[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
|
JULIO CORTÁZAR CHEZ LUI À PARIS EN 1974. PHOTO CORBIS |
Il y a trente ans, le 12 février 1984, disparaissait l’auteur de Marelle. Le journaliste- écrivain Mempo Giardinelli lui rend hommage.
Depuis Fin d’un jeu jusqu’à 62, Maquette à monter, que je lis en même temps que Marelle, pendant mon service militaire, ma jeunesse est dominée par la littérature de Julio Cortázar. Je l’imite, je le contredis, je le réécris, je le dédaigne, je cherche à le dépasser, je m’incline devant sa maîtrise, sans savoir qu’à chaque texte il me fait un cours magistral. Ma première rencontre avec lui a lieu au Chili en 1970 ou 1971.
par Mempo Giardinelli
Je crois que c’est en septembre 1970, Salvador Allende vient d’être élu président. Ou peut-être quelques mois plus tard, lors de la visite de Fidel Castro au Chili. Une chose est sûre, Santiago a un air de fête sud-américaine et le jeune journaliste que je suis a la chance d’avoir été envoyé couvrir l’événement pour un hebdomadaire connu de Buenos Aires, Siete Días. Je descends dans un hôtel dont j’ai oublié le nom, près du Palacio de la Moneda [siège de la présidence], et le premier soir, dans l’ascenseur qui me conduit au restaurant, au huitième étage, je tombe nez à nez avec Julio Cortázar. Jeune et grand, grande barbe et longs cheveux noirs, il a revêtu une guayabera crème qui lui descend comme une tunique et d’où dépassent un pantalon noir et d’énormes chaussures à semelle Gomicuer [marque très utilisée à l’époque, surtout par les écoliers].