenir avec l'AFP

PHOTO PABLO COZZAGLIO

Une centaine d'icebergs flottent à la surface du lac San Rafael, situé dans la région d'Aysen, à 1.700 km au sud de Santiago. Il y a 150 ans, le glacier du même nom couvrait deux tiers du lac. Il a désormais reculé de 11 km à l'intérieur de la vallée et n'est plus visible sur le lac.

Au total 39 glaciers composent le Campo de Hielo Norte (Champ de glace nord de Patagonie), qui forme avec le Campo de Hierlo Sur (Champ de glace sud) la troisième plus grande masse de glace du monde après l'Antarctique et le Groenland, selon les scientifiques chiliens.

PHOTO GETTY IMAGES

La fonte des glaciers est un phénomène naturel que le changement climatique accélère de manière "significative", rappelle à l'AFP Jorge O'Kuinghttons, chef de l'Unité régionale de glaciologie à la Direction général des eaux (DGA).

"Les glaciers sont un indicateur par excellence du changement climatique", souligne Alexis Segovia, 42 ans, un autre chercheur de cette unité. Il rappelle que le phénomène constaté dans la région d'Aysen est visible dans la quasi-totalité des 26.000 glaciers du Chili : seuls deux ont augmenté de surface.

PHOTO PABLO COZAGGLIO

Des données confirmées par l'Agence spatiale européenne, selon laquelle les glaciers de la Patagonie, à la fois au Chili et en Argentine, reculent plus vite que n'importe où ailleurs dans le monde.

Alexis Segovia souligne aussi qu'il s'agit d'un cercle vicieux car les surfaces glacées "renvoient une grande quantité des radiations qui arrivent sur la Terre". Si cette surface continue à se réduire, la planète "va se réchauffer plus vite".

PHOTO PABLO COZZAGLIO
Autre signe, l'inondation de zones qui auparavant n'étaient pas touchées par le phénomène. "La chute d'icebergs génère une immense inondation appelée +inondation par débordement de lac glaciaire+", explique Jorge O'Kuinghttons. "Des secteurs sont inondés qui ne l'étaient pas auparavant", l'eau grossissant les fleuves de la région et pouvant affecter les zones urbaines et infrastructures situées plus en aval.
PHOTO KEYSTONE/EPA/ ALBERTO VALDES

Sur un autre lac de la région, le lac General Carrera, deuxième lac d'Amérique du Sud, que se partagent le Chili et l'Argentine, Santos Catalan, qui gagne sa vie en élevant vaches et moutons, navigue quotidiennement à bord d'une barque sur les eaux d'un fjord dominé par le glacier Cordon Contreras.

Il gagne ainsi un complément d'argent grâce au transport des touristes. Le sexagénaire est le témoin des changements qui s'opèrent : "Il y a quinze ou vingt ans, il a commencé à neiger très peu et cela fond de plus en plus car la chaleur est très forte", dit-il, à la barre du bateau.

À tout moment, "un effondrement de glace peut se produire et tout balayer", prévient le marin, qui vit ce changement en première ligne.

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PHOTO FLORIAN AMON-CLÉMENT

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mardi, février 22, 2022

TRANSPORTÉ À SANTIAGO DU CHILI IL Y A 152 ANS, UN MOAÏ RESTITUÉ À L'ÎLE DE PÂQUES

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MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE DU CHILI / AFP 
Veronica Tukihito, originaire de Rapa Nui, et la ministre chilienne de la Culture Consuelo Valdes. Les deux femmes se tiennent à côté du Moai Tau, statue de l'île de Pâques, exposée au Musée d'histoire naturelle de Santiago, le 21 février 2022, avant sa restitution.

Par Le Figaro avec l'AFP 

PHOTO ESTEBAN FÉLIX

Depuis 2018, le peuple Rapa nui demandait au gouvernement chilien la restitution de cette statue de basalte de 715 kilos.

