samedi, mars 08, 2025
JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES 2025
jeudi, mars 06, 2025
mardi, mars 04, 2025
CHILI / KAROL CARIOLA PERQUISITIONNÉE
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[Nouveau Lawfare ou « guerre juridique » menée par la 'Droite médiatique'] UNE DU JOURNAL «LA TERCERA», DU 4 DE MARS 2025 |
CHILI, Santiago le 4 mars 2025 / Karol Cariola perquisitionnée / Karol Cariola, députée communiste et actuelle présidente de la Chambre des députés, vient d’accoucher d’un petit garçon, Borja. L’accouchement a été long et difficile. [Nouveau Lawfare ou « guerre juridique » menée par la 'Droite médiatique']
Avec notre correspondant à Santiago, Pierre Cappanera
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PIERRE CAPPANERA PHOTO FACEBOOK |
Quatre heures après avoir donné naissance à son petit garçon, un juge lance une perquisition à son domicile dans le but de récupérer ordinateurs et portables.
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INSTAGRAM KAROL CARIOLA OLIVA |
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«La perquisition du domicile de Cariola, était-ce inopportun ?» Guerre médiatique menée contre Madame la députée Karol Cariola du le Parti communiste chilien UNE DU JOURNAL «LA SEGUNDA» DU 4 MARS 2025 |
Après Daniel Jadue, toujours assigné à résidence, Karol Cariola… Ceux qui luttent ne sont pas à l’abri.
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lundi, mars 03, 2025
DIMITRI WEILER, PRÉSIDENT DE L’UNION DES FRANÇAIS DU CHILI, TUÉ LORS D’UN CAMBRIOLAGE
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Dimitri Weiler, président de l’Union des Français du Chili, tué lors d’un cambriolage / Dimitri Weiler, président de l’Union des Français du Chili et figure de la communauté expatriée, a été assassiné dans la nuit du 28 février lors d’un cambriolage à son domicile, au nord de Santiago. Pris pour cible par cinq individus armés, il a succombé à plusieurs coups de couteau en tentant de résisterDans la nuit du 28 février 2025, un cambriolage s'est transformé en assassinat à Chicureo, une zone résidentielle huppée de la commune de Colina, au nord de Santiago du Chili. Dimitri Weiler, 52 ans, président de l’Union des Français du Chili et figure influente de la communauté expatriée, a été mortellement poignardé par un groupe de cinq individus, qui s’étaient introduits à son domicile.
DIMITRI WEILER
par Jean Bodéré
mis à jour le 3 mars 2025
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DIMITRI WEILER |
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR
Un acteur majeur du réseau français au Chili
Dimitri Weiler occupait une place centrale au sein de la communauté française au Chili. À la tête de l’Union des Français du Chili, il participait à l'accompagnement des expatriés. En parallèle, ses responsabilités au sein du Groupe Equance, spécialisé dans la gestion de patrimoine des expatriés, lui avaient permis de tisser un vaste réseau entre la France et l’Amérique latine. Il officiait aussi en tant que conseiller auprès de la Chambre de commerce franco-chilienne et avait notamment eu l’occasion d’échanger avec le président Emmanuel Macron lors de la visite officielle du chef d'État au Chili en novembre 2024.
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¿Dónde está Julia Chuñil? Grafica pititore_artecuma |
Jean Bodéré journaliste lepetitjournal.com
dimanche, février 23, 2025
CHILI / LE RETOUR AU PAYS DES ENFANTS ADOPTÉS ILLÉGALEMENT À L'ÉTRANGER
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L'AMÉRICAINE ADAMARY GARCÍA (G) ACCUEILLIE PAR SA MÈRE BIOLOGIQUE EDITA BIZAMA À SON ARRIVÉE À L'AÉROPORT INTERNATIONAL DE SANTIAGO, LE 22 FÉVRIER 2025 AU CHILI PHOTO RODRIGO ARANGUA |
Chili / le retour au pays des enfants adoptés illégalement à l'étranger / Santiago du Chili (AFP) – Quarante ans après avoir été séparées de force, Adamary Garcia et sa mère biologique se sont retrouvées samedi à l'aéroport de Santiago.
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France24
Par France 24 avec l'AFP
23/02/2025 6 min
leur longue et émouvante étreinte illustre le drame des milliers de bébés chiliens illégalement adoptés à l'étranger.
