jeudi, août 14, 2025

« DANS LA RUE, À PARIS, JE N’ÉTAIS PLUS OBLIGÉ DE RETENIR MES LARMES » : LES PREMIERS JOURS EN FRANCE DE RAUL SCHNEIDER, VENU DU CHILI

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AVANT SON DÉPART DU CHILI, À 27 ANS, RAUL SCHNEIDER,
80 ANS AUJOURD’HUI, RECEVAIT QUOTIDIENNEMENT DES
MENACES DE MORT. ICI, À PARIS, LE 14 MAI 2025.
PHOTO LAURE VASCONI POUR « LE MONDE »
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Le Monde

Exils / Épisode 14/30 / « Dans la rue, à Paris, je n’étais plus obligé de retenir mes larmes » : les premiers jours en France de Raul Schneider, venu du Chili / « Exils » (14/30). / Raul Schneider, 80 ans, exilé chilien, a trouvé refuge à Paris en 1973, l’année du coup d’État du général Pinochet, trois ans après l’assassinat de son père. Ce que cet ancien guide au Centre Pompidou envisageait comme une « parenthèse enchantée » dure depuis plus de cinquante ans.

Propos recueillis par Djaïd Yamak

Publié aujourd’hui à 05h30  / Temps de Lecture 4 min.

  JARA PRESIDENTA 

« Mon père, René Schneider, commandant en chef de l’armée chilienne lors de l’élection de Salvador Allende, a été assassiné en 1970, à Santiago. J’avais 25 ans. Le choc a été terrible. Trois ans plus tard, il y a eu un coup d’État. Les militaires, menés par le général Pinochet, ont pris le pouvoir. Le président Allende s’est suicidé. Je travaillais dans une entreprise publique de logements sociaux, où je faisais de la communication et des photos. Un matin, j’arrive dans le bâtiment et on me dit : “Vous ne pouvez plus entrer ici.” Comme j’avais étudié à l’Ecole des beaux-arts, on m’a envoyé travailler dans une entreprise de dessin technique.

JEANNETTE JARA PARCOURT LE CHILI !

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

La violence s’immisçait dans notre quotidien, se banalisait. Un parfum de danger empoisonnait l’air. À la maison, on recevait des menaces tous les jours, le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Alors, j’ai décidé de quitter mon pays. J’avais 27 ans, un âge où l’on peut tout se permettre. Tout seul, j’ai pris un bus jusqu’à Buenos Aires, un bateau jusqu’en Espagne, puis un train jusqu’à Paris. Je quittais l’horreur. Ma femme et mon fils de 4 ans avaient fui le Chili pour les États-Unis quelques semaines plus tôt, je savais qu’ils me rejoindraient en France rapidement.

Je suis arrivé à Paris avec une valise, un billet de 50 dollars [l’équivalent de 40 euros à l’époque] dans les poches et un petit papier sur lequel était inscrite une adresse, près de la porte d’Orléans. Un ami brésilien, cinéaste très connu, m’avait proposé de venir chez lui. Je me suis pointé à l’improviste, et par chance, il était là. Nous étions en 1973, il y a plus de cinquante ans. Les souvenirs précis de mon arrivée se sont un peu effacés de ma mémoire. Mais je me rappelle me sentir à l’aise pendant ces premières heures, cette première nuit.

Refuge affectif

Grâce à mon ami, j’ai pu trouver un logement et un travail rapidement. Il m’a dégoté un petit boulot dans une société de montage de films, 12, avenue du Maine, dans le 15ème arrondissement. Orson Welles, Marguerite Duras et Jean-Luc Godard passaient récupérer leur courrier. C’était un job alimentaire, mais qui m’a permis d’être au contact du monde de la culture. Les cinéastes que j’admirais à Santiago étaient maintenant devant moi ! Puis ma femme et mon fils m’ont rejoint rapidement.

Paris a tout de suite été une sorte de refuge affectif. Au Chili, je ne pouvais pas faire le deuil de mon père. Son assassinat n’était pas seulement un drame intime, mais un drame public. Il suffisait que je monte dans un bus pour que le chauffeur vienne me parler de mon père. Lors de son enterrement, les rues étaient pleines de monde, des gens que je ne connaissais pas pleuraient. Les caméras de télévision et les appareils photo étaient braqués sur nous, j’étais au centre de l’attention et de l’histoire.

