jeudi, février 02, 2023

LA BATAILLE DE STALINGRAD, LE TOURNANT HISTORIQUE

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HIVER 1943. L’ARMÉE ROUGE REPOUSSE LES TROUPES HITLÉRIENNES
À DES CENTAINES DE KILOMÈTRES DES RIVES DU DON. 
PHOTO AFP

Seconde Guerre mondiale Le 31 janvier 1943, la capture du maréchal Friedrich Paulus met fin à l’opération la plus sanglante de la Seconde Guerre mondiale. Le 2 février, le dernier groupe de la 6ème armée allemande rend les armes.

par Bernard Frederick

FRIEDRICH WILHELM ERNST PAULUS

le commandement soviétique ne sait pas exactement où se situe le quartier général de Friedrich Paulus. Il n’est pas même certain que le commandant de la 6ème  armée allemande se trouve encore dans la ville en ruine, dont il aurait pu être exfiltré par avion.

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Des éclaireurs soviétiques de la 38ème brigade avaient déterminé avec certitude que le poste de commandement de Paulus était situé au centre de Stalingrad, dans les sous-sols du Magasin universel central, un des rares bâtiments à être ­encore à peu près debout. L’immeuble est vite encerclé et des négociations avec les Allemands au sujet de la reddition commencent entre l’équipe de Paulus et des officiers de la 38ème  brigade commandée par le lieutenant Fiodor Ilchenko. Cependant, les Allemands ne veulent négocier qu’avec l’état-major soviétique.

Deux objectifs : Bakou et son pétrole, Stalingrad et la Volga

C’est alors que le lieutenant-colonel Leonid Vinokur se présente en tant que membre du « haut commandement du directoire politique ». Il parvient jusqu’au maréchal Friedrich Paulus et son état-major, qui se constitue prisonnier le 31 janvier 1943 et donne l’ordre à ses troupes de se rendre. Le 2 février, cela devient effectif. Hitler l’avait promu le 30 janvier, parce qu’ « aucun maréchal allemand ne s’est jamais rendu ». Dans les conditions de l’encerclement, c’était le pousser au suicide…

La bataille de Stalingrad avait débuté en juillet 1942. L’opération « Fall Blau », lancée le 28 juin par les troupes hitlériennes avec l’appui des Roumains, des Italiens, des Hongrois, avait deux objectifs : Bakou et son pétrole, Stalingrad et la Volga. Si la ville était capturée, les forces soviétiques composées de soldats issus de toutes les républiques et nationalités de l’URSS (Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Géorgiens, etc.) se retrouvaient coupées des territoires caucasiens, ce qui permettait aux Allemands d’accéder au pétrole et de priver complètement l’Armée rouge d’approvisionnement en carburant. De plus, Hitler se faisait un devoir de conquérir la ville portant le nom de Staline.

« Pas un pas en arrière ! »

«PAS UN PAS EN ARRIÈRE !»
TIMBRE URSS, AVRIL 1945. 
1 ROUBLE, NOIR ET VERT, OBLITÉRÉ.
UN SOLDAT AVEC UNE GRENADE
À MAIN. 

Afin de contrer cette offensive, les Soviétiques mobilisent alors toutes leurs ressources. Staline signe l’ordre n° 227 : « Pas un pas en arrière ! » ( « Nié chagou nazad ! »). La bataille de Stalingrad, qui durera deux cents jours, sera la plus importante et la plus sanglante non seulement de la Seconde Guerre mondiale, mais de toute l’histoire du XXème siècle. Plus de 2 millions de personnes y participent et plus d’un million y meurent.

On se bat dans la ville pour chaque maison, chaque usine, et on se bat autour de la ville. Les Allemands qui encerclent le centre de la cité sont à leur tour encerclés quand, en novembre 1942, les troupes soviétiques prennent en tenaille la 6ème armée. Certains lieux en portent témoignage, comme la célèbre Maison Pavlov, dans laquelle 31 soldats de l’Armée rouge retranchés ont repoussé les attaques de l’ennemi pendant deux mois, ou Kourgane Mamaïev, la colline – point culminant de la ville, donc essentiel –, que les troupes soviétiques ont défendu tout au long de la bataille au prix de dizaines de milliers de morts.

PHOTO GETTY IMAGES

Des pertes humaines colossales

Le 9 janvier 1943, un ultimatum est présenté au commandement de la 6 e armée allemande encerclée. Il est rejeté. Le 10 janvier, l’offensive des troupes soviétiques reprend donc. Le but est de couper les Allemands en deux parties, avec leur liquidation ultérieure. Le 26 janvier, c’est chose faite : deux groupes sont isolés, l’un au sud et au centre (c’est là que se trouve le quartier général de la 6 e armée), l’autre au nord, dans la zone industrielle. 

PHOTO RIA NOVOSTI

Les pertes des deux côtés sont colossales. 

Jusqu’à présent, les données provenant de différentes sources sont très différentes les unes des autres. Il est généralement admis que l’Union soviétique a perdu plus de 1,1 million de personnes. Du côté des troupes nazies, les pertes totales sont estimées à 1,5 million de personnes, dont quelque 900 000 Allemands, le reste étant les pertes des pays satellites. Les données sur le nombre de prisonniers varient également, mais, en moyenne, leur nombre est proche de 100 000 personnes. L’Armée rouge a complètement vaincu 32 divisions, 3 brigades. La ligne de front est repoussée à des centaines de kilomètres de la Volga et du Don.

Le cours de la Seconde Guerre mondiale en fût changé

La bataille de Stalingrad a changé définitivement le cours de la Seconde Guerre mondiale : l’Allemagne n’a eu plus aucune chance de sortir vainqueur de ce conflit. En novembre 1943 aura lieu, à Téhéran, la première rencontre réunissant Churchill, Roosevelt et Staline. C’est à cette occasion qu’il est décidé d’ouvrir – enfin – un second front à l’ouest. C’est la seconde victoire de Stalingrad.

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