À lire aussi : LES HABITANTS DE L’ÎLE DE PÂQUES VOTENT CONTRE LE RETOUR DES TOURISTES

Le Musée national d'histoire naturelle au Chili a annoncé lundi la restitution d'une statue géante  aux habitants de l'île de Pâques d'où elle avait été retirée il y a plus d'un siècle et demi. «Pour la première fois un moaï va retourner sur l'île (de Pâques) depuis le continent», s'est félicitée dans un communiqué la ministre de la Culture, Consuelo Valdés.

PHOTO ESTEBAN FÉLIX

L'île de Pâques, située à 3700 kilomètres des côtes chiliennes dans le Pacifique, est célèbre dans le monde entier pour ses énigmatiques «moaï», statues monumentales créées il y a plus d'un millénaire. Le moaï Tau, qui s'apprête à retrouver l'île, est un monolithe de basalte de 715 kilos. Il avait été emporté sur un navire de la marine chilienne en 1870. Il était exposé depuis 1878 au Musée national d'histoire naturelle de Santiago. En 2018, le peuple Rapa nui avait demandé au gouvernement chilien la restitution de cette statue et d'autres pièces appartenant au patrimoine de l'île.

PHOTO ESTEBAN FÉLIX

Le monolithe sera transporté par bateau depuis le port de Valparaiso (centre). Le navire appareillera lundi pour un voyage de cinq jours jusqu'à l'île. «Pour moi et pour mon peuple, il est fondamental que le moaï revienne sur la terre natale. Nous attendions ce jour depuis longtemps», a réagi Veronica Tuqui, une représentante rapa nui. Sur l'île, la statue sera exposée au Musée anthropologique Padre Sebastian Englert.

PHOTO ESTEBAN FÉLIX

Les Rapa nui ont également réclamé au British Museum de Londres la restitution du moaï Hoa Hakananai'a, un monolithe haut de 2,4 mètres et pesant quatre tonnes. Il avait été retiré de l'île sans autorisation en 1868 par le navigateur Richard Powill qui l'avait offert à la reine Victoria.

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Musée national d'histoire naturelle au Chili

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vendredi, février 18, 2022

CHILI: DEUX JEUNES CONDORS SAUVÉS PUIS RELÂCHÉS APRÈS DES MOIS DE CAPTIVITÉ

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PHOTO PABLO COZZAGLIO

Sauvés puis soignés par les hommes, Pumalin et Liquiñe, deux jeunes condors des Andes, une espèce vulnérable, ont retrouvé la liberté dans le parc national de la Patagonie chilienne.

Sciences et avenir avec l'AFP

PHOTO PABLO COZZAGLIO
Agés de deux ans à peine, ils sont extraits d'une cage positionnée en bord de falaise au-dessus d'une vallée et déploient leurs ailes de 2,7 mètres d'envergure. Claudiquant jusqu'à la corniche, ils prennent leur envol. À nouveau libres après avoir été secourus quatorze mois plus tôt.

"Le retour à la vie sauvage est un énorme défi", reconnaît Cristian Saucedo, 48 ans, directeur du programme de la faune sauvage à la Fondation Rewilding Chile, héritage légué par le défunt philanthrope américain Douglas Tompkins.



PHOTO PABLO COZZAGLIO

Le milliardaire avait acheté puis fait don, en 1990, de 8.000 km2 de terres au Chili et en Argentine pour que les deux pays perpétuent son travail engagé dans la préservation des espèces.

PHOTO INGO ARNDT 

Pumalin et Liquiñe doivent désormais "réapprendre les codes de la société des condors", prévient M. Saucedo, et se nourrir des restes d'animaux morts qui constituent leur principale source alimentaire.

Les deux condors sont géolocalisés en permanence grâce aux puces implantées dans leurs ailes. "Nous renforçons ainsi leur rôle de charognards dans l'écosystème de la Patagonie", explique M. Saucedo.

PHOTO PABLO COZZAGLIO

- Appâts toxiques -

Pumalin, un mâle, avait été secouru alors qu'il était incapable de s'envoler "après un orage (...), trempé avec des signes de refroidissement". Liquiñe, une femelle, a été retrouvée après une "libération ratée" et sauvée une seconde fois, explique M. Saucedo, qui, avec son équipe, a nourri et soigné les deux oiseaux.