Lorsque je suis arrivé ici, j’ai été soulagé de ne plus être identifié comme le fils du général Schneider. Même si un jour, à la sortie de la crèche, mon fils m’a demandé : “C’est vrai que ton père a été assassiné ?” Il l’avait appris par quelqu’un d’autre que moi. Je traînais une tristesse immense, une rage. Mais je n’étais plus obligé de retenir mes larmes. Un soir, une amie a évoqué mon père dans une discussion. Sans que je m’y attende, je me suis mis à pleurer, sans retenue.

RAUL SCHNEIDER DEVANT L’ADRESSE DE
 SON PREMIER LIEU DE TRAVAIL PARISIEN,
 AU 12, AVENUE DU MAINE, PARIS-15ᵉ,
LE 14 MAI 2025.
PHOTO LAURE VASCONI POUR « LE MONDE »

J’ai eu un coup de foudre pour Paris, bouleversé par la splendeur de la ville, la richesse de l’histoire et de la culture. Les premiers jours, je m’arrêtais pour manger une crêpe à Montparnasse, me promenais des heures dans le Quartier latin. Les pavés me fascinaient, les boulevards, les avenues me paraissaient immenses. Il y avait des galeries d’art, des cinémas, des églises à tous les coins de rue. Vous imaginez, emprunter des livres dans une bibliothèque ! C’était incroyable, je n’avais jamais vu cela de ma vie. J’étais comme aimanté par les quartiers “villages” comme la Butte-aux-Cailles ou Montmartre, où le contact avec les gens, plus facile, plus direct, me faisait penser à mon pays natal.

Un antidote au dépaysement

Je n’ai pas demandé le statut de réfugié politique, je pensais que ça n’en valait pas la peine, que la dictature ne durerait pas… Je savourais ce moment de liberté parisienne avec une certaine légèreté, comme une parenthèse enchantée, sans me préoccuper de l’avenir, sans penser au Chili.

Et puis je ne me suis jamais senti désorienté, grâce à tous les Chiliens que je côtoyais à Paris. J’allais très souvent dans un restaurant qui s’appelait La Rayuela (« La marelle », en espagnol). La cuisine n’était pas très bonne, mais l’ambiance était familiale. Il y avait beaucoup de Latinos, de Chiliens et de Français liés d’une manière ou d’une autre au Chili.

Je fréquentais aussi des cercles artistiques, on allait faire des peintures murales dans la rue, écouter du jazz. Tout le monde se connaissait, une vraie solidarité existait entre tous les exilés. C’était un antidote au dépaysement, une manière de garder un lien avec la vie d’avant et les bons côtés du Chili.

À l’époque, les moyens de communication étaient limités, le téléphone coûtait cher. Cela m’arrangeait, d’une certaine manière, car j’étais tiraillé entre l’envie de prendre des nouvelles de mon pays et celle de m’en protéger. Au détour d’un article de presse ou d’une conversation dans un café, des informations sur la dictature de Pinochet me parvenaient. Un mélange de nostalgie et de colère me prenait à la gorge. L’exil nous emmène loin de notre pays, mais jamais bien loin de notre passé.

Puis, un ami m’a parlé d’un nouveau centre culturel : le Centre Pompidou, qui a ouvert ses portes en 1977. J’y ai travaillé – principalement comme guide conférencier – jusqu’à ma retraite, il y a quinze ans. Aujourd’hui, je vis toujours en France, à Saint-Ouen [Seine-Saint-Denis], où je me consacre à la peinture et au dessin. »

Zoom sur la photographe

Laure Vasconi est née en 1965, à Stuttgart (Allemagne), d’une mère française et d’un père d’origine italienne.

« En rencontrant Raul Schneider, dont j’ai réalisé le portrait, je me suis aperçue que les souvenirs de son arrivée en France étaient très similaires à ceux de mon compagnon, Ignacio Prego, arrivé en France à l’âge de 7 ans. Il a été le seul à rester après le retour de toute sa famille en Uruguay, quinze ans plus tard. L’exil est une expérience complexe et douloureuse, surtout avec un océan entre les deux pays. »


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mardi, août 12, 2025

DÉCOUVERTE AU CHILI D'UN FOSSILE DE PETIT MAMMIFÈRE DE L'ÉPOQUE DES DINOSAURES

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YEUTHERIUM PRESS²²OR
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France24
Découverte au Chili d'un fossile de petit mammifère de l'époque des dinosaures / Amériques / Des chercheurs ont découvert en Patagonie le fossile d'un petit mammifère de la taille d'une souris qui a côtoyé les dinosaures et était jusqu'alors inconnu de la communauté des paléontologues.

