mercredi, janvier 10, 2024

PRIX NOBEL 1945 GABRIELA MISTRAL EST MORTE

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ARCHIVE UNIVERSITÉ DU CHILI

 

67ème ANNIVERSAIRE DE LA MORT 
DE GABRIELA MISTRAL  
1957 -10 JANVIER- 2024
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LE MONDE

Minée par le cancer, la grande poétesse chilienne Gabriela Mistral, l'éternelle voyageuse, vient de finir ses jours à l'hôpital d'Hempstead, près de New-York. Elle était un des représentants les plus nobles, les plus humains et les moins contestés des lettres latino-américaines. On a difficilement idée, ici, malgré sa consécration par l'académie de Stockholm, du prestige et de l'extraordinaire rayonnement spirituel qu'elle a et continuera d'avoir à travers toute l'Amérique de langue espagnole.

Par JACQUES GRIGNON-DUMOULIN

ARCHIVE UNIVERSITÉ DU CHILI

Lorsque l'attribution du prix Nobel de littérature fit de Gabriela Mistral, en 1945, la "femme du jour" - un rôle si peu fait pour elle - bien des milieux l’ignorait encore sur le vieux continent. Son apparition littéraire datait pourtant de 1917, date à laquelle elle avait reçu le premier prix des jeux floraux de Santiago du Chili pour ses pathétiques Sonnets de la mort, inspirés par le dénouement tragique d'un drame intime d'amour. On apprit alors, non sans étonnement, que sous un pseudonyme révélateur de l'admiration qu'elle portait à Frédéric Mistral, se cachait une petite institutrice de quelque vingt-huit ans, Lucila Godoy Alcayaga, toute vouée à sa modeste tâche dans une bourgade perdue du "campo" chilien. Carrière ingrate s'il en est que celle d'une maestra rurale en cette Amérique latine où elle exige plus qu'ailleurs un sacrifice, un dévouement absolus.

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UNE DE LA « LA NACIÓN »
DU 11 JANVIER 1947

Née à Vicuña dans la jolie vallée l'Elqui, au nord du Chili, elle a dit dans ses vers simples et sans recherche l'enchantement dont la nature baigna son enfance, et comment les nuages, la pluie, les pins, les montagnes, les rivières de sa terre natale éveillèrent en elle dès l'âge le plus tendre une vocation poétique irrésistible.

Des ombres vinrent cependant ajouter à la mélancolie profondément ancrée en elle : l'abandon d'un père qui s'adonna à la boisson et aux femmes ; et, plus tard, le déchirement provoqué par le dramatique suicide de son fiancé. C'est ce qui lui donna le ton tragique et lui inspira quelques-uns de ses plus beaux cris : la Prière, le Revoir, Sonnets de la Mort, Interrogations.

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Mais à ces moments de douleur succédaient l'apaisement, l'espoir aussi quand elle s'attache tout entière à sa mission : celle de former l'âme de ces enfants auxquels elle fera don de sa vie et consacrera ses chansons les plus douces : " Rondes enfantines ", "Découverte ", ou les plus touchantes, dans l'un de ses principaux recueils, " Tala " (1939).

UNE DU « EL DÍA»
DU 10 JANVIER 1947

Jamais elle ne devait se consoler d'être restée la femme stérile, qu'une mendiante enceinte, dont le sein fleurit, tel le blé de janvier, couvre de honte. Sa sérénité, toute apparente, était faite comme elle l'a dit elle-même, de " douleur domptée ". Cependant le message qu'elle laisse aux hommes est d'espoir, de pitié, d'amour confiant et généreux, inspiré sans doute par ce même sentiment chrétien sorti de ses heures de révolte et de douleur. " Je monterai jusqu'au plateau spirituel d'où une ample lumière tombera sur mes jours et de là je chanterai les paroles d'espérance, je chanterai comme l'a voulu le Miséricordieux ", pour consoler les âmes, voilà les quelques vers qui terminent Désolation, le premier et le plus connu de ses deux principaux livres de poèmes (1922).

Dès sa publication, la renommée qui s'était attachée à son nom et à sa personnalité dam tous les pays de langue espagnole, allait se muer en une véritable gloire, malgré le petit nombre de ses œuvres. En dépit de sa modestie, de sa sauvagerie même, Gabriela Mistral ne put se dérober plus longtemps aux honneurs qui l'accablèrent. Le premier voyage qu'elle fit au Mexique en 1922 sur l'invitation de M. José Vasconcelos, alors ministre de l'éducation, fut un triomphe. À son retour son gouvernement la nomma successivement à des postes consulaires dans tous les grands centres du monde latin : Madrid, Porto, Nice, Home Rio... où son talent s'ouvrit aux influences les plus rares, et où elle sut transmettre par sa poésie et son exemple les plus pures valeurs spirituelles du nouveau continent. Car il est vrai qu'il n'y eut pas d'ambassadrice plus représentative d'une Amérique latine tout à la fois libérée des influences classiques et gardienne des plus nobles traditions du Vieux Monde. D'inspiration typique américaine, la poésie de Gabriela Mistral coule de source, fuit l'emphase et le mot riche, car son auteur ne sacrifie jamais la sincérité ni la force de l'expression à l'esthétique du vers. Enfin, personne ne sut mieux qu'elle préserver la pureté de la vieille langue castillane de la conquête.

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Avec Gabriella Mistral disparaît une grande figure des lettres latino-américaines, une pacifiste convaincue mais au-dessus de tous les partis, et surtout une femme dont la force et l'influence spirituelles dépassaient de beaucoup l'œuvre matérielle. 

JACQUES GRIGNON-DUMOULIN.

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 1957 -10 JANVIER- 2023

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