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR
"Le plus dur est passé", s'est exclamée Edita Bizama, 64 ans, en relâchant enfin sa fille.
Vêtue d'une chemise blanche à manches courtes, Adamary Garcia, 41 ans, a débarqué à Santiago avec quatre autres Chiliennes adoptées illégalement comme elle aux États-Unis.
Elle est arrivée en provenance de Porto Rico, où elle travaille dans le secteur financier.
En route pour ces retrouvailles, elle s'est entretenue avec l'AFP dans un hôtel de Houston, au Texas.
C'est en pleurs qu'elle a raconté comment, à huit ans, elle a découvert par hasard son adoption, un fait qu'elle a ensuite "mis de côté".
Aujourd'hui, elle voit les choses différemment : "J'ai de la chance. J'ai ma mère et mon père, et maintenant une autre mère et trois frères et soeurs".
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L'AMÉRICAINE ADAMARY GARCIA LORS D'UNE INTERVIEW AVEC L'AFP À HOUSTON, AU TEXAS, LE 21 FÉVRIER 2025 PHOTO RONALDO SCHEMIDT |
Elle raconte s'être reconnue, dès le premier appel vidéo, dans le visage de sa mère. "Je me suis dit : +ça c'est moi, c'est comme ça que je serai+" plus tard.
En octobre, elle a obtenu la confirmation de ses origines grâce à un test ADN, puis a organisé les retrouvailles au Chili avec l'aide de Connecting Roots, une fondation qui depuis 2021 aide à retrouver les familles de Chiliens enlevés à la naissance et adoptés aux États-Unis.
-Manipulation"-
Adamary fait partie des 20.000 enfants séparés de leur mère entre 1950 et 1990 au Chili, selon un rapport du juge chargé de l'affaire à l'époque, Mario Carroza.
La plupart de ces séparations ont eu lieu sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), selon des documents judiciaires.
À ce jour, aucune condamnation n'a été prononcée dans cette affaire, orchestrée par une véritable mafia impliquant des médecins, des travailleurs sociaux et des juges.
À certaines mères, après avoir accouché, on annonçait que leur bébé "était mort sans jamais leur rendre le corps", explique à l'AFP Juan Luis Insunza, vice-président de Connecting Roots.
D'autres mères "ont été manipulées pour donner (leur enfant) en adoption, par le biais de ruses, pressions ou menaces", ajoute-t-il, précisant que les victimes étaient principalement des femmes pauvres.
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L'AMÉRICAINE ADAMARY GARCÍA (G) ACCUEILLIE PAR SA MÈRE BIOLOGIQUE EDITA BIZAMA À SON ARRIVÉE À L'AÉROPORT INTERNATIONAL DE SANTIAGO, LE 22 FÉVRIER 2025 AU CHILI PHOTO RODRIGO ARANGUA |
Leur bébé était confié à des étrangers prêts à payer jusqu'à 40.000 dollars pour une adoption présentée comme légale.
Sa fondation a résolu 36 cas. Celui d'Adamary a commencé à se dénouer en 2024, après qu'elle ait lu un rapport sur le vol de bébés au Chili.
Aujourd'hui, elle affirme ne nourrir aucun ressentiment, mais "seulement de l'amour", estimant que tant sa mère biologique que sa mère adoptive "sont des victimes".
-"Enlevée des bras"-
Avant les retrouvailles à Santiago, Edita Bizama a raconté son drame à l'AFP dans le port de San Antonio, à 100 km de Santiago, face à la mer.
Lorsque sa fille est née en 1984, elle avait 23 ans, deux enfants à élever et travaillait comme employée de maison à Quintero, une ville éloignée de la capitale.
"Je travaillais pour nourrir mes enfants. C'est tout ce qui comptait", confie-t-elle le regard empreint de tristesse.
Malgré les difficultés, elle avait décidé d'avoir un troisième enfant, mais une assistante sociale lui dit qu'elle ne pourrait pas l'élever à cause de sa situation précaire.
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L'AMÉRICANO-CUBAINE DORIA GARCIA, MÈRE ADOPTIVE D'ADAMARY GARCIA, CHEZ ELLE À COCONUT CREEK, EN FLORIDE, LE 19 FÉVRIER 2025 PHOTO CHANDAN KHANNA |
Lorsque l'accouchement a eu lieu, "ils avaient déjà préparé tous les papiers". "Ils m'ont emmenée de l'hôpital à un bureau ou un tribunal, ont pris mes coordonnées et ont emporté le bébé. Ils me l'ont pratiquement arraché des bras", sanglote-t-elle.