À présent ils planent au-dessus des sommets accidentés bordant le Parc national de Patagonie, composé des réserves de Tamango et de Jeinimeni, et la vallée de Chacabuco qui abrite 70% des condors du Chili.

L'espèce classée "vulnérable" selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est répartie dans les Andes, principalement au Chili, en Argentine et au Pérou, mais se retrouve également en Bolivie, Équateur, Colombie et Vénézuéla.

"La plus grande menace, ce sont les appâts toxiques employés par les éleveurs pour empoisonner les pumas ou les chiens sauvages qui mangent leur bétail. Car, quand les condors arrivent, ils mangent ensemble et peuvent mourir par groupe de trente", explique Dominic Duran, directeur exécutif du projet Manku pour la conservation du condor des Andes au Chili.

Il pointe également la chasse, les décharges mal gérées et le manque de nourriture, avec la réduction du nombre de guanacos, ces camélidés sauvages d'Amérique du Sud apparentés aux lamas, dont les condors se chargent de nettoyer les cadavres.

DES CONDORS RÉHABILITÉS SONT LIBÉRÉS
DANS LE PARC NATIONAL DE PATAGONIE

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mercredi, février 16, 2022

CHILI: MORT DE LA DERNIÈRE LOCUTRICE D'UNE LANGUE AUTOCHTONE NON-ÉCRITE

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PHOTO MARTIN BERNETTI 

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FRANCE24
Santiago du Chili (AFP) – La dernière locutrice de la langue non-écrite du peuple Yagan, habitants des régions glacées de l'extrême sud du Chili, est décédée à l'âge de 93 ans, a annoncé mercredi à Santiago sa fille, membre de l'Assemblée constituante. / « TRAVAIL DU DEUIL EN PAT’AGONIE ! »

France24

CAPTURE D'ÉCRAN

"Ma mère, Cristina Calderon, est décédée. Je suis profondément attristée de ne pas avoir été avec elle au moment de son départ. C'est une triste nouvelle pour les Yagans", a écrit sur Twitter Lidia Gonzalez Calderon, vice-présidente adjointe de l'Assemblée chargée de la rédaction d'une nouvelle Constitution pour le Chili.

"Tout le travail que j'accomplis actuellement (au sein de l'Assemblée constituante) je le fais en son nom", a-t-elle ajouté.

Les Yagan sont considérés comme les habitants les plus australs du globe après avoir peuplé, il y a plus de 6.000 ans, le cap Horn et la Grande île de la Terre de feu, à la pointe sud du continent américain. Ce peuple de navigateurs aguerris a longtemps été nomade.

Leur population atteignait 3.500 personnes avant l'arrivée des Européens dans cette zone, au XIXe siècle.

PHOTO MARTIN BERNETTI 

Elle a ensuite chuté brutalement en quelques décennies, notamment à cause des maladies véhiculées par les colons.

Celle que ses proches appelaient "grand-mère Cristina" était devenue un symbole de la résistance culturelle des peuples indigènes du Chili.

"Je suis la dernière oratrice yagan. D'autres comprennent encore mais ils ne parlent pas et ne savent pas comme moi", avait déclaré Cristina Calderon en 2017 à un groupe de journalistes qui lui rendaient visite dans le village d'Ukika.

C'est là que vivent la plupart des quelque 100 descendants des Yagans qui survivent encore, à un kilomètre de Puerto Williams, la ville la plus au sud de la planète, au sud d'Ushuaïa (Argentine).

Après la mort de sa sœur Ursula, le gouvernement chilien a reconnu Cristina Calderon en 2009 comme un "trésor humain vivant", soulignant son travail en tant que dépositaire et diffuseur de la langue et des traditions de son peuple.

Jusqu'aux dernières années de sa vie, elle s'est consacrée à l'artisanat et a réussi à transmettre à l'une de ses petites-filles et à une nièce une partie de son savoir sur cette langue non-écrite et mélodique en voie d'extinction.