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Par FRANCE 24 Publié le : 12/08/2025 -  2 min Temps de lecture

MORCEAU DU CRÂNE DE LA PARTIE
SUPÉRIEURE AVEC UNE DENT
Un Yeutherium pressor, un petit mammifère de la taille d'une souris qui a côtoyé les dinosaures. / Jusqu'alors inconnu des paléontologues, le fossile d'un petit mammifère de la taille d'une souris qui a côtoyé les dinosaures a été découvert par des chercheurs en Patagonie.

El Pueblo con Jara
LA FORCE «KAWAII»

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

L'annonce de cette trouvaille a eu lieu la semaine dernière dans un article publié par la revue scientifique britannique Proceedings of the Royal Society B.

Le Yeutherium pressor pesait entre 30 et 40 grammes et vivait lors du Crétacé supérieur, il y a environ 74 millions d'années. Il s'agit du plus petit mammifère jamais identifié dans cette région sud-américaine.

Le fossile consiste en "un petit morceau de mâchoire avec une molaire et la couronne et la racine de deux autres molaires", explique à l'AFP Hans Puschel, à la tête de l'équipe de scientifiques de l'Université du Chili et du Centre de recherche chilien Millennium Nucleus.

ILLUSTRATION DE MAURICIO ALVAREZ ET OBTENUE AUPRÈS
DE L'UNIVERSITÉ DU CHILI, LE 11 AOÛT 2025, REPRÉSENTANT
UN  YEUTHERIUM PRESSOR, UN PETIT MAMMIFÈRE DE LA TAILLE
D'UNE SOURIS QUI A CÔTOYÉ LES DINOSAURES.
© UNIVERSIDAD DE CHILE, AFP

Disparu en même temps que les dinosaures

Les chercheurs l'ont identifié dans la vallée du Rio de las Chinas, un cours d'eau de la région chilienne de Magallanes, à quelque 3 000 km au sud de Santiago.

Le Yeutherium pressor était, selon ses découvreurs, un mammifère capable de pondre des œufs – à l'instar des ornithorynques d'aujourd'hui – et de porter ses petits dans une poche tels des kangourous ou opossums.

La forme de ses dents suggère que son régime était composé d'aliments végétaux relativement durs.

Tout comme les dinosaures qui ont vécu à la même époque que lui, ce petit mammifère a disparu à la fin du Crétacé, il y a quelque 66 millions d'années.

Avec AFP

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ILLUSTRATION

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samedi, août 09, 2025

FENÊTRE SUR COUR

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«RECHERCHÉE, RÉCOMPENSE »

mardi, août 05, 2025

COMMÉMORATION DE L'ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE ROLANDO ALARCÓN


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ROLANDO ALARCÓN
PHOTO REVUE TÉLÉCRAN DE 1968

[ Pour écouter cliquez ici ! ]
« SI SOMOS AMERICANOS », PARU DANS L'ALBUM 
«  ROLANDO ALARCON Y SUS CANCIONES » 
  (TEXTE ET MUSIQUE ROLANDO ALARCÓN),
ENREGISTRÉ ET DISTRIBUÉ PAR RCA VICTOR 
‎– CML-2333 - SANTIAGO DU CHILI 1965 
LICENCE YOUTUBE STANDARD
DURÉE : 00:02:01


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME ANNIVERSAIRE DE 
LA NAISSANCE DE ROLANDO ALARCÓN
1929 - 5 AOÛT - 2025

ROLANDO ALARCÓN

Rolando Alarcón Soto, né le 5 août 1929 à Santiago du Chili et décédé dans cette même ville le 4 février 1973, fut un enseignant, chanteur, auteur-compositeur et folkloriste chilien. 


► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

Rolando Alarcón a remporté le 11ème concours folklorique du Festival International de la Chanson de Viña del Mar organisé en février 1970, avec la chanson « El hombre ».


