jeudi, octobre 08, 2020

IMMOBILIER. AU CHILI, DES ÎLES À VENDRE MALGRÉ LES PROTESTATIONS DES PEUPLES AUTOCHTONES

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AU CHILI, DES ÎLES À VENDRE MALGRÉ LES
PROTESTATIONS DES PEUPLES AUTOCHTONES
Le territoire chilien compte une myriade d’îles. Beaucoup font l’objet de transactions immobilières parce qu’elles appartiennent à des propriétaires privés. Les communautés indiennes mapuches tentent de s’y opposer, en vain jusqu’ici.

Courrier international

Plus de 43 000 îles : le territoire du Chili, surtout dans les régions de Magallanes et d’Aysén dans le sud de la Patagonie, offre une constellation de confettis plus ou moins éloignés de la terre ferme, rappelle le média en ligne chilien El Desconcierto.

Et ce patrimoine naturel appartient parfois à des propriétaires privés, héritiers historiques ou acquéreurs légaux de ces îles, mais non moins contestés par les populations indiennes mapuches qui y vivent ou dont les ancêtres y pratiquaient la pêche ou en cultivaient le sol.

Or, les transactions immobilières sur ces îles ou îlots vont bon train, sur le papier glacé des agences ou sur Internet, comme le rapporte le journal chilien qui cite une publicité d’agence :

Si vous êtes un amoureux de la mer et rêvez d’un espace privé pour y créer votre propre paradis et y faire tout ce que vous voudrez, une île est la meilleure option.”

Dans le sud du Chili, un grand nombre d’îles “se négocient comme n’importe quel bien immobilier malgré le conflit latent avec l’une ou l’autre des communautés indiennes qui revendique ses droits ancestraux sur ces terres”, constate El Desconcierto.

Moins de la moitié sont propriété de l’État

Sur les 43 471 îles qui parsèment le Chili, seules 19 471, soit moins de la moitié, sont la propriété de l’État. Et parfois, souligne un anthropologue qui a fait des recherches sur l’exploitation de ces îles dans l’histoire, les riverains ne savent même pas qui est le propriétaire légal de l’une d’elles, jusqu’au jour où elle sera mise en vente.

L’anthropologue cite le cas de Lacao, une petite île de 83 hectares dans l’archipel de Chiloé à 24 kilomètres de la côte la plus proche, qui fait actuellement l’objet d’un recours légal des communautés indiennes pour récupérer le droit de l’administrer. Cette île est pourtant actuellement en vente dans des agences très haut de gamme. El Desconcierto a enquêté pour savoir qui en était propriétaire et a découvert le nom d’une société immobilière sans que cette entreprise ne figure dans le Journal officiel du pays.

Un site cérémoniel

Le collectif indien issu des “Peuples originels de la baie de Caulín”, qui se bat contre sa vente, explique que cette île possède des vestiges archéologiques importants, dont une forêt pétrifiée vieille de 45 000 ans. Leur porte-parole, Francisco Verae, est très remonté :

Perdre cette île serait un désastre […] N’allez pas nous raconter qu’elle appartient à des gringos [des Américains]. C’était un territoire indien et ce projet nous affecte dans notre spiritualité, car l’île abrite des sites archéologiques dédiés à des cérémonies.”

Malgré la combativité des communautés indiennes soutenues par des associations, il est peu probable, conclut le média, que cette île et bien d’autres “pépites” échappent aux transactions immobilières.

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