PHOTO MARTIN BERNETTI 

"D'autres générations connaissent également la langue yagan mais pas au niveau de Cristina, il y aura donc une perte irréparable", avait averti il y a cinq ans l'anthropologue Maurice van de Maele.

Le président élu du Chili Gabriel Boric, originaire de Punta Arenas, au sud du Chili, a dit sur Twitter déplorer la mort de Cristina Calderon, mais a souligné que "son amour, ses enseignements et ses luttes depuis le sud du monde, là où tout commence, vivront à jamais". © 2022 AFP

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AFFICHE DE L'EXPOSITION
« PATAGONIE, IMAGES DU
 BOUT DU MONDE »
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mardi, février 15, 2022

CHILI : VOTE DES PREMIERS ARTICLES DE LA NOUVELLE CONSTITUTION CETTE SEMAINE

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DESSIN LAUZAN

Au Chili, c'est une semaine hautement symbolique pour l'Assemblée constituante. Après huit mois de travail, les premiers articles de la nouvelle Constitution devraient être adoptés cette semaine - les débats commencent ce mardi en séance plénière.

Avec notre correspondante à Santiago, Justine Fontaine

PHOTO GETTY IMAGES
Il s'agit de rédiger la Constitution qui remplacerait le texte actuel, hérité de la dictature du général Pinochet. C'était l'une des demandes de la révolte populaire de la fin 2019 contre les inégalités sociales.

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Les premiers articles qui pourraient être inscrits dans la nouvelle Constitution concernent deux revendications très présentes notamment depuis «l'explosion sociale » historique de la fin 2019 : la question de la décentralisation du Chili et celle des droits des peuples autochtones. 

À lire aussi : BÁRBARA SEPÚLVEDA, LA VOIX DES FÉMINISTES DANS LA CONSTITUANTE CHILIENNE

D'abord, dès ce mardi, les élus vont commencer à débattre du modèle de justice qu'ils veulent pour leur pays. Et l'une des propositions les plus novatrices pour le Chili concerne la création éventuelle de tribunaux spéciaux pour les membres des peuples autochtones. Ces tribunaux permettraient dans certains cas aux prévenus d'être jugés dans le respect de leur vision du monde, autrement dit de leurs coutumes et de leurs croyances.

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Ensuite, à partir de mercredi, la Constituante devra se prononcer sur la forme de l'État chilien. Comment décentraliser le pays ? Faut-il aller vers un État régional, avec plus d'autonomie politique et financière pour les régions hors de la capitale, comme en Espagne par exemple ? Voici en substance les questions auxquelles devront répondre les élus dans l'hémicycle. Une semaine particulièrement attendue, car elle rendra visible des avancées concrètes du texte, après des mois de travaux souvent très techniques, mais aussi de polémiques et de couacs de communication, qui ont contribué à faire baisser l'approbation de l'Assemblée constituante dans l'opinion publique.

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L'Assemblée constituante a jusqu'à début juillet pour rédiger une nouvelle Constitution. Le texte devra ensuite être approuvé par référendum, probablement en septembre prochain.

ILLUSTRATION DE FABIAN RIVAS 

CHILI

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jeudi, février 10, 2022

FENÊTRE SUR COUR

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ÉCHIQUIER 2, « NON A LA GUERRE !»


mardi, février 08, 2022

FENÊTRE SUR COUR

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ÉCHIQUIER



MASSACRE DU MÉTRO CHARONNE : SOIXANTE ANS APRÈS, LA MÉMOIRE S’ÉTIOLE

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PHOTO SADAK SOUICI

Analyse Le 8 février 1962, lors d’une manifestation organisée par différents mouvements de gauche contre l’Organisation de l’armée secrète (OAS), la police tue neuf syndicalistes. À l’occasion du soixantième anniversaire de l’événement, une commémoration a lieu pour rendre hommage aux victimes et renouveler la mémoire de l’événement.

par Maxime Asseo 

Lecture en 2 min.

le 8 février 1962, à l’appel du Parti communiste français, des syndicats et d’autres mouvements de gauche, une manifestation est organisée à Paris contre les crimes et attentats de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). En fin de journée, au moment de se disperser, un cortège situé boulevard Voltaire est chargé par les brigades spéciales de la préfecture de police. Paniqués, des manifestants s’engouffrent dans la bouche du métro Charonne. Poursuivis jusque dans le métro et non armés, ils se font matraquer par les policiers qui jettent sur eux des grilles arrachées aux pieds des arbres. Neuf morts, tous membres de la CGT, et des centaines de blessés.