Dans l'appartement de Doria Garcia, une Américano-cubaine de 80 ans vivant à Coconut Creek, en Floride, les photos d'Adamary abondent à côté des drapeaux des États-Unis, de Cuba et du Chili.
En 1984, elle s'est rendue dans le pays sud-américain pour accueillir sa fille de trois mois, qu'elle venait d'adopter, après avoir accompli "les formalités normales", assure-t-elle.
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L'AMÉRICANO-CUBAINE DORIA GARCIA, À CÔTÉ D'UNE PHOTO DE SA FILLE ADOPTIVE ADAMARY GARCIA, CHEZ ELLE À COCONUT CREEK, EN FLORIDE, LE 19 FÉVRIER 2025 PHOTO CHANDAN KHANNA |
"Je garde son visage gravé dans ma mémoire, son sourire, lorsqu'on me l'a remise", se souvient l'ancienne assistante médicale, qui a appris l'existence des bébés volés au Chili par sa fille.
Aujourd'hui, elle se dit heureuse que cette dernière ait pu retrouver sa famille biologique. "C'est merveilleux d'avoir une famille qui apparaît soudainement comme ça". bur-ps/vel/sf/cm
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¿Dónde está Julia Chuñil? |
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vendredi, février 21, 2025
ANNIVERSAIRE DU MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE
PHOTO ANDREW BECRAFT 1848 - 21 FÉVRIER - 2025 177ème ANNIVERSAIRE DU MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE |
Le Manifeste du Parti communiste est un opuscule d'une cinquantaine de pages publié anonymement à Londres le 21 février 1848. En dépit de sa minceur, il va inspirer presque tous les mouvements révolutionnaires du XXème siècle. Ses auteurs Karl Marx et Friedrich Engels n'en revendiqueront la paternité qu’en 1872. Karl Marx, âgé de seulement trente ans à sa publication, y exprime déjà l'essentiel de sa philosophie. Il réduit l'histoire de l'humanité à la lutte des classes et explique ses rebondissements par des facteurs économiques. Il pronostique l’avènement prochain du communisme et la fin de l'Histoire, considérant que le capitalisme provoque inconsciemment sa propre fin.
FAC-SIMILÉ DE LA COUVERTURE DE L'ÉDITION ORIGINALE |
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FAC-SIMILÉ DE LA COUVERTURE DE L'ÉDITION FRANÇAISE DE 2004 |
jeudi, février 20, 2025
BLACKLISTÉ – SUR LE RAPPORT FASCISTE DE TRUMP AU LANGAGE
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ILLUSTRATION AOC |
Blacklisté – sur le rapport fasciste de Trump au langage / L’action de Donald Trump sur le langage a déjà commencé. Le président des États-Unis renomme des réalités géographiques et proscrit certains mots des textes officiels et des articles scientifiques. Cette action sur le langage prend racine dans les pires instincts du fascisme et dans un « capitalisme linguistique » prédateur. Que ferons-nous lorsque nous n’aurons plus de mots pour qualifier l’effroyable ? [ « Big brother et/ou novlangue »]
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OLIVIER ERTZSCHEID |
Encore des mots, toujours des mots, rien que des mots. C’est une guerre sur la langue, sur le vocabulaire, sur les mots, sur la nomination et la dénomination possibles. Sur ce qu’il est ou non possible de nommer. Une guerre avec ses frappes. Une guerre particulière car lorsque ce sont des mots qui sautent, c’est toute l’humanité qui est victime collatérale directe et immédiate.
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR
Au lendemain de son accession au pouvoir et dans la longue liste des décrets de turpitude de cet homme décrépit, Trump, donc, annonçait vouloir changer le nom d’un golfe, d’une montagne et d’une base militaire.
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CAPTURE D'ÉCRAN X DE LA MAISON-BLANCHE |
Le golfe, c’est celui du Mexique, que Trump a voulu renommer golfe d’Amérique. L’enjeu, c’est d’ôter symboliquement cette dénomination à la population mexicaine qu’il assimile totalement à un danger migratoire. Il y est parvenu.
