lundi, octobre 05, 2015

CEUX QUI ONT DIT NON

HOMMAGE À PATRICIO BAÑADOS
IMAGE ARTURO MOLINA 
Le 5 octobre 1988, après quinze ans de dictature de Pinochet, l’opposition chilienne parvenait à le faire tomber. Comment ? En confiant son destin à une bande de pubards qui, au lieu d’une campagne politique traditionnelle, opposèrent au général un slogan ultra catchy, une chanson au refrain pop et des images issues de réclames pour Coca-Cola. Vingt-sept ans plus tard, ils racontent la chute du tyran de l’intérieur.

LOGO OFFICIEL DU NON LORS DU
PLÉBISCITE NATIONAL CHILIEN DE 1988
1980, palais de La Moneda. Depuis déjà sept ans et son coup d’État, Augusto Pinochet fait régner la loi martiale sur Santiago du Chili. Pour offrir un minimum de légitimité à son pouvoir, l’auguste général a rassemblé les plus éminents juristes du régime pour rédiger sa Constitution. Un texte qui prévoit de ratifier son maintien au pouvoir pour seize années supplémentaires. Dans le bureau présidentiel, un de ses conseillers, un peu plus soucieux des apparences que les autres, tique. Il interpelle l’homme aux verres fumés : « Seize ans c’est trop, nous devons organiser un plébiscite au milieu. » À contrecœur, Pinochet accepte, sans savoir qu’il vient de signer la fin de son régime.