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PHOTO IVAN ALVARADO / REUTERS Analyse Les plus grandes mines de cuivre du monde, situées au Chili, ont voté la grève. Les mineurs veulent bénéficier de la hausse vertigineuse du cours du cuivre qui se produit depuis plusieurs mois.
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Dopés par l’accélération de la demande mondiale, les cours du cuivre sont au plus haut et les mineurs chiliens comptent bien bénéficier de la manne. Un peu plus du quart de la production mondiale du métal rouge – indispensable aux énergies renouvelables et aux voitures électriques – est le fruit de leur travail. Le Chili est en effet le plus grand producteur mondial de cuivre avec plus de 5,6 millions de tonnes annuelles extraites. La mine Escondida, située au cœur du désert d’Atacama représenterait à elle seule 5 % à 6 % de la production mondiale.
1 % des dividendes
Ses mineurs ont lancé un mot d’ordre de grève qui devrait prendre effet ce lundi 9 août. L’immense gisement qui produit près de 1,1 million de tonnes de cuivre par an est exploité par la multinationale australienne BHP Billinton. Le syndicat des travailleurs d’Escondida a refusé une première offre de 18 millions de pesos par mineur (environ 20 000 €) avancée par la direction. Ils exigent une prime plus élevée, correspondant à 1 % des dividendes, considérant que cette somme doit profiter aux Chiliens, et non « aux actionnaires étrangers »
Si les mineurs sont des ouvriers privilégiés dans le secteur industriel chilien, ils restent peu payés, selon les syndicats, par rapport aux bénéfices récoltés. Dans un pays néolibéral où l’intervention de l’État est réduite à son minimum, ils ont aussi subi de plein fouet, comme la majorité des Chiliens, les mois prolongés de confinement sans aides sociales du gouvernement du milliardaire Sebastian Piñera.
Cela fait plusieurs semaines que les discussions entre le syndicat – qui regroupe plus de 2 700 travailleurs – et la direction ont commencé, sans succès pour le moment. Le 27 mai dernier, alors que les prix du cuivre avaient augmenté, poussés par la demande des grandes puissances – États-Unis, Europe, Chine – en pleine relance de leur économie, les miniers d’Escondida avaient lancé un premier appel à la grève.
Une grève de 44 jours en 2017
Un peu plus de deux mois plus tard, les négociations sont au point mort et BHP Billinton a demandé la médiation de la direction du travail.
En 2017, ladite mine avait déjà vécu une grève de 44 jours, la plus longue de l’histoire du Chili. Elle avait engendré une perte de 740 millions de dollars pour la multinationale et provoqué une récession de près de 1,3 % du PIB chilien. L’industrie minière au Chili représente 15 % du PIB du pays et 60 % de ses exportations.
Le syndicat d’Escondida a été rejoint par les syndicats d’autres entreprises minières, notamment ceux de Codelco, l’entreprise publique chilienne dont les bénéfices ont été décuplés au premier semestre de 2021 par rapport à la même période de 2020.
Menace de l’inflation
Dans les prochains jours, ce sont donc presque 3 500 miniers qui pourraient paralyser les plus grandes mines de cuivre du monde. En cas de grève prolongée, le cours du cuivre pourrait connaître une nouvelle hausse, alimentant la menace d’inflation qui pèse sur l’ensemble des économies mondiales.
Chili, mines, Amérique latine