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ROLANDO ALARCÓN « EL HOMBRE »  1970
[ Pour écouter cliquez ici ! ]
« EL HOMBRE », PARU DANS L'ALBUM « EL HOMBRE » 
(TEXTE ET MUSIQUE ROLANDO ALARCÓN), et LOS EMIGRANTES, 
ENREGISTRÉ ET DISTRIBUÉ PAR  TIEMPO  (VBP 325)- SANTIAGO DU CHILI 1970
LICENCE YOUTUBE STANDARD


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lundi, août 04, 2025

EFFONDREMENT D'UNE MINE : LES CINQ MINEURS DISPARUS RETROUVÉS MORTS

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UNE VEILLÉE DEVANT LA MINE DE CUIVRE EL TENIENTE,
SAMEDI, POUR RENDRE HOMMAGE AUX VICTIMES. 
PHOTO SIPA/AP/ESTEBAN FELIX

Logo DNA
Effondrement d'une mine : les cinq mineurs disparus retrouvés morts / L'accident s'est produit jeudi après-midi dans la mine de cuivre d'El Teniente, la plus grande mine souterraine du monde. / Au Chili, l'effondrement survenu dans la plus grande mine de cuivre souterraine au monde a fait cinq morts. L'accident a eu lieu à 1 200 mètres de profondeur.

La rédaction DNA avec l'AFP - Hier à 14:00 | mis à jour hier à 23:03 - Temps de lecture : 1 min

Avec ses 4 500 km de galeries, El Teniente est le plus grand gisement de cuivre souterrain de la planète, propriété de l'entreprise publique chilienne Codelco, le premier producteur mondial de cuivre. Tous les mineurs ont été retrouvés au même endroit, où s'est produit jeudi un effondrement causé par un « événement sismique », dont l'origine, naturelle ou provoquée par les perforations, est en cours d'investigation. Au moins 100 secouristes ont participé aux opérations de sauvetage.

Le texte principal "¡AL MAL TIEMPO, BUENA JARA!" est une variation d'un dicton populaire espagnol "
Al mal tiempo, buena cara" (Au mauvais temps, bonne mine) "Faire contre mauvaise fortune bon cœur" 


► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

L'un des accidents les plus tragiques

Il s'agit d'un des accidents les plus tragiques survenus dans la mine El Teniente au cours des trois dernières décennies. Les activités de la mine sont paralysées depuis vendredi à la suite d'une ordonnance émise par le ministère des Mines pour faciliter les recherches.

L'an dernier, El Teniente a produit 356 000 tonnes de métal, soit 6,7 % de tout le cuivre du Chili, premier producteur mondial, avec 5,3 millions de tonnes annuelles. L'industrie minière du Chili est considérée comme l'une des plus sûres au monde. En 2024, le taux de mortalité était de 0,02%, selon le Service national de géologie et de mines.

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"Stop au génocide en Palestine" 
Free Palestine

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dimanche, août 03, 2025

LE CHILI SE MOBILISE POUR SAUVER QUATRE MINEURS PIÉGÉS APRÈS UN EFFONDREMENT DANS UNE MINE

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UN CASQUE AVEC LES NOMS DES QUATRE MINEURS COINCÉS DANS
 LA MINE DE CUIVRE EL TENIENTE DEPUIS PLUSIEURS JOURS,
LORS D'UNE VEILLÉE À RANCAGUA, LE 2 AOÛT 2025.
PHOTO PABLO SANHUEZA

Logo
RFI
Le Chili se mobilise pour sauver quatre mineurs piégés après un effondrement dans une mine / Déjà plus de 48 heures qu’une opération de sauvetage est en cours au Chili dans la mine de cuivre souterraine El Teniente, la plus grande au monde. L’éboulis qui s’y est produit le 31 juillet a fait trois morts, neuf blessés et deux travailleurs sont toujours portés disparus. Ils se trouvaient à 900 mètres de profondeur lorsque l’accident a eu lieu. Plus de 100 personnes sont mobilisées pour tenter de les retrouver.

Publié le : 03/08/2025 

Par RFI Temps de lecturer  2 min - 01:21

L'accident s'est produit le 31 juillet dans la mine de cuivre d'El Teniente à la suite d'un « événement sismique » dont l'origine - naturelle ou bien liée aux forages - est encore à l'étude. Au moins 100 sauveteurs participent aux opérations. Les quatre mineurs bloqués travaillaient à l'extension de la mine à quelque 1 200 mètres de profondeur. L'exploitation compte 4 500 km de galeries.

