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(Santiago) Élaboré pendant un an, le projet de nouvelle Constitution est remis officiellement lundi au président chilien Gabriel Boric. Le texte, qui établit de nouveaux droits sociaux, va ensuite devoir passer par l’étape du référendum dans un pays polarisé.
PAULA BUSTAMANTE AGENCE FRANCE-PRESSE
Dans la foulée de la remise, l’Assemblée constituante, composée de 154 citoyens indépendants ou affiliés à des partis politiques, sera dissoute, un an tout juste après avoir commencé ses travaux, le 4 juillet 2021.
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Puis le texte sera soumis à un référendum à vote obligatoire le 4 septembre prochain : 15 millions de Chiliens devront dire s’ils acceptent (« Apruebo ») ou rejettent (« Rechazo ») cette nouvelle Constitution. Si le rejet l’emporte, la loi fondamentale actuelle, datant de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), restera en vigueur.
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RÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION CHILI 4S 2022 « J'APPROUVE » |
Vu comme une sortie de crise politique au soulèvement de 2019 pour plus d’égalité sociale, le projet constitutionnel consacre à travers ses 388 articles les principales revendications des manifestants.
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Dans le 1er article, le Chili est ainsi défini comme un « État social et démocratique de droit », « plurinational, interculturel et écologique ». « Sa démocratie est paritaire » et « il reconnaît comme valeurs intrinsèques et inaliénables la dignité, la liberté, l’égalité substantielle des êtres humains et leur relation indissoluble avec la nature ».
« Je pense que nous avons répondu aux demandes sociales, aux aspirations des citoyens », se félicite auprès de l’AFP Barbara Sepulveda, élue de la Constituante pour le Parti communiste. Il s’agit d’une « avancée historique en matière […] de garantie des droits sociaux, qui en outre est imprégnée de féminisme de bout en bout », défend Alondra Carillo, du Front large (gauche).
D’autres Constituants, à droite sur l’échiquier politique, se montrent plus réservés sur le processus. Cristian Monckeberg, élu de la droite — qui avec 37 sièges sur 154 n’avait pas de majorité de blocage — estime que l’occasion a été « manquée » pour « construire quelque chose qui unit et ne divise pas » le pays.
« Cela n’a pas été le processus simple et amical que nous aurions voulu ou rêvé. Il y a eu de fortes tensions », reconnaît l’écrivain et journaliste Patricio Fernandez, élu à l’Assemblée constituante parmi les indépendants qui, avec 104 sièges, étaient les plus nombreux.
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ÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION CHILI 4S 2022 « J'APPROUVE » |
Désinformation
Outre les vifs débats, les longs mois de travaux ont été marqués par la circulation de nombreuses infox auprès du public sur les articles en train d’être discutés. Les deux tiers nécessaires pour voter les articles ont toutefois contraints au dialogue et permis de modérer les positions.
Si le texte est approuvé, il placera le Chili à l’avant-garde dans plusieurs domaines. Le droit à l’avortement sera notamment inscrit dans la loi fondamentale.
« C’est une Constitution d’une autre ère. Je suis persuadé que si la Constitution est approuvée, quand on regardera avec recul le processus (…) on le verra avec plus de tendresse et d’admiration que nous le voyons aujourd’hui », estime Patricio Fernandez.
Totalement paritaire, l’Assemblée constituante comptait aussi 17 sièges réservés à des représentants des peuples autochtones chiliens, dont les Mapuches, peuple originaire majoritaire dans le pays.
Pour l’avocate mapuche Natividad Llanquileo, élue de l’Assemblée, le processus constitutionnel a représenté « l’espace le plus démocratique que nous ayons connu au fil de l’histoire de ce pays ».
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ÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION CHILI 4S 2022 « J'APPROUVE » |
Outre le fait que le texte reconnaît l’existence de divers peuples au sein de la nation chilienne, il accorde une certaine autonomie à des institutions indigènes, notamment en matière de justice.
À plusieurs reprises ces dernières semaines, le jeune président de gauche, Gabriel Boric, a réitéré à son soutien au projet de Constitution, estimant que l’actuelle, adoptée en 1980 en plein régime militaire et qui limite au maximum l’intervention de l’État, représentait un « obstacle » pour toute réforme sociale de fond.
À deux mois du référendum, de nombreux sondages indiquent toutefois que le « non » (Rechazo) pourrait l’emporter. Mais le texte final n’a pas encore été diffusé en totalité et une partie des Chiliens reconnaissent ne pas avoir d’opinion définitive sur le texte.
« Les partisans du “oui” doivent convaincre que le texte changera vraiment la vie des gens, tandis que ceux du “non” vont devoir attirer des secteurs plus modérés derrière eux », résume pour l’AFP Claudio Fuentes, politologue à l’Université Diego Portales. La campagne officielle débute mercredi.
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