Agence France-Presse
Toronto
Les 21 joueurs de la sélection du Chili ont été détenus par la police puis relâchés après leur demi-finale au Mondial des moins de 21 ans, à Toronto, certains se plaignant de violences policières à base de «décharges électriques» et «acide jeté au visage».
«Il y a eu un incident entre les joueurs chiliens et la police en face du stade et une enquête est menée auprès de toutes les parties concernées (Fifa, comité organisateur, police, Fédération chilienne). Les 21 joueurs ont été détenus puis libérés», trois heures et demie après la fin du match, a tout d'abord déclaré John Schumacher, porte-parole de la Fifa pour le tournoi.
Le porte-parole n'a pas souhaité donner plus de détails sur ce qui s'est passé lorsque les joueurs se dirigeaient vers le car après leur défaite face à l'Argentine (3-0).
Vendredi, le consul du Chili à Toronto, Ricardo Plaza, a affirmé qu'il était intervenu en personne pour faire libérer ses jeunes compatriotes après quelques heures de rétention dans le stade.
«Décharges électriques» et «acide au visage»
«Ma principale préoccupation, c'est l'état de certains joueurs qui ont été maltraités, a-t-il déclaré. La police a outrepassé sa mission, utilisant excessivement la force. Il y a eu des gaz lacrymogènes, des décharges électriques. La police n'était pas confrontée à une armée ou à une bande de délinquants.»
Les jeunes Chiliens ont livré leur version des faits, dénonçant des brutalités policières.
«Nous sommes allés donner des autographes à des gens qui se trouvaient près du car et les policiers ont commencé à nous refouler, a raconté le milieu de terrain Isaias Peralta. Les policiers nous ont donné des coups et nous avons réagi. Nous leur avons dit qu'ils devaient nous protéger, pas nous frapper.»
«Ils nous ont donné des claques et d'autres policiers sont arrivés, qui m'ont envoyé une décharge électrique avec une espèce de pistolet, a poursuivi Peralta. Je me suis évanoui, et quand j'ai repris connaissance, j'ai vu dix policiers qui étaient en train de me rouer de coups et me jetaient de l'acide sur le visage. Ils en ont jeté aussi sur les visages d'autres joueurs. Ils n'ont pas laissé mes coéquipiers descendre (du car) pour me défendre pendant que tous les policiers me frappaient.»
Peralta a montré à la presse deux blessures au côté droit, dues selon lui aux décharges électriques qu'il dit avoir subies.
Contusions
Le médecin de la sélection chilienne a également mis en cause la police. «Rien ne peut justifier une telle force employée par la police, a déclaré Luis Salazar. Il y a des joueurs avec des contusions comme Gary Medel et Isaias Peralta. Je veux appeler un confrère canadien pour qu'il constate les blessures et qu'il fasse un constat écrit pour d'éventuelles suites judiciaires.»
«Gary Medel a des traces visibles comme un hématome au niveau abdominal, a ajouté le médecin. Il a été fortement frappé également aux extrémités et les hématomes apparaîtront sans doute demain (samedi). C'est lui qui a été le plus frappé.»
La police prépare un communiqué sur le sujet, mais il n'y aurait aucune plainte contre les Chiliens, selon M. Schumacher.
À 00h30, le car de la sélection chilienne a été remorqué par une grue, avec une vitre endommagée à l'avant.