Le texte principal "¡AL MAL TIEMPO, BUENA JARA!" est une variation d'un dicton populaire espagnol "
Al mal tiempo, buena cara" (Au mauvais temps, bonne mine) "Faire contre mauvaise fortune bon cœur" 


► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

À l’extérieur de la mine, les photos des quatre disparus sont accrochées sur un drapeau chilien, rapporte notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné. Ce mineur, la voix tremblante, témoigne au micro de la chaîne de télévision nationale : « On sortait de la mine quand nos collègues, eux, entraient. C’est aux infos qu’on a appris qu’ils étaient piégés à la suite de l’accident. C’est très dur… On espère un miracle et que tout se passe bien. »

► À lire aussi :         LES MINEURS CHILIENS POURRAIENT ÊTRE ÉVACUÉS D'ICI LA MI-OCTOBRE

Les autorités savent où se trouvent les quatre ouvriers, mais aucune communication n’a pu être établie avec eux. L’opération de sauvetage est lente et délicate, car le secteur a été endommagé : « On a dû changer la méthodologie. On ne creuse plus avec des machines manuelles, mais des machines commandées à distance pour protéger nos équipes de secours », explique Andrés Músic, directeur général de Codelco, l’entreprise publique qui gère la mine.

Selon Codelco, l’éboulis serait dû à un séisme enregistré dans la zone. Mais des ouvriers dénoncent des négligences et disent avoir senti des mouvements sous terre il y a plusieurs jours déjà. Le président Gabriel Boric s’est rendu sur place : « Pourquoi cet accident a eu lieu ? Qui est responsable ? Les familles auront besoin de réponses. Mais pour l’instant, toute notre énergie doit se concentrer sur le sauvetage. »

Les activités de la mine, qui produit 356 000 tonnes de cuivre par an, soit 6,7 % de la production du Chili, ont été suspendues.

Il s’agit de l’accident minier le plus grave depuis 2010, lorsque 33 mineurs avaient été ensevelis dans une mine dans le nord du Chili. Tous avaient été sauvés au bout de 69 jours lors d’une opération historique.

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LE 3 AOÛT, ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE PATRICIO MANNS

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Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la naissance de Ivan Patricio Eugenio Manns de Folliot, dit Patricio Manns, né le 3 août 1937, nous fêtons le 86ème anniversaire de sa naissance. 
 1937  - 3 AOÛT - 2025
Patricio Manns, né le 3 août 1937 à Nacimiento, dans la région du Biobío, au Chili, et décédé le 25 septembre 2021 à Viña del Mar fut un chanteur, musicien, romancier et poète, qui a reçu les plus hautes distinctions littéraires.


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PATRICIO MANNS, DANS LA
CORDILLÈRE DES ANDES 1968
PHOTO GERHARD HASENBERG



« ARRIBA EN LA CORDILLERA »
INTERPRÈTE, PAROLES ET MUSIQUE PATRICIO MANNS

        UN DES CINQ MINEURS PIÉGÉS RETROUVÉ MORT

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        CAMIONS À L’ENTRÉE DE LA MINE EL TENIENTE À MACHALI,
        PRÈS DE RANCAGUA, APRÈS UN EFFONDREMENT DÛ À UN SÉISME,
         AVEC POLICE SUR PLACE, LE 1ER AOÛT 2025.

        Tribune de Genève
        Mine effondrée au Chili / Un des cinq mineurs piégés retrouvé mort / Un mineur piégé à 1200 mètres de profondeur après un effondrement au Chili a été retrouvé mort par les sauveteurs; quatre autres restent coincés, les recherches continuent a annoncé le groupe public Codelco.

        Tribune de Genève avec l'AFP Publié: 01.08.2025, 22h38

        L’accident s’est produit jeudi après-midi dans la mine de cuivre d’El Teniente à la suite d’un «événement sismique» dont l’origine – naturelle ou bien liée aux forages – est encore à l’étude. Au moins 100 sauveteurs participent aux opérations.

        FLYER PSCH
        ► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

        «Codelco informe que, dans le cadre des opérations de recherche, des restes humains ont été retrouvés et doivent encore être identifiés par les autorités», a déclaré la société dans un communiqué.

        «Au bon endroit»

        «Cette découverte nous attriste profondément, mais elle nous indique également que nous sommes au bon endroit» pour trouver les quatre autres mineurs, a déclaré à la presse le directeur général du site, Andrés Music.