La montagne, c’est le mont Denali, situé en Alaska. Anciennement mont McKinley, il avait été rebaptisé, en 2015, par Barack Obama, selon le souhait des populations autochtones. L’enjeu est donc, ici, une nouvelle fois, de réaffirmer la primauté de l’Amérique blanche. Il n’y est pas parvenu, le Sénat de l’Alaska ayant voté contre.
La base militaire, c’est celle de Fort Liberty, anciennement Fort Bragg, du nom d’un ancien général confédéré, symbole du passé esclavagiste des États-Unis, nom que l’administration Biden avait modifié, tout comme ceux de neuf autres bases pour les mêmes raisons. Trump l’a renommée Fort Bragg. Et son ministre de la Défense a annoncé que les autres bases militaires « dénommées » seraient, de la même manière et pour les mêmes motifs, « renommées ». Et le passé esclavagiste des États-Unis, ainsi « honoré ».
Un monde exonyme. C’est-à-dire un monde dans lequel « un groupe de personnes dénomme un autre groupe de personnes, un lieu, une langue par un nom distinct du nom régulier employé par l’autre groupe pour se désigner lui-même ».
Je leur dirai les mots noirs
Une liste. De mots interdits. De mots à retirer. De mots qui, si vous les utilisez dans un article scientifique ou sur des sites web en lien quelconque avec une quelconque administration étatsunienne, vous vaudront, à votre article, à votre site, et donc, aussi, à vous-même, d’être « flaggé », d’être « signalé » et, ensuite, possiblement, « retiré ».
Comme cela a été révélé par The Washington Post, un arbre de décision, un logigramme a aussi été envoyé aux responsables des programmes scientifiques de la Fondation nationale pour la science (National Science Foundation) leur indiquant à quel moment prendre la décision de « couper » le déclenchement d’un financement si l’un des mots de la liste interdite apparaissait dans le descriptif général du projet, dans son titre, dans son résumé, etc. Une purge fasciste.
Des mots qui, dans la tête de Trump, ont vocation à disparaître dans le présent inconditionnel qu’il instaure comme un temps politique majeur.
La liste est longue. Elle mérite d’être affichée. Archivée. Mémorisée. Engrammée. Car Trump n’aime pas les archives. Il efface aussi des données. Ces mots-là :
activism, activists, advocacy, advocate, advocates, barrier, barriers, biased, biased toward, biases, biases towards, bipoc, black and latinx, community diversity, community equity, cultural differences, cultural heritage, culturally responsive, disabilities, disability, discriminated, discrimination, discriminatory, diverse backgrounds, diverse communities, diverse community, diverse group, diverse groups, diversified, diversify, diversifying, diversity and inclusion, diversity equity, enhance the diversity, enhancing diversity, equal opportunity, equality, equitable, equity, ethnicity, excluded, female, females, fostering inclusivity, gender, gender diversity, genders, hate speech, hispanic minority, historically, implicit bias, implicit biases, inclusion, inclusive, inclusiveness, inclusivity, increase diversity, increase the diversity, indigenous community, inequalities, inequality, inequitable, inequities, institutional, LGBT, marginalize, marginalized, minorities, minority, multicultural, polarization, political, prejudice, privileges, promoting diversity, race and ethnicity, racial, racial diversity, racial inequality, racial justice, racially, racism, sense of belonging, sexual preferences, social justice, sociocultural, socioeconomic, status, stereotypes, systemic, trauma, under appreciated, under represented, under served, underrepresentation, underrepresented, underserved, undervalued, victim, women, women and underrepresented.
Diversité, équité et inclusion (DEI), contre laquelle Trump entre en guerre. Guerre qu’il remporte avec l’appui de son administration, mais aussi et surtout de tout un large pan de l’industrie médiatique et numérique. La science aux ordres du pouvoir.