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Il y a soixante ans, la police française assassinait neuf personnes au métro Charonne, à Paris. Toutes étaient membres de la CGT. Toutes étaient membres du PCF, à l’exception d’une. Daniel Féry avait 15 ans, et assurait le routage de notre journal. Suzanne Martorell et Édouard Lemarchand travaillaient eux aussi à l’Humanité. Leur faute ? Qu’avaient-ils bien pu faire pour mourir étouffés dans le métro, matraqués à mort ? Pourquoi la police leur a-t-elle jeté les lourdes grilles qui entourent les arbres parisiens ? Parce qu’ils étaient venus manifester pacifiquement contre les crimes et les attentats de l’OAS, et pour le droit à l’autodétermination du peuple algérien.(L'Humanité)

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Une mémoire communiste qui s’étiole

Des années 1960 au début des années 1980, lors de la Fête du travail, une minute de silence était respectée devant le métro Charonne lors du passage du cortège, se souvient Gilles Manceron, historien spécialiste de l’histoire coloniale française. « Un rituel qui n’existe plus aujourd’hui », symbole d’une mémoire qui s’amenuise. Pour l’historien, le manque de transmission et les bouleversements démographiques sont à l’origine de cet effacement. « De nouvelles générations remplacent les anciennes, mais ne sont pas très actives dans les commémorations », juge-t-il.

Cet événement « fait partie du patrimoine syndical et communiste. Mais même si la mémoire de Charonne reste vive aujourd’hui, elle s’étiole », souligne à son tour Naïma Yahi, historienne et chercheuse associée à l’université Côte-d’Azur. « Le Parti communiste et la culture syndicale continuent de transmettre la mémoire de cet événement. Mais le PCF au début des années 1980, c’est 15 % du corps électoral. Aujourd’hui, il est crédité à 3 % aux prochaines élections. Comme il décline, son patrimoine de lutte est moins pris en compte. »

L’historienne compare cette mémoire à celle du 17 octobre 1961. Ce jour-là, des dizaines d’Algériens sont tués par la police française à Paris lors d’une manifestation du Front de libération nationale (FLN). « Cet épisode de la guerre d’Algérie fait le chemin inverse. Longtemps occultées par Charonne, les mobilisations militantes des Français issus de l’immigration algérienne permettent aujourd’hui à ce 17 octobre 1961 d’être plus connu par le grand public, comme on l’a constaté en octobre dernier lors de son soixantième anniversaire », explique Naïma Yahi.

« Mettre en récit ce qui fait la France aujourd’hui »

Des militants et des artistes s’activent toutefois pour lutter contre l’oubli. « Dans la bande dessinée Dans l’ombre de Charonne, sorti en 2012, Alain et Désirée Frappier ont restitué avec brio le souvenir d’une survivante de cet événement », illustre Gilles Manceron.

Et au-delà des commémorations, ce soixantième anniversaire pourrait être l’occasion de rouvrir les chantiers autour des pages les plus sombres de la guerre d’Algérie, selon Naïma Yahi. Un travail primordial, selon elle : « L’insécurité culturelle et le grand remplacement prônés par les mouvements identitaires ne sont que l’héritage d’une histoire et d’une mémoire qu’on ne veut pas affronter. Il faut mettre en récit ce qui fait la France d’aujourd’hui. »

DANS L’OMBRE DE CHARONNE
Planche extraite du roman graphique, Dans l’ombre de Charonne, de Désirée et Alain Frappier, préface de Benjamin Stora, Éditions du ­Mauconduit 2012, 136 p., 18,50 euros ou 12,99 euros en version numérique.

guerre d'Algérie

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