        Les mineurs bloqués travaillaient à l’extension de la mine à quelque 1200 mètres de profondeur. L’exploitation compte 4500 kilomètres de galeries.

        La secousse, d’une magnitude de 4,2 selon les relevés, a causé la mort d’un mineur et en a blessé neuf autres. Le président Gabriel Boric a rendu visite samedi aux proches des mineurs et promis de «mener à bien les recherches».

        Les activités de la mine, qui produit 356’000 tonnes de cuivre par an, soit 6,7% de la production du Chili, ont été suspendues.

        ► À lire aussi :         LES MINEURS CHILIENS POURRAIENT ÊTRE ÉVACUÉS D'ICI LA MI-OCTOBRE

        Le Chili est le plus grand producteur mondial de cuivre, avec 5,3 millions de tonnes en 2024. Son industrie minière est considérée comme l’une des plus sûres au monde. L’année dernière, le taux de mortalité était de 0,02%, selon le Service national de géologie et de mines.

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        samedi, août 02, 2025

        IVAN QUEZADA FAIT À NOUVEAU VIBRER EN FRANCE LE CHŒUR DES PRISONNIERS POLITIQUES CHILIENS

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        IVAN QUEZADA FAIT À NOUVEAU VIBRER EN FRANCE
        LE CHŒUR DES PRISONNIERS POLITIQUES CHILIENS
        PHOTO MAXIME LONGUET/RUE89 BORDEAUX

        Logo
        Rue89Bordeaux

        Ivan Quezada fait à nouveau vibrer en France le chœur des prisonniers politiques chiliens / 
        Figure des réfugiés politiques en France pendant la dictature de Pinochet, Ivan Quezada a publié un livre-CD « Cantar para no morir », recueil de chants de prisonniers lors de sa détention dans un camp du désert d’Atacama. A 74 ans, le Chilien a été actif dans plusieurs associations, dont France Amérique Latine Bordeaux ou l’école de cirque. Troisième portrait de l’été 2025 de notre série « Du monde en Gironde ». 
        #du monde en Gironde 12 / / Portrait

        Maxime Longuet Publié le 2 août 2025 / 8 minutes

        La fresque du quartier Saige-Formanoir à Pessac, les commémorations du coup d’État, la co-création de la Peña estudiantil, la venue des groupes Inti Illimani et Quilapayun dès la fin des années 1970, de Sergio Ortega compositeur de la chanson El pueblo unido en 1980 ou du peintre Mono Gonzalez dans les années 2000, les conférences et expositions autour de la dictature de Pinochet pour l’Institut Cervantes de Bordeaux…

        ► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

        Quand il n’est pas directement à l’initiative de ces rendez-vous, Ivan Quezada n’est jamais bien loin. À 74 ans, il est une figure de ces chiliens réfugiés politiques installés en France. Très actif à Bordeaux à travers l’association France Chili Nouvelle-Aquitaine, il tisse encore le lien entre la génération des exilés et leur descendance grandie ou née ici. Et il ne semble jamais à court de matière pour animer cette communauté à travers le travail de mémoire. Quitte à remuer un passé douloureux.

        Rembobinage

        C’est ainsi qu’en mars dernier, Quezada a livré l’une de ses plus belles pierres à l’édifice mémoriel. Il vient d’éditer un livre-CD « Cantar para no morir » (Chanter pour ne pas mourir) qui documente sa détention au début de la dictature d’Augusto Pinochet dans un camp de concentration situé dans le désert d’Atacama, au nord du Chili.

        Dans cet ouvrage unique entièrement autofinancé, il raconte comment les chants d’une chorale composée de prisonniers se sont envolés haut dans le ciel, au-dessus des miradors. Un instant suspendu capturé sur bande magnétique.

        Et pour en saisir la portée, il faut rembobiner la cassette poussiéreuse sur laquelle étaient figés ces chants depuis cinquante ans. Extraits du passé comme le salpêtre du désert, ils sont aujourd’hui numérisés, à l’abri du temps et de l’oubli.

        « Un témoignage qui est aussi une manifestation de la dignité et de la force morale de nous tous qui, bien que détenus, avons été capables de répondre à l’humiliation qu’on avait voulu nous imposer », écrit-il.