« Erase, Baby, Erase! »
Il faut effacer. « Erase, Baby, Erase! »
Comme Anne-Cécile Mailfert le rappelait dans sa chronique sur France Inter : « [L’administration de Trump] ne se contente pas de sabrer dans les budgets de la recherche ou de nier les faits scientifiques. Elle tente de supprimer les données qui la dérangent. Les indices de vulnérabilité sociale du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies ? Supprimés. Les pages du ministère des Transports sur l’égalité, le genre et le climat ? Évaporées. Les études sur la santé publique qui mettent en lumière les inégalités croisées ? Effacées. Imaginez un immense autodafé numérique, où ce ne sont plus des livres qu’on brûle, mais des sites web, des pages Internet, des index, des bases de données. »
Trump et son administration ne se contentent pas de faire disparaître des informations. Ils empêchent que de nouvelles soient créées. Les chercheurs qui souhaitent être financés par l’État fédéral doivent maintenant éviter des termes comme « diversité », « inclusion », « femme », « LGBTQI », « changement climatique ». Imaginez des scientifiques contraints de parler d’ouragans sans pouvoir mentionner le climat, d’étudier les inégalités sans pouvoir dire « femme » ou « racisme ». C’est Orwell qui rencontre Kafka dans un épisode de Black Mirror.
Du côté de l’Agence nationale de la sécurité (National Security Agency, NSA), c’est le « Big Delete », le grand effacement. Des pages et des sites entiers qui disparaissent, puis qui, parfois, réapparaissent sans jamais être capables de dire précisément ce qui a entretemps été modifié ou supprimé ou réécrit…
Ingénieries de l’effacement
Il y a donc le langage, et puis il y a l’ensemble des ingénieries de l’effacement des mots, du travestissement de la langue, de la dissimulation du sens. Au premier rang desquelles les ingénieries du numérique. Dans l’une des dernières livraisons de sa newsletter « Cybernetica », Tariq Krim rappelait comment « lorsque vous utilisez Google Maps aux États-Unis, […] l’application affiche désormais Gulf of America pour les utilisateurs américains, tout en conservant Gulf of Mexico pour les utilisateurs mexicains et en affichant les deux noms ailleurs ».
Jusque-là, le numérique et Google ne sont coupables de rien, ils se contentent d’appliquer les règles du droit. Mais ce faisant, bien sûr, ils s’exposent. Et la manière dont ils répondent à cette exposition est une entrave considérable à nos propres dénominations, à nos capacités à négocier ces dénominations au cœur même des espaces qui les mobilisent et les activent. Ainsi Tariq Krim rappelait-il également que, « maintenant, Google Maps empêche les utilisateurs de laisser des avis sur cet emplacement. Cette restriction intervient après une vague de critiques et de review-bombing, où des centaines d’utilisateurs ont attribué une étoile à l’application pour dénoncer ce changement ».
Et puis il est d’autres exemples dans lesquels ce sont cette fois ces acteurs du numérique eux-mêmes qui se placent en situation de complaire aux politiques fascisantes en cours, non qu’ils en épousent nécessairement l’idéologie, mais par ce qui relève a minima d’une opportune lâcheté alignée sur un opportunisme économique. Ainsi de la décision de Meta, donc de Zuckerberg, de revenir – rien ne l’y obligeait – sur ses propres politiques en termes de DEI ; ainsi de la décision de Google – rien ne l’y obligeait non plus – de supprimer de Google Calendar l’affichage par défaut d’événements liés à la Gay Pride, au Black History Month, supprimant aussi les rappels calendaires suivants : « Indigenous People Month, Jewish Heritage, Holocaust Remembrance Day, and Hispanic Heritage. »
Les LGBTQIA+, les Noirs, les peuples indigènes, les Juifs et les Latinos. Le tout dans un monde où un salut nazi n’est plus seulement inqualifiable sur le plan de l’éthique et de la morale, mais dans un monde où plus personne ne semble capable de simplement le qualifier pour ce qu’il est.
Un grand remplacement documentaire et linguistique
Il y a les données, les discours, les dates et les mots qui s’effacent, que Trump et Musk, notamment, effacent. Effacent et remplacent. Et il y a le grignotage en cours des espaces, notamment numériques, dans lesquels les contenus « générés artificiellement » sont un grand remplacement documentaire. Des contenus générés artificiellement, un web synthétique qui non seulement gagne du terrain, mais qui a la double particularité, d’une part, de se nourrir d’archives et, d’autre part, d’être totalement inféodé aux règles de génération déterminées par les entreprises qui le déploient. Or ces archives, et ce besoin de bases de données pour être entraîné et pour pouvoir générer des contenus ; ces archives et ces bases de données sont en train d’être littéralement purgées de certains contenus. Et les règles de génération sont, de leur côté, totalement inféodées à des idéologies fascisantes, qui dictent leur agenda.
