L'ATTAQUANT FRANÇAIS OLIVIER GIROUD AU DUEL AVEC LE DÉFENSEUR CHILIEN IGOR LICHNOVSKY, LORS DU MATCH AMICAL ENTRE LA FRANCE ET LE CHILI, LE 26 MARS 2024 AU VÉLODROME DE MARSEILLE. PHOTO NICOLAS TUCAT / AFP |
INTERNATIONAL AMICAL FRANCE-CHILI (3-2) / Bleus : un mars et ça répare ? / La victoire poussive contre le Chili, ce mardi soir, n’a pas embelli un rassemblement qui n’aura pas été très réjouissant pour l’équipe de France. C’est l’heure du bilan, sans tirer aucune conclusion à trois mois d’un Euro dans lequel les Bleus devront raconter une autre histoire. [« On s'en foot !» ]
→ Mbappé, silence c’est poussif
En bon attaquant obnubilé par ses statistiques, Mbappé a sans doute déjà noté qu’il restait désormais sur trois matchs d’affilée sans marquer sous le maillot frappé du coq (deux titularisations, une entrée en jeu contre la Grèce). Rien de bien grave dans des rencontres sans importance, mais pas anodin non plus quand il s’agit du Parisien, qui n’avait plus connu une telle disette en sélection depuis son Euro désertique en juin 2021. « Kylian a cette capacité à être très souvent décisif. Mais quand il ne marque pas deux matchs d’affilée, on dirait que ça fait trois mois, calmait Didier Deschamps en conférence de presse ce mardi soir. Il a des échéances importantes, il doit se gérer un peu. Mais si je dois m’inquiéter pour Kylian…»
Quand il ne marque pas deux matchs d’affilée, on dirait que ça fait trois mois. Didier Deschamps à propos de Mbappé
Après avoir accompagné ses camarades dans la médiocrité contre l’Allemagne, le capitaine des Bleus a livré une prestation assez indigente au Vélodrome, où il a été accueilli par des sifflets à quatre jours de Marseille-PSG. Des stats, encore : 0 dribble réussi sur 7 tentés contre le Chili, 1 duel gagné sur 10, 14 ballons perdus… Un match sans pour Mbappé, peut-être plus perturbé par ce qui se joue en coulisses ces derniers temps qu’il n’a pu le dire face aux médias durant ce rassemblement. Il reste bien sûr le premier nom couché sur la feuille par le sélectionneur (avec Antoine Griezmann). L’important, ce sera dans trois mois, dans une compétition qu’il cherchera enfin à dompter, comme il aime le faire avec la Coupe du monde.
→ En défense, une collection d’incertitudes
On ne découvrira pas après douze ans de règne de Didier Deschamps que le technicien accorde une place majeure à la solidité défensive de son équipe. C’est sa base, sa marque de fabrique, celle qui explique pourquoi le sélectionneur aime collectionner les défenseurs centraux de métier dans ses listes, quitte à leur faire une petite place dans un couloir. Et pourtant, la ligne arrière des Bleus n’a pas rassuré, ni contre l’Allemagne, ni face au Chili, encaissant à chaque fois deux buts et concédant beaucoup trop de situations, même face à un adversaire supposé en petite forme. Ils auront tous eu un peu de temps de jeu, même Jonathan Clauss, sorti sur blessure très rapidement au Vélodrome. Personne ne s’impose à droite, c’est un grand classique : Jules Koundé ne semble pas à son aise, même s’il y joue désormais au Barça, et c’est à se demander si Benjamin Pavard ne va pas redevenir une option quand l’Euro pointera le bout de son nez.
