Mardi 6 mars 2012 - Le Courrier - Isolée, fatiguée mais surtout en colère, la population de la région d’Aysén a décidé de rompre son silence. Pêcheurs, artisans, étudiants et camionneurs bloquent routes, ponts et aéroports depuis maintenant deux semaines. L’objectif du Regroupés au sein du Mouvement social pour la région d’Aysén (MPRA) : porter leurs voix jusqu’aux portes du palais présidentiel de la Moneda à Santiago. Une opération laborieuse dans un pays ultracentralisé comme le Chili.
DES MANIFESTATIONS PACIFIQUES VIOLEMMENT RÉPRIMÉES. PHOTO CLAUDIO FRÍAS
À 1300 km de la capitale, coincés entre la région des Lacs et le sud de la Patagonie – beaucoup plus touristiques –, Aysén et ses habitants souffrent de l’isolement et de l’oubli des autorités. Du fait d’un manque de connectivité – il est impossible de traverser toute la région en voiture –, les biens de première nécessité qui arrivent en bateau sont deux fois plus chers qu’à Santiago. «À Aysén, on dépense en moyenne 100 000 pesos (190 francs) pour le chauffage. Nous avons l’électricité la plus coûteuse du monde, l’eau la plus chère du Chili, les fruits ont un prix cinq fois plus élevé qu’ailleurs et la farine coûte le double », explique Pablo Barattini, président de la Corporation pour le développement d’Aysén. Le salaire minimum (293 euros) est par contre le même que dans le reste du pays.