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DES FEMMES MANIFESTENT DANS LES RUES DE LA CAPITALE SANTIAGO,
LE 28 SEPTEMBRE 2023 À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE
POUR LE DROIT À L’AVORTEMENT.
PHOTO | EPA-EFEAu Chili, le droit à l’avortement remis en cause/ L’extrême droite a fait inscrire la « protection de celui qui va naître » dans un projet de Constitution. En cas d’adoption par référendum, en décembre, le pays pourrait revenir sur le droit à l’avortement obtenu en 2017.
Magalie LETISSIER. Ouest-France
La crainte d’une remise en cause du droit à l’avortement enfle au Chili. Le conseil chargé de rédiger une nouvelle Constitution a ravivé le débat en adoptant, fin septembre, un amendement qui consacre la protection de celui qui va naître . L’extrême droite et l’alliance des droites, majoritaires au sein du conseil, ont voté en bloc le texte qui pourrait remettre en cause la loi de 2017, autorisant l’avortement en cas de viol, de non-viabilité du fœtus ou de risque pour la vie de la mère.
Avec une minorité de dix-sept sièges sur cinquante, la coalition de gauche soutenue par l’exécutif a dénoncé un recul pour les femmes et les filles . Pour l’avocate et docteure en droit Tania Busch, c’est un coup dur . Le texte renforce l’idée de l’inconstitutionnalité de la loi actuelle car elle appuie la thèse selon laquelle il y aurait une personne dotée de droits fondamentaux avant la naissance , insiste l’universitaire.
L’extrême-droite en embuscade
POUR L'AVOCATE ET DOCTEUR EN DROIT TANIA BUSH, L'AMENDEMENT DES CONSTITUANTS DE DROITE FAIT PESER UNE MENACE SUR LE DROIT À L'IVG AU CHILI. PHOTO DR |
Pour Tania Busch, les promesses du parti Républicain de ne pas remettre en cause le droit à l’IVG sont peu crédibles et visent surtout à ne pas perdre le soutien populaire . Selon le ministère de la Santé, 4 272 femmes, adolescentes et jeunes filles ont invoqué la loi pour obtenir une IVG ces six dernières années. Mais le recul des droits des femmes pourrait aller plus loin, met en garde la professeure de droit : Avec ce texte, on donne aussi un nouvel argument pour requestionner l’accès à la contraception.
Pourtant, le Chili était encore il y a quelques mois le premier pays au monde à inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution, lors d’une première tentative pour remplacer le texte actuel imposé en 1980 par la dictature de Pinochet. Le projet avait finalement été rejeté par référendum en septembre 2022.
Le deuxième projet de nouvelle Constitution sera, lui, soumis au vote le 17 décembre prochain. Pour Tania Busch, ce n’est que le début des inquiétudes pour le droit à l’avortement : Nous allons rouvrir des débats qui ont été durs à trancher et que nous pensions résolus. Cela me préoccupe en tant qu’universitaire mais aussi comme citoyenne, femme et mère.
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2019 - 18 DE OCTUBRE - 2023 AFFICHE FEDERICA MATTA |
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