QUAND TU COURS APRÈS UNE PLACE DE TITULAIRE. |
L’équipe de France se cherche aussi une charnière type. L’ancien Bavarois est convaincant à l’Inter, mais dans une défense à trois, qui n’est plus d’actualité chez les Tricolores. Depuis la retraite internationale de Raphaël Varane, DD tâtonne : un coup le duo Ibrahima Konaté-Dayot Upamecano, un autre Lucas Hernandez, un autre William Saliba… Ce dernier a d’ailleurs une carte à jouer, en tant que taulier d’une équipe d’Arsenal qui marche sur l’eau, même si Deschamps ne l’a pas franchement brossé dans le sens du poil cette semaine. Il a pourtant éteint une ultime offensive chilienne, ce mardi soir, et il continue à gagner en maturité à tout juste 23 ans. La paire idéale se dessine parfois pendant un tournoi (coucou Samuel Umtiti), c’est ce qu’il faut espérer pour les Bleus. À gauche, en revanche, Theo Hernandez peut dormir sur ses deux oreilles (et ne pas se blesser, si possible).
→ Tchouaméni, cadre bancal
Défendre n’est pas uniquement l’affaire de la défense, c’est une histoire d’équipe, d’équilibre, de pressing et c’est souvent le milieu de terrain qui se retrouve au cœur de l’équation d’une rencontre. C’est peut-être dans ce secteur que les Bleus ont paru les plus démunis en ce mois de mars. Dépassés à tous les niveaux contre les Allemands, les milieux n’ont guère été plus emballants face au Chili. Un joueur pour illustrer ces défaillances : Aurélien Tchouaméni. Celui qui a fêté sa 30e sélection le week-end dernier a déçu et peine à confirmer son nouveau statut en équipe de France. C’est le cas aussi au Real Madrid cette saison, où il évolue dernièrement au poste de défenseur central pour dépanner. Dans l’entrejeu, l’ancien Bordelais a montré des limites techniques, sans parvenir non plus à protéger la défense lors des séquences sans ballon. En malus, une attitude laissant à désirer, entre nonchalance et suffisance. Youssouf Fofana, lui, a marqué des points, mais il est difficile de ne pas constater que tous les milieux (Eduardo Camavinga, Adrien Rabiot, Warren Zaïre-Emery) de cette liste ont des profils similaires. Faites qu’Antoine Griezmann arrive en forme en juin, en gros.
→ Pour Deschamps, le juge de paix sera l’Euro
Le patron des Bleus avait commencé ce rassemblement par un coup de gueule contre Hubert Fournier et la DTN, il l’a terminé beaucoup moins offensif et usé. Deschamps a laissé l’impression de subir cette semaine tricolore, laissant planer un drôle de mystère sur l’état physique de ses hommes et ne cachant pas que cette trêve calée avant des échéances importantes en club n’était pas idéale. « J’ai été joueur, je peux comprendre qu’ils soient dans la gestion, disait-il après la victoire contre le Chili. En juin, on devra avoir de la fraîcheur, et là, elle n’était pas à son maximum. » Il n’avait pas caché que cette dernière fenêtre internationale avant l’Euro lui servirait surtout à faire une revue d’effectif, en utilisant tout le monde à sa disposition, à l’exception d’Alphonse Areola.
Je n’ai pas d’incertitudes avant, je n’en aurai pas plus maintenant. Ils savent que pour être performants en juin, il faudra faire beaucoup plus. Didier Deschamps
« Je n’ai pas d’incertitudes avant, je n’en aurai pas plus maintenant. Ils savent que pour être performants en juin, il faudra faire beaucoup plu », prévenait-il encore avant de quitter une scène qu’il retrouvera en mai pour annoncer les 23 heureux élus. Deschamps assure avoir déjà une idée de son onze type pour le tournoi en Allemagne, il semble pourtant encore tâtonner. Là encore, ce n’est pas inhabituel, et DD a donné rendez-vous en juin, dans un autre contexte, qu’il apprécie davantage que ces trêves flottantes et dont il sait se servir pour monter un groupe compétitif et en mission. Ces Bleus avancent vers l’Euro avec des doutes, des interrogations et la certitude que le premier match contre l’Autriche, très large vainqueur de la Turquie (6-1) ce mardi soir, sera tout sauf du gâteau. Au bout de l’histoire, toujours cette même rengaine chère à Deschamps : le résultat final lui donnera raison, ou non.
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