        Chacabuco, la mine devenue prison

        L’Atacama. Cette zone désertique la plus aride du monde qui s’étend sur 105 000 km2, fournit depuis des décennies des minerais au monde entier tels que le lithium, l’or, le cuivre, le nitrate… Sur cette terre éventrée s’est jouée une histoire méconnue, même au Chili : celle des prisonniers de Chacabuco. Un camp de détention installé dans une ancienne mine de salpêtre fermée à la fin des années 1930. Augusto Pinochet y fera enfermer au total près de 2500 personnes de novembre 1973 à avril 1975.


        2500 PERSONNES ONT ÉTÉ ENFERMÉES SOUS LA
        DICTATURE DANS LE CAMP DE CHACABUCO
        PHOTO DR

        La dictature (1973-1990) du général putschiste, énième pion du plan Condor, est responsable de l’exil, l’assassinat, la torture et la disparition de milliers de chiliens. Principalement des militants de gauche, étudiants, fonctionnaires, paysans, intellectuels ou syndicalistes proches de l’Unité Populaire de Salvador Allende, membres de la communauté Mapuche également… Ivan Quezada fait partie de ces activistes qui ont survécu à la répression sanglante des forces armées.

        Ville-fantôme

        Le 11 septembre 1973, soit le jour du coup d’État, le jeune étudiant de 22 ans, membre des Jeunesses Communistes, est arrêté puis incarcéré au Stade national de Santiago, la capitale. Aujourd’hui rebaptisée Victor Jara en hommage à ce chanteur populaire assassiné dans ses coursives, l’enceinte est tristement célèbre pour avoir été le théâtre d’exactions commises par les militaires et fut l’antichambre de l’horreur sous la dictature.

        « Nous avions été tellement torturés dans le Vélodrome que nos compagnons n’osaient pas nous regarder. Nous étions à peine reconnaissables », se souvient-il lorsqu’il évoque les exactions qu’il a subies.

        Ivan est ensuite expédié début novembre au nord du Chili avec 900 autres détenus. Ils sont conduits en bus, bateau puis train jusque dans le désert à l’abri des regards. Au bout de 25 heures de transport, ils arrivent au camp de Chacabuco, ville-fantôme cernée par les clôtures électriques et plantée de miradors.

        Dans cette prison à ciel ouvert les prisonniers subissaient de façon arbitraire privations alimentaires, harcèlements, coups, travaux forcés, interrogatoires, simulacres d’exécution…

        Des chants au-dessus des miradors

        Dans ces ténèbres, la lumière pouvait percer la brume. Les détenus ne tardèrent pas à s’organiser. Comme un réflexe pavlovien, sont très vite constitués un groupe avec le chanteur populaire Angel Parra, deux troupes de théâtre, un atelier de poésie, des cours d’alphabétisation…

        Dans son livre-mémoire, Quezada relate surtout la naissance du chœur de Chacabuco avec sa vingtaine de chanteurs dont il a eu la direction. Et comment ils ont élaboré un répertoire interprété devant les militaires au théâtre de Chacabuco, le 24 décembre 1973. Cette représentation soutenue par le Conseil des Anciens (un comité de représentants élus par les prisonniers) a donné lieu à un second concert début 1974 au Salon philharmonique, situé en dehors du camp, devant 100 militaires et 100 prisonniers.

        Cette « prestation » fut enregistrée sur un simple magnétophone obtenu grâce à un aumônier. Le livret avait été rédigé par recteur de l’université de La Serena, Raùl Naveas, emprisonné lui aussi. La chorale avait alors interprété chants sacrés et de Noël, chansons traditionnelles chiliennes et espagnoles, compositions de Mozart, de de Lassus, de Schubert et de Beethoven avec l’Hymne à la joie.

        « Ils ne comprenaient pas que l’on résistait avec ces chansons et les militaires nous applaudissaient quand même ! », nous confie Quezada qui s’en amuse presque.
        DES DÉTENUS DANS LE CAMP DE CHACABUCO
         PHOTO DR

        Un jour de février 1974, alors qu’il sait qu’il fait partie d’une liste de prisonniers bientôt relâchés et craignant les fouilles, il parvient à faire sortir la cassette sous le manteau. Un jeune homme de son quartier venu rendre visite à un détenu se charge de transmettre la cassette à la mère d’Ivan. Elle sera rangée dans un coffre. Il est libéré en février 1974 mais un an et demi plus tard il est détenu à nouveau. Seize mois cette fois-ci. Il passe alors par les camps de los Tres Alamos et celui de Punchuncavi.