Une boucle paradoxale dans laquelle les mêmes technologies d’intelligence artificielle utilisées pour générer des contenus jusqu’au-delà de la saturation sont également mobilisées et utilisées pour rechercher, détecter et supprimer les mots interdits. Et, à partir de là, de nouveau générer des contenus à saturation, mais, cette fois, exempts autant qu’exsangues de cette langue et de ces mots.
La certitude d’une ingérence
Avec ce que révèle et met en place le second mandat de Trump, avec l’évolution de la marche du monde qui l’accompagne et sa cohorte de régimes autoritaires, illibéraux ou carrément dictatoriaux d’un bout à l’autre de la planète, nous sommes à ce moment précis de bascule où nous mesurons à quel point tout ce qui jusqu’ici était disqualifié comme discours catastrophiste ou alarmiste se trouve soudainement requalifié en discours simplement programmatique.
Et l’abîme qui s’ouvre devant nous est vertigineux. Que fera une administration, celle de Trump, aujourd’hui, ou une autre, ailleurs, demain ; que fera une telle administration de l’ensemble de ces données, aussi bien d’ailleurs de celles qu’elle choisit de conserver que de celles qu’elle choisit d’effacer ? Je l’avais documenté dans, notamment, ma série d’articles sur le mouvement des Gilets jaunes, et plus particulièrement dans celui intitulé « Après avoir liké, les Gilets jaunes vont-ils voter ? ». Il faut s’en rappeler aujourd’hui : « Quelle que soit l’issue du mouvement, la base de donnée “opinion” qui restera aux mains de Facebook est une bombe démocratique à retardement… Et nous n’avons à ce jour absolument aucune garantie qu’elle ne soit pas vendue à la découpe au(x) plus offrant(s). »
Et ce qui est aux mains de Facebook est aujourd’hui aux mains de Trump. Le ralliement de Zuckerberg (et de l’ensemble des patrons des Big Tech) à Trump, l’état de la démocratie étatsunienne autant que les enjeux à l’œuvre dans le cadre de prochaines élections européennes et françaises ne laissent pas seulement « entrevoir » des « possibilités » d’ingérence, mais ils les constituent en certitude, certitude que seule limite – pour l’instant – l’incompétence analytique de ceux qui mettent en place ces outils de captation et leurs infrastructures techniques toxiques (ladite incompétence analytique pouvant aussi entraîner nombre d’autres errances et catastrophes).
Dans un autre genre, et alors que la Ligue des droits de l’homme vient de déposer plainte, en France, contre Apple, au sujet de l’enregistrement (non-consenti) de conversations via son assistant vocal, Siri, et que l’on sait que ces enregistrements non-consentis couvrent toute la gamme des acteurs qui proposent de tels assistants vocaux et leur palette d’enceintes connectées, c’est-à-dire vont d’Apple à Amazon en passant par Facebook, Microsoft et Google, et par-delà ce qu’Olivier Tesquet qualifie de « Watergate domestique », qu’est-ce qu’une administration qui efface des mots, qui en interdit d’autres, qui réécrit des sites ou modifie et invisibilise des pans entiers de la recherche scientifique, qu’est-ce que ce genre d’administration est capable de faire de l’ensemble de ces conversations enregistrées, qui relèvent de l’intime et du privé ?
Il semble que nous n’ayons finalement rien appris, rien retenu et, surtout, rien compris de ce qu’ont révélé Edward Snowden et Julian Assange. Ils montraient la surveillance de masse et nous regardions le risque d’une surveillance de masse. Ils montraient le danger du politique et nous regardions le danger de la technique. Il est en tout cas évident que, malgré les lanceurs d’alerte qui ont mis leur réputation et parfois leur vie en danger, malgré le travail tenace et sans relâche des militantes et militants des libertés numériques, rien de tout cela, semble-t-il, n’a été suffisant.
Calculer la langue
Orwell en a fait un roman, d’immenses penseurs ont réfléchi à la question de la propagande, à celle de la langue et du vocabulaire à son service. Aujourd’hui, en terre numérique et à l’aune de ce que l’on qualifie bien improprement d’« intelligence artificielle », en héritage, aussi, du capitalisme linguistique théorisé par Frédéric Kaplan ; aujourd’hui, la langue est attaquée à une échelle jamais atteinte. Aujourd’hui, tout comme les possibilités de propagande, les possibilités de censure, d’effacement, de détournement n’ont jamais été aussi simples et aussi massives, elles n’ont jamais été autant à disposition commode de puissances accommodantes et jamais l’écart avec les possibilités d’y résister, d’y échapper, de s’y soustraire ou même, simplement, de documenter ces effacements, ces travestissements et ces censures ; jamais cet écart n’a été aussi grand.
