Décrire Tortel en peu de lignes est impossible; il faudrait raconter comme la pluie tombe pendant des jours, des semaines, des mois ; comme le village devient alors une cascade géante. Il faudrait évoquer les petits matins et les après-midi au son des crépitements du feu, les regards et les silences d’un grand-père pionnier dont la seule présence raconte plus de mille histoires. Il faudrait aussi décrire le vent de l’est et les tempêtes qu’il amène sur les côtes, et le froid de l’hiver, qui pétrifie les mains au fond des poches. Ou dire les visages, tannés par le vent et une vie de sacrifices, s’illuminant soudain pour une blague ou un rire. Raconter, enfin, comme la nature majestueuse trace les vies de ces gens. Même si tout cela était écrit, mes mots resteraient loin de la vérité, voilà pourquoi je préfère laisser les photos parler d’elles-mêmes.
Camille Fuzier