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        À la fin de cette détention, il décide de quitter le pays avec sa femme, considérant qu’il devient trop dangereux de rester. Deux jours avant son départ il récupère la fameuse cassette avec laquelle il s’envole en 1977 pour la France. Il s’installe à Pessac en septembre de la même année. L’idée de témoigner sur la chorale de Chacabuco mûrit lentement.

        Enfouir le passé

        Que reste-t-il de cet épisode ? Peu de choses. Les prisonniers passés par Chacabuco sont pour beaucoup d’entre eux décédés. Plus largement au Chili, après la dictature, les dirigeants politiques ont tardé voire refusé de se saisir du travail de mémoire. Au retour de la démocratie, il était tout à fait possible de croiser aux pieds de son immeuble son bourreau ou son délateur.

        Cette volonté d’enfouir le passé est l’une des raisons qui poussera Ivan à s’installer définitivement en France après une tentative de reconnexion avec son pays d’origine de 1995 à 1999. Il défera définitivement sa valise en Gironde et poursuivra ici le travail qu’il n’a pu livrer là-bas.

        « Ce livre, cet objet-mémoire, c’est avant tout pour rendre hommage à ceux qui ont connu ça et qui ne sont plus-là. Au Chili, personne ne sait ce qui est arrivé aux prisonniers politiques et les camps de concentration durant la dictature. Certains parlaient de l’exil comme de la bourse Pinochet… »

        C’est dire le décalage avec la réalité vécue par les déracinés comme Ivan Quezada. Malgré la douleur de l’exil, le chilien, qui se définit comme un « agitateur culturel », n’a jamais cessé de semer. À Bordeaux III, il a fondé la Peña Estudiantil avec sa comparse Karine Lopez, bibliothécaire à l’Institut Cervantes.

        Agitateur culturel

        L’association, la plus ancienne de Bordeaux-Montaigne encore en activité, devient un lieu de rencontre pour les étudiants en langues et en sociologie qui partagent le même bâtiment. Un groupe de théâtre est créé, des concerts sont organisés avec notamment le mythique groupe basque Oskorri. Quelques années après, il fonde France Amérique Latine Bordeaux cette fois-ci avec la journaliste correspondante Françoise Escarpit.

        « La solidarité, je l’ai vraiment apprise ici en France », explique Ivan. « Pour moi le Chili était une mission, mais il fallait élargir cette solidarité à l’Amérique Latine ».

        Via la structure ils s’ouvriront aux autres pays du cône sud-américain : Paraguay, Uruguay, Argentine. La chanteuse Mercedes Sosa et le dramaturge Oscar Castro feront partie de la cinquantaine d’artistes invités à se produire à Bordeaux. L’association donnera naissance très vite aux Rencontres du cinéma Latino-Américain, un festival qui vient de fêter sa 42ème édition.

        Ainsi, Quezada compte à son actif un nombre vertigineux d’événements culturels dans la région. On en oublierait presque son passage à l’École de Cirque de Bordeaux de 2000 à 2010. En tant que directeur administratif, il réussit à obtenir le financement par le conseil régional de la formation professionnelle d’artiste de cirque qui permettra à une centaine d’élèves de se former sur cette décennie dont Grégory Arsenal de la célèbre compagnie Le Roux…

        « J’ai quitté le Chili, mais le Chili ne me quittera jamais » 

        Ivan est retourné à Chacabuco pour la première fois en 1989, un ancien prisonnier y vivait encore. Puis une seconde fois en 2006, en famille. Du camp, il ne reste que des ruines : les toits des baraquements ont été enlevés, il n’y a plus de miradors ni de barbelés, plus de lits superposés seulement des taules de zinc qui barrent la route aux curieux.

        Parfois, sur cette terre hostile, la vie sait faire preuve de résilience. Comme les pattes de guanaco, fleurs violettes printanières et rares surgissant des sols que l’on pense stériles, les chants des prisonniers eux, ont pris racine sous la poussière de Chacabuco. Ils attendaient d’être cueillis une dernière fois.

        « Cantar para no morir » a été distribué en quelques exemplaires à Santiago, à Viña del Mar mais aussi ici à Bordeaux.

        « Pour moi, le travail de mémoire c’est raconter la petite histoire dans la grande. Il y a encore beaucoup de choses, de détails, qui sont cachés que je voulais mettre en lumière. J’ai quitté le Chili, mais le Chili ne me quittera jamais ».

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