En partie parce que les puissances calculatoires sont aujourd’hui en situation et en capacité d’atteindre la langue dans des mécanismes de production demeurés longtemps incalculables. On appelle cela, en linguistique de corpus et dans le traitement automatique du langage, les « entités nommées », c’est-à-dire cette capacité « à rechercher des objets textuels (c’est-à-dire un mot, ou un groupe de mots) catégorisables dans des classes telles que noms de personnes, noms d’organisations ou d’entreprises, noms de lieux, quantités, distances, valeurs, dates, etc. » Le travail sur ces entités nommées existe depuis les années 1990 ; elles ont été la base de tous les travaux d’ingénierie linguistique et sont actuellement l’un des cœurs de la puissance générative qui fait aujourd’hui illusion au travers d’outils comme ChatGPT : la recherche, la détection, l’analyse et la production sous stéroïdes d’entités nommées dans des corpus documentaires de l’ordre de l’aporie, c’est-à-dire à la fois calculables linguistiquement mais incommensurables pour l’entendement.
Quand il n’y aura plus rien à dire, il n’y aura plus rien à voter
En conclusion, il semble important de redire, de réexpliquer et de réaffirmer qu’à chaque fois que nous utilisons des artefacts génératifs et qu’à chaque fois que nous sommes confrontés à leurs productions (en le sachant ou sans le savoir), nous sommes, avant toute chose, face à un système de valeurs.
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ILLUSTRATION DE WIRED |
En forme de boutade, je pourrais écrire que cette expérimentation qui tend à rapprocher le grand modèle de langage (Large Language Model, LLM) des valeurs de Donald Trump est, pour le coup, enfinune intelligence vraiment artificielle.
En forme d’angoisse – et c’est, pour le coup, l’une des seules et des rares qui me terrifie sincèrement et depuis longtemps –, je pourrais également écrire que jamais nous n’avons été aussi proche d’une expérimentation grandeur nature de ce que décrit Asimov dans sa nouvelle intitulée « Le Votant ». Plus rien, technologiquement, n’empêche en tout cas de réaliser le scénario décrit par Asimov, à savoir un vote totalement électronique dans lequel un « super ordinateur » (Multivac dans la nouvelle) serait capable de choisir un seul citoyen américain considéré comme suffisamment représentatif de l’ensemble de tout un corps électoral sur la base d’analyses croisant la fine fleur des technologies de data mining et d’intelligence artificielle.
On peut même tout à fait imaginer l’étape d’après la nouvelle d’Asimov, une étape dans laquelle l’ordinateur seul serait capable de prédire et d’acter le vote, un monde dans lequel il n’y aurait tout simplement plus besoin de voter. Précisément le monde de Trump, qui se faisait augure de cette possibilité : « Dans quatre ans, vous n’aurez plus à voter. »
En forme d’analyse, le seul enjeu démocratique du siècle à venir et des élections qui vont, à l’échelle de la planète, se dérouler dans les dix ou vingt prochaines années sera de savoir au service de qui seront mis ces grands modèles de langage. Et, avant cela, de savoir s’il est possible de connaître leur système de valeurs. Et, pour cela, de connaître celles et ceux qui décident de ces systèmes de valeurs et de pouvoir leur en faire rendre publiquement compte. Et, pour cela, enfin, de savoir au service et aux intérêts de qui travaillent celles et ceux qui décident des systèmes de valeurs de ces machines de langage, machines de langage qui ne seront jamais au service d’autres que celles et ceux qui en connaissent, en contrôlent et en définissent les systèmes de valeurs.
Et quand il n’y aura plus rien à dire, il n’y aura plus à voter.
Olivier Ertzscheid
Chercheur en sciences de l'information et de la communication, Maître de conférences à l'université de Nantes (IUT de La Roche-sur-Yon)
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« ELON MASK »
ŒUVRE DE L'ARTISTE @EVYREIN_OFFICIAL
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