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Aujourd’hui en exil, Evo Morales a bien remporté la présidentielle du 20 octobre, sans aucune fraude avérée. Voici les conclusions d’une étude publiée le 9 mars par le Cepr, un centre de recherche en économie. Elle démontre que le rapport de l’Organisation des États américains qui a immédiatement accusé le pouvoir bolivien d’irrégularités se révèle être vide de preuves. Guillaume Long, l’un des auteurs de cette enquête, décrypte – dans un article, que nous retranscrivons ici, du magazine belge Solidaire – l’imposture qui a provoqué le coup d’État.
Par Jonathan Lefèvre et Paula Polanco
Le dimanche 20 octobre 2019, le président de gauche Evo Morales, en place depuis 2006, remporte l’élection présidentielle avec 47,06 % des voix au premier tour alors que son opposant Carlos Mesa obtient 36,52 %. L’écart en faveur de Morales était donc d’un peu plus de 10 %. Soit l’écart nécessaire stipulé par la Constitution bolivienne pour obtenir la victoire au premier tour. Mais ce pourcentage tout juste suffisant a immédiatement suscité la controverse. Le candidat d’opposition Carlos Mesa a dit qu’il n’acceptait pas ce résultat et a appelé la population à manifester.
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L’OEA (Organisation des États américains, dont font partie les États-Unis) publie un rapport censé prouver des fraudes électorales dont serait coupable le camp du MAS (Mouvement vers le socialisme, parti du président Morales). Ce rapport va permettre à la droite et à l’extrême droite, encouragées par les États-Unis, de pousser Evo Morales à l’exil et de prendre le pouvoir. Le président de gauche ne plaisait pas aux États-Unis : sous sa présidence, le salaire minimum a été augmenté de 87 %, la pauvreté a diminué de 25 %, la croissance économique était de 4 % par an (soit une des plus hautes d’Amérique latine), des secteurs stratégiques comme l’extraction d’hydrocarbures, les mines, l’eau, le téléphone, l’électricité…, ont été nationalisés, le pouvoir refuse de laisser le lithium aux mains des multinationales, etc. Bref, Donald Trump et ses alliés préfèrent voir un libéral diriger le pays plutôt qu’un président de gauche…
Ce coup d’État n’a que très peu été reconnu comme tel, l’Occident se cachant derrière le rapport de l’OEA qui disait prouver des fraudes électorales. Vu que Morales avait commis des fraudes, il était naturel que l’opposition lui succède (et qu’il y ait eu des dizaines de morts est un dommage collatéral…). Bref, la démocratie l’avait emporté et la nouvelle présidente autoproclamée pouvait entrer au palais présidentiel une bible à la main, promettant de nettoyer le pays (des Indiens, qui représentent pourtant 60 % de la population, comme Evo Morales, premier président indien de l’histoire du pays). Elle déclarait en 2013 : « Je rêve d’une Bolivie libérée des rites sataniques autochtones, la ville n’est pas aux “Indiens”, ils feraient mieux d’aller dans les hauts plateaux ou